Sarrah attendait, assise sur son trône, encerclée par une vingtaine de ses créatures pour compagnie. Elle les voyait ramper sur le sol, traverser frénétiquement la pièce d'un bout à l'autre, dans le seul but de tenter de calmer leurs frustrations. Elle a eu la faiblesse de leur révéler qu'un messager allait tenter de parvenir jusqu'à elle, et les voilà maintenant jaloux. Jaloux de leurs frères. Jaloux de ceux qui rôdent dans la forêt cerclant la forteresse, et qui vont probablement trouver le messager - ou, avec un peu de chance, la messagère - avec leurs sens aiguisés. Jaloux de ceux qui font des rondes tout autour du château, et qui le trouveront si jamais il passe entre les mailles du filet. Jaloux de tous ces frères qui, lorsqu’ils le trouveront, s'en serviront pour tester leurs capacités de combat au pire, ou pour créer un nouveau serviteur pour leur maitresse au mieux, si il s'agissait d'une femelle fertile.
Elle portait, comme à son habitude, une longue robe blanche qui appartenait autrefois à sa mère. Son talisman était à son cou, comme à chaque instant de sa vie. Elle ne portait aucun autre accessoire, ses longs cheveux blancs étaient démêlés, coulant sur ses épaules, et ses pieds étaient nus contre la roche.
Elle ne put s'empêcher de pouffer encore de rire en repensant au message qu'elle avait reçu. Une "société" qui prétendait être intéressée par une collaboration avec elle. Comme si ce genre d'arrangements pouvait lui apporter quelque chose. Et surtout, comme si un messager seul pouvait se frayer un chemin jusqu'à elle.
Aussi quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle et ses chéris furent interrompus par l'apparition soudaine d'une femme blonde, au corps bien formé et à la combinaison bien valorisante. Celle-ci ne semblait ni troublée ni inquiétée par sa présence, et se contenta de faire une petite révérence avant de se présenter :
Mes hommages Reine Sorcière. La société BIOGENIX vous présente ses plus respectueuses salutations et m’envoie vers vous comme convenue, pour négocier des termes d'un accord.
Sarrah tenta de cacher son déroutement du fait qu'elle ait réussi à venir jusqu'à elle indemne. Elle doit rester sur ses gardes, elle le sait.
Ses léviates sont moins analysant du danger potentiel que représente cette inconnue. Ils appliquent la procédure habituelle avec les humaines : tenter d'observer si elle est fertile... Et leur perception est formelle : elle l'est ! Sarrah sent leur excitation monter d'un coup lorsqu'ils arrivent à cette conclusion, mais ordonne fermement dans un sifflement aigu de rester à distance de cette étrangère. Autant écouter ce qu'elle a à dire... Et éventuellement laisser ses chéris s'amuser par la suite.
Elle se leva de son trône, et fit quelques pas en avant pour mieux discerner la messagère. Elle garda toutefois quelques-uns de ses serviteurs entre elles, par précaution.
Je vous souhaite la bienvenue dans mon autre, annonça-t-elle d'un ton aimable. Avant toute chose, félicitations, vous êtes la première personne qui parvient à venir jusqu'ici indemne.
Tous les léviates de la salle avait au moins l'une de leurs têtes rivée sur l'étrangère, tentant de la scruter. Ils étaient à la fois surpris et dépités de l'ordre de leur maitresse, celle-ci ne leur avait jamais refusé une femelle fertile jusqu'alors.
L'un d'entre eux parvint à flairer la sensation de trouble qu'éprouvait cette femelle, et en informa sa maitresse d'un grincement strident. Sarrah sourit à ce message qu'elle seule pouvait comprendre, un peu rassurée par la faiblesse de cette inconnue.
J'ai effectivement reçu le message de votre société... Mais je vous avoue que j'ai eu du mal à comprendre... En quoi un accord pourrait m'apporter un quelconque avantage ? Que pourriez-vous m'apporter ?
Elle avait volontairement orienté la question vers la messagère cette fois-ci, plus intéressée sur le moment par cette potentielle porteuse que par sa compagnie.