Recherchons : maître du déguisement, autres qualités appréciées [Konu]

-Agent 42, agent 42 !

Je levai lentement, très lentement la tête de mon livre. Je détestais quand on me dérangeait en pleine lecture avec l’air d’avoir un démon aux fesses.

-Quoi ? demandai-je d’un ton acide. Y a intérêt à ce que ce soit important, j’en suis à la bataille finale.

Totalement faux, mais ce gars venait de m’énerver alors que j’arrivais à un passage intéressant. Il pila, me regarda bêtement le temps que je finisse ma phrase, et se gratta nerveusement la nuque avec un sourire crispé. Une parfaite caricature.

-D-désolé… Mais l’agent 539 a dit que vous deviez venir vite. Il vous attend dans le hall.
-Mmh. D’accord, j’arrive. Mais bon sang, ne débarquez plus jamais comme ça à moins d’avoir une excellente raison, ou je vous transforme en pomme de pin.

Sans lui laisser le temps de comprendre, je rangeai mon livre et partis vers le hall. Encore un qui ne me connaissait pas… Je descendis les quelques étages pour rejoindre mon collègue. Ce dernier attendait en discutant avec la secrétaire à l’accueil.

-Je suis là. Qu’est-ce qui t’a convaincu d’envoyer un beuglard me chercher ?

L’AT-539 se tourna vers moi avec un large sourire. Un jour je le lui arracherai de la figure d’un bon coup de poing bien placé. Ou de pied, selon mon humeur.

-Salut ! Pardon s’il t’a cassé les oreilles, c’était le seul à être dans le coin et dispo. Bref, n’en parlons plus. J’ai entendu dire que tu te tournais les pouces et j’ai un double boulot à faire. Ça te dit de jouer en duo ?
-Je t’écoute…

Il me tendit un petit dossier. Je le pris, l’ouvris et regardai dedans. Quelques photos et trente lignes de blabla. Après les avoir parcourues rapidement je compris le boulot qu’il me proposait.

-Je suis pas la plus qualifiée pour le recrutement, tu sais.
-J’ai pas envie de me prendre des coups dès que je m’approcherai de lui. Tu sais à quel point je suis nul en baston…
-Faut pas l’attaquer normalement, nounouille. Bon, allez, je prends la mission ! J’espère que c’est bien payé parce que la dernière fois ça s’est mal fini.

Je n’attendis pas la réponse. Lui rendant son dossier que j’avais déjà mémorisé, je sortis et pris la route vers le lycée, mes écouteurs dans les oreilles. J’espérais quand même le croiser en chemin, je n’avais pas envie de revoir certains élèves…

Konu venait de terminer sa journée de travail au Lycée, une journée assez fatigante car il lui a fallu gérer une bagarre entre élèves concernant un téléphone volé. Et ce genre d'histoire c'est long à résoudre...Bref, il était dehors, équipé de son parapluie afin de se protéger du déluge qui était en train de s’abattre sur la ville depuis moins de 5 minutes. Son programme de fin de journée était simple, il pensait aller chez lui et perfectionner ses costumes. Certains avaient un trou ici ou là, d'autres avaient des tâches résiduelles d'une de ses soirées entre adultes...Bref Konu a de quoi faire.

Ses petits moyens l’empêchaient d'avoir une voiture et de prendre le bus, il fut donc contraint de rentrer chez lui à pied sous la pluie battante. Il était à Seikusu depuis un peu plus de 2 mois, son poste au lycée lui permet d'avoir un petit appartement dans un quartier populaire de la ville, rien de luxueux mais il se contente de peu.
Sur le trottoir par tel temps, le plus grand danger est l'association flaque d'eau+voiture et évidement cela ne manqua pas...
-Raaaaaah merde nan!!" pesta t'il alors qu'une voiture venait de le tremper.

C’est quoi un coup de bol ? C’est quand on tombe totalement par hasard sur le gars qu’on cherche alors qu’on s’est planté de route. C’est aussi quand on est juste hors de portée de l’effet flaque d’eau+voiture. Ces deux choses sont des rayons de soleil par cette journée pluvieuse où j’ai dû sortir mon parapluie. Un coup de bol, c’est aussi cette occasion magnifique que j’avais d’aborder ma cible. Je n’eus qu’à le rejoindre et à poser une main sur son épaule.

-Eh, Konu ! Je pensais pas vous voir dans le coin, tiens.

Eeeh oui ! Comme il est surveillant et que je le suis aussi, on se connaît déjà. C’est une sacrée coïncidence, n’est-ce pas ?

-Mon pauvre, vous allez choper la crève comme ça. Venez, j’habite juste à côté, je peux pas vous laisser comme ça par un temps pareil !

Logiquement ça devrait marcher, j’étais assez appréciée de mes collègues, j’avais la réputation d’être gentille et serviable, sans arrière-pensées. Donc sauf s’il était d’humeur hyper méfiante il ne verrait pas d’inconvénient à venir squatter un peu chez moi.

-Oh Amata c'est vous...J’avoue que ça ne serait pas de refus. J'ai plusieurs soirées de prévues cette semaine et tomber malade me gênerais bien."

Ses soirées? Des nuits de plaisir et de soumission comme il aime. Il avait organisé ça chez des personnes avec qui faire tout un tas de jeux érotiques était divertissant. Il assumait sa vie sexuelle assez fournie mais il ne le criait pas sur tous les toits non plus, ainsi il n'avait pas la moindre idée de si Amata était au courant pour cette partie de sa vie...mais il s'en fou quand même, avouons-le et, qui sait, peut être qu'il l'invitera à une soirée un jour...

-J'ai quand même de la chance que vous soyez là. Je me voyais mal rentré dans cet état...tomber malade n'est pas vraiment dans mes intentions." dit il en s'abritant sous le parapluie.

[Le syndrome LGJ, aka le truc qui fait que les persos sont pas du tout méfiants… X) ]


Énième coup de bol, il acceptait sans poser de questions. Il n’y a vraiment qu’à Seikusu que la confiance règne à ce point, c’en devient presque magique là… Bref, je lui offris une place sous mon parapluie, qu’il prit immédiatement.

-Ça je veux bien le croire… Personne de sensé ne souhaiterait être malade, à part un élève la veille de l’exam j’imagine. Et encore, ils sont pas idiots non plus les élèves.

Tout en parlant je repris la marche, mais dans une autre direction, celle d’une petite maisonnette dont j’ai toujours une clef sur moi, en cas de besoin. Une maison appartenant à l’Agence. Encore coup de chance, elle était pas occupée actuellement par quelqu’un d’autre, sinon je l’aurais vite su en arrivant. J’ouvris donc la porte et invitai Konu à entrer.

-Désolée si c’est un peu sale ou mal rangé, je déteste faire le ménage alors je repousse toujours l’échéance." Dis-je avec un léger rire.

Je pris soin de signaler, par le signal convenu entre tous ceux qui ont une clef du lieu, que la maison était occupée, puis j’entrai à mon tour, verrouillant la porte derrière moi. Mon parapluie et mon manteau posés, j’adressai un large sourire à mon collègue.

-Au moins il fait chaud ! La salle de bain est juste là, vous devriez prendre une douche avant d’attraper la mort.

Tiens, apparemment le dernier occupant s’était chargé de faire un peu de rangement, la dernière fois que j’étais passée j’étais partie précipitamment en laissant un peu de bazar et là c’était beaucoup mieux.

Heureux d'avoir un parapluie sous lequel s'abriter, Konu suivit avec plaisir Amata, qu'il savait digne de confiance grâce aux collègues. Sa petite maison était plutôt bien rangée contrairement à ce que disait la jeune femme, d'abord surpris, Konu n'y fit pas plus attention, pensant qu'elle était exigeante au point de vouloir un domicile  parfait, sans le moindre grain de poussière. C''était joli, sobre mais joli, bien plus joli que le petit appartement miteux qu'il occupe dans un quartier pourri de la ville. Dès qu'il le pourra il s'en prendra un plus beau, plus grand pour pouvoir y inviter des amis, des relations ou des compagnons de fête. Difficile pour lui d'organiser les soirées qu'il adore dans son 9m carré, on y fait pas rentrer plus de deux personnes et on y est serré.

Bref, il ne refusa pas l'offre d'une bonne douche chaude pour se réchauffer, il eu un grand sourire en entendant cette proposition :

-Aaah, il faut pas me le dire deux fois ! Merci beaucoup. Au fait tu peux me tutoyer sans soucis hein. » dit il en faisant un clin d’œil amical à Amata.

Il entra dans la salle de bain, ôta ses vêtements trempés pour les laisser sécher sur ce qu'il pouvait puis alla sous la douche avec une eau bien chaude, peut être un peu trop même...Il en sortit 5 minutes plus tard, visiblement très satisfait. Il se secha et enroula une serviette de bain autour de sa taille (serviette trouvée en fouillant dans un placard), une serviette bleu assez classique.

Cela fait, il ouvrit la porte et quitta la salle de bain, juste vêtu de cette serviette autour de la taille, laissant voir le haut de son corps : fin mais musclé.

-Merci beaucoup, ça me fais du bien d'avoir de l'eau chaude pour me laver, j'en ai pas souvent chez moi. »