Colocation Mixte [PV Takeru Tamase]

La rentrée, c’était la rentrée, et je devais désormais vivre au pensionnat en tant qu’interne… c’était la première fois que j’allais me retrouver seule. Normalement, je devrais me retrouver avec une colocataire, dans la même chambre. J’espérais simplement qu’elle serait gentille avec moi, et qu’elle ne me charrierait pas à cause de mon surpoids. J’avais dans ma main un gâteau au riz et de l’autre ma valise pleine, j’avais aussi sur le dos mon sac de cours. Je mangeais tranquillement mon gâteau sous les regards des autres élèves qui allaient et venaient dans le lycée.

Ils étaient tous minces ou bien très beaux, je paraissais bizarre dans la foule des élèves, avec mes courbes disgracieuses, mon ventre proéminant et mes seins quasiment trois ou quatre fois plus gros que les filles que je voyais… je soupirais en finissant mon gâteau, certainement un des derniers que je mangerais entre les repas. Les gâteaux, c’était mon pécher mignon, je ne pouvais pas résister à l’appel d’un petit gâteau… ce devait être à cause d’eux, mais pas totalement, que j’étais aussi enveloppée. Je me léchais les doigts avant de les essuyer sur un mouchoir en papier que je jetais dans une des poubelles qui se trouvait sur le campus de l’école. Puis je sortis la fiche ou se trouvait mon numéro de chambre, ainsi que ma clef.

_ « Alors, chambre deux, bâtiment deux, deuxième étage, murmurais-je pour moi. »

Je regardais le plan et me repérais rapidement, mon sens de l’orientation ne m’ayant jamais fait défaut. Je montais le premier étage du bâtiment deux. Je fis une pause pour reprendre mon souffle, puis je me remis à monter les marches, et arrivait au deuxième étage. Il n’y avait personne, je soupirais… heureusement. Je m’avançais et, comme par hasard, j’avais pris la mauvaise entrée, je dus marcher quasiment jusqu’au bout du couloir, pour atteindre la chambre numéro deux.

J’entrais la clef dans la serrure mais la porte était ouverte et j’ouvris la porte. Là, je rougis en voyant le jeune homme qui installait ses affaires…

Takeru adorait les vacances, le plaisir de ne rien avoir à faire et de faire ce que l'on veut par pur plaisir, de longues parties de foot, des courses sur les quais au cours d'un jogging...Il pouvait alors se défouler sans se soucier des horaires, rentrer à pas d'heure, manger n'importe quand.

Mais toutes les bonnes choses ayant une fin, après les vacances vint la rentrée, trop rapide au goût du lycéen et sentant les journées de labeur à gratter du papier à plein nez. Au moins était-il pris pour une année de plus, et avait-il réussi à conserver une bonne moyenne dans le total de ses notes. Le sport y était malgré tout pour beaucoup dans ce succès.

Un soupir nostalgique, et voilà qu'il arpentait les couloirs du lycée, qu'il commençait à connaître à force d'user ses souliers en se baladant dedans. Dans sa main, un papier, une sorte d'adresse, plus un numéro de chambre qu'il suivait à la lettre avec précision, assez connaisseur des lieux : en quelques foulées, il était arrivé. Il ne marchait que rarement et préférait trottiner pour le coup.

Les quelques connaissances qu'il croisa le virent passer en coup de vent et il ne prit même pas la peine de refermer la porte soigneusement en rentrant dans sa nouvelle antre, la claquant négligemment sans remarquer qu'elle se rouvrait lentement. A se déception, son camarade n'était, lui, pas encore arrivé sur place, et il allait devoir porter le premier coup décoratif à l'endroit.

Repoussant son lit vers un angle, il déposa dessus sa lourde valise et commença à ôter son T-shirt de supporter, embrassant ses biceps en rigolant tandis qu'il éventrait son bagage pour y chercher une chemise, projetant des vêtements un peu partout dans la pièce, ainsi qu'un ballon de football, une balle de tennis dédicacée, des posters encore enroulés...

Tout le petit barda de l'adolescent sportif recouvrait sol, lit et armoires, alors que la porte grinçait, s'ouvrant lentement :

Tu es en retard ! Déplaces un peu mon bazar et installes toi !

Un petit ricanement taquin et Tama gratifiait son nouveau colocataire d'un grand sourire amusé, qui fondit immédiatement. Ce n'était pas vraiment UN locataire, mais une fille. Et pas une mince !

D'un geste réflexe, il s'empara de son T-shirt laissé négligemment sur le lit et se couvrit de façon maladroite la plupart du buste, bafouillant :

T-Trompée de dortoir ! C'est les hommes, ici !

Il était moins rouge qu'elle, mais tout aussi gêné..

Ce que je vis était proprement incroyable, ma colocataire était en fait un colocataire… ce n’était pas possible, il devait y avoir une erreur. Je regardais de nouveau mon papier, mais non, j’étais bien dans le bâtiment deux, deuxième étage et chambre deux. Je relevais la tête tout en rougissant encore, mon colocataire était vraiment bordélique, il y avait des vêtements un peu partout dans la pièce, ainsi qu'un ballon de football, une balle de tennis, des posters encore enroulés... et cela sur les deux lits, les armoires et les bureaux.

_ « Tu es en retard ! Déplaces un peu mon bazar et installes toi ! »

Il eut un petit ricanement tandis qu’il se tournait vers moi avec un grand sourire amusé… sourire qui disparut immédiatement. Je rougis en constatant qu’il était torse nu. Rapidement, il prit un des T-shirts qui se trouvait sur un des lits pour cacher, de façon assez comique, une grande partie de son torse, bafouillant : _ « T-Trompée de dortoir ! C'est les hommes, ici ! »

Il rougissait aussi, il devait être tout aussi gêné que moi… je baissais la tête tout en me demandant s’il n’y avait pas encore une erreur sur le papier qui indiquait mon numéro de chambre et le bâtiment correspondant. Je n’avais rencontré personne en montant. Du coin de l’œil, je le regardais, je n’avais pas souvent l’occasion de voir un homme à demi-nu. Pour me donner un peu plus de courage pour lui répondre, je relevais la tête et lui fit un demi-sourire. C’était bien ma veine de me retrouver avec un garçon, plutôt beau garçon d’ailleurs, et bien fait… c’était soit un sportif, soit un amateur de sport à en juger par la présence du bazar dans la chambre. Je déglutis puis je m’éclaircis la gorge.

_ « Euh… je crois pas… c’est les filles ici… c’est bien le bâtiment deux, deuxième étage, chambre deux… n’est-ce pas ? »

Je n’étais plus très sûre de moi, aussi, je vérifiais que j’étais bien au bon endroit sur le plan du campus. C’était bizarre, je n’avais jamais entendue dire que c’était mixte à Mishima…