Sigmund Leterfroy.
Un riche négociateur comme Sigmund Leterfroy n'admettait pas de voir sa cargaison se volatiliser en pleine nature. Des années qu'il faisait transiter des caravanes d'esclaves de tout le royaume jusqu'aux portes d'Ashnard, et jamais un seul de ses biens ne s'était sauvé sans être repris et dûment châtié dans les heures suivantes. On n'échappait pas à Leterfroy. Alors, entrevoir la possibilité de voir sa réputation ternie par les frasques d'une catin de bas étage, une esclave insignifiante, sans envergure ni avenir, une femme esseulée et sans ressources, l'insupportait au plus haut point. Dire qu'il l'avait dorlotée, sur le trajet des landes, en échange de son petit cul. Mélisandre. Rien qu'évoquer son nom faisait resurgir la bile de son aversion, dans sa bouche. Mais il ne devait pas laisser à son imagination la possibilité de divaguer sur la manière dont il lui ferait passer l'envie de lui fausser compagnie. Non. Elle n'était pas assez stupide pour qu'il se permette d'être oisif. Pas s'il voulait passer à son adorable petit cou le collier de chienne qu'elle méritait.
Il avait fait surveiller plusieurs sorties de la ville par ses hommes, et en avait dépêché d'autres sur ses traces. La garce chercherait sans doute à quitter Ashnard au plus vite afin de mettre le plus de distance possible entre elle et lui. Il ne pouvait que lui donner raison, à cette petite greluche. Mais l'affaire traînait. Bien trop à son goût. C'est pourquoi il s'était lui-même mis à sa recherche. En personne. Pute. Il la connaissait assez pour savoir que ce ne serait pas de trop, d'encadrer la bande d'incapables qu'il se farcissait. Aucun d'eux n'avait su lui dire par quel miracle elle était parvenue à détaler. Rien à foutre. Parce qu'il tenait enfin une piste. Une piste des plus concluantes.
" Quel con, " déclara Leterfroy en décochant un coup de botte dans la carcasse du Terranide à moitié enseveli sous la paille.
C'aurait dû l'étonner. Peut-être le sidérer. Comment diable avait-elle pu faire ça ? Car c'était la son fait, il en était persuadé. Mais la satisfaction avait supplanté le moindre sentiment de stupéfaction, car il touchait au but -il le sentait. Les chiens jappaient, surexcités, et tiraient comme des forcenés sur leur collier. Sigmund se retourna vers les quatre mercenaires et leur fit signe de remonter la piste sur laquelle se jetèrent les limiers, d'un même élan furieux.
Pendant ce temps Mélisandre goûtait à toute la puissance virile déployée par son partenaire. Elle le sentait revendiquer son corps, à chaque fois que son sexe s'enfonçait en elle, implacable et dur, dégageant un passage étroit et humide en elle. Il la désirait, avec ardeur, et le lui montrait de la façon la plus bestiale qui soit. La belle avait sous-estimé la dimension de son mandrin, cependant. La sensation diffuse d'être doucement mais surement écartelée à son passage, surtout lors des premières limées, contribuait à la faire vibrer aussi intensément. Heureusement son geôlier l'avait fait jouir d'une façon diablement efficace tout à l'heure, lubrifiant ses parois, désormais souples et accueillantes pour son chibre, rendant l'insertion moins éprouvante qu'elle aurait dû l'être.
" Aaa-.... mmm...a.aa..a.. ! "
La captive encaissait les pénétrations qui se convertissaient en décharges jouissives, enflammant sa peau, ses sens, son ventre. Il s'appliquait à ramoner son intimité et à soutirer des gémissements érotiques à sa bouche bruyante, laquelle ne tarissait pas de petits cris d'aise, à chaque assaut de son bassin. Elle se sentait prisonnière. Du démon et du plaisir qu'il lui infligeait.
Sigmund Leterfroy
Comme les portes restaient obstinément closes, malgré ses imprécations et ses sommations péremptoires à l'encontre du tenancier, il ordonna à sa troupe de simplement les défoncer. Un y alla à la hache de guerre, un autre à coups de pieds, le troisième à la masse. Le dernier quant à lui contenait l'ébullition frénétique des chiens au bout de leur laisse. Sigmund se prit à rêvasser, au rythme des heurts, lourds et répétés, tandis que le bois émettait des geignements sourds, sur le point de céder. Elle devait forcément être là. Son flair et celui des limiers ne pouvaient pas se tromper. Oh, comme il avait hâte de la revoir...
La diablesse émit une note plaintive, accompagnée d'une œillade réprobatrice par-dessus son épaule, les muscles gainés comme son amant venait de la gratifier d'un coup de rein véhément. Leurs ébats se poursuivaient, et ses courbes féminines s'esquissaient sous une pellicule de sueur dont les reflets luisants voguaient sur les ondulations lascives de son corps possédé. Derrière elle, le démon s'était laissé emballer par une fièvre frénétique. Il la pilonnait, sauvagement, animé du besoin primaire de la sentir capituler. La belle haletait, submergée par les offensives fougueuses. La queue du Duc limait sa chatte, sans répit ni retenue. Il n'était plus question d'apprivoiser mais bien de dominer, et à vrai dire, il était en passe d'atteindre son objectif, tant ses coups de boutoir éprouvaient la résistance de Mélisandre. Cette dernière tressaillait, comblée et disciplinée par son dard, acculée aux portes d'un plaisir indicible, métissé de révolte, de désir, de peine et d'asservissement.
Redressant la tête à cause de sa poigne autoritaire sur sa chevelure noire, elle s'offrit davantage encore à son traitement, contrainte de se cambrer et d'essuyer la cadence endiablée des pénétrations. Il l'investissait en profondeur, faisant peser sur elle tout le poids de son hégémonie, brisant sa volonté en même temps que sa fierté.
Mélisandre gémit plus fort, les prunelles dilatées, à l'exemple de son intimité brûlante, incapable de formuler l'indignation farouche que lui inspirait chaque fessée sur son cul déjà rudoyé. Son corps ne lui appartenait plus. Sa conscience aliénée se focalisait sur le bâton de chair qui la ramonait, et autour duquel elle se raidissait, éperdue, étourdie de plaisir.
" aaa.. aa-..A..AAAAh ! "
Le cri d'extase galvanisa Leterfroy qui poussa à son tour une clameur jubilatoire au bas des marches, reconnaissant le timbre de voix.
" Aaaah... Là haut ! "
D'un geste nonchalant il ordonna à un des hommes de s'occuper du tavernier réfractaire et de son molosse rugissant au rez-de-chaussé, puis gravit les escaliers, flanqués des trois autres, lentement, patiemment. Maintenait qu'il la savait toute proche, se presser ne rimait à rien. Il préférait savourer. Bientôt les retrouvailles, ma jolie.
" Ca ne m'étonne pas de toi, je dois dire, mais j'admets que tu me déçois beaucoup. "
Sigmund se tenait dans l'encadrement de la porte -laquelle gisait encore contre la cloison de la chambre, béante, presque sortie de ses gonds. Il adossa une épaule indolente contre le mur, souriant, comme il était de bon ton de l'être lorsqu'on parvenait à ses fins. Le reste des mercenaires campait derrière lui, se régalant du spectacle, obscène.
" Tu me le présentes ? demanda Leterfroy d'un ton caustique, faisant glisser ses iris sur le grand brun. C'est ma marchandise que tu baises, " ajouta-t-il, glacial.
Sale raclure de merde. Il se dispensa néanmoins de le spécifier haut et fort, préférant une issue diplomatique, profitable à tous. Sauf à toi, peut-être, ma petite garce. Après tout, il restait un négociant, et il n'avait pas manqué de remarquer le magot dispersé au pied de leur lit. Dès lors il se mit à considérer l'homme d'une façon moins austère, et plus intéressée, fort de l'assurance d'être le plus intimidant, et donc le plus influent, dans ses démarches.
" Elle est mignonne, hein ? Tu m'en donnes combien ? "
Il esquissa un petit pas de côté, parfaitement innocent, laissant entrevoir aux amants la menace tacite de ses hommes, armés jusqu'aux dents.
Mélisandre peinait à rassembler les morceaux éparses de sa lucidité. Elle n'avait pas même trouvé la force de s'étonner de la présence presque surnaturelle de l'esclavagiste. Néanmoins son offre la fit brutalement atterrir. Elle s'empressa de plaquer sa paume contre la bouche du diable pour le bâillonner, et prendre la parole à sa place, encore traversée de frissons lubriques :
" Mmhf... C'est ... mmphf... mon or que v- mmmf.. vous... voyez là. "
Pour une fois, ce n'était pas complètement faux. Elle ne l'avait pas volé -son petit seigneur le lui avait donné. Elle s'appliqua à reprendre son souffle avant de poursuivre :
" J'achète ma liberté. 30 000 pièces d'or, " déclara-t-elle, pleine d'aplomb, en dépit de sa situation relativement précaire.
Bon. Elle n'avait pas fait le compte, mais il devait bien y en avoir assez.
" T-t-t... Tu vaux - .. " commença son interlocuteur, derrière son sourire mielleux, avant qu'il ne soit brutalement interrompu par l'Indocile.
"... pas un sou de plus. Les fugitives balafrées sont rarement un produit très recherché, " riposta-t-elle en redessinant le sillon de l'estafilade, sur son visage.
" Et si on laissait à ton ami l'opportunité de donner son avis ? "
La jeune femme inspira doucement, en jetant un regard appuyé au concerné. Ombrageuse. Elle ressentait encore la chaleur troublante de son corps blotti contre le sien.
" Je doute de lui convenir. Il préfère les bonnes petites soumises, " asséna-t-elle avec un sourire en coin, moqueuse. " 30 000 ou rien ! "