«
Si tu veux sortir en ville le chauffeur t’y amènera. -
D’accord. »
Doutzen ne dit pas grand-chose d’autre, explorant le paysage. Alex était sur son portable, et elle y jeta un bref regard. Aucun message. Est-ce que ça voulait dire que Reto ne l’observait pas ? Doutzen n’osait y croire. Elle était convaincue que, même ici, Reto avait dû envoyer ses agents pour la surveiller... Ou pour la protéger. Pour elle, avec Reto, ces deux termes étaient relativement proches. Par la vitre fumée de l’élégante voiture, elle put observer le village. Il n’y avait que des huttes en bois ou en tôle, et un bar central... Probablement le seul de ce petit village côtier. Il y avait des pêcheurs et des marins. Doutzen pouvait voir les étals de poissons et les entrepôts, avec des pontons en bois et de petites chaloupes amarrées le long des quais. C’était un dépaysement total, car il n’y avait aucune route pavée. Un paysage de carte postal, avec une tour radio en hauteur, permettant probablement à l’île de communiquer avec l’extérieur. La voiture s’engagea le long d’un chemin en terre escarpé, au beau milieu de la jungle. Des branches d’arbres frôlèrent parfois la voiture, et le chauffeur n’allait pas au-dessus de 20 kilomètres à l’heure, devant parfois rétrograder en première pour certains virages serrés.
Une route cahoteuse et faite de bosses et de nid-de-poule, jusqu’à rejoindre une zone plus dégagée, au centre de l’île. Il y avait des palmiers le long de la route, à droite et à gauche, avec des murets blancs menant à d’énormes villas et autres maisons luxueuses. La jeune femme continuait à observer le décor, jusqu’à ce que la voiture pénètre dans une grande villa, remontant le long d’un sentier pour atteindre la cour. Doutzen put ainsi sortir, et, en levant la tête, observa, un peu surprise, cette maison.
«
Waow... »
Elle était tout simplement immense ! La jeune femme à la longue chevelure blonde cligna des yeux à plusieurs reprises, et commença par suivre l’homme, afin de trouver sa chambre. C’était une grande pièce, très confortable, et elle s’assit sur le lit, en soupirant.
*
Bon... J’y suis...*
Elle ouvrit sa valise, voyant ses affaires, puis observa le décor, et vit une brochure touristique, qu’elle s’amusa à consulter. Il y avait un golf, comme dans tout ghetto de riches qui se respecte. Même pour Reto, la fortune se trouvant ici le dépassait. Doutzen regarda par la fenêtre, et vit qu’Alex était à la piscine. Silencieuse, elle regarda à nouveau d’elle.
*
Et je fais quoi, moi, maintenant ?*
C’était la question à un million de dollars. Tout le programme d’Alex s’était écroulé. Mais quel était ce programme, justement ? Une idylle au coin de la plage, un soir crépusculaire ? Doutzen trouvait l’idée tellement cliché qu’elle la rejeta rapidement. Peu importe ce qui avait été prévu initialement, elle décida de changer de projet, et alla voir le chauffeur d’Alex.
...
Quelques instants plus tard, Doutzen se retrouvait dans le bar du village, et pénétra à l’intérieur. Un
jukebox dans un coin laissait crépiter
Vamos A Bailar, et tous les locaux parlaient entre eux. Ils étaient tous bronzés, et regardèrent brièvement Doutzen, comme s’ils étaient surpris de voir l’une des riches descendre. Doutzen, de fait, se mit lentement à déglutir, et s’avança un peu, sans trop savoir ce qu’elle allait faire. Elle trouvait juste l’ambiance du manoir bien trop anxiogène, avec Alex qui jouait l’homme frustré.
*
Il n’a jamais appris qu’on lui dise ‘‘non’’... Je sais que c’est cruel, mais, en un sens, c’est pour son bien.*
Elle devait encore trouver un moyen de le convaincre qu’il faisait fausse route avec elle, tout en sachant qu’elle se devait de le faire sans mentionner Reto. C’était difficile... Et, alors qu’elle s’était assise dans un coin du bar, et continuait à soupirer en buvant un cocktail fruité, un homme avec une chemise hawaïenne s’assit face à elle. La chemise était ouverte, révélant un torse musclé, et il avait une légère barbe, avec un teint clairement occidental.
«
Et bien... Qu’est-ce qu’une aussi jolie jeune femme peut faire bien toute seule dans un rade pareil ? »
Il avait une voix charmante et séduisante.
Le Dom Juan de l’île...