Samedi 9 à 2h
Mashi avait été engagée par un de ses clients réguliers, le chef des Yakuzas, pour récupérer une clé qui devait leur permettre de faire tomber un petit gang rival. Elle planquait donc devant ce que l'on nommait dans le jargon un "bunker", un petit appartement à la porte fortifiée permettant de vendre de la drogue en toute discrétion, puis de faire passer le reste par les chiottes avant que la police n'enfonce la porte.
Quelques heures plus tard, un dernier voyou sortit du bunker. Ce ne pouvait être que lui. Un jeune avec une carrure d'athlète, vêtu d'un sweat noir et d'un jean. Pas stressé pour un kopeck, il alla fumer une clope dans un parc voisin. Mashi s'était vêtue simplement pour l'occasion. En effet, elle savait d'expérience que porter un kimono blanc et rose revenait à se coller un réverbère sur la tête. Pas pratique quand on planque. Elle portait donc un petit top blanc qui laissait voir les bretelles de son soutif et un jean. Sexy mais pas assez dévergondé pour passer pour une tapin du quartier. Une fois près de l'homme, elle s'assit près de lui, comme pour une drague ostentatoire. Il y avait du monde dans le parc, même en pleine nuit. Surtout en pleine nuit, en fait... elle devait donc trouver un moyen de faire bouger l'homme.
Salut !
Mouaif...
Fit-il en lui envoyant toute la fumée de sa clope en plein visage. Rien que pour ça, il devait payer.
Si tu me donne la clé USB sans faire d'histoire, tu pourras même repartir vivant.
Quoi ?!
Ni une, ni deux, le voyou partit en courant. Mais ce qui avait échappé à Mashi, c'est qu'il avait fait tomber la clé en question. Elle poursuivit donc le jeune, sans se douter de rien. Deux rues plus loin il était au sol.
Samedi à 6h
Bordel ! Je te dis que je l'avais ! Je sais pas, j'ai du la faire tomber ! Nan ! Déconne pas, fais pas çaaaaaaah...
Mashi avait enfin consentie à mettre un terme à ses souffrances. Quatre heures perdues... pour apprendre qu'il pensait peut-être éventuellement avoir pu laisser tomber la clé. Et il n'en était pas sûr. Mais bon, trêve de pessimisme, c'était déjà ça.
La clé attendrait, elle pouvait au moins prendre un petit déjeuner.
Samedi à 9h50
Quelle bonne sieste elle avait faite ! Elle pouvait maintenant aller faire ce pour quoi elle avait été payée. Elle se dirigea en petite foulée vers le parc, habillée en joggeuse, avec de la musique plein les oreilles. Elle n'écoutais qu'un style de musique : l'épic. Peu de gens connaissaient. Pour imager son style, elle disait souvent que c'était la seule musique capable de donner autant d'adrénaline que pendant un vrai combat. En ce moment, elle avait Dragon Rider, de Two steps from hell, à fond dans les oreilles.
Une fois arrivée au fameux banc, elle fut plutôt horrifiée de voir une petite ado assise là. Elle avait arrêté de tuer pour le plaisir. La petite prit un air étonné en voyant la clé sur laquelle elle avait posée ses fesses. Elle l'embarqua en douce puis s'en alla, intriguée. Mashi la suivit, imprimant son visage dans sa tête, regardant ou elle habitait. Elle passa toute la journée de Dimanche à planquer devant la petite.
Lundi à 9h30
La jeune femme était sortie de chez elle. Après quelques minutes, il parut évident à Mashi qu'elle se rendait au commissariat. Et les trois jeunes en sweat qui la suivait à vélo devaient le savoir aussi. Cette fille n'avait rien fait, elle ne pouvait pas la laisser comme ça. Elle lui cria :
Cours !
Mais elle ne savait pas si elle l'avait entendue. La jeune femme se mit donc à courir à perdre haleine sur les traces de la lycéenne. Celle-ci dût le remarquer car elle pressa l'allure, cherchant à la semer dans les ruelles tortueuses. Mais cela faisait cinq ans que la tueuse échappait au FBI, et on n'apprends pas au vieux singe à faire la grimace, comme on dit.
La fuyarde s’engouffra dans un bâtiment à l'abandon. Mashi entendit les autres voyous rigoler, ne prenant pas leur mission au sérieux.
Eh ! Regardez, elle steak haché !
Tssk... quel humour pathétique... Sans attendre, Mashi la suivit dans l'immeuble et claqua la porte derrière elle. Le refuge avait sûrement été choisi au hasard, il n'était donc pas piégé. Des graffitis parsemaient les murs, et on pouvait voir des seringues et des bouteilles vides au milieu des tables renversées. Le petit studio comportait plusieurs pièces, et la jeune femme dût chercher un peu avant de trouver la petite forme terrorisée cachée dans une des chambres. Et qui devait sûrement la prendre pour une ennemie...
Allez ! Donne moi la clé et je te sors d'ici !
Il lui fallait garder un petit moyen de pression pour s'assurer l'objet. Mais elle aurait de toute façon sortie la fuyarde de ce mauvais pas qui n'était nullement de son fait. Il fallait quand même lui signaler qu'elle était de son côté.
T'inquiète ! Ce sont aussi mes ennemis !