«
Soldats ! Ne laissez pas les vapeurs toxiques de cet endroit vous embrumer l’esprit! Notre sainte mission est de purifier Nexus de toutes les racailles qui y vivent, et d’y bannir tous les cultes interdits et bannis pour Notre Très-Sainte Église ! Il en va ainsi de la mégère à qui ces renégats et ces diables prônent leur allégeance ! »
Les ordres monastiques militaires étaient rarement appréciés par les aristocrates et les bourgeois. En effet, contrairement à l’armée régulière, ils n’étaient pas financés par eux, mais par des fonds privés ou religieux, et l’Ordre Immaculé était une puissante religion, qui n’hésitait pas à taper du poing sur la table contre les abus des nobles. La religion, à Nexus, avait une grande influence, et, à chaque situation de crise ou de misère, comme c’était le cas depuis quelques années dans la cité-État, les religieux trouvaient quantité de recrues supplémentaires, et certains, plus nombreux qu’usuellement, viraient dans le fanatisme religieux. Le Cœur Religieux était l’un de ces ordres chevaleresques monastiques, qui chassait les sectes et les cultes voués à des divinités renégates, comme Lust. Ils avaient une doctrine rigoriste et zélote très stricte, et savaient que les égouts de Nexus, vastes et immenses, servaient à abriter quantité de sectes occultes.
Les membres du Cœur Radieux observèrent le corps endormi de la femme devant eux.
«
Que faisons-nous de cette fille, Inquisiteur ? »
Les deux prêtres menant cette charge étaient tous les deux des Inquisiteurs, spécialement désignés par l’Inquisition de Nexus pour purifier les égouts et les bas-fonds de la ville.
«
Conduisez-là à La Rigourdière. »
La Rigourdière était le nom du proche château-fort local. Au sein de Nexus, il n’y avait pas que le Palais d’Ivoire comme forteresse, mais aussi quantité de forts secondaires, qui étaient, historiquement, les anciennes vieilles nexusiennes, avant que toutes ne soient regroupées en une seule ville. La Rigourdière était un puissant fort, et deux hommes saisirent donc la femme, attachant ses poignets à de solides chaînes, et lui mirent autour du cou un collier en obsidienne, destiné à l’empêcher de se servir de sa magie, puis sortirent de la galerie, montant vers la maison que le Cœur Radieux avait utilisé pour rejoindre les lieux, en creusant dans la cave.
Puis les hommes chargèrent en masse. Ils virent rapidement la Succube qui avait abordé Oriana, et qui balança une boule de feu sur eux... L’Inquisiteur leva la main, et envoya, en retour, une onde magique, un trait lumineux qui transperça la boule de feu, et la succube, lui explosant le cœur. Derrière elle, l’homme ventripotent écarquilla les yeux.
«
Je vous en prie, je suis un homme très puissant, je ne... »
Un carreau lui transperça la tête, et la petite troupe s’approcha.
Ils arrivèrent ainsi au centre de la secte, et l’Inquisiteur leva son bâton, suivi par son complice.
«
Au nom de l’Ordre Immaculé, de sa Sainteté Suprême, et des Saintes Écritures ! Nous déclarons cette cérémonie profane, et ordonnons la fin de toutes ces activités sous céans ! »
L’homme-bouc se releva subitement, et poussa un hurlement haineux en les désignant... Puis un carreau le transperça à hauteur de la poitrine, le faisant reculer, du sang coulant de sa poitrine. Il grogna, et Alastar écarquilla les yeux.
*
Mais c’est pas possible !*
Pendant ce temps, dehors, les gardes approchèrent Oriana d’un chariot, et la chargèrent à l’intérieur. Rejoindre La Rigourdière ne les dérangeait guère, car ils évitaient ainsi de risquer leur vie dans les sinistres souterrains nexusiens. Les gardes s’avancèrent donc, quittant la zone, et se rapprochèrent du fort... Quand des cavaliers encapuchonnés jaillirent devant eux.
«
Que... ? »
Des arcs jaillirent des cavaliers encapuchonnés, et les flèches tuèrent les deux hommes en quelques secondes, leurs cadavres glissant sur le sol. D’autres hommes apparurent ensuite depuis d’autres ruelles, et ouvrirent le chariot, puis laissèrent le passage à leur chef, qui esquissa un léger sourire.
«
Voilà donc la petite voleuse... Ramenons-là au manoir ! Dispersez les corps, et prenez leurs uniformes ! »
L’homme qui venait de parler n’était pas n’importe qui.
C’était
Aurvandil.