A la merci de ... [Catalina]

Il est des choses qui ne changent pas : depuis son adolescence, les gens se retrouvaient pour boire et se plaire, se trouver un peu de réconfort dans une vie morne et sans histoire. La seule différence, c'est que les gens ne semblaient plus s'en apercevoir maintenant. Ils se contentaient de leur vie, suffisamment aisée pour ne pas chercher plus loin. Certains soirs comme celui-ci, Valian s'immisçait dans la vie de ces gens insouciants en rejoignant l'un des bars ou l'une des boites de la ville, pour y trouver une proie. C'était souvent pour se nourrir, mais pas seulement. Il fallait pour cela que la proie en question l'inspire, sans quoi il pouvait s'en désintéresser en un instant. Dans le club en question, il avait le choix, mais il faisait le difficile. L'heure était tardive, et le club allait fermer, pour laisser place aux boites de nuit. Une demi heure, pas beaucoup plus. La musique d'un type lounge couvrait néanmoins partiellement les discussions des tables alentours. Il s'était pour sa part contenter du bar, cela faisait moins voyant pour une personne seule que d'être à une table. Petit à petit les clients sortaient pour vaquer à leurs occupations et trouver d'autres centres d'intérêts pour la nuit. Et à mesure que la salle se vidait, les chances de Valian de trouver de quoi le satisfaire s'amenuisaient.

Le destin était parfois taquin, car il se levait pour quitter sa place quand son regard accrocha celui d'une demoiselle, à deux tables de là. Riant et bavardant avec deux autres filles et deux hommes, elle détourna le regard une seconde après. Mais Valian savait que de part son regard atypique et son visage, il avait titiller la curiosité de la jeune femme. Lentement il se rassit, afin d'attendre une possible ouverture. Elle semblait ne pas venir, quand les hommes se levèrent, suivis par les jeunes femmes. L'inconnue en robe noire tardait à prendre sa veste, alors que ses amies étaient déjà prêtes. C'était le moment. Le vampire glissa de son haut tabouret pour venir droit vers elle, et l'une des amies murmura clairement qu'elles l'attendraient dehors un peu. Cela s'adressait à l'inconnue qu'il abordait avec un sourire affable. Vêtu d'une chemise blanche dont le plus haut bouton était ouvert, il portait au dessus une veste noire, et un pantalon assorti. Les cheveux blancs et ses yeux rouges surprenaient souvent sur quelqu'un d'aussi jeune que lui, du moins d'apparence.

Bonsoir, j'ai cru comprendre que vous partiez. Mais peut-être pourrai-je vous convaincre de faire la fermeture avec moi ?

Valian se montrait courtois et engageant. Sa beauté ferait le travail, il n'en doutait pas une seule seconde, et il n'aurait pas à charmer de manière artificielle la jeune femme pour la convaincre. D'ailleurs, pour lui couper toute envie de fuir, il s'installa sur la banquette, bloquant la sortie de l'inconnue. Les quatre "amis" rejoignaient la sortie, abandonnant la jeune femme qu'elle le veuille ou non, et de son côté Valian ne la lâchait plus du regard.

J'ai cherché un peu de compagnie depuis le début de la soirée, et il faut que celle-ci soit presque finie pour que je tombe sur vous ...

Flatteur. Vil flatteur. Mais avec un sourire enjôleur et l'air détendu, cela passait toujours mieux. Il s'aperçut qu'il avait oublié son verre au bar, et fit un geste de la main, pour intimer à l'un des serveurs de venir à table. En fait, le geste se transforma presque en ordre, pour resservir la même chose à la jeune femme et à lui même. Confiant, un peu trop même, il estimait avoir fait le plus dur pour capter l'attention de cette belle. Il déciderait par la suite de ce qu'il en ferait, si jamais elle se montrait à la hauteur de ses attentes, et de ce qu'elle promettait juste en la voyant.

Sortir ce soir n'avait pas trop motivé Catalina au départ. Mais, devant l'insistance des deux femmes qui l'entourait à présent, elle s'était décidée. De toute façon, ça ne se déroulait pas trop mal pour le moment, et elle était aussi bien dehors, à boire un coup avec des proches, plutôt que chez elle, avec un verre de vin, à lire ou à s'ennuyer.

Elle s'était bien habillé. Une robe, achetée dans la journée, avait fait l'affaire. Et puis, elle lui allait particulièrement bien. Catalina avait donc une très jolie petite robe noire, avec un décolleté plongeant, avantageux, et un dos presque nu, si ce n'était les bretelles en strass qui se croisaient sur ses omoplates. La robe, courte, s'arrêtait à peine à mi-cuisse. Elle moulait agréablement ses formes, et lui donnait une chute de rein particulièrement alléchante.

Après plusieurs verres, trop sans doute, les deux couples d'amis qui étaient venus avec elle décidèrent de rentrer, s'occuper de choses un peu plus privées. Elle sourit, tournant brièvement le regard pour observer les autres clients du bar. Dans peu de temps, ce ne serait plus un bar, mais une boîte de nuit. Ses yeux accrochèrent ceux d'un homme, assis non loin. Elle eut le temps de noter ses traits fins, et sa chevelure décolorée. Naturellement ? Possible. Elle détourna le regard, cependant, revenant à la conversation.

Bientôt, ils se levèrent, et se dirent au revoir. Catalina allait les suivre, mais ce jeune homme dont elle avait croisé le regard se présenta alors à elle.

« Bonsoir, j'ai cru comprendre que vous partiez. Mais peut-être pourrai-je vous convaincre de faire la fermeture avec moi ? »

Les yeux de Catalina étaient irrésistiblement attirés par ceux de l'homme. Rouge, ce n'était pas commun. Albinos peut-être ? Elle sourit doucement, hochant la tête pour toute réponse. Il s'installa alors près d'elle, lui coupant la retraite.

« J'ai cherché un peu de compagnie depuis le début de la soirée, et il faut que celle-ci soit presque finie pour que je tombe sur vous ... »

Un petit rire coula hors de ses lèvres couvertes de gloss. Son regard, ombré de noir, évalua rapidement son compagnon de fortune.

« Vraiment ? »

Un sourire étira la commissure de ses lèvres.

« Mais, qui vous dit que je suis pareillement intéressée, souffla-t-elle malicieuse. Aurais-je, par inadvertance, émis des signaux compromettants ? »

Elle aimait bien ce qui se dégageait de l'homme, mais un peu de défi ne devrait que pimenter la soirée. Le serveur arriva, apportant deux verres. La tête lui tournait déjà un peu, mais la veuve ne s'en occupa pas et but volontiers une autre gorgée, savourant la brûlure de l'alcool -atténuée par les verres précédents- qui coulait dans sa gorge.

« Je m'appelle Catalina. Nice to meet you, murmura-t-elle alors, en anglais. Et vous ? »

Pas si mal tombé visiblement. Si elle n'était pas une fille facile, qui ouvrait ses bras d'entrée, elle paraissait au moins joueuse dans sa manière de parler. Ce n'était pas du tout cuit, mais pas non plus très difficile de son point de vue. Comme elle disait, elle avait envoyé des signaux compromettants. Jusqu'à les assumer ? Ca, il le saurait bien assez vite selon ses réactions.

Peut-être, j'ai cru voir un regard insistant, mais je peux me tromper et vous regardiez le barman ?

Le sourire de Valian s'étira un peu plus, se voulant joueur tout comme elle. Il prit son verre et but une gorgée, l'alcool passant sans aucun soucis dans son sang. Il pouvait en atténuer l'effet, l'éliminer directement s'il le souhaitait. Un des nombreux avantages de maîtriser son corps comme il le faisait.

Valian. Enchanté Catalina. Seriez vous anglaise ? Ou espagnol ?

Il avait demandé sa nationalité en anglais, puis en espagnol, en prenant l'accent qu'il fallait. Il parlait plusieurs langues à la perfection, ce n'était clairement pas une barrière pour lui. Il abandonna son verre sur la table pour se tourner plus franchement vers elle.

Vos amies sont parties prendre un peu de bon temps, et vous vous restez en retrait ... Par choix ? Ou juste parce que vous n'avez pas trouvé de jouet à votre goût ?

En un sens, il se comparait à un jouet qu'elle pourrait utiliser. Mais dans son esprit, les rôles étaient inversés. Il se faisait simplement flatteur pour tenter de l'appâter. Elle ferait un délicieux repas et amusement. Y avait-il plus à tirer d'elle ? Ca, il ne le saurait que plus tard, si jamais il la côtoyait un peu plus longtemps qu'à l'accoutumée. Il leva une main afin d'effleurer le bras de la demoiselle, en un geste lent et calculé. Et normalement - a contrario de ce qu'on attendrait d'un vampire - il eut la peau chaude. Il pouvait réguler partiellement sa température, et même s'il n'affichait pas quarante à un thermomètre, il était raisonnablement chaud. Le contact de la chair froide rebutait souvent les gens, ainsi avait-il souvent recours à ce genre d'artifice.

La caresse ne dura pas, il voulait simplement voir à quel point elle allait se laisser faire ou non, savoir si elle était dans de bonnes dispositions pour le suivre. Il se pencha vers elle, afin de parler d'une voix plus basse et de lui murmurer.

Pour ma part je ne vais pas jouer les dupes, quand je sors dans ce genre d'endroit, ce n'est pas innocent.

Il ne pouvait pas passer pour un saint nitouche, sans quoi il n'aurait jamais l'occasion de jouer franc jeu. C'était un des problèmes du vampire : quand il avait faim et qu'il cherchait une proie, il devait "conclure" le soir même, il ne pouvait se permettre d'attendre. Elle en faisait quelque peu les frais avec les allusions rapides du vampire.

« Peut-être, j'ai cru voir un regard insistant, mais je peux me tromper et vous regardiez le barman ? »

Un sourire accueillit sa question, et, joueuse, Catalina lança un regard au barman.

« Je dois avouer qu'il n'est pas trop mal, ce barman. Ce serait bien mon type. »

Elle rit doucement, reportant son regard vers le jeune homme. Valian, donc. Il n'était pas trop mal. Elle pourrait tout à fait en faire son en-cas cette nuit. Façon de parler, évidemment. La brune sourit en buvant un peu.

« Valian. Enchanté Catalina. Seriez vous anglaise ? Ou espagnol ? »

Son regard se darda dans celui de son compagnon improvisé, et elle prit son temps avant de répondre. Elle le détailla, en buvant quelques gorgées. Elle leva la main, effleurant les traits fins de son interlocuteur du bout des doigts, avant de baisser la main.

« Ni l'un ni l'autre. Je suis américaine. Californienne de naissance, mais j'ai grandi en Floride. »

Pourtant, elle parlait japonais plutôt bien. Son accent était presque imperceptible. Elle préférait parler anglais, mais elle s'adaptait. Elle demanda néanmoins, en anglais :

« Parlez-vous anglais régulièrement ? »

Sa question sous-entendait la suivante : "Voudriez-vous que nous parlions anglais, plutôt que japonais ?", et cela, parce qu'elle était obligée de réfléchir avant de parler, et que l'alcool aidant, sa capacité de réflexion s'amoindrissait. Et du coup, son élocution risquait d'être compromise.

« Vos amies sont parties prendre un peu de bon temps, et vous vous restez en retrait ... Par choix ? Ou juste parce que vous n'avez pas trouvé de jouet à votre goût ?
— C'est un peu ça. Je ne cherche pas particulièrement, vous me direz. A vrai dire, je pensais prendre un dernier verre en votre compagnie, puisque vous êtes là, et rentrer par la suite. »

Elle n'avait en effet pas forcément prévu de ramener quelqu'un ce soir. Elle se passait de sexe, quand cela était nécessaire. Ou plutôt, quand elle ne trouvait personne de bien intéressant.

« Pour ma part je ne vais pas jouer les dupes, quand je sors dans ce genre d'endroit, ce n'est pas innocent. »

Elle sourit. Un sourire en coin, amusé. Son regard se fit alors intéressé. Un homme qui était franc, c'était rare. Ça méritait de s'y attarder. Il ne tentait pas de la séduire, de lui faire croire qu'il l'aimait, pour la mettre dans son lit uniquement. Il jouait la carte de la sincérité, et c'était tout aussi bien.

Elle le laissa l'effleurer sans rien faire, l'invitant sûrement à se montrer plus audacieux.

« Ah oui ? Voilà qui est intéressant... Vous avez trouvé chaussure à votre pied pour la nuit ? »

Elle jouait juste un peu avec lui. En vérité, elle se doutait bien qu'il n'était pas venu là juste pour papoter. Son regard sur elle était très évocateur.

Soigneusement, elle croisa ses mains autour de son verre, le levant légèrement pour en boire un peu. Puis, tournant la tête vers son compagnon, elle lui jeta une œillade encourageante. Flirter ne la dérangeait pas. Mais il faudrait la convaincre, s'il voulait plus qu'un simple jeu de séduction.

Valian réaffirma sa position sur sa chaise, se rapprochant un peu de la demoiselle en se penchant contre la table. On ne risquait pas de les entendre, au mieux les observer, mais ça il s'en fichait. Non, ce qu'il voulait c'était créer l'illusion d'une proximité, en estimant qu'elle n'allait pas le rembarrer sèchement. Elle avait déjà accepté sans broncher sa légère caresse, preuve qu'un peu de flirt ne la gênait pas.

Nous pouvons parler en anglais oui.

Simple ajustement, vu ce qu'elle avait dit. Il enchaîna directement.

Chaussure à mon pied ? Et bien peut-être. Mais la comparaison est peu flatteuse.

Il riait un peu quand à ses propres paroles. L'utilisation de l'expression "trouver chaussure à son pied" avait un caractère décalé lorsque l'on parlait d'une demoiselle. Il espérait bien qu'elle ne se montrerait pas aussi inerte qu'une chaussure. Les doigts du vampire revinrent contre le bras de Catalina, frôlant à nouveau la peau sur toute la longueur de l'avant-bras.

Et puis, n'ayant pas essayer, je ne peux pas me prononcer. Peut-être que la pointure n'est pas à ma taille.

Il tirait un peu sa chaise, pour se rapprocher de la demoiselle. La main quitta le bras, pour descendre et se poser sur la cuisse de la demoiselle. Il avait visiblement en tête l'idée de tester si la "chaussure" lui convenait. Soutenant le regard de Catalina, il faisait glisser sa main, le bout des doigts disparaissant à peine sous le début de la robe. Il susurra d'une voix plus basse.

Ca n'engage à rien, de faire un essayage ...

Elle ne l'entendrait peut-être pas de cette oreille. Mais en même temps, ici en plein milieu d'un bar, elle ne risquait pour ainsi dire rien. Il ne pourrait pas aller bien loin, et si jamais quelque chose la gênait, elle n'avait qu'à se lever et mettre fin à leur petit jeu. Elle était pourtant bien loin de se douter qu'il en avait surtout après son sang et non pas après son sexe, même si cela s'avérait un plus non négligeable.

Les quelques mots murmurés furent adjoints à un geste lent, une remontée de la main le long de la cuisse. A présent la main était complètement sous la robe. Cachée par la table, la scène n'était visible que d'eux deux, qui pourrait se douter de ce qui se tramait là dessous ?

Il marqua une pause. Plus pour lui même que pour elle, car sous sa peau il sentait l'artère fémorale pulser le sang dans les jambes de Catalina. Un sang frais, et attirant pour lui. Et puis il se demandait si la technique était la bonne. Il était bien trop lancé pour revenir en arrière. La main prolongea son mouvement, venant jusqu'à épouser la forme de l'entrejambe de la demoiselle. Et qu'elle porte ou non un sous vêtement, un commencera à la caresser du bout des doigts, prêt à retirer sa main si jamais elle fuyait le contact.

La soirée était bien avancée, et la veuve discutait tranquillement avec l'homme à côté d'elle. Discuter ? Non, plutôt flirter. La brune devinait que, comme elle, il avait eu des arrières-pensées en venant ce soir. Trouver une compagnie agréable pour la nuit. Peut-être pour quelques nuits même. Trouver quelqu'un avec qui on serait bien, et qui donnerait envie de plus...

Frissonnant quand le vampire passa une main sur sa cuisse, elle tourna alors le regard vers lui, un sourire se dessinant naturellement en coin. Elle était totalement consentante à cet essayage dont il parlait. La tête lui tournait un peu, signe que l'alcool montait, mais elle n'y prit pas garde. Elle se fit plus féline alors, en se penchant vers lui. A quelques centimètres seulement de sa tête, son souffle venant se mêler au sien, elle susurra d'un ton suave :

« Je n'ai rien contre les essayages, ça tombe bien. J'adoooore faire les magasin, et essayer des produits... »

Elle s'interrompit alors quand les doigts sur sa cuisses, passés sous la jupe de sa robe, commencèrent à se faire plus inquisiteur. Son souffle se coupa un instant, et le rouge lui monta aux joues. Elle ne s'attendait pas à ça. Elle pensait qu'il cherchait juste à montrer ses intentions. Elle n'imaginait pas qu'il commence dès à présent.

Rendue muette autant par la surprise que par le désir qui montait, la veuve plongea son regard dans celui de l'homme. Un peu plus, et elle ronronnerait presque si elle le pouvait. Elle se rapprocha même légèrement, bougeant ses reins pour entrer plus en contact avec les doigts curieux, et elle entrouvrit les lèvres, soupirant de façon à peine audible à part pour son partenaire à ses côtés.

Le barman jetait un coup d’œil vers la table de temps en temps, désabusé en voyant que la cliente à qui il avait fait du gringue toute la soirée se laissait finalement tenté par quelqu'un d'autre.

« Je suis certaine que la pointure sera parfaite, cela dit... »

Et à son tour, elle bougea ses mains pour venir tâter la cuisse de Valian. Elle caressa doucement, de l'extérieur vers l'intérieur, et du haut vers le bas, remontant elle-aussi vers l'entrejambe moulée dans le tissu. Ses doigts se font malicieux, et ne font qu'effleurer pour le moment.

Au moins, elle n'avait pas fui le contact. Ça aurait été dommage. Comme elle répondait par la pareille aux gestes de Valian, le vampire continua ses attouchements, plutôt en douceur : il s'était montré direct dans ses gestes, mais maintenant se faisait plus doux, plus sensible aux réactions de l'intéressée. Il résidait néanmoins un point important qu'il n'avait pas résolu : attirer la demoiselle hors d'ici, à un endroit où il pourrait se sustenter sur elle. C'était en bonne voie, mais pas encore totalement acté.

Il l'écouta pendant qu'elle lui répondait tout aussi malicieusement qu'il l'avait provoqué. Il n'y avait pas à dire, il était bien tombé. Son sexe avait durci, phénomène pas forcément naturel chez les vampires, mais qu'il avait remis en état grâce à ses pouvoirs : le sexe était toujours un moyen facile de trouver des proies, de prendre du plaisir et de faire de nouvelles rencontres. En l'état, Catalina semblait correspondre aux trois critères.

Que diriez vous que ... Je vous raccompagne ?

Elle n'allait pas avoir besoin d'un dessin quand à l'issue de cette proposition : vu là où leurs mains se baladaient, il était clair qu'il voulait aller plus loin. Pourtant, elle n'avait droit qu'à la partie "normale" de la logique de ces paroles. Il y avait la partie cachée, inavouable, qui voulait qu'il souhaitait goûter à cette carotide un peu trop en vue pour ne pas lui faire de l'œil.

Sauf si bien sûr vous préférez faire les ... Essayages ailleurs.

En prononçant ces mots, le majeur de Valian appuya un peu plus adroitement à l'endroit du sous-vêtement où il devinait le clitoris de Catalina. Pas bien longtemps, simplement de quoi la faire sursauter. Il eut l'envie un instant de la modifier, de la rendre trop sensible au plaisir. Pourtant il se retint. Faire cela aurait des conséquences, devoir expliquer le comportement qu'elle pourrait avoir en plein bar. Et ce n'était pas très discret, il devait l'avouer. Tout en attendant la réponse de Catalina, il ôta sa main à regret de la douce chaleur de ses cuisses, le temps d'attraper son portefeuille et d'en sortir plusieurs billets qu'il disposa sur la table, à l'intention des serveurs pour régler sa dernière consommation. Même si elle n'avait pas donné son assentiment, dans l'esprit de Valian il était clair qu'il allait bouger d'ici sous peu, avec ou sans elle. Enfin, dans ce second cas, il saurait mettre la main dessus plus tard.

Les doigts de la veuve venaient taquiner les attributs mâles prisonniers du tissu, au même titre que la main de Valian venait flatter son entrejambe. Elle laissait la pulpe de ses doigts glisser contre le tissu, sans se faire trop insistante. Au contraire, elle l’effleurait à peine pour titiller son désir. De son autre main, elle finit rapidement le verre qu’il lui avait commandé, laissant l’alcool glisser dans sa trachée et réchauffer un peu plus -si c’était possible- son corps.

Quand son compagnon improvisé proposa de la raccompagner, la brunette réfléchit un instant. Elle ne savait pas vraiment si elle voulait de la compagnie ce soir. Flirter, et chauffer le jeune homme, lui semblait suffisant. Pourtant, alors qu’elle réfléchissait, il reprit la parole et elle se sentit tentée un moment. L’instant d’après, elle manqua de s’étouffer en avalant sa salive, surprise par le doigt qui se faisait plus insistant contre son sous-vêtement. Réprimant son sursaut, elle lança un regard troublé à Valian. Il était audacieux, elle devait lui reconnaître cela. Lentement, elle fit glisser ses doigts sur sa cuisse en les ramenant vers elle.

Elle finit par secouer la tête. L’alcool la rendait un peu trop guillerette, et elle préféra rentrer chez elle seule. Elle se pencha néanmoins vers le jeune homme, comme pour lui faire la bise. Et, alors que ses lèvres effleuraient sa joue, elle murmura quelques mots à son oreille.

« Je ne crois pas que cela sera possible ce soir, malheureusement. »

Sortant un papier et un crayon de son sac en se reculant, elle griffonna quelques chiffres dessus et le glissa sur la table, vers lui.

« Cela dit, vous pouvez prendre mon numéro si vous souhaitez que l’on se voit plus tard… Ou le laisser là, pour le barman…, ajouta-t-elle avec un sourire mutin. »

Elle se leva ensuite, laissant à son tour quelques billets sur la table pour payer ses consommations de la soirée, et elle contourna adroitement la chaise de Valian.

« Ce fut un plaisir de vous rencontrer, Valian, sourit-elle en s’éloignant vers la sortie. »

Imaginait-elle qu’elle allait se faire suivre par la suite ? Oh, non.  Certainement pas. A vrai dire, l’esprit embrumé par l’alcool, la veuve ne pensait qu’à son lit confortable chez elle. Mais, peu à peu, ses pensées dérivèrent. Elle connaissait par cœur le chemin pour rentrer jusqu’à son appartement, et le faisait souvent sans réfléchir, laissant son esprit se concentrer sur autre chose. Sur quelqu’un, plus particulièrement.

Elle sentait encore les doigts du jeune homme contre sa fleur. Il avait réussi à attiser son désir, même si elle s’était dit qu’elle passerait une soirée tranquille, sans chercher à séduire. Pire encore : Il avait réveillé son appétit. Elle regretta un instant de l’avoir laissé de la sorte, parce qu’elle n’aurait pas été contre un petit jeu à deux, finalement. Mais ce qui était fait… Et pourtant, elle se sentait émoustillée. Son clitoris lui semblait trop sensible, alors qu’elle se rappelait la pression brève que l’homme avait exercée contre,  un peu plus tôt.

Soupirant doucement, la brunette tourna dans une ruelle, un raccourcis pour reprendre la grande rue avant d’arriver non loin de chez elle. Elle s’efforçait de chasser le jeune homme de ses pensées, mais plus elle essayait, et moins elle y arrivait. Elle était cependant à mille lieues d’imaginer qui est-ce qu’il était en réalité. Tout comme elle ne pouvait même pas imaginer qu’il la suivait et attendait le bon moment pour se rappeler à son bon souvenir…