Barbara Gordon Tzin Tao était entré en guerre ouverte contre certains des clans yakuzas les plus influents de la ville, en tête desquels on trouvait les Guramu. L’Oyabun des Guramu, Akihiro, voyait cette ville comme étant
sienne. La propriété légitime de sa famille depuis que, il y a des siècles, les premiers Guramu avaient fait partie des personnes ayant organisé les activités portuaires dans ce qui, à l’époque, n’était alors qu’un minuscule village de pêcheurs. De plus, l’habituelle rivalité entre Chinois et Japonais rendait la présence des Triades chinoises sur le sol japonais encore plus intolérable. Les Guramu avaient combattu les Chinois durant la Guerre Froide, et continuaient encore à le faire ici. Tao était venu avec une armée de tueurs et de gangsters chinois, et avait déclaré la guerre à Akihiro en attaquant un entrepôt de pêche servant de couverture à son trafic de drogue. Ça avait été un vrai massacre, et les Chinois étaient partis en vaporisant l’entrepôt par le biais d’une bombe.
Le refuge de Tao était un manoir chinois en bordure de la ville, dans l’épaisse forêt qui s’étalait le long de Seikusu. On y accédait par un chemin forestier menant à l’entrée de la vaste propriété : un solide poste de garde avec des projecteurs, des préfabriqués, deux miradors... Et une dizaine de gardes. Tao disposait d’une véritable armée pour le protéger, au cas où les Guramu viendraient l’attaquer. Il s’attendait à une violente force... Mais ce n’était pas Akihiro qui était là ce soir. Du moins, c’est ce que Barbara pensait.
Kim, l’un des gardes, fumait tranquillement une cigarette en se tenant sur le mirador, son projecteur éclairant les ombres autour de lui. Il se demandait ce qu’il fabriquait ici, et pourquoi Tao avait préféré quitter Hong-Kong pour venir dans une région si dangereuse, entourée d’ennemis. On racontait tellement de choses sur cette ville qu’il se demandait si ce n’était pas une erreur monumentale d’y aller. Cependant, Kim ne croyait pas à ces légendes urbaines sur des super-héros en tenue bariolée. Sérieusement, on aurait dit un scénario de mauvais
comic. Il était sorti de la salle de garde, celle où la moitié des gardes fumaient devant de vieux pornos asiatiques pédophiles, afin de s’en tirer une. Personne ne vit l’ombre fondre sur lui, et personne ne le vit s’envoler au loin dans un bref hurlement rapidement étouffé.
«
Regarde-moi cette salope, à faire sa mijaurée ! -
Défonce-lui le cul, putain ! -
À elle, et à sa salope de sœur ! »
L’ombre se posa sur le toit du mirador, d’où elle put observer les environs. Les toilettes étaient séparées du bloc de gardes, et elle vit un homme en train d’y aller. Elle sortit de sa ceinture un curieux objet profilé en forme de chauve-souris, son Batarang, puis se mit en position. Quand la porte du préfabriqué s’ouvrit à nouveau, le Batarang fila à toute allure, et frappa l’homme à hauteur de la nuque, coupant brusquement son arrivée en oxygène. Il tomba en arrière, et sa tête heurta la lunette des toilettes, sonné pour le compte. Son regard se porta ensuite sur la salle de gardes.
*
Sept gardes, tous ensemble...*
Elle porta sa main vers son casque, et une voix ne tarda pas à en filer.
«
L’analyse du système électrique indique que le générateur se trouve à l’extérieur. Tu peux l’atteindre et le surcharger, puis enclencher le brouilleur. Leurs communications seront perturbées, et ils ne pourront pas prévenir la base principale. Cependant, il est possible que des renforts arrivent. »
Barbara tenait à s’assurer une voie de sortie, et elle se laissa tomber sur le sol, se confondant avec l’obscurité de la nuit. Les mafieux continuaient à baver sur la lévrette d’un homme devant une gamine prépubère quand, brusquement, les lumières clignotèrent... Puis tout se coupa.
«
Bordel de merde ! -
Encore ces foutus plombs qui ont sauté ! Lian, file dehors, et remets-moi ça en place, merde ! »
Le dénommé Lian se pressa de sortir... Et poussa un hurlement en s’envolant.
«
Bordel ! C’était quoi, ça ?! -
Lian ? Lian ?! LIAN ?!! -
Pourquoi ce connard ne répond pas ?! »
Comme pour répondre à leurs questions, Lian traversa alors une fenêtre, et roula au milieu du sol, le nez brisé, assommé. L’un des Chinois sortit rapidement, et pointa son arme, un pistolet.
«
On nous attaque ! Montre-toi, connard, je... »
Ahuris, ses collègues virent alors le gaillard s’envoler dans les airs, comme si un filin invisible dans l’obscurité venait de le tracter. Il disparut à hauteur du mirador, et les autres jaillirent sur le balcon du poste de gardes, et se mirent à tirer, en criblant de balles le mirador, explosant au passage le projecteur, qui était de toute manière éteint.
Le gel explosif situé sous le balcon explosa alors, et, dans un hurlement de terreur et de douleur, trois Chinois tombèrent lourdement sur le sol. Les deux restants filèrent se réfugier dans le poste de gardes, leurs doigts tremblants sous la peur.
«
Putain, putain, putain, y se passe quoi, là ?! Bordel, y se passe quoi ?! -
Appelle Shun, dis-lui de venir avec des renforts ! »
Le Chinois sortit de sa poche son smartphone, mais, quand il l’ouvrit, il écarquilla les yeux.
«
Pas de réseau ?! Putain, c’est quoi ces conneries ? -
Tu te fous de moi, y a une antenne juste à côté ! -
Bordel, regarde par toi-même ! »
L’homme lui brandit sous le nez son téléphone, et, surpris, son comparse sortit également le sien... Pour constater le même message. Il n’y avait aucune barre.
«
Je vais tester le fixe ! -
’Me laisse pas, putain ! -
Arrête de flipper, merde ! Il n’y a aucune entrée que cette putain de porte, alors tu surveilles, et tu arroses tout ce qui se pointe ! »
L’homme déglutit silencieusement, et vit son collègue ouvrir une porte, descendant un escalier. Il claquait des dents, se reculant lentement de la porte, comme si cette dernière était ensorcelée, se rapprochant du fond... Et heurta alors une surface irrégulière. Surpris, l’homme se retourna, et vit un monstre aux yeux blancs fondre sur lui, étendant ses serres et ses ailes pour l’envelopper.
«
HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !! »
En contrebas, son acolyte reposait le téléphone. Il n’y avait aucune tonalité, et il entendit le hurlement de son ami, en haut.
«
Nihao ? Putain, Nihao, y t’arrive quoi ? Réponds, bordel ! »
Déglutissant lentement, l’homme remonta l’escalier. Il portait avec lui un pistolet-mitrailleur Uzi surmonté d’une lampe-torche, et s’en servait pour regarder devant lui. Il s’avançait lentement vers l’étage, sans penser à regarder au plafond... Quand la silhouette descendit sur lui, tout ce qu’il put faire fut d’amorcer un hurlement... Ensuite, deux pieds le frappèrent au torse, et l’envoyèrent dévaler lourdement l’escalier.
Batgirl se reposa ensuite sur le sol, et se releva lentement, puis contacta Stéphanie, qui assurait le rôle d’Oracle depuis leur appartement.
«
Poste de garde neutralisé. Je me rends vers la résidence. »
En chemin, elle entendit les coups de feu.
*
* *
Elle se tenait sur un toit quand elle vit la cour intérieure du manoir. C’était une mémorable scène de carnage, avec des membres découpant gisant un peu partout suite à l’explosion d’un missile. Elle arriva peu de temps après l’explosion dudit missile, déployant son grappin pour rejoindre le toit. De la fumée s’échappait du sol, et elle entendit une femme dans une curieuse tenue rouge et noire en train de menacer l’une des entrées du manoir avec un lance-roquettes.
*
C’est elle qui a fait tout ce carnage ? La vache !*
Malheureusement, Barbara avait besoin de Tao vivant... Et elle ne tolérait pas le meurtre. Elle agit rapidement, et lança un Batarang, qui se logea en plein dans le canon de l’arme.
«
Hey ! J’ignore qui tu es, mais je ne te laisserai pas réduire toute cette villa en cen... »
Elle n’acheva pas, car, au même moment, comme s’ils avaient attendu ce bon moment, une armada de tueurs armés débarquèrent de plusieurs portes différentes, et se mirent à arroser les toits. Les balles jaillirent vers Batgirl, et elle constata qu’ils amenaient un autre lance-roquettes. La jeune femme se replia prudemment.
«
Flinguez ces salopes !! »
Au temps pour l’infiltration...