Hodor balança un nain contre un arbre, brisant le dos de ce dernier. Il avait reçu une bonne dizaine de flèches dans le corps, mais sa peau était extrêmement épaisse. Néanmoins, Hodor souffrait. Aussi résistant soit-il, le semi-géant n’était pas immortel. Ses hurlements tonitruants dominaient toute la bataille, faisant frémir Alice. Ayant peur pour Hodor, ce colosse qu’elle connaissait depuis qu’elle était toute petite, elle serra entre ses doigts sa croix dragonique, priant silencieusement, priant pour Hodor, priant pour les guerriers qui se battaient, sourcillant à chaque fois qu’elle entendait un râle d’agonie. Il y eut un autre choc sourd contre son chariot. Son cœur tambourinait follement dans sa poitrine, sous une inquiétante qui croissait. À chaque instant, elle craignait qu’un elfe furieux n’ouvre sauvagement la porte pour l’égorger, ou la capturer. Alice savait que les Écureuils détestaient plus que tout la noblesse humaine. Elle, elle était une Princesse. On la décapiterait sans hésitation pour exhiber fièrement sa tête.
Dehors, les morts s’enchaînaient. De nombreux gardes gisaient sur le sol, mais les Commandeurs se défendaient avec ténacité. Ayant sorti son arc, Tidor décochait des flèches d’une redoutable précision. Il atteignit un elfe situé sur une branche d’arbre, lui transperçant le cœur. L’elfe tomba sur le sol, disparaissant entre les feuillages. Un Terranide bondit alors sur Tidor, qui l’esquiva de justesse. Les griffes du neko heurtèrent son dos, entaillant son armure, laissant des rayures. Du pied, Tidor le frappa sur le flanc, mais le neko, en sifflant, les yeux injectés de sang, bondit vers sa proie. Il lui sauta dessus, cherchant à l’égorger avec ses dents, et Tidor le trancha avec sa dague. Le sang de la gorge du Terranide éclaboussa son torse, et, sans s’appesantir plus longtemps ru le sort de cet attaquant, il décocha une autre flèche, et atteignit un nain, transperçant sa gorge.
Cirillia, quant à elle, faisait des ravages, ses deux lames tournoyant dans une orgie de sang et de fureur Rapide, agile, elle employait à la perfection le styme de combat des sorceleurs, un style rapide, nerveux, agressif, et polyvalent. Un sorceleur combattait selon trois positions de combat : puissante, contre des adversaires comme les nains, rapide, contre les elfes, et en groupe, face à plusieurs ennemis. Un art que Ciri’ maîtrisait, et dont elle montrait, alternant entre chaque style de combat, ce qui s’illustrait par une posture différente. Quand elle adoptait la position puissante, elle se juchait sur ses jambes, tenant alors fermement sa lame, pour pouvoir user de toute sa musculature. Inversement, en style rapide, elle était courbée, le dos voûté, et tenait une épée de manière inversée, afin de pouvoir tournoyer. Cette posture ressemblait à celle qu’elle utilisait en étant en infériorité numérique, où elle pouvait alors se défendre sur plusieurs fronts, et attaquer plusieurs ennemis en même temps.
Alice adorait voir Cirillia se battre, car son style était très fluide, et illustrait tout son talent. Cependant, en l’état actuel des choses, la Princesse restait cloîtrée.
Les non-humains continuaient à se battre avec acharnement, abattant toujours plus d’hommes, et Hodor commençait à faiblir. Cirillia essayait de le protéger. Le brave paladin venu les rejoindre ne pourrait plus se battre très longtemps. Le poison de la flèche havekar faisait instantanément effet, et était déjà en train de se répandre dans ses veines. Qu’il puisse encore se battre était un exploit, mais il finirait par s’écrouler. Les flèches havekar étaient spécialement imbibés d’un poison fait pour tuer les humains.
Ciri’ para une flèche, et se retrouva face à plusieurs nains. Une hache finit par la heurter sur le flanc, et elle grinça des dents, avant qu’une flèche ne heurte son armure à hauteur du torse.
« Merde, ils sont trop nombreux ! »
Les cadavres jonchaient le sol, mais ce n’était visiblement pas assez pour décourager leurs adversaires. Soudain, alors que la bataille semblait tourner, un cor ressentit, suivi de trompettes... Et de nombreux cavaliers arrivèrent, prenant les elfes, les nains, et les Terranides, sur le flanc. D’élégants chevaliers frappèrent avec leurs lames, tuant les ennemis, et contraignant ces derniers à se replier.
« Tuez-les ! Tuez-les ! Ne faites pas de prisonniers ! »
Brandissant des arbalètes, d’autres soldats abattirent certains elfes, mais la plupart des fuyards réussirent à s’enfuir. Les renforts de la garnison d’Hidolis venaient d’attirer, ayant entendu le bruit de la bataille. Une trentaine de soldats lourdement armés contraignirent les ennemis à s’enfuir.
Alice put ainsi sortir. Avec effroi, elle vit tous els cadavres, et porta une main devant sa bouche, choquée, autant par les victimes humaines, que non-humaines. Comment un tel massacre pouvait-il avoir lieu ? De telles visions d’horreurs encourageaient de plus en plus la petite Princesse de Sylvandell à changer l’orientation politique de son royaume, de passer de la guerre à la diplomatie. Ces gens avaient probablement tous des familles, des amis, une vie, du vécu... Et ils gisaient dans la boue, baignant dans leur propre sang.
La Princesse se rappela alors qu’un paladin était venu les aider, et se tourna vers lui.
*Oh...*
Elle se rapprocha de cette personne.
« Merci beaucoup pour votre aide, Madame » glissa-t-elle, se fourvoyant sur son sexe.
Alice n’avait alors pas encore vu la blessure empoisonnée du paladin.