Azriël profita de cette occasion pour s’élancer lui aussi vers le
démon temporairement aveuglé. Alors qu’elle planta sa hache dans la jambe de la bête qui beugla et posa un genou à terre, la lance de l’ange perfora le torse du monstre et chercha à le pousser. Mais le choc n’ébranla qu’à peine la bête visiblement furieuse. Elle enroula une main autour de la lance pour essayer de l’arracher, mais les mains de l’ange continuaient de la pousser dans son poitrail. Le regard revenu du démon se planta dans la zone d’ombre du casque d’Azriël, il ouvrit une bouche à moitié disloqué et dégoulinante de bave et d’un mucus plus épais. Une voix démoniaque et mue par une forme de magie s’échappa de sa gueule simplement resté ouverte.
- Je vais te bouffer… toi et l’autre pute ! La lance tourna dans la plaie, arrachant un cri de douleur au démon. La hampe comme la lame se mirent à rougeoyer. La main du démon fumait comme du bacon sur un grill et quelque flammette suintaient de la blessure… les flammettes devinrent plus épaisse et un grognement bestial émana de la bouche du monstre qui lâcha son épée pour agripper à deux mains cette lance d’or et de flamme.
- Abandonne, emplumé ! L’ange déploya sa musculature, planant au-dessus du sol avec ses ailes grandes ouvertes… il n’écoutait pas le démon, ne se donnant même pas la peine de répondre, il se contenta de pousser, encore et toujours. Un cri de fureur naquit dans le fond de sa gorge. La hampe de la lance se plia tant les deux parties usaient de puissance pour se contrer… mais il était à deux contre un. La jeune guerrière ne resta pas sans agir, donnant l’espace d’une seconde l’avantage à l’ange qui hurla de toutes ses forces pour faire tomber le démon sur le dos… Sa carcasse heurta lourdement le sol. Et alors qu’il s’apprêtait à riposter contre l’ange debout sur son torse, Ardeur fit parler sa puissance, crachant d’important trait de feu dans le corps du démon. Les flammes allèrent partout, cherchant à sorti, jaillissant donc de sa bouche, de la plaie et d’autre orifices béants faisant parti du démon. Il était vaincu… fumant, grillé, ne bougeant plus… trop facile pour se maître de la guerre.
Azriël détourna son regard, le posant sur Andizia. Si elle avait vu son visage, elle aurait pu y lire un sourire, mais un sourire de courte durée. Un autre
démon s’était profité derrière eux et chargeait sans un bruit la jeune femme. L’ange arracha sa lance, la faisant tournoyer pour la bloquer sous son bras, prêt à bondir pour défendre l’humaine. Mais le démon sous lui en profita, plantant ses griffes comme des couteaux dans l’armure d’or et le projeta loin sur le côté. Impétueux était l’ange qui aurait mieux fait de vérifier au-delà des apparences. Car bien qu’encore fumant et visiblement mal en point, il était vivant. Vivant et sur le point de se relever, empoignant sa lourde lame. La pauvre Andizia était donc prise en tenaille, et l’ange qui était atterri sur ses pieds avait accusé un méchant coup. Mais cela ne le découragea pas, il s’élança à nouveau vers eux, afin de reprendre part à la bataille.
Un souffle fétide et torride secoua le champ de bataille, et le
démon aux ailes de feu s’interposa entre l’ange et ses congénères, lui portant également un violent coup d’épée que l’ange dévia sans peine. Il sauta, cherchant à contourner ce nouvelle obstacle entre l’humaine et lui, mais le démon fit de même, déployant l’envergue de ses ailes grises et rouge… Azriël déploya les siennes d’un jaune vif et teinté d’or. Leur armes s’entrechoquèrent plusieurs fois, laissant Andizia seul et sans renfort.
Bien plus loin, on pouvait apercevoir le colosse se rapprocher à son tour de la bataille… il était lent mais ses grandes enjambés le porteraient bientôt à leur niveau.
La situation semblait tendue, mais les anges sont une milice… et Azriël est simplement le premier à intervenir en général.
Yzual, ange de la raison ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour son frère. Le bougre passait le plus claire de son temps à son poste, surveillant personnellement le monde des hommes. Il était resté dans une guerre mise en suspens depuis longtemps, ne pouvant se défaire du feu des batailles qui coulait dans ses veines. Celle-ci avait depuis longtemps cessé d’essayer de calmer son ardeur mais elle gardait tout de même un œil sur lui.
Azriël et elle avait combattu sur bien des fronts côtes à côtes et un lien puissant les avaient unis. Ils s’aimaient, sans parler d’amour, mais plutôt tendresse et d’un profond respect l’un pour l’autre.
Elle s’amusait d’ailleurs à le surnommé « mon vaillant cœur » heurtant la fierté souvent mal placé de celui-ci.
Lorsqu’elle ne l’avait plus vu à son poste, elle avait compris. Et sans rien dire pour ne pas lui attirer les foudres du conseil, elle avait décidé de prendre les armes pour aller l’épauler, où qu’il soit et contre tous ce qu’il aurait bien pu combattre.
Elle filait dans les airs, un parfum doux et léger dans son sillage et une légèreté dans ses battements d’ailes. Elle glissa comme une fusée entre les deux démons pour s’emparer d’Andizia, la portant dans ses bras comme une enfant qu’une mère rassure.
L’ange prit de la hauteur avec elle et se retourna vers le combat qui se tramait en contre bras.
- Pardonnez-moi ! Elle posa ses lèvres sur le front de la jeune femme et récita quelques prières… ses cheveux se rehaussèrent comme soufflé par un vent divin et ses yeux devinrent blancs. Le corps d’Andizia fut subitement saisi d’une chaleur et de frémissement agréable. Les forces de ses muscles reviennent, ses blessures se dissipèrent peu à peu et le baiser sur son front semblait être à l’origine de tout cela car l’endroit où il avait été posé n’était que frisson et délice.
Une fois fait, l’ange et l’humaine reposèrent pied à terre et Yzual s’inclina, pliant ses ailes dans son dos.
- Pardonnez encore une fois mes manières… mais vous aviez grand besoin de soin ! Je suis Yzual, ange de la raison ! Sœur d’Azriël, ange de la bravoure !Sa voix était douce, calme et chaude… en contradiction direct avec une certaine forme de sévérité dans son regard. Elle détourna ensuite son regard, attrapant une lance attaché dans son dos et un bouclier.
- Prenez celui à votre taille… mes ailes me mettent à hauteur du plus grand. Elle lui conseilla cela car les deux démons c’était mis à marcher dans leur direction, tandis qu’Azriël se confrontait toujours au démon ailé qui semblait être un excellent duelliste.
Leur corps voltigeaient, se repoussaient avant de se heurter à nouveau. Sa lance tournait avec vivacité et s’abattait vers le démon, mais celui-ci se dérobait avec rapidité ou parait le coup.