Son passager clandestin et facétieux appela son propre vaisseau. Talon, de son côté, s’occupa des autorisations administratives, s’identifiant. Elle indiqua qu’elle venait d’Arubis, et demandait l’autorisation d’atterrir, tout en précisant qu’elle n’était pas une réfugiée. On lui assigna le Quai-05, et Talon s’approche, longeant les immenses croiseurs de guerre gordaniens. La coïncidence était trop forte pour être simplement liée au hasard : l’Empire était là pour s’occuper de cette étoile métallique qui avalait les planètes. Talon sortit, et débarqua dans un astroport grouillant d’activités. Il y avait des ferrailleurs un peu partout, des vendeurs à la sauvette, et des patrouilles gordaniennes, dans les coins.
Olysseum était un tas de vermines, d’escrocs, de charlatans, et de vendeurs ambulants. Laissant Ludya s’occuper de son vaisseau, Talon se rendit à l’arrière du
X-07, et constata que son moteur était endommagé. Le missile avait pulvérisé plusieurs de ses trappes d’échappement, le système de ventilation était en douleur, et des fils électriques pendouillaient ici et là, crachotant des décharges électriques, tandis qu’une odeur de fumée carbonisée s’échappait de l’habitacle.
Dans des coins, la télé résonnait, et Talon la regarda brièvement. La chaîne locale,
Olysseum Network, ne mentionnait nullement Arubis, évoquant juste la présence de pillards ayant nécessité l’Administrateur à appeler une flotte gordanienne à proximité. En aucun cas, les résidents ne devaient paniquer, ou croire à la présence d’une Flotte-ruche formienne. De même, les Quais 01 et 02 étaient fermés pour maintenance. Talon écoutait entre les mots. Gordan ne voulait pas que la station sache qu’Arubis, une proche planète, avait complètement été détruite, afin de ne pas créer un mouvement de panique. Les deux premiers quais devaient être ceux où les réfugiés arubissiens étaient amassés.
*
Alors, pourquoi ne nous y ont-ils pas emmené ?*
Elle eut la réponse à cette question quand une patrouille gordanienne s’approcha d’elle, renversant sans ménagement les badauds qui s’agglutinaient près d’eux. Ludya était près d’elle, ayant amené de la nourriture, voulant vraisemblablement l’aider à réparer son vaisseau. Talon n’eut guère le temps de lui répondre, son regard se portant davantage sur
la patrouille qui se posta face à eux. Ils étaient une dizaine de soldats dans de lourdes armures.
«
Oui ? demanda Talon.
-
L’Amiral Javert souhaite s’entretenir avec vous immédiatement, se contenta de parler un Gordanien, pour la saluer.
Je suis le Capitaine Kyman, et vous devez me suivre. -
Et si nous refusons ? »
Pour toute réponse, les Gordaniens accompagnant le Capitaine Kyman levèrent leurs armes, de redoutables fusils Gauss.
«
Refuser n’est pas une option. Olysseum est sous autorité militaire. L’état d’urgence va être décrétée d’ici quelques heures, et tous les civils ne pouvant évacuer seront consignés. »
La voix de Kyman était froide, métallique, sortant de son casque. La Sith se pinça les lèvres, réfléchissant à ses meilleures options.
«
Donnez-nous votre arme, Sith. Vous aussi, Abyssian. »
Talon hocha lentement la tête, puis décrocha son sabre-laser de sa ceinture, et le balança vers l’un des soldats, qui le mit dans un coffret. Les Gordaniens étaient l’un des plus puissants Empires militaires de l’univers. Leur Empire s’étalait sur l’intégralité d’une galaxie, et leur flotte abritait des dizaines de milliers de croiseurs de guerre. Actuellement, Gordan était en guerre depuis plusieurs années contre les Formiens, une guerre surnaturelle, mais que les Gordaniens perdaient, les contraignant à rechercher des alliés dans le reste de l’Univers civilisé, ou des technologies supplémentaires pour supprimer les Formiens. Ils avaient visiblement fait leurs devoirs, et s’avancèrent. Talon les suivit, au milieu de la patrouille, rejoignant l’
Olysseum-Way, le tramway interne. Il y avait un ensemble de deux réseaux ferroviaires,
Olysseum-Outside, se composant de six lignes ferroviaires reliant chaque spatioport à la station, et
Olysseum-Inside, comprenant plusieurs lignes filant au sein de la station.
Les Gordaniens prirent un wagon rien que pour eux, et s’avancèrent. Leurs invités n’étaient pas menottés, mais les Gordaniens étaient méfiants. Talon en profita pour observer le paysage depuis le wagon. Le tunnel étant en verre, on pouvait voir l’extérieur. Des croiseurs de guerre supplémentaires jaillirent de l’hyperespace, et, par la suite, le tramway rentra dans la station. Ils arrivèrent à la gare centrale d’
Olysseum, et embarquèrent dans un autre train, empruntant le réseau ferroviaire «
Inside ». Ils filèrent vers le centre administratif d’
Olysseum, qui était rempli de caisses gordaniennes et de soldats.
«
Par ici... »
Ils avancèrent dans un ascenseur qui s’éleva dans les quartiers personnels de l’Administrateur.
«
Tout droit. »
Ils étaient dans un couloir en marbre, avec du bois poli, et une confortable moquette rouge sur le sol. Des plantes vertes se trouvaient sur des tables. Ils arrivèrent finalement dans un énorme bureau, avec une grande baie vitrée circulaire au fond, et un bureau épais. L’Administrateur était assis derrière le bureau, devant une montagne de documents, et un home se tenait dos à eux, observant l’espace. Il portait un long manteau bleu, et Talon regarda un peu le décor. Au fond du bureau, un petit perron menait à la baie vitrée, et, à partir de là, deux escaliers internes menaient à l’étage, filant à gauche et à droite le long de murs concentriques, et, dans cette grande pièce sphérique, il y avait des bibliothèques remplies de livres, à gauche et à droite. Près de la porte, une énorme cheminée se tenait là, avec le buste d’un énorme animal sauvage empaillé, une sorte d’improbable croisement entre un mammouth et un tyrannosaure.
«
Je vous souhaite la bienvenue, Twi’lek et Abyssian, et je m’excuse pour cet accueil un peu brusque, mais vous comprendrez bien que les circonstances nous forcent à agir vite. »
L’homme se retourna lentement. L’
Amiral Javert était un élégant militaire, le torse bardé d’écussons et de médailles. Il portait de fins gants blancs en cuir, et une lame énergétique. L’Administrateur, lui, ne disait rien, mais semblait assez mécontent de sa situation.
«
Que nous voulez-vous ? -
Savoir ce que deux individus venant de planètes aussi éloignées que celles d’Arubis faisaient là-bas alors que le Grand Guédester était en train de s’alimenter de cette planète. »
L’intuition de Talon se confirmait : Javert en savait plus qu’eux sur ce qui était en train de se passer.
Nota Bene : Des informations supplémentaires sur l’Empire de Gordan peuvent se trouver dans la fiche d’Ulrik.