Morphée eut un doux sourire, et fit tourner lentement sa canne dans l’infiniment grand ciel qu’il contemplait depuis maintenant une bonne heure. Sa tête tournait, ses yeux voguaient, ses membres étaient raidis jusqu’au os. Il n’aimait pas la terre. Il n’aimait pas les humains … Et oui, Le Rêve n’aimait pas les humains, mais pas pour la même raison que le Cauchemar. Il avait peur de ces gens. A force de feuilleter les journaux, le Rêve avait constaté que la folie humaine allait loin, jusqu’au pire, jusqu’au bout, jusqu’à un niveau qui l’effrayait. Il croisait souvent la Souffrance ou la Haine, voir la Folie quand il retournait au sommet, avec les autres divinités, mais il ne leur avait jamais vraiment parlé. C’est lors d’une conversation avec le Sommeil qu’il avait eu droit à tout ça. Le Sommeil partageait son bureau avec la Folie, et il entendait des choses horribles, qu’il s’était empressé de raconter à Morphée. Le Sommeil était vraiment un compagnon génial, qui s’adaptait aux deux aspects de Morphée. Et jamais le Sommeil n’avait eu d’attirance pour Morphée, et c’était justement cela qui rendait le jeune femme heureuse. Jeune femme qui bloquait sa poitrine sous un bandeau serré, qui adoptait une voix masculine pour qu’on ne devine pas son sexe, et qu’on la prenne pour un homme … Ainsi, elle se désignait toujours par « il ».
Le Rêve continua donc son petit rêve, fixant chaque étoile en envoyant mille et une bonne ondes aux gens autour de lui. Il passa sa main dans ses cheveux, posa sa canne sur le sol et s’allongea sur le toit où il se trouvait. Il avait toujours cette folie des grandeurs, à ne pas supporter descendre vivre avec ceux qu’il appelait désormais « les fous ». Il savait qu’il les dépassait ( plus grand , plus puissant, il suffisait que l’un d’eux le navre pour que le Cauchemar prenne possession du corps, généralement ), mais se méfiait tout de même de chaque personne, chaque forme de vie … Sa seule compagnie était la lune, belle et douce, ronde et brillante cette nuit. Le Rêve ferma les yeux, un sourire se posant sur son visage, et se souhaita une bonne nuit, la fatigue le prenant. Il voulait se reposer, et s’envoya un rêve idyllique afin de passer une bonne nuit.