[Petite ambiance ^^ https://www.youtube.com/watch?v=guXMb7zLblM ]
Il ne restait qu'un champ de ruines. Les maisons, brûlées, fumaient encore, laissant échapper de longues traînées noires venant lécher le ciel. Des chariots renversés avaient étalé des fruits, légumes et autres denrées un peu partout sur le sol, dont la plupart étaient écrabouillés, gisants sur le sol. Sans compter les nombreux cadavres, face contre terre, baignant dans un mélange de boue et de sang. Il pleuvait. Le ciel sombre semblait pleurer la mort de ces centaines de terranides massacrés par des soldats humains. Il n'y avait plus âme qui vive, tout était dévasté.
A part peut-être... oui.
Il y avait bien un corps, là, étendu sur le dos au beau milieu de ce qui avait été autrefois la place du village. Personne n'aurait pu deviner que ce corps vivait encore, à moins de s'approcher, et d'être attentif. Il était recouvert de boue et de sang, qui n'était pas le sien, et ne bougeait pas. Cependant, on pouvait deviner un léger souffle entre ses lèvres.
Voilà maintenant plusieurs heures que ce corps était là, sans bouger. Il s'agissait de Kahera, une jeune et belle terranide ayant vécue ici. Ses longs cheveux roux nageaient dans la boue autour de son visage pâle et de ses lèvres presque bleues de froid. Bientôt, elle allait mourir. Comme tous les autres. Elle avait perdu conscience après le choc reçu lorsqu'un soldat l'avait frappé avec la garde de son épée. Et le froid allait bientôt avoir raison d'elle.
C'est alors que soudain, ses cils tremblèrent. Enfin un signe de vie ! Puis se furent ses doigts qui se mirent à remuer, doucement, avant que finalement, ses paupières frémissent et s'ouvrent lentement. Kahera eut du mal à ouvrir les yeux. Et lorsqu'elle y parvint, ce fut d'abord trop flou pour qu'elle distingue quoi que ce soit. Mais une minute plus tard... alors que la pluie tombait toujours, la trempant de la tête aux pieds, sa vision s'affina. Son visage illustrait une expression perdue, un peu ailleurs. Jusqu'à ce que son cerveau sorte de sa torpeur... et qu'elle se rappelle. Et se furent finalement des larmes qui se mirent à couler le long de ses joues. Les lèvres tremblante, elle se mit à pleurer en silence, le corps secoué de sanglots.
Elle tourna lentement la tête vers la droite, et croisa le regard vide et sans vie de sa mère. Kahera tendit lentement son bras, avec difficulté, pour venir effleurer sa main du bout des doigts. Morts. Ils étaient tous morts...
Un éclair zébra le ciel, puis le tonnerre gronda d'un coup, semblant vouloir la faire sortir de sa torpeur. Alors, petit à petit, elle s'appuya sur le sol pour se redresser en position assise. Tout son corps semblait la faire souffrir, et elle se mit à trembler de froid, se recroquevillant alors sur elle-même. Elle regarda autour d'elle, les yeux remplis de larmes, alors qu'elle reconnaissait çà et là des visages... Tous, figés par la mort. Elle ne devait pas rester là... elle était consciente que si elle ne trouvait pas rapidement un abri, de la nourriture, de la chaleur... elle allait mourir de fatigue et de froid.
S'agrippant à un chariot près d'elle, Kahera rassembla alors ses dernières forces pour se lever sur ses jambes tremblantes. Consciente de son état, elle ne le lâcha pas immédiatement. Baissant les yeux, elle se rendit compte qu'elle était vraiment dans un bien piètre état.
C'est alors qu'elle crut entendre un bruit. Relevant les yeux, elle chercha d'où cela pouvait provenir. Mais elle avait beau tendre l'oreille... rien. Mais tout à coup, entre le rideau de pluie persistant, elle crut apercevoir une silhouette parmi les ruines. Son cœur s'emballa. Étais-ce un soldat ? Un autre survivant ? Elle devait savoir. Maladroitement, elle fit un premier pas, puis continua à marcher dans cette direction.
- Hey...Sa voix s'écorcha dans sa gorge. Personne n'avait dû l'entendre. Sans abandonner, elle continua à se diriger vers la silhouette, redressant sa robe trempée d'une main, comme elle pouvait. Elle tenta de nouveau de se faire entendre :
- S'il vous plaît ! Je...Kahera trébucha sur un cadavre presque invisible tant il s'était enseveli dans une flaque d'eau et de boue. La jeune femme retenait à grande peine ses larmes, et commença à ramper malgré tout. Puis elle s'arrêta, exténuée, tandis que sa vision devenait trouble. Elle n'allait pas tenir longtemps comme ça. Elle tendit la main vers la silhouette, qui lui semblait si proche. Ses lèvres remuèrent, comme pour dire quelque chose, mais aucun son ne sortit.