RACHEL HAWKES
Madame Hydra s’adressait désormais à Logan, laissant à Rachel le temps de se remettre de ses émotions. Ce n’était maintenant plus qu’une question de temps avant que les renforts n’arrivent. Iron Girl ne croyait pas que Magnéto puisse collaborer avec eux. Pas avec des humains. Pas avec l’HYDRA. Il était probablement captif, ou en fuite. Ses pouvoirs sur le métal étaient forts, faisant de lui l’un des plus puissants mutants de la planète, mais il n’était pas invincible... Et l’HYDRA avait une sorte de talent inné pour débusquer les faiblesses des autres, et s’en servir. Ce complexe semblait faire partie d’un plan longuement travaillé, et Rachel n’avait même pas à se demander leur objectif final. Conquérir le monde. Au moins, avec l’HYDRA, on savait à quoi s’en tenir. Ils étaient prêts à tout pour accomplir leurs plans.
À travers la conversation qu’elle avait avec Logan, Rachel comprit qu’on voulait l’utiliser pour accomplir des «
tests ». De quels genres de tests ? Elle repensa à ces mutants à Seikusu... Et à ceux qui les avaient attaqués à l’entrée de la base. Était-ce là le sort qu’on lui réservait ? Faire d’elle une expérience de laboratoire ? La torturer tellement qu’elle serait incapable de réfléchir consciemment, et obéirait aux ordres de l’HYDRA sans réfléchir ? C’en était effrayant ! L’HYDRA était une organisation nimbée d’ombres, sur laquelle on ne savait rien. Était-elle aux abois ? Toujours aussi puissante qu’auparavant ? Bon nombre de bases de l’HYDRA avaient été détruites par le SHIELD, mais, à chaque fois, l’organisation revenait, toujours plus forte, en développant toujours plus de plans tortueux pour conquérir le monde. Elle avait déjà infiltré le SHIELD jusqu’à la moelle, et, maintenant, elle l’avait capturé. Elle semblait en savoir beaucoup sur eux. Elle connaissait les points faibles de Kara, et, face à la kryptonite, cette dernière ne pouvait rien faire. Ils savaient même que sa vision spéciale ne permettait pas de voir à travers le plomb.
*
C’est clairement une erreur de les sous-estimer...*
Ils avaient recruté des mercenaires particulièrement dangereux, comme Metallo. Les pensées de Rachel étaient confuses, embrumées. Il lui fallait un
plan. Elle devait récupérer son armure. Ou alors, elle pouvait attendre que la cavalerie arrive... Mais ce n’était pas vraiment le tempérament d’une Hawkes. Elle n’allait pas attendre des renforts providentiels si elle avait l’opportunité d’agir ici.
La porte s’ouvrit soudain, deux lampes-torches lui éclairant le visage. Rachel mit une main en visière devant ses yeux, fronçant les sourcils. Elle vit trois paires de jambes. Elle était toujours assise, prostrée dans un coin, et n’avait aucun moyen de se défendre. Aucune arme. Rien d’autre que ses poings. Un homme, et deux autres hommes. Des gardes. Ils portaient des combinaisons noirâtres avec des motifs verdâtres, des casques couvrant leurs visages. Entre les deux, il y avait un homme chauve, qui semblait assez âgé, quoique corpulent, et qui balança sur le sol une blouse d’hôpital, en lui ordonnant de s’habiller.
«
Et... Et si je vous disais d’aller vous faire foutre, connard ?! » rétorqua Rachel en grinçant des dents.
Elle vit l’homme sourire.
«
L’arrogance de ces Américains... »
Il avait un accent russe, que Rachel parvint à identifier. L’homme n’eut pas besoin de faire quoi que ce soit. L’énorme lampe qui avait attaqué Rachel tantôt s’illumina à nouveau, avec ce grondement sinistre. Le générateur alimentant la lampe devait se trouver à côté, et ce fut tout ce que Rachel parvint à penser avant que la douleur n’explose en elle. Elle hurla en se crispant contre le mur, fermant les yeux, en sentant cette lampe lui mordre le corps, brûlant sa peau. L’homme qui lui avait parlé ne dit rien pendant une bonne minute, avant que le projecteur ne s’éteigne à nouveau.
Rachel s’effondra sur le sol, le corps en sueur, peinant à retrouver son souffle.
«
Comprenez-moi bien, Mademoiselle Hawkes, poursuivit l’homme.
Vous n’êtes pas en position de négocier. Vous pouvez accepter de nous suivre gentiment... Ou nous pouvons employer la manière forte... Ce qui, en réalité, ne pourra que me faire plaisir. -
Sa... Salopard... -
J’adorerais avoir une discussion avec les Américains sur la conception du Bien et du Mal, mais le temps presse. Messieurs, voulez-vous... ? »
Les gardes agirent rapidement. Rachel sentit une main gantée et ferme tirer sur ses cheveux. Elle hurla, essaya de se débattre, et un tazer vint lui mordre la nuque. Le hurlement de Rachel mourut dans sa gorge, et on lui passa de force la blouse, avant de la balancer hors de la cellule. Rachel heurta un mur, atterrissant dans un couloir.
«
C’est d’un pathétique... Je croyais que les Hawkes étaient capables d’endurer plus que ça. -
Les... Les Hawkes t’emmerdent, connard ! »
Rachel entendit un garde se rapprocher d’elle, probablement pour la taser à nouveau. Elle secoua alors la tête, et tendit la main vers lui, comme pour le repousser. Avec son autre main, elle souleva son corps endolori, et parvint à se mettre debout. Elle était trop faible pour se battre, et, sans son armure, tenter de s’enfuir serait une peine perdue. Ces types étaient entraînés, et prudents. Quant à elle, sa tête bourdonnait, et elle avait du mal à maintenir son équilibre.
«
Dépêchons, nous avons déjà perdu trop de temps... »
Une main ferme la poussa. Elle s’appuya contre le mur. C’était un couloir blanc, carrelé, froid et impersonnel, faisant presque penser à un couloir d’hôpital, si ce n’est qu’il n’y avait pas de fenêtres aux murs menant dans les chambres. L’homme passa devant elle, mains croisées dans le dos.
«
Qu’est-ce... Qu’est-ce que vous me... ?! »
*
SCHTAC !*
Rachel se reçut un coup de crosse à l’arrière du crâne, et tomba sur le sol, sonnée, gémissant, en sentant une douleur diffuse exploser dans son crâne.
«
Vous parlez trop. »
Rachel sentit des bras la tirer. Elle était proche de l’inconscience.
Et elle ignorait où on la conduisait.
NATALIA ROMANOV
Animura était perturbé, et les spores d’Ivy l’aidaient à se maintenir. Natalia se méfiait toujours un peu de Poison Ivy, au regard de son passé. Elle avait été une éco-terroriste, et Natalia savait qu’elle pouvait sécréter, avec sa salive, une toxine mortelle. Ses baisers pouvaient ôter la vie, et, même si elle prétendait s’être rangée, Natalia avait toujours un peu de mal à la croire. Cependant, elle devait bien admettre que, pour l’heure, la mutante était plutôt pratique. Elle avait été efficace contre la Sentinelle, et, maintenant, elle avait réussi à rassurer Animura. Le scientifique était ébranlé, mais ses capacités de réflexion se réveillèrent plutôt vite. Il leur montra un passe, un moyen d’accéder au quartier des officiers. Nightcrawler suggéra cependant qu’il les guide. Animura cligna des yeux, sa nervosité revenant rapidement.
«
Je... Mais... »
Comprenant qu’elle devait encore agir, Ivy fléchit les genoux, et son regard engloba celui d’Animura. Chacune de ses mains vint se poser sur ses joues, et elle se rapprocha de plus en plus de lui, si tant est qu’on aurait pu croire qu’elle allait l’embrasser. Elle souffla contre ses lèvres en fermant les yeux, le laissant inhaler ses phéromones, puis lui sourit délicatement.
«
Nous avons besoin de vous, Docteur Animura. J’ai besoin de vous », précisa-t-elle.
Eiki hocha lentement la tête.
«
Oui... Oui, bien sûr, mais... C’est... C’est dangereux, et... Je... Je ne pense pas vous... -
Vous avez fait du mal, Docteur Animura. Vos recherches ont été utilisées à votre insu pour aider des terroristes. Vous trouvez cela regrettable, non ? Je suis sûre que vous vous sentez coupable... »
Le scientifique déglutit à nouveau.
«
Vous devez racheter vos erreurs, Docteur. Vous le devez. »
Ses mots étaient comme du velours, et Animura hocha lentement la tête. Pamela se releva ensuite, et Eiki en fit de même.
«
O-Oui... Je... Très bien, très bien. Les officiers attendent sûrement mon rapport après... Enfin... Vous voyez. »
Natalia voyait, oui. Après avoir tenté de les tuer. Elle laissa deux de ses hommes ici, pour surveiller ceux qui étaient blessés.
«
Vous avez une infirmerie ? -
Oui... Sur la gauche... Vos hommes vont bien, j’espère ? Enfin... Ils ne risquent pas de... -
Nous sommes formés pour ce genre de situations, Docteur », le coupa Widow.
Les hommes qu’elle laissait là iraient vers l’infirmerie. Natalia ne voulait pas envoyer tous ses hommes. S’il y avait un piège, elle voulait qu’il reste des agents en retrait pour leur offrir un soutien.
«
Méfiez-vous des caméras de sécurité. Il y a aussi des détecteurs de mouvement. »
Eiki connaissait bien la sécurité de la base, et savait comment la contourner. Il s’arrêtait parfois près de panneaux de sécurité, et les ouvrait à l’aide de son passé, piratant pendant quelques secondes les dispositifs de sécurité. Natalia, elle, était étonnée de n’avoir vu encore aucun soldat. Leur entrée n’avait pas été spécialement discrète... Il était possible qu’ils soient occupés avec l’équipe d’Iron Girl.
«
Voici l’escalier... »
Il leur expliqua que le quartier des officiers était au bout. L’escalier menait directement à une porte.
«
Il y a des protocoles de sécurité, expliqua-t-il alors.
Vous pouvez vous téléporter, n’est-ce pas ? demanda-t-il à Nightcrawler, sans vraiment attendre de réponses.
La porte est verrouillée de l’intérieur. Ce passe sert à prouver votre identité, mais c’est de l’intérieur que la porte s’ouvre. Si nous venons trop nombreux devant la porte... »
Il y avait une caméra de sécurité qui filmerait ce qui se passerait dans le couloir. Autrement dit, il fallait qu’Animura y aille seul.
«
Il n’y a pas de gardes dans ce secteur ? demanda Widow, surprise de n’avoir vu encore aucun agent de sécurité.
-
Pourquoi y en aurait-il ? demanda le docteur, surpris.
Nous pensons travailler pour l’armée... Pas pour des terroristes. -
Ah... Bien sûr ! -
Je pensais vous dire de vous faire passer pour un scientifique, mais... Enfin, je peux vous donner une blouse, si vous voulez, et... -
Allez-y, Animura. »
Le ton de Natalia était sec, presque fatigué. Le scientifique déglutit, puis grimpa l’escalier rapidement, et appuya sur un bouton, glissant son passe. Natalia et ses coéquipiers restèrent dissimulés à gauche et à droite du couloir, Natalia à côté de Kurt. Elle avait joint sa main dans celle de l’homme.
«
Vous allez nous téléporter à l’intérieur, Kurt... Les autres nous rejoindront tout de suite. »
La porte s’ouvrit alors, et Natalia avait vérifié ses chargeurs.
Elle était prête à l’action.