La sonnerie mit fin au dernier cours, et Alice se leva, en étouffant un bâillement. Plus elle assistait aux cours, plus elle se disait que la Terre était un monde curieux, étrange, fascinant. La Princesse de Sylvandell rangea ses affaires, les mit dans son petit sac, et se rhabilla. L’automne s’abattait sur Seikusu, et il y avait une vague de froid dehors. Elle portait donc une
tenue adaptée, comprenant une écharpe, qu’elle enfila autour de son cou. Alice se dirigea vers la sortie, décidée à retourner voir Mélinda, puis à retourner chez elle, sur Terra. Elle avait passé toute une journée sur Terre, mais elle ne devait pas oublier qu’elle restait avant tout la Princesse héritière. Le jour où son père mourrait, et où elle prendrait sa place, elle ne pourrait plus aller à sa guise sur Terre pour se renseigner sur le monde natal de sa femme. Par conséquent, elle comptait bien en profiter un maximum... Heureusement pour elle, elle avait comme amie sur Terre Mélinda Warren, une esclavagiste qui entretenait des relations commerciales avec Sylvandell. Mélinda lui avait permis de s’inscrire au lycée, de se faire passer pour une lycéenne, et d’avoir un toit sous lequel elle pouvait dormir. Alice était donc ravie.
Elle sortit de la salle, et retint un bâillement étouffé. La foule se diluait peu à peu, et elle entreprit de sortir un objet que Mélinda lui avait acheté il y a quelques semaines : un téléphone portable. Pour Alice, une Ashnardienne, ce genre d’objets était très difficile à comprendre. L’écran numérique la fatiguait rapidement, mais elle devait prévenir Mélinda qu’elle rentrait. Cependant, le temps qu’elle se mette à écrire, le couloir avait bien diminué, mais elle avait réussi à l’envoyer... Plus rapidement que la dernière fois, ce qui esquissa un sourire sur ses lèvres.
*
Encore un peu, et je vais finir par devenir la reine des textos !*
Alice remit le portable dans son petit sac à main, et s’avança lentement. Elle se rapprochait de l’escalier quand elle entendit des bruits dans un couloir sur sa droite.
«
hey ! Mais c’est notre chère blonde adorée ! »
Alice fronça les sourcils. Il y avait trois garçons qu’elle reconnaissait. Aki, Chigiru, et Kanji. Chigiru était le chef de ce petit trio, et elle les connaissait de réputation. Ils étaient de mauvais garçons, des gosses de riches, des nantis, dans tout ce que le terme avait de détestable. Ils avaient des valeurs traditionnelles, et détestaient Mélinda.
«
Je... Je dois rentrer chez moi, les garçons... »
La Princesse n’avait pas trop envie de leur parler, mais Aki s’interposa, se plaçant entre elle et l’escalier, la faisant sursauter.
«
Laisse-moi pas... -
Ne sois pas si pressée, voyons... Nous ne sommes pas des garçons de bonne compagnie, peut-être ? »
Alice entendit les autres ricaner. Mains dans les poches, Chigiru s’avança. Ils avaient tous la vingtaine, et Alice savait, grâce à Mélinda, qu’ils venaient d’écoles privées. Ils avaient été rejetés, et avaient donc rejoint l’école publique, ce qui était une honte pour leurs parents. Ils portaient d’élégants blazers par-dessus leurs uniformes, avec de belles cravates.
«
À moins que tu ne préfères aller voir cette fille, là... Cette Warren... »
Le ton était méprisant. Beaucoup d’élèves du lycée n’aimaient pas Mélinda, qui était aussi belle que hautaine, et se faisait généralement remarquer en se moquant des autres, ou en contestant ouvertement l’autorité des professeurs. Alice fronça les sourcils, irritée.
«
Mais laissez-moi passer ! -
Pour que tu ailles te faire sauter par cette nana, hein ? Tu sais, on raconte des trucs très louches sur elle... Qu’elle ne serait... Pas humaine... -
Peut-être qu’on devrait te montrer ce que c’est vraiment, que d’être un homme, hein... Tu es tellement curieuse, je sais bien que ça te ferait plaisir. »
Alice n’aimait pas du tout la tournure que cette conversation était en train de prendre, et se mit à rougir. Ces trois types étaient aussi arrogants qu’idiots, et elle se mit à espérer qu’Oberyn, le Commandeur chargé de sa protection, n’était pas loin, prêt à attaquer. La Princesse n’allait toutefois pas se laisser intimider par de simples types, et fronça les sourcils, en adoptant un ton autoritaire :
«
Vous allez me laisser, maintenant ! »
Aki fronça les sourcils à son tour, mécontent... Et gifla Alice. La claque fut plus surprenante que douloureuse. Alice cligna des yeux, ne s’y attendant pas. Une belle main s’abattit de manière magistrale sur sa joue, et elle poussa un petit cri, avant de se tenir la joue, rouge et endolorie.
«
Et toi, la gaijin, tu vas apprendre à nous parler sur un autre ton, okay ? »