«
...Durant le tsunami, les autorités municipales recommandent fortement à la population de ne pas sortir, et de se regrouper dans les étages inférieurs de leurs immeubles, à défaut... KRRRRRRIIII... se rendre dans les gymnases des écoles et des lieux publics, où vous serez pris en charge par les forces de l’ordre... KRRRRRRRRRRIIII... ‘Reusement déconseillé de sortir, en raison des rafales de vent... KRIIII... ‘Toral a été fermé et évacué par la police... KRRRRRRIIIIII... -
Merde ! Saloperie de radio ! »
Nathan poussa un juron. Il y avait bien trop d’interférences, et il se dépêcha de changer le mode de lecture de son autoradio, abandonnant la radio pour son disque. Sa compil’ de rock se mit en marche, et Styx se mit à scander dans sa voiture.
Renegade se mit à rugir, alors que, dehors, l’Apocalypse était en train de s’abattre. La nuit était tombée sur la ville de Seikusu, mais la différence avec le jour n’était guère notable. D’énormes nuages gris, particulièrement sombres, recouvraient le ciel depuis plusieurs heures. Un tsunami se rapprochait des côtes de Seikusu, et entraînait avec lui plusieurs séismes. L’un d’entre eux avait fait trembler un barrage hydraulique à proximité, endommageant l’une des turbines. Le barrage s’était coupé, et l’électricité s’était coupée dans une bonne partie de la ville. Sous la force du vent, les grands boulevards avaient été fermés, ainsi que l’autoroute urbaine, et, à plusieurs reprises, Nathan vit des poteaux et des feux de circulation, arrachés du sol. La nature se déchaînait avec une rage terrifiante, et une pluie torrentielle s’abattait sur son pare-brise.
Les deux mains sur le volant, Nathan essayait de se diriger vers le commissariat, où il pourrait être à l’abri. Il avait allumé les feux de route, et ses gyrophares tournaient dans le vide, ne parvenant pas à couvrir le ballet terrifiant des éclairs se déchaînant dans le ciel. Zeus, Poséidon, et Gaïa étaient tous les trois déchaînés, et faisaient abattre sur la terre des hommes leur rage divine. Il n’y avait plus un chat dans la rue, et plusieurs voitures stationnées dehors s’étaient renversées, certaines gisant au milieu de la rue. Ne pouvant pas passer par les grandes rues, où il finirait dans le décor, Nathan avançait le long de petites rues. Il roulait assez vite, fonçant dans d’énormes flaques d’eau. Il fit un aquaplaning durant sa course, et relâcha la pédale, parvenant, on ne sait trop comment, à ne pas finir crashé contre le mur. Il déborda sur le trottoir, avant de reprendre le contrôle de ses pneus, et continua à foncer.
*
Putain, je vois que dalle !*
Nathan savait qu’il y avait un tsunami de prévu, mais il avait perdu trop de temps dans la Toussaint, à traquer des narcotrafiquants travaillant pour le compte des Yakuzas. Le temps qu’il les arrête et les conduise au commissariat de quartier, l’orage s’était abattu. Il aurait pu rester là-bas, mais c’était un commissariat sinistre, et, comme la tempête allait durer plusieurs heures, il préférait retourner à son bureau, pour taper ses rapports. Le commissariat central était un bâtiment aux fondations solides, conçu pour résister aux séismes, comme bon nombre de bâtiments japonais. Ses essuie-glaces tournaient tellement vite qu’il avait l’impression qu’ils allaient s’arracher.
C’est dans cette circonstance, alors que Nathan ne voyait rien, qu’une forme apparut devant sa voiture.
«
Bordel de merde ! »
Il pila sec, mais il était trop tard. Son capot heurta le corps, qui rebondit contre son pare-brise, le fêlant, et Nathan partit sur le côté, après avoir pilé. Sa ceinture empêcha sa tête de s’écraser contre le volant, et la voiture partit en biais, se retournant au milieu de la rue dans un crissement de pneus. Nathan fut soulevé en avant, et s’écrasa ensuite contre son siège. Dans l’habitacle, Fatboy Slim était parti dans une retranscription de l’évolution de la Terre à travers
Right Here, Right Now.
«
Merde, putain, c’était quoi, ce truc ? Un animal ? ‘Me dites pas que... »
Aurait-il pu shooter un humain ? Il n’avait rien eu le temps de voir, mais, vu l’état de son pare-brise, c’était plutôt gros. Nathan était secoué. Appeler les ambulances était impossible, il pleuvait beaucoup trop pour ça. Nathan réfléchit brièvement. Avec sa veine habituelle, il ne pouvait s’agir que d’un homme, et, vu la tempête, il était bien incapable de dire à quelle vitesse il roulait, trop occupé à se concentrer sur sa conduite. Il devait y aller. Nathan alla poser sa main sur la ceinture de sécurité, et la retira... Quand la Bête l’avertit.
*
Attention !*
Quelque chose bondit alors sur sa voiture, remuant cette dernière, et il vit un autre truc exploser son pare-brise. La pluie déferla dans la pièce, alors qu’il poussait un juron, avant de sentir quelque chose le balancer hors de sa voiture de fonction. Nathan se vit s’envoler, vit les gyrophares de sa voiture, puis s’écrasa sur le bitume en gémissant, roulant dans des flaques d’eau, s’étalant contre le trottoir, couché sur le dos.
«
Puuutain... »
Mais qu’est-ce que c’était que ce truc ?!Nathan soupira, et entendit des bruits de pas précipités. Son agresseur bondit dans les airs.
*
Réveille-toi, Nattie-boy !*
La Bête prit alors le contrôle, et Nathan sentit l’un de ses bras se transformer. Le policier se retourna subitement, et son bras s’étendit, frappant l’individu en plein vol, l’envoyant s’écraser sur une voiture stationnée à proximité. Toutes les vitres explosèrent, l’alarme se mit à sonner, et Nathan put voir qu’il s’agissait d’une femme.
«
C’était un accident, Madame ! Je ne vous voulais aucun mal ! »
Il se rapprocha d’elle, conscient que, avec un bras noirâtre disproportionné par rapport au reste de son corps, elle aurait du mal à le croire. Comment diable avait-elle pu le balancer sur le sol ? S’il n’avait pas eu son symbiote, Nathan aurait eu plusieurs côtes brisées, et un bras en charpie... Ainsi qu’un probable traumatisme crânien.
*
Je crois que cette fille n’est pas vraiment normale...*
Il espérait ne pas l’avoir tué en la balançant contre la voiture, et se rapprochait donc... Mais la Bête restait méfiante. Et, dans ce genre de situations, Nathan avait appris à se fier à ses intuitions.