C’était au tour de Ciaphas de se présenter, maintenant. Quistis n’avait évidemment pas dit tout ce qu’elle avait à dire sur l’Université de Balamb. Si elle avait voulu être exhaustive, elle en aurait eu pour des heures. Elle en avait dit suffisamment pour que leur invité comprenne l’essentiel, et lui leur expliqua qu’il était un voyageur itinérant, issu d’une caste désuète et obsolète, qui était en train de péricliter. Il n’envisageait pas de la rénover, mais de repartir sur des bases neuves et propres, en créant sa propre caste. C’était un plan ambitieux, et, pour l’heure, il explorait le monde, à la recherche d’artefacts, d’Invocations, et probablement d’autres connaissances magiques. La magie, en effet, était une notion extrêmement vaste et générique, et elle ne s’appliquait pas de la même manière n’importe où. Galbadia avait ses propres techniques, comme Nexus, Ashnard, Tekhos, et comme d’autres nations. Les Materias, par exemple, ne se retrouvaient pas partout, et n’étaient pas utilisés par tous les mages, même ceux qui en avait entendu parler. Certains préféraient de bons vieux parchemins, ou des glyphes magiques. Le choix des Galbadiens portait sur les Materias, essentiellement parce que Galbadia disposait de multiples gisements riches en cristaux de mana concentrée, qui étaient à l’origine des Materias.
Pendant ce temps, Ciaphas leur expliqua que ces Invocations fonctionnaient un peu comme les leurs, mais en étant bien différentes. Pas besoin de Materias, un Invocateur devait soumettre une créature en l’affrontant, et en formulant un pacte. Le pacte, concrètement, était matérialisé par des tatouages, ce qui revenait à dire que le nombre d’Invocations était limité au nombre de tatouages possibles. Quistis, de plus, était convaincue que, plus une Invocation était forte, et plus le tatouage était à l’avenant. L’homme leur montra tous ses tatouages, et, si Quistis avait un regard purement professionnel, Selphie, elle, sourit devant ce corps glabre. Il était beau, et ce sourire et ce regard intéressé n’échappèrent nullement à Irvine, qui, sans pouvoir se l’expliquer, en ressentit une pointe d’agacement. Les hommes étaient assez mal vus à Galbadia, et les critères de beauté favorisaient les torses glabres. Or, le sien abritait beaucoup de poils, et il devait régulièrement se raser le menton pour enlever ses poils. Irvine poussa un léger soupir, tandis que Ciaphas terminait en disant qu’il n’avait rien de plus à dire. Quistis hocha la tête.
«
Des questions, j’en ai, oui… Mais je ne veux pas non plus te harceler dès ton réveil. Commence par t’habiller, puis je te présenterais un peu l’intérieur de l’Université. »
Elle lui montra un placard, où il y avait plusieurs tenues, dont un uniforme scolaire. Il était obligartoire pour les élèves de premier cycle, mais, Ciaphas n’étant pas encore élève, il n’avait pas le droit de le mettre. Elle sortit donc avec Irvine et Selphie, afin de laisser le temps à Ciaphas de reprendre des forces, et le trio se retrouva dans le couloir. Irvine embraya directement sur ce qui l’intéressait :
«
Quand pensez-vous que je pourrais réitérer cet examen, Madame Trèpe ? -
Nous allons vérifier si les rapports que nous avons sur la Plaine Foudroyée sont bonnes, et, si c’est le cas, tu pourras partir dans moins d’une semaine. -
La Plaine Foudroyée ?! s’exclama Irvine.
-
D’après certains rapports, Ixion s’y trouverait… -
Ixion ?! » s’exclama Selphie.
Rien à voir avec Le Croisé, Ixion était une Chimère terriblement puissante, une licorne de Foudre. De simples élèves étaient-ils de taille contre lui ? Quistis était convaincue que Selphie et Irvine pouvaient l’affronter, et Irvine trouvait ce défi… Séduisant. La Plaine Foudroyée était, en soi, un univers dangereux et redoutable. Y aller en sortant du Sentier du Paratonnerre était souvent suicidaire, et, si, en plus, il faudrait traquer Ixion… Ah, Irvine avait sacrément hâte !
La porte s’ouvrit à nouveau sur Ciaphas, qui avait fini de s’habiller.
«
Parfait. Je vais te montrer l’Atrium. »
Ils avancèrent le long du couloir, jusqu’à atteindre l’
Atrium. C’était un immense hall circulaire, ressemblant à une sorte d’œuf géant, avec des ponts suspendus filant au-dessus d’un bassin où de l’eau s’écoulait de fontaines. Il y avait, au centre de l’Atrium, une grande structure ronde, comme un énorme pilier, qui permettait d’atteindre les niveaux supérieurs (et inférieurs) de l’Université par le biais d’ascenseurs ou d’escaliers.
«
L’Atrium, poursuivit-elle,
est le cœur névralgique de l’Université. Les six dépendances sont toutes reliées par cette structure centrale, qui abrite l’administration, les bureaux du Directeur, quelques amphithéâtres, et des salles de cours. -
Ainsi que les sous-sols, mais nous n’avons pas le droit d’y aller… »
Quistis acquiesça, et marcha le long d’un des ponts suspendus.
«
Ce qu’il faut savoir sur Galbadia, c’est que l’île a été fondée sur les vestiges d’une ancienne civilisation ayant une technologie supérieure. Nous comprenons encore très peu sur cette technologie, et nous n’avons par exemple que récemment remis en marche la parabole de Dollet, qui permet d’avoir un système moderne de télécommunications. Notre université est un ancien bâtiment hérité de cette civilisation, et les souterrains sont dangereux, car ils abritent des machines que nous ne comprenons pas, et qui, partant de là, sont interdits aux élèves… Malgré la volonté parfois obstinée de certains de s’y rendre… »
Cette dernière phrase fut lancée avec un regard appuyé sur Selphie, qui joignit ses mains dans le dos en se fendant d’un large sourire, les joues rouges. Quistis soupira légèrement, puis continua à marcher, ses talons claquant élégamment sur le sol. Elle se retourna ensuite vers Ciaphas, et lui posa une question :
«
Que comptes-tu faire, Ciaphas ? Poursuivre ton voyage ? L’Université de Galbadia n’est pas hostile aux étudiants étrangers, et nous serons ravis de te compter dans nos rangs. »