Visite nocturne [Lucrecia, Marv]

Seikusu, Kyoto, Japon, Terre.

Ça devait faire plus de 6 mois qu'il avait pas foutu les pieds au Japon. Marv aimait bien la culture locale, avec une mention spéciale pour les petites tenues d'écolières. Malgré ça, le retour au pays avait pas été suffisant pour lui remonter le moral.
Marv l'avait mauvaise.  Les 6 derniers mois l'avaient pas laissé à la fête,il avait encore cette odeur de sang séchée incrustée dans ses narines qui revenait sans cesse comme un cancer tenace.

A peine arrivé à l'aéroport que les condés lui ont accordé un accueil spécial : 3 heures d'interrogatoire. Faut admettre qu'ils ont commencé à capter que quand Marv débarque, ça finit au mieux avec un afflux massif de clients pour les hôpitaux du coin, et au pire...
Il avait fallu faire un deal. Le chef Kazunaga lui avait parlé d'un gibier qui entrait dans les attributions de la brute : des crimes étranges perpétrés par un ou plusieurs types qui devaient être les rejetons d'Hannibal Lecteur et et d'Aleister Crowley. Les flics pataugeaient.

Et voilà qu'un autre crime est signalé et qu'il se retrouve à devoir suivre les poulets sur les lieux. Les sirènes de leurs voitures finissent de le foutre en rogne et il dégomme leur putain d'appareil. Le petit condé japonais se met à gueuler comme un con mais Marv se retient de lui foutre une mandale.
La voiture s'arrête finalement devant un imposant immeuble luxueux d'appartements de bourgeois. Un crime rituel ici, ça rappelle à Marv cette affaire de Sharon Tate et des zouaves de Charles Manson.

Les nains s'activent de tous les côtés. Y en a qui veulent que Marv éteigne sa clope, les pauvres ont pas encore compris qui fixe les règles du jeu.
Il entre sur les lieux du crime, au deuxième étage. Celui ou ceux qui ont fait le coup font plutôt dans le dégueulasse. Toute la famille y est passé et le père est encore à quatre pattes avec un cactus dans le cul et la gorge tranchée. Ça débecte un peu Marv mais il en a vu d'autres.

En levant la tête, Marv remarque un symbole satanique au plafond dessiné avec du sang et agrémenté d'écritures étranges. Faudra qu'il se rencarde sur ce que ça peut bien vouloir dire.
A bien y réfléchir, généralement, ces conneries de trucs d'énergie du mal et affiliés devraient avoir un sens vis à vis de celui qui habite au dessus...
Y a un lien ?

Kazunaga explique à Marv qu'ils préféreraient qu'ils dérangent pas la dame-sama du dessus à cette heure là. Quelle bande de zouaves : ils sont là à faire dans la dentelle alors qu'il y a eu un crime pareil.
3H du matin c'est pourtant une bonne heure pour saluer une gazelle, on les trouve souvent toute ébouriffées et parfois émoustillées si prises au milieu d'un joli rêve...

Espérons que la pouliche ait pas 60 balais, Marv a eu son lot de scènes trash pour la soirée et voir une ridée bridée en petite tenue ce serait pas le top pour finir la nuit. Il est déjà devant la porte, une large porte en bois avec une petite sonnette à côté. Marv tambourine à la porte « BAM, BAM, BAM ». Ça a du réveiller tout l'immeuble si les sirènes de police ont pas suffit.

Voilà qu'il attend avec sa gueule ravagée habillé de sa tenue habituelle : un grand cuir noir, un pantalon assorti, un maillot de corps et des bottes. Il écrase sa clope devant la porte, par terre sur le tapis. Rien à foutre déjà qu'il est censé être en vacances.Décidément, l'humeur est pas au beau fixe.

Pourquoi il a pas sonné ? Pas envie...

Cette nuit-là, Lucrecia était déjà sortie, mais elle n'avait rien trouvé de plaisant à son goût. Le monde de la nuit était ainsi : parfois, on s'amusait et on goûtait aux délicieux frissons que pouvait procurer l'activité nocturne et, d'autres fois, tout était désespérément calme et ennuyeux. Il ne se passait pas toujours des choses excitantes... C'était ainsi. Au moins, elle avait eu l'occasion de se nourrir sur un homme d'affaires riche qui avait imaginé pouvoir glisser entre ses cuisses pour y prendre son pied. Ce dernier n'avait pas eu ce qu'elle voulait, mais la morsure vampirique étant ce qu'elle était, il avait quand même goûté à de délicieuses sensations avant de sombrer dans l'inconscience... Il se réveillerait le lendemain matin, légèrement affaibli et sans le moindre souvenir de sa nuit passée. En général, les gens mettaient cette amnésie partielle sur le compte de l'alcool...

Visiblement, cette nuit n'était pas aussi calme qu'elle le pensait. En fait, il se passait apparemment bel et bien quelque chose... Et pas loin de chez elle, en plus ! Elle entendait très distinctement des gens s'affairer dans l'appartement du dessous. C'était même plutôt agité... Elle avait un mauvais pressentiment à ce sujet et ignorait ce qu'il se tramait, mais elle préférait ne pas s'en mêler. La discrétion était de mise dans certaines situations...

Préférant songer à autre chose, elle prit au hasard un livre dans sa bibliothèque et commença à le lire sans se soucier plus que cela de ce qu'il se passait en bas. Malheureusement pour la morte-vivante, ce moment fut de très courte durée car on vint frapper violemment à sa porte. C'était le genre de surprise qu'elle n'appréciait guère... Après avoir maudit celui qui venait troubler sa tranquillité, elle posa son livre sur une table basse et se leva de son fauteuil avant de se diriger vers la porte d'entrée.

Sans même regarder par le judas (pourquoi craindre une agression quand on est une créature de la nuit ?), elle ouvrit la porte Si l'inspecteur s'était attendu à une beauté endormie, il devait être déçu. Lucrecia n'était ni fatiguée ni endormie. Quand bien même elle l'aurait voulu, une vampire ne peut ni dormir ni même somnoler quand le soleil est couché. La "jeune" femme était donc parfaitement en forme et portait encore les vêtements qu'elle avait choisis pour sortir il y avait à peine quelques heures.

Comme souvent, Lucrecia favorisait la grâce ou l'élégance. Elle portait donc un ensemble tailleur jupe noir dont elle avait enlevé la veste. Au-dessus de sa jupe, mi-longue, elle portait un chemisier couleur bordeaux en partie déboutonné, laissant ainsi apparaître la naissance de sa poitrine. La jeune femme était naturellement assez grande, elle se passait très bien de talons hauts et ces derniers étaient donc de taille raisonnable. Enfin, ses cheveux étaient libres et ondulés, comme au naturel, ce qui lui convenait très bien : elle ne voyait guère de raison de les coiffer autrement alors qu'elle se trouvait suffisamment belle, charmante et désirable ainsi.

Elle jeta un regard mauvais à celui qui venait la déranger et dit sèchement :

"C'est à quel sujet ?"

La porte s'ouvrit sur une déesse latine aux lèvres pulpeuses sur lesquelles le regard de Marv s'attarda avant de descendre lentement le long de ce corps aux formes envoûtantes.

Marv s'humecta les lèvres.. Hmm... Jolie petite... Je m'occuperais bien de son cas..
Ça faisait un moment que Marv avait pas eu une beauté pareille en face de lui et il ne se gênait pas pour apprécier le spectacle en se redressant de toute sa hauteur.

Il y avait quelque chose d'étrange chez cette femme et les sens de Marv étaient aux aguets pour une raison qu'il avait des difficultés à déterminer. Comme s'il sentait un danger. Pourtant un petit bout pareil pouvait lui causer théoriquement que des plaisirs.

Mais quelque chose dans l'attitude de Lucrecia lui faisait un peu trop tourner les mauvaises idées dans la caboche.
Le fait de la trouver toute apprêtée à la limite ça l'interloquait pas mais habituellement, voir un géant baraqué à la gueule abîmée comme Marv à ta porte à 3 heures du matin, ça laisse pas une petite loute indifférente. A minima, il sent dans la voix de la gazelle une once de crainte et d'incertitude. Mais dans la voix de cette femme devant lui il n'y avait absolument aucune peur, ni aucune surprise.

... en même temps avec tous les poulets en bas la petite doit se dire que je peux pas faire du grabuge.. Si elle savait.. Hmm.. Non y a autre chose mais pas moyen de mettre le doigt dessus...

Marv redressa la tête, écartant son imper pour enfourner ses mains dans ses poches histoire de s'empêcher de lui mettre la main au panier.
Marv détaillait le regard de Lucrecia de plus près alors qu'il lui répondait, bien que ses yeux pouvait difficilement s'empêcher de descendre sur la poitrine de la belle assez régulièrement. Marv était pas le genre hypocrite, y compris à sa façon de regarder une jolie plante à arroser.

"B'soir miss... J'ai besoin de vous poser quelques questions concernant les meurtres sanguinolants qui se sont passés ce soir en dessous de votre appartement..."

Lucrecia dévisagea un long moment le géant musclé qui se trouvait à sa porte en se demandant ce qui avait pu se passer. Des meurtres sanguinolents ? Voilà qui était curieux... Ils avaient sans doute eu lieu lors de sa sortie et, comme elle était revenue repue et avec le goût de sa dernière proie dans la bouche, elle n'avait pas dû sentir le sang. En plus, elle avait pris l'ascenseur jusqu'à son étage. Elle ne savait donc rien sur tout ce qui venait d'arriver et n'avait pas envie de perdre son temps avec un inconnu qui avait frappé comme un fou sur sa porte. Il avait peut-être des questions à poser, mais elle n'avait strictement aucune réponse à lui apporter...

La vampire se doutait qu'elle ne pouvait pas lui dire ça. Une voisine avait forcément dû entendre quelque chose... D'un autre côté, il n'était pas censé savoir pourquoi elle était sortie et elle n'avait strictement aucun compte à lui rendre à ce sujet. Cette histoire venait d'avoir lieu et elle l'agaçait déjà plus que tout au monde. Ce qui l'agaçait tout autant, sinon plus, c'étaient les manières du policier géant ou elle ne savait ce qu'il était vraiment. Elle lisait bien certaines choses dans son regard et elle n'avait sincèrement pas envie d'être dérangée pour être regardée de cette façon...

Tout en tenant sa porte, une hanche contre celle-ci, elle prit la parole d'une voix ferme et franche :

"Je n'ai rien vu. J'étais sortie et je n'ai vu personne quand je suis rentrée chez moi. Je n'ai croisé personne dans le hall d'entrée et j'ai ensuite pris l'ascenseur, donc s'il y avait quelqu'un dans les couloirs, je l'ignore. Je crains donc de n'avoir aucun témoignage à vous apporter, monsieur. Je suis désolée, mais vous perdez votre temps en m'interrogeant... Bonne nuit."

Finalement, elle avait décidé d'opter pour la franchise : elle ne cachait que ce qui devait l'être en espérant que la réponse allait satisfaire l'homme. De toute façon, il avait intérêt à s'en contenter car c'était bien tout ce qu'elle allait lui dire...

Après avoir fini de parler, elle essaya de refermer la porte afin de se débarrasser de l'homme le plus rapidement possible.