Ah, des complications. Pourquoi tout ne pouvait il pas bien se passer? Tout se passait bien jusqu'a lors, et il comptait lui bien faire en sorte que cela continue. On n'allait pas lui voler son plaisir, non mais!
Ce qui ne l'empêcha pas, pendant que Megame lui parlait, de s'interroger. Comment déjà pouvait elle ne serai ce que soupçonner son identité? A chaque incarnation, il prenait bien soin d'être indécelable à toute sorte de détection, de quel ordre que se soit, magique ou physique. Rien ne le détachait d'un elfe ordinaire doté de pouvoirs magiques. Il y prenait un soin méticuleux et un point d'honneur. Après tout, si on perçait à jour son identité sans sa volonté, il serait bon pour l'hospice infernal. Non, il ne pouvait pas y avoir la moindre faille qui l'eut renseignée......comment alors? Son instinct, comme elle le disais? Mais même au flair ou par une quelconque perception, il restait elfe jusqu'a bout des doigts. Ne restait donc plus que les impressions. Allez savoir comment, mais quelque chose chez cette femme lui faisait croire qu'il n'était pas ce qu'il montrait. Elle devait vraiment être plus spéciale encore qu'il ne l'aurait cru, pour parvenir à cela. Lui même n'avait pas fini de cerner sa personne, et sentait qu'il y mettrait encore du temps, pour son plus grand plaisir.
Mais en tout cas, Belial ne pouvait se permettre de répondre à la requête de sa vis-à-vis. Déjà, parce que si il se montrait comme ça à chacun sous sa véritable apparence, il allait se faire remonter les bretelles par Lucifer. Les anges et les démons se cachent de tout les êtres vivants depuis des lustres, alors surgir devant l'un d'eux sous sa véritable apparence était assez mal vu. Et il n'avait pas envie que Lucifer lui sucre sa permission de se balader sur ces mondes à loisirs, pour rien au monde même.
Il y avait aussi le fait qu'Aenarion était une identité qu'il empruntait assez souvent, avec les raits qui allaient avec. Si bien qu'il avait fait son bonhomme de chemin sur Terra, et commençait même à être connu. Une personne sachant de quoi il était vraiment fait ficherait tout par terre, et Belial comptait bien profiter encore longtemps de cette identité.
Ensuite, se montrer sous son véritable aspect amènerait la situation vers quelque chose qu'il n'allait pas aimer. Parce que quoi que soit la nature de cette femme, elle n'était elle même pas un démon, et par définition, tout le monde craignait/se méfiait des démons, pour des raisons après tout justifiées. Dur dur d'établir un climat de confiance avec quelqu'un qui n'est déjà pas elle même enfouie dans les ténèbres. Restait la subjugation ou la domination pour continuer à rester avec cette Megame, mais ce n'était pas pour cela qu'il l'avait rencontré!
Sans parler que si son instinct se méfiait de lui, l'approcher serait plus dur et complexe qu'auparavant, ce qui ne manquait pas de donner du sel à la situation aux yeux du démon. Après tout, tout le monde peut être amené à changer d'avis, et lui allait s'essayer à nouveau à cet exercice. On restait donc comme on était, et l'on continuait le chemin que l'on suivait, c'était le mieux.
Aussi, quand la louve eut finit de parler et attendit sa réponse, lui se releva, et se mit à arpenter le lustre ou ils étaient assis. Malgré l'équilibre précaire de l'ensemble, il s'y mouvait comme sur la terre ferme, avec grâce et délicatesse, paraissant presque danser sur les supports en fer. Il tournait ainsi autour de la jeune femme, investissant l'espace de sa présence douce et agréable, tandis que sa voix claire et bienveillante venait se faire attendre, son visage tournée vers le ciel et ses étoiles, paraissant nullement prêter attention là où il marchait.
Je veus bien avouer que je ne suis pas ordinaire. Comme vous l'avez vu, j'ai quelques talents magiques que j'ai développés au fil des siècles. Mais je ne suis sinon rien de moins que ce que vous voyez à présent. Je ne cherche pas à remettre en cause vos paroles, mais je ne pense pas être autre chose qu'Aenarion. Et je me vois désolé que vous en doutiez.
Son regard se perdit alors un instant sur l'endroit où il avait fait apparaitre le double de lumière de Megame, comme si il contemplait avec regret sa réalisation à présent évaporée. Puis il reprit sa marche, sur un rythme plus lent et calme, comme une douce marche entêtante. Il se rapprocha alors sensiblement de la jeune femme, sur l'espace étroit qui était le leur, mais qui au vu des gestes amples de l'elfe aurait pu être infini. Sa voix devint alors d'autant plus douce et charmante, comme une soyeuse mélopée bienveillante, alors que ses yeux la couvait d'un regard affectueux.
Mais vous savez, la survie ne fait pas tout. Elle ne suffit pas à la vie des êtres, qui ont besoin d'autre chose pour s'accomplir. Il suffit juste que vous voyez que tout en survivant, vous pouvez découvrir un tas de choses merveilleuses, toutes plus belles les unes que les autres. Il suffit juste de les trouver et de savoir les apprécier, comme vous même....
Finalement, en un lent mouvement glissé et gracieux, il retourna s'assoir auprès de la vampire. Semblant ignorer son armure, sa lame, et son attitude revêche, il laissa un instant le silence régner, ses yeux fermés, semblant écouter cette absence de son avec délectation, pour en extraire et écouter patiemment les sonorités normalement inaudibles, comme les battements de cœur de la jeune femme à ses cotés, ou l'infime souffle de vent en ces lieux. Puis, soudainement, il détourna son visage de Megame, sa tête affichant un air mi-boudeur mi-contrarié. Il reprit alors la parole d'un ton embêté et soucieux, et étrangement, même son air boudeur ne parvenait pas à altérer la beauté de ses traits, semblant plutôt lui donner un autre aspect, plus original mais non moins agréable à contempler.
Mais moi, ça me dérangerais de vous affronter. Surtout que je vous voyez très bien ce que je suis. Je peus prendre un tas d'apparence si ça peut vous faire plaisir. Mais ne comptez pas sur moi pour qu'on se tape joyeusement dessus parce que je ne suis pas ce que vous pensez, ça serait gâcher cette belle soirée.
Mine de rien, tout ce que disait Belial était des plus vrai. Après tout, son apparence physique était presque la copie parfaite de la sienne, si ce n'est mise à la mode elfique. Et quand il incarnait la personne d'Aenarion, il le faisait jusqu'au bout des ongles, jouant le personnage et lui donnant sa vie propre. Seules ses pensées restaient ce qu'elles étaient. L'elfe attendit donc patiemment de voir ce que la louve lui rétorquerait, en espérant tout du moins qu'elle veille bien reconsidérer son avis.