Ses deux mains appuyés sur le muret de pierre de la forteresse en ruine, le fusilier Dislava regardait la petite route qui serpentait au travers des coteaux qui menaient de Gabate à Nexus. Les chevaux peinaient sous le soleil à tirer le lourd chariot. Les cavaliers aux couleurs de l'Empereur, qui entouraient le coffre roulant, avançaient la tête basse tout comme leurs chevaux épuisés par l'effort fourni.
- Crétin !Le fusilier ne savait plus que persifler entre ses lèvres. Il ne comprenait pas l'intérêt de s'encombrer d'un tel équipage sous le soleil flamboyant de l'été. Avancer pavois levés, a macérer sous le métal de ces armures. Si on ne les repérait pas aux couleurs on était sûr de les retrouver à l'odeur. Le message qu'on lui avait envoyé de la main même de l'Empereur Szaalion IV était pourtant clair. Discrétion.
Les ordres du capitaine
Fielgang étaient, quant à eux, très précis sur la démarche à suivre. Ce jour là, à cette heure là, depuis le palais du Duc de la Marivoise à la cour de la Reine de Nexus, les gardes devaient mener le trésor contenu dans l'énorme coffre. C'était un cadeau "diplomatique" pour renforcer les liens entre les deux royaumes. Or, avec cette manière de procéder, le mot ostensible convenait mieux.
Et ce n'est pas le Noble convoi qui s'avançait en face d'eux qui allait le contredire. Un bel attelage aux armoiries distinctement reconnaissable, celle du Duc de Greysword. La famille Greysword était l'une des plus ancienne famille de Nexus. Elle opérait dans les haute sphère de la royauté. A coté de la calèche fermée, un homme à cheval à l'armure luisante. Silava reconnu là l'un des Grand Généraux de l'armée Nexusienne, un bretteur hors pair mais vieillissant. Autours de lui une demi douzaine d'hommes semblant être une garde personnel.
Les deux convois s'arrêtèrent, se jaugeant. Sans qu'un seul mot ne soit prononcé, l'atmosphère devint vite électrique. Les deux chefs de file s'apostrophèrent poliment, les dents serrés. Des deux cotés on avait visiblement quelque chose à cacher. Les civilité ne tardèrent pas à tourner en suspicions. Et cela se termina de la meilleur des manières, par un combat d'où seul Dislava put sortir vivant.
Très vitre, le fusilier constata que dans la calèche il y avait toujours une âme vivante. Un témoin donc. Quelqu'un qui pourrait raconter que l'Empire de Vapeur vient de s'attaquer à Nexus. Bien qu'ennuyé par une telle hypothèse, Dislava n'était pas un homme cruel et chercha donc à voir qui pourrait bien le dénoncer. Il souleva le rideau de la fenêtre, dernier rempart entre ses yeux et le visage de l'inconnu. Sans grande surprise, il y trouva une femme, une très belle
femme, vêtue de façon élégante. Ne sachant trop quoi faire d'elle, il décida de la ramener auprès de Fielgang. Le capitaine saurait quoi faire de la donzelle.
Il n'oublia pas de remporter le trésor, s'aidant des chevaux laissé par les Noble combattants.
Arrivé sur un des
navire volant, aussi sombre que son propriétaire, où le capitaine Fielgang attendait le retour de ses hommes, Dislava se présenta au capitaine. Voyant Dislava revenir seul et de surcroît avec le trésor, il comprit tout de suite que quelque chose n'avait pas tourné comme un bon rouage. Ils rentrèrent de façon immédiate dans l'Empire de Vapeur. Le fusilier lui présenta sa captive. Deux yeux noisettes, brillants de flammes se posèrent sur lui, un visage fin et halé encadrés de mèches noires sauvage le fixait sans peur avec un air de défis. Il hocha la tête avec lassitude, et fit signe au fusilier de s'avancer vers l'entrée des geôles pour y transférer la prisonnière. Dislava y délaissa la jeune femme aux gardes.
Les gardes la poussèrent, lourdement enchaînée à travers le dédale de souterrain qui menaient aux chambres de torture. Ils gouttaient la fraîcheur de son parfum, ils en venaient même à se dire qu'ils pourraient goutter un peu aux charmes de la prisonnière, Mais les ordres étaient stricts, nul ne devait la toucher avant l'interrogatoire, les ordres de Fielgang étaient précis, et aller à l'encontre d'un ordre du Capitaine était la plus sure façon de se retrouver à éplucher des patates pour le restant de ses jours. Alors ils la menèrent à la salle des interrogatoires et l'attachèrent aux lourds anneaux rivetés dans les murs, bras écartés, ne pouvant s'empêcher de caresser ces formes au passage. L'un s'entre eux se permis une blague graveleuse et ils éclatèrent de rire en s'éloignant. Elle resta seule un certain temps, ses bras devinrent douloureux et sa gorge sèche.
***
Lune sortait de la salle d'entraînement comme tout les jours à cette heure quand elle n'était pas en mission avec Belheim. L'Empereur, lui, était occupé avec divers politiciens à signer de nombreux parchemins. Parfois les discutions étaient houleuses mais Lune avait vite comprit que Belhiem avait toujours le dernier mot. C'est pourquoi elle ne restait pas. Elle était inutile et perdait son temps à les regarder. Elle profitait donc de ce moment pour s'entraîner avec les autres gardes du corps de l'Empereur.
Elle sortait donc des vestiaire où elle s'était changé et surtout lavée après son dur labeur. Comme à chaque fois après sa session, elle retournait auprès de Belheim afin de voir ce qui était prévu pour la soirée. Elle, elle préférait quand en fin de soirée ça se terminait en galipettes. Au moment où elle pénétrait dans le couloir, elle vit un jeune servant portant un cruchon dan les mains. Le fait qu'il porte le cruchon important peu à Lune mais sa destination elle lui semblait incongru. Elle fit mine de rien et continua sa route pour finalement disparaître de façon littérale au coin du couloir. elle se téléporta derrière le servant et le suivit tranquillement.
Il la conduisit aux geôles réservées au "invités" de marque. Elle y vit là une femme un peu amochée. Cela dérangea Lune qui n'aimait pas vraiment la torture même si elle même y avait été amenée lors de son ancienne vie.
Fielgang pénétra dans la pièce, on lui tendit le cruchon qu'il prit dans ses mains.
- Dites moi Fielgang, allez vous me dire ce qui se passe ici ?Pendant un instant, l'homme fut prit de stupeur. Quelques secondes furent nécessaire à sa compréhension sur la situation.
- Oh, jeune dame, vous me voyez ravi de votre présence. Et pour répondre à votre question, je peux vous dire que j'ai capturé cette espionne et que je suis en train de l'interroger. Je vais prouver à l'Empereur que Nexus ne sera jamais un bon allié. Grâce à moi, Szaalion IV va connaître ses vrais amis ! Ces hommes que nous avons massa...tués cachaient quelque chose ! Et je vais le découvrir !Lune n'avait pas besoin de plus d'explication. Ce genre de choses arrivait parfois, un homme faisant du zèle afin de s'attirer les faveurs du chef. Il s'approcha de la captive levant le récipient vers sa bouche. La Noble cru un instant qu'il allait lui donner à boire mais il se contenta de lui verser l'eau dans le gosier dans son entièreté, manquant d'étouffer la jeune femme. Cette action eut pour second effet de nettoyer son visage.
Lune eut un hoquet de stupéfaction. Elle reconnu immédiatement le visage angélique, celui de sa tante. Sans perdre de son invisibilité elle se rapprocha et constata qu'elle portait toujours à son cou le médaillon offert à sa naissance, prouvant sa ligné. C'était bien elle, à n'en point douter. Son passé venait de la rattraper jusqu'ici. Lune aussi avait un pendentif, qu'elle gardait caché de tous. Il est identique, prouvant sa lignée à elle aussi.
- Je...je vois. Comment l'avez vous capturée ?Fielgang lui raconta sommairement l'histoire. Lui pensait qu'elle était "Madame" Greysword. Lune savait que non. Et c'était une grave erreur de la part du capitaine. Elle s'arracha à la contemplation de la torture de sa tante pour aller directement vers le grand bureau Impérial. Pour une fois, elle s'y présenta de façon officiel, laissant les gardes l'annoncer.
Elle entra et marcha jusqu'au bureau de son pas chaloupé laissant, comme il se devait, aux gens alentours tout loisir d'admirer ses formes sculpturales. Se postant devant le magistral bureau, elle ne fit plus rien et semblait réfléchir. Lune n'avait pas l'habitude des arrivées officielles comme cela. Elle ne s'embarrassait pas de bienséance avec l'Empereur et ça lui convenait très bien. Ils n'avaient finalement jamais évoqué son statut réel au sein de l'Empire et la jeune femme ne savait pas comme saluer l'Empereur de façon formel. Selon les grades, c'était différent.
- Oh et puis tant pis !Elle posa ses deux mains de part et d'autre du bureau et s'abaissa un peu vers Szaalion sous l’œil du conseiller qui ne pipa pas un mot. Après tout, elle laissait de ce fait une pleine vue sur sa délicieuse poitrine, que demander de plus ?
- L'un de tes capitaines...Fielgang...a fait une grosse bêtise. Très grosse même. Si tu veux éviter de gros problèmes avec Nexus, je te conseille de venir avec moi aux geôles princières ! Il y a là bas une femme qui ne devrait pas y être. Sauf si froisser la Reine Ivory t'es égal.Voilà, oublié les convenances. Avec lui elle ne savait pas faire. S'il savait quel était son éducation, il serait surprit. non, en fait, il va l'être car Lune l'a bien comprit, son passé ne va pas resté caché bien longtemps. Peut-être même qu'elle ne restera pas au service de Szaalion et qu'elle sera chassée...bannie. Tuée ?