Une petite séance photo ? (Père Yves)

La soirée fut sympa, amusante même, une soirée déguisée dont le thème était les animaux, et il y avait de tout : gorille, cochon, lapin, requin... Quant au sien, elle en avait profité pour enfiler sa tenue de chatte fétiche (et pas fétichiste, hein... à moins que ? *sbaff*) assez sexy pour lui avoir valu de nombreux compliments pas vraiment désintéressées. Mais si elle était venue ce soir, c'était avant tout pour passer du bon temps avec ses copines, pas pour finir la nuit dans les bras d'un garçon qu'elle ne reverrait plus ! Il était d'ailleurs temps pour elle de partir, et de rentrer seule chez elle. Il faisait certes nuit, mais elle n'avait rien à craindre, elle habitait à seulement quelques pattées de maisons d'ici. Et puis demander à un garçon de l'accompagner aurait été lui donner de faux espoir quant au reste de la soirée, et Capucine n'était pas une adolescente foncièrement manipulatrice.

« A lundi les filles ! »

S'exclama-t-elle, quittant l'imposante demeure en adressant de grand signe de mains à ses amies se trouvant sur le perron.
Ce fut seulement une fois seule à seule avec elle même qu'elle ouvrit les yeux sur une implacable vérité.

« Bordeeeeel, il fait froooooid !! »

Bien évidemment, elle était venue simplement en cosplay, et n'avait pas pensé que le temps serait moins clément au milieu de la nuit. C'était malin ! En réalité, il ne faisait pas tellement froid, mais la légèreté de sa tenue ne l'aidait pas vraiment à le supporter. Les bras croisés sous son buste, ses mains frottant ses épaules, grelotante, elle pressa le pas, impatiente d'arriver enfin chez elle.

Voilà bien trop longtemps que je n'avais pas passé une aussi chouette soirée ! Madame Durablet est non seulement une fidèle paroissienne, mais aussi une maîtresse de maison pleine de bon goût, et organiser une soirée entre émigrés français est une excellente idée. Seule contrainte, mais que j'ai remplie de bonne grâce : connaissant mes talents pour avoir feuilleté mes albums de photos faites lors de mes missions en Afrique, mon hôtesse m'avait demandé de prendre mon matériel pour réaliser ds portraits de tous ses invités, histoire de garder quelque souvenir de leur élégance d'un soir.
Une séance pose avec des notables qui bombaient le torse et des épouses qui mettaient en avant leurs toilettes d'un soir, ce fut fastidieux, et il m'arriva de songer aux lycéennes de Seikusu qui posaient avec bien plus d'indécence. Mais bon, cette corvée était mon sésame pour la suite. Retrouver la subtilité d'un foie gras d'oie frais, savourer la finesse d'un magret, savoir que le fromage existe toujours, et déguster le moelleux d'un bordeaux, le Paradis serait presque ainsi.
Mais peut-être ai-je forcé, sans le savoir ? Pourtant, trois verres il me semble, ce n'est pas excessif ! Mais, de là à voir un tel spectacle juste à l'orée de la rue qui mène à mon église... Un chat ? Oui, un chat, mais un grand chat dans la pénombre ? Peut-être même une chatte, au son des talons qui claquent ! Je marque un temps d'arrêt ; si ce ne sont pas les illusions liées à l'alcool, c'est au moins la vision d'une créature diabolique.
« Bordeeeeel, il fait frooooid !! », une grande chatte avec une voix parfaitement humaine. Gosse-play ou god-play, un truc comme ça, ça me revient ; oui, ça doit être quelqu'un qui revient d'une soirée comme moi, mais là d'une soirée déguisée plutôt. Et la chose qui me frappe, s'il n'y a pas de déguisement-là, c'est le profil de sa poitrine sous la lumière du réverbère. Jamais vu ça sur les petites lycéennes de Seikusu que j'ai déjà photographiées ! D'ailleurs, à propos de photo, il faut que je rajoute celle-là à ma collection.
J'arrive à sa hauteur et, déboutonnant la veste du smoking que j'ai spécialement mis pour la soirée en dissimulant toute ostentation religieuse hormis la discrète croix sur le revers de col, tout en m'empêtrant plus ou moins dans la lanière de mon sac photo, je lui propose :
« Vous avez froid, mad... euh... Voulez-vous ma veste sur vos épaules ? »
En temps ordinaire, quand une inconnue reçoit une telle offre seule dans la nuit, soit c'est que le viol s'annonce, soit il y a toute une gamme qui va du vol au meurtre. Mais, un bon samaritain, ça n'existe plus. Moi, je songe juste à une photo de sa superbe poitrine ; encore faut-il déjà la rassurer :
« Soyez sans crainte, je ne vous veux aucun mal, juste pas que vous attrapiez froid. Si vous voulez, ma demeure est toute proche pour vous réchauffer, ou bien je peux vous accompagner jusqu'au pied de votre immeuble, pour pouvoir récupérer cette veste que je vous propose. »
Rester à distance, pour ne pas l'effrayer, ni d'ailleurs recevoir un coup de griffe !

« Brrrr ! »

Plus ça allait, et moins Capucine supportait la température, rendant la jeune chatte de mauvais poil. Rhaaa, si elle avait su, elle aurait volontiers emporté sa doudoune avec elle ! Marchant d'un pas vif, elle ne remarqua pas qu'à moins d'un mètre d'elle...

« Vous avez froid, mad... euh... Voulez-vous ma veste sur vos épaules ? »

« NYAAAAH ! » ~ hurla-t-elle en sursautant, effrayée.

Pour le coup elle ne s'attendait pas du tout à voir quelqu'un aussi près d'elle, elle ne l'avait absolument pas remarqué ! Depuis quand la suivait-elle ? Et puis il aurait quand même pu se présenter de loin, au lieu de lui fiche une frousse pareil, non ?! Soyez sans crainte, soyez sans crainte, facile à dire... le coeur de Capucine tambourinait la salsa, et persistait malgré la surprise passée. La situation n'était pas très rassurante non plus, se faire aborder par un inconnu au beau milieu de la nuit dans une rue déserte présageait rarement du bon. La jeune femme restait méfiante, du moins autant que sa raison, affaiblie par une relativement forte alcoolémie, le lui permettait. Elle toisa l'homme de haut en bas, réfléchissant à ses propos, avant de répondre par la seule réponse qui lui semblait valable dans sa situation.

« Ou-oui, ce serait avec plaisir, il fait pas très chaud cette nuit... c'est gentil, merci. » ~ avoua-t-elle un peu gênée, mais non moins soulagée.

Elle se sentait même un peu idiote de ne pas avoir été assez prévoyante, pour le coup... Acceptant la veste aussi gentillement proposée, elle réfléchit plus en détail à sa proposition. Elle habitait juste à coté, et se voyait mal aller squatter chez cet homme alors qu'elle pourrait tout aussi rapidement se plonger dans la chaleur réconfortante de son lit.

« Et bien, euh... » ~ lâcha-t-elle, hésitante.

Toutefois, la deuxième option lui plaisait beaucoup mieux. Elle pourrait se réchauffer un peu, tout en ayant de la compagnie. Que du bonus ! L'éventualité que l'homme veuille la piéger, ou pire, ne lui avait même pas effleurée l'esprit, son geste ayant suffit à éteindre sa méfiance. Du moins, pour l'instant.

« Je n'habite pas très loin non plus, en fait... mais on peut faire un petit bout de chemin ensemble ? Je vous rendrais votre veste ensuite, bien sûr. »

« NYAAAAH ! », pire que le cri d'effroi d'un chat saisi de peur, je me suis juste écarté, tant j'ai craint un coup de griffe voire une morsure. Heureusement, j'évite cela, peut-être sauvé par l'élégance de mon smoking, tout aussi incongru pourtant à cette heure et en ce lieu. Mais au moins cela me donne-t-il un ticket d'entrée ! D'ailleurs, elle en accepte la veste, sans même réaliser que c'est un tissu si léger d'une coupe si étroite que ce sera plus un effet placebo qu'un réel réconfort. Mais comment ne pas faire plaisir à une jolie chatte avec une si forte poitrine ?
Et, avec son acceptation, j'ôte ma veste pour la déposer sur ses épaules, juste le temps de l'ajuster, juste le désir de frôler sa poitrine en prenant garde de ne pas la toucher. Hum, c'est sexy ça, et ça doit même bien tenir tout seul !
« Voilà, ça va mieux comme ça ? Il fait un peu frais, c'est vrai. »
D'ailleurs, avec ma simple chemise de lin blanche, je ressens un peu cette fraîcheur, mais que ne ferais-je pour aborder une femme, surtout avec de tels atouts ?
« (…) on peut faire un bout de chemin ensemble (…) », c'est même davantage que je n'osais espérer. Et je devrais savoir, ainsi, où elle habite. Qu'elle m'invite ou pas, ce soir ou plutôt cette nuit, c'est déjà un bon début.
« Je reviens d'une soirée, ennuyeuse au possible. Certes du beau monde, mais pas beaucoup d'animation. J'imagine que vous étire vous aussi dans une soirée et, vu votre déguisement, ça devait être bien plus drôle. »
Au moins ne semble-t-elle pas avoir remarqué la petit croix sur le revers de mon col de veste. Inutile qu'elle sache mes vraies fonctions. Ca pourrait la perturber, et, si je veux une photo souvenir de sa poitrine, elle comprendrait encore moins.
« En fait, le seul moment plaisant que j'ai eue ce soir, ce fut de faire les portraits de tous les invités. Enfin, je veux dire, le seul moment plaisant avant de vous apercevoir ? Ce n'est pas tous les jours que l'on croise une chatte en pleine nuit. »
Tiens, si j'essayais de planter un premier jalon...
« D'ailleurs, si ça ne vous pose pas souci, j'aimerais faire une photo de cette jolie tenue. »
C'est une approche sans sous-entendu, ça ne devrait pas l'inquiéter, j'espère.

Ravie, Capucine s'emmitoufla volontiers dans la veste de son "sauveur" d'un soir, dont la chaleur toute relative lui était bien suffisante pour mieux supporter la fraicheur nocturne. Dans la nuit noire, et probablement sous l'effet de l'alcool aussi, elle ne remarqua pas les regards gourmands de son compagnon de route vers sa séduisante poitrine moulée sous son bustier, et dont le large décolleté en offrait effectivement une vue savoureuse.

Elle marcha ainsi à ses cotés, insouciante, discutant avec légèreté. La jeune adolescente ne savait pas quel âge il avait, mais elle se doutait bien qu'il "pouvait être son père" comme on dit, et que ses soirées à lui était autrement moins folle que celle qu'elle venait de passer avec ses amies. En tout cas ses remarques au sujet de sa tenue la firent sourire, et elle répondit, riant à moitié.

« C'est vrai que ça doit paraitre assez originale, une fille habillée comme ça ! Oui je reviens d'une soirée déguisée, c'était sympa... du moins, jusqu'à ce que je doive rentrer chez moi par ce temps. »

Elle marqua une pause, soupesant la demande du gentleman. C'était étrange, et aurait très certainement dû la faire tiquer quant aux intentions floues de cette homme, mais l'explication qu'elle trouva d'elle même fit taire tout début de méfiance.

« Oh, vous êtes photographe ? » ~ demanda-t-elle, avant de lui répondre. ~ « Et bien... je n'y vois pas d'inconvénient, non. Mais où pourrions nous faire ça ? »

Elle se voyait mal poser en pleine rue pour un photographe, aussi déserte soit-elle, à cette heure. Elle ajouta ensuite, avec une certaine complicité.

« Ce sera la première femme-chatte que vous aurait dans vos clichés, héhé ! »

C’est amusant une petite chatte avec une veste de smoking sur les épaules, surtout quand elle marche sur ses deux pattes arrière ! C’est même très sexy, avec la poitrine moulée dans un joli bustier ; j’ignorais même que les chattes avaient des seins aussi volumineux. Il va falloir que je m’intéresse davantage à l’espèce féline ; qui plus est, comme j’ai entendu certaines rumeurs sur un monde parallèle nommé Terra, où il y aurait de telles créatures surnommées nekos, et soi-disant très avenantes, je vais d’autant plus m’y intéresser.
« Vous avez l’air de moins trembler de froid, on dirait ; pourtant, moi, même en simple chemisette, je ne ressens pas ça, peut-être parce que je viens d’un continent aux hivers plus rudes. »
J’ai prononcé ces mots affables, comme pour faire diversion suite à ma demande de photographie ; certes, je ne m’attendais pas au franc enthousiasme d’une jeune femme tout juste sortie de l’adolescence à se faire photographier par un homme mûr inconnu dans une rue sombre en pleine nuit, mais je ne voudrais pas gâcher cet instant, cette occasion même.
« Oh, vous êtes photographe ? », la question prête à sourire, me flatte même ; mais un simple faux pas et elle devinerait mes vraies fonctions, rien qu’à la croix sur le revers du col de ma veste… qu’elle porte.
« Oui et non ; ce fut mon ancien métier, et j’en ai toujours gardé la passion ; voilà pourquoi on me sollicite encore à la moindre occasion. »
Ouf, une réponse sans mensonge, et assez évasive, ça devrait la rassurer.
« (…) pas d’inconvénient (…) », j’ai apparemment fait mouche, et tu ses craintes.
« Mais où (…) », elle va très vite en besogne ! Allez, Yves, maintenant que tu as ferré ta proie, ne la laisse ni s’échapper ni tergiverser.
« Ici et maintenant, ce n’est pas super, même si j’ai mes flashes. Ca peut être chez vous si vous n’avez pas peur de m’y mener, ou chez moi si vous n’avez pas peur de m’y suivre, ou encore dans des lieux que j’ai découverts non loin d’ici, par exemple une vieille demeure de maître ou une ancienne fabrique abandonnées loin d’ici. A vous de choisir, à moins que vous ayez une autre idée. »
D’une certaine manière, aucune de mes suggestions ne peut la rassurer pleinement. Mais je ne vois pas quoi d’autre lui proposer, autant éviter les cafés encore ouverts ou les discothèques déjà ouvertes, autant éviter les parcs parfois mal famés ou les ruelles pavées fatales aux chevilles. Et puis, si je veux voir ce que cache cette tenue de chatte, il vaut mieux un endroit éloigné des regards.
« (…) la première femme chatte (…) », elle ne croit pas si bien dire, quoique, si l’on prend tous les mots, mais dans un ordre différent, c’est bien moins évident.
« D’une certaine manière, vous serez la première ; d’ailleurs, je pense que je devrai même vous offrir ces clichés une fois réalisés. ».
Mieux vaut ne pas lui dire que des femmes ou des chattes, avec le doute sur la vraie signification, j’en ai déjà dans mes clichés ; il m’aura suffi de venir à Seikusu, pour que les lycéennes de Mishima me fassent découvrir mes talents de photographe de charme. Mais là, avec elle, c’est d’un tout autre niveau.
« Et je compte sur vous, pour bien mettre en avant le côté félin, le côté chatte même ».
Pas le côté chatte en chaleur, du moins inutile de lui dire encore ; le moment sera venu, si je parviens à la mener aux poses que je désire. Bien moulée dans son costume, ça va déjà échauffer les clichés ; alors, si elle l’ôte ensuite, ça devrait en effet axacerber le côté chatte en chaleur.
Chaque chose en son temps, Yves !
« Mais, sans être indiscret, avez-vous déjà posé pour un photographe ? »

« Et bieeeeeen... »

Capucine réfléchissait, et, croyez-le ou non, c'était un exploit notable dans l'état d'ivresse où elle était. Elle se souvint vaguement de l'état dans lequel elle avait laissé son appartement avant de partir, ce n'était pas très jolie. Elle avait passé du temps pour retrouver sa tenue, résultat : la moitié de son armoire s'était retrouvé éparpillée dans sa chambre, en particulier sa lingerie et ses sous-vêtements, avec lesquels elle avait rangé ses bas... Il était hors de question qu'elle laisse qui que ce soit rentrer chez elle avant que ce ne soit rangé !

Il restait toutefois la possibilité d'aller chez le photographe, ce qui pourrait être la solution étant donné qu'il habitait assez près, apparemment. A moins qu'elle ne le suive dans ces lieux abandonnés qu'il semblait connaitre... Bien que cela lui paraissait un tantinet glauque, elle trouvait cette idée assez amusante, la rendant de plus en plus tentante. Elle rajusta la veste sur ses épaules, trop étroite pour couvrir ses seins, et donc forcée de rester ouverte sur ses voluptueuses rondeurs, tentatrice comme les pommes qui damneraient de luxure quiconque oserait y toucher. Cela ne lui prit que quelques instants, suffisant pour qu'elle finisse par prendre une décision.

« Ni chez moi, ni chez vous, je vous laisse m'emmener dans l'un de ces mystérieux lieux où nous pourrons faire de belles photos. Je serais tentée de voir quelle lieu vous choisirez, haha ! »

N'importe quelle femmes dotée d'un minimum de bon sens aurait tout de suite senti le piège arriver gros comme une maison, et redoublé de prudence, voire tout simplement reporté ça à une autre fois... ou à jamais. Mais pas Capucine, qui était de plus en plus emballée par l'idée de jouer les stars éphémères dans un lieu insolite. A croire que l'alcool avait dû lui court-circuiter quelque neurones. Elle n'avait pas remarqué, sur le col de sa veste, l'insigne religieux qui ne laissait aucun doute quant à la véritable profession de cet homme. Peut-être que ce détail lui aurait mis la puce à l'oreille...

« Je serais ravie d'avoir ces photos, oui ! Par contre, je n'ai jamais eu l'occasion de poser pour un photographe... j'ai déjà été prise en photo par mes amies, oui, mais bon, ce n'est pas la même chose, hmm ? En tout cas je serais attentive à tous conseils que vous me donnerez ! Vous saurez surement mieux que moi comment mettre en valeur ce coté félin sur les photos. »

« (…) l'un de ces mystérieux lieu (...) », la réponse et inespérée, mais je ne saurais la laisser passer. Je ne sais si cette charmante féline a vu mes yeux briller dans la nuit, mais elle ne peut s'imaginer à quel point sa réponse m'enchante. La sacristie aurait été un peu dangereuse pour peu qu'elle remarque la propension à y avoir des crucifix, et son logement aurait peut-être révélé quelque petit ami ou quelque colocataire malvenus. C'est tout d'abord à l'ancien atelier de Monsieur Tomoshi que j'avais pensé, une belle bâtisse avec des vitres permettant de subtils jeux de transparences et de miroirs, adossée au bâtiment de fabrication un peu délabré mais avec de chouettes demi-niveaux mais surtout un éclairage encore opérant qui permet d'y voir comme en plein jour ; parfait pour des photos décalées, comme une jolie chatte au milieu d'un univers de béton et de métal, mais peut-être pas rassurant en pleine nuit.

« J'avais pensé à un endroit, mais il est dans la zone industrielle donc un peu loin, et peut-être pas très sûr. Mais j'ai une autre idée, bien plus près, juste à deux rues d'ici ; c'est un endroit au charme à l'ancienne, comme ces coussins où les chattes aiment faire leur griffes, et j'espère que vous aimerez. »

L'idée s'est imposée d'elle-même, l'ancienne maison des Régnier. Comment n'y avais-je pas pensé au début ? Ce couple de Français s'en est retourné dans son pays, voici six ou sept mois, et Madame Régnier, pieuse femme s'il en est, a fait, juste avant de partir, une donation pour que la maison revienne à l'Eglise, au jour de sa mort ; elle m'a demandé que, de son vivant, j'affecte cette maison à l'hébergement des sans-abris. Ce que j'ai fait, puisque j'y abritais les lycéennes de Mishima pour des shoots très intimes, qui se sont souvent finis par une partie de jambes en l'air. Je crois que 'ai dû en sauter dans quasiment toutes les pièces, et même dans le jardin ou dans le garage.

Et c'est comme ça que j'ai découvert le secret de Monsieur Régnier, une chose que sa pieuse épouse ignorait, j'en suis sûr ; je pense que cet homme au jeu bien caché devait profiter des absences de son épouse, se rendant au chevet de sa mère malade, pour inviter quelque femme partageant ses goûts disons très variés. La demeure est très grande, et lui a permis quelques aménagements fort dispendieux tant ils devaient demeurer discrets. Le premier choc fut de découvrir une porte cachée, commandée électriquement, vers un donjon, très bien équipé, mieux que ce que j'avais pu voir sur le Net ; je l'ai aussitôt essayé avec mon accompagnatrice d'alors, mais, ce à quoi je pense, c'est qu'il y avait laisse et collier idéaux pour la petite chatte qui m'accompagne. Ce n'était juste qu'une partie de mes surprise, car j'ai découvert, de ci de là, une chambre cachée avec un lit à baldaquin et un fauteuil à la Emmanuelle, un vrai studio photo avec fond et éclairage agencés autour d'un immense canapé, une pièce dont le sol n'était qu'un immense lit où l'on se couche à bien plus que deux, et bien d'autres choses, dont une sublime garde-robe plus grande que toute ma sacristie ; soit Monsieur Régnier avait écumé les sites de vente par correspondance, soit il avait gardé les dessous de ses conquêtes comme des trophées. Ca dépassait l'entendement, mais il y en avait pour tous les goûts, pour toutes les tailles. Et justement, en parlant de poitrine, je lorgne sur celle de mon accompagnatrice, et il y aura sûrement quelque corset ou autre qui la moulera à merveille, et fera plus encore pigeonner ses seins. Hum, Yves, voilà qui devrait bien conclure une soirée qui avait commencé sans charme !

« (…) attentive à tous vos conseils (... », on verra ça, ma chère petite chatte.
« Ne vous en faites pas, je maîtrise cet art depuis longtemps, et, si ces photos vous font plaisir, que vous soyez ainsi féline ou comme il vous plaira, bien sûr que je serai heureux de vous les offrir... Ah, c'est dans cette rue... Vous verrez, c'est une demeure de maître, cossue et pleine de surprises. »
Attention, Yves, ne vas pas trop vite en besogne ! Il faut justement ménager l'effet de surprise.

Je m'arrête enfin devant une petite porte grillagée. Me retournant vers elle, comme pour la rassurer avant de franchir le seuil, je la regarde par réflexe dans les seins, mais, aussitôt, je relève les yeux pour les planter dans ses jolies prunelles :
« Vous me faites confiance, nous pouvons entrer ? Il n'y a personne d'autre, ici, que vous et moi. Mais nous sommes dans le quartier résidentiel de Seikusu, et vous n'avez jamais entendu parler d'un prédateur qui y rôde. Donc, soyez rassurée. »
Parfaitement huilée, la grille ne couine pas. Autant être discret dans la nuit ; deux silhouettes, un vieux lubrique et une jeune chatte qui pénètrent ici, ça pourrait éveiller des interrogations.
« Venez, entrez ; la maison est au bout de cette petite allée. »