Avant de sortir de la chambre cherchée par Silat, la Terranide empoigna la bouteille de liqueur. Cette dernière pouvait encore être utile grâce au message situé à l’intérieur. Peut-être pourra t’elle servir de cartes d’accès lors de leur arrivée au point de rendez ou au pire, le reste de liqueur servira à étancher la soif de l’un ou de l’autre. Arrivée en bas elle déposa donc la dite bouteille dans une des sacoches accrochée au flanc du destrier avant de le chevaucher et de prendre la route vers le Pic Bleu, accompagnée par l’assassin.
Sur les conseils de l’Oriental, la Louve fit en sorte d’avoir ses armes à portée de main. Ces dernières ne se trouvèrent plus au niveau des hanches mais au niveau de ses cuisses, la position lui permettant ainsi de vite s’en saisir en cas de péripéties. Mais nulles bêtes sauvages à l’horizon, le trajet se passa une bonne partie dans le calme, permettant aux deux cavaliers de profiter du paysage. Afin de briser le silence, la Terranide allait débuter une conversation devancé par Silat.
« Pour tout avouer, non, mais je t’écoute avec joie. »
Et elle l’écouta, apprenant la fameuse histoire du Pic Bleu. Par réflexe la Louve tourna son regard vers le sommet du pic et se questionna sur un fait. Si ce pic n’en était pas un et qu’il était une crevasse, comment diable pouvait-il être si haut ? La Terranide ne put s’empêcher de s’imaginer la taille qu’avait dû avoir ce pic quand il était complet, à ses débuts. Peut-être avait-il réellement dépassé les nuages ? Mais quelle en était les véritables preuves ? Aucune.
« Les légendes sont parfois tirées de fait réel. Je serais bien curieuse de savoir si cette eau bleue est vraiment présente au fond du gouffre. Après tout si on en parle, des personnes ou des êtres ont bien du la voir non ? «
Peut-être pas des humains certes, mais certaines créatures pouvaient aisément descendre des pentes abruptes sans la moindre difficulté. Et la Terranide connaissait certaines de ses espèces. Pourtant, si un jour elle en aurait l’occasion, elle tenterait peut-être par curiosité d’aller voir dans ce fameux gouffre. Simple question de curiosité. Profitant un peu de la brise, la Louve reprit.
« Pour quelqu’un qui vient d’apprendre de nombreuses choses en si peu de temps, je comprends que tu puisses te sentir un peu perdu à discerner le vrai du faux. Mais reste à savoir si cela est vraiment important, tu as bien réussi à vivre jusque-là sans souci non ? Quant à ta dernière question.. »
Elle marqua un arrêt, se raclant un peu la gorge, chassant une gêne s’y trouvant avant de rabattre sa capuche sur sa tête pour se protéger du soleil tapant fort et donc de ce fait d’un risque d’insolation. Ceci n’était un fait acceptable en ce moment et l’Okami prenait donc ses précautions, observant en même temps les fourrés et les diverses corniches à l’affut d’une attaque surprise. Ayant elle-même chassée pendant un temps, elle observait surtout les endroits susceptibles de servir d’embuscade. Pourtant, tout était calme et il n’y avait toujours aucune trace d’une quelconque bête sauvage.
« Au marché au esclave tout simplement. J’ai été acheté par Stephen. A vrai dire, je comptais m’enfuir comme à chaque fois, mais disons que j’y ai trouvé certain avantages à rester. Par contre, même si j’aime apprécier des fois le fait de ne rien faire, je pense que comme tu as dit la veille que je ne saurais rester ainsi. A vrai dire, pendant ma période dans les Terres Sauvages le fait de se déplacer, de chasser me permettait de garder une certaine forme physique et j’ai un peu peur de la perdre. »
Se penchant, elle ouvrit une des sacoches accrochée au flanc de sa jument, attrapant une gourde d’eau de laquelle elle prit quelque gorgée, en proposant également à Silat avant de reprendre.
« Je pense essayer de m’entraîner une heure ou deux chaque jour pour gagner la forme. Je t’aurais bien demandé s’il serait possible de suivre un peu de ton entraînement au moins une fois par semaine mais je pense que tu es déjà assez pris. »
C’était une simple requête et la Louve comprendrait très bien si l’Oriental la lui refuserait par manque de temps, surtout qu’il s’était proposé pour entraîner la nouvelle acquisition du démon. Pourtant, Shad craignait réellement de s’avachir à ne rien faire et même si elle avait quelque peu rouspétée en entendant la requête de Silat, elle était bien contente de l’accompagner et d’occuper ses journées, surtout que la suite ne risquait guère d’être aussi calme.
« Attend. »
L’Okami fit stopper sa monture, observant autours d’elle, glissant sa main vers l’emplacement de son arme, prête à la sortir et l’envoyer contre l’incongru. Maintenant que les chevaux avaient stoppé leurs pas, et que leur sabots ne faisaient plus aucun bruit il était plus aisé d’entendre des bruissements de feuilles inhabituelle et le déplacement de quelques petites roches à même le sol. Les bruits étaient presque imperceptibles mais ils étaient bien là.
« Je crois que nous avons de la compagnie…A vue d’oreille, je dirais quatre à cinq. Que proposes-tu ? »
Combattre des bêtes sauvages ne gênaient nullement la lupine, surtout qu’elle possédait bien plus que ses pairs d’armes pour se défendre, mais si Silat irait à suggérer de s’enfuir brides abattues, au galop, jusqu’au sommet, elle suivrait également ses directives. Pourtant, partir ainsi à toute vitesse risquait de fatiguer plus vite les bêtes surtout que le sentier devenait de plus en plus raide et abrupte. Attendant une réponse rapide, la Terranide fut soudainement attaquée. Cette dernière sortie rapidement la dague de son fourreau et la lança sur l’opposant, la lame traversant sans le moindre souci la chair de l’animal, se plantant dans une roche quelques pas plus loin, le prédateur gisant au sol.
« Chier…Je devrais les faire enchanter pour les faire revenir à ma guise. »
Ce qui pourrait être en effet bien pratique. L’Okami fit rapidement avancé sa monture jusqu’au rocher et usa de sa queue pour agripper le manche de la dague et la sortir de la roche avant de l’attraper avec sa main, attendant par la suite de voir ce que désirerait Silat. Maintenant, il était également plus aisé d’entendre les grognements sourds des bêtes les entourant, ces dernières attendaient le bon moment pour frapper.