Olga
* La jeune femme regardait le démon avec des éclairs incrustés au fin fond de ses pupilles, non pas à cause de son caractère qui n’était pas bien différent de celui de son amie mais parce qu’il se permettait de toucher de manière insolente cette dernière alors que la sorcière n’avait même pas encore quitté la pièce. Elle observait le moindre de ses geste, sa main flirtant avec la délectable peau de la comtesse, une peau qui semblait si douce et dont elle avait tant espérer pouvoir un jour y déposer de tendres baisers. Quoiqu’elle dise, Olga se rendait bien compte qu’elle ne pourrait pas empêcher l’acte de se produire et pourtant, son âme brûlait de ne pouvoir intervenir.
L’être démoniaque semblait également l’observer comme s’il avait deviné les sentiments qu’elle partageait pour la belle héritière des Crawfords. À vrai dire, cela ne l’aurait pas étonné. Sa jalousie montant en elle comme la lave d’un volcan en ébullition, il était fort probable que le futur Gusoyn puisse percevoir des émotions aussi vicieuses et malsaines que l’envie d’appartenance. Après tout, il s’agissait d’un Duc des enfers.
Et malgré cette émulation qui rongeait son orgueil, la de Beauffort avait tout de même conduit les deux jeunes gens dans cette chambre à l’abri des regards indiscrets. Elle n’avait pas proposé un autre endroit tout simplement parce que d’une part ses parents n’étaient pas au courant de l’évènement et que d’autre part, c’était le lieu de prédilection pour « payer » les invoqués. Le mobilier était solide et surtout se retrouvait dans la grande penderie de nombreuses frivolités telles que des accessoires érotique, pouvant aller du simple déguisement un peu osé à des tenues plus aguicheuses, du simple bandeau à des « jouets » peu commodes. L’invocatrice n’avait pas communiqué ces informations et ne le ferait pas… Même s’il s’agissait du meilleur endroit insonorisé pour faire des galipettes dans la demeure, la demoiselle ne voulait pas penser à ça… S’imaginer Gretchen découverte, offerte à cette ordure… C’était un véritable supplice.
Après un petit instant, le temps de laisser à ses invités la liberté de s’accoutumer avec la salle, le Démon leur lança à un sourire satisfait et, après avoir tendu ses mains dans leur direction comme pour solliciter leur attention, il claqua des doigts. Elle sentit alors une magie se propager autour de sa personne, consumant son manteau pour laisser distinguer sa chemise un peu plus décontractée. Si cela avait pu surprendre la comtesse qui se trouvait à côté de la mage, cette dernière ne fut pas plus impressionnée que cela, habituée à des spectacles bien plus grandioses ! Enfin, ça lui donnait à certain style…
C’est alors qu’il s’approcha de Gretchen, glissant ses doigts autour de ses flancs tandis que ceux de l’autre main vinrent se loger dans le dos de la ténébreuse jeune femme. Il commença à enfuir ses lèvres dans le cou de cette dernière d’une manière extrêmement tendre, singulièrement… Attirante. Cette scène fit frissonner Olga qui, nonchalant, éprouvait les envies tergiversant entre le fait d’accompagner l’être diabolique dans cette folle ivresse ou bien de le stopper net dans ces caresses qui l’enivrait de délicates sensation. Que faisait-elle donc encore dans cette chambre ? P..Pourquoi restait-elle immobile face à ce qui se déroulait sous ses prunelles ébène ?
Son cœur battait la chamade et lorsqu’elle vit la main du beau diable descendre pour finalement se perdre sur la croupe de l’être qu’elle désirait le plus au monde, une rage la pénétra, lui dictant d’agir. Pourtant, elle savait que Gretchen ne lui pardonnerait pas si elle se mêlait des affaires qui ne la regardaient pas.
Mais cela n’avait plus grande importance à présent qu’elle s’était approchée au point de pouvoir saisir le poignet de l’homme qui continuait à la fixer avec ce regard perfide qui l’agaçait au plus haut point. Elle ne voulait plus qu’il pose sa main sur celle qu’elle aimait en secret alors qu’elle pouvait encore les voir, entendre leurs respirations, leurs soupires…*
" Vous pourriez attendre que je sois partie si vous voulez vraiment de l’intimité… " *Son regard scrutait celui du partenaire de la noble à la sombre chevelure, son emprise sur son poignet se faisant plus rude ne contrôlant plus vraiment son corps. Elle tremblait tant la folie la gagnait, son côté obscur et profondément dément revenant à l’assaut. La demoiselle n’en voulait pas uniquement à ce mâle en chaleur mais surtout à son « amie » qui restait aussi froide que de la glace mais qui semblait se laisser faire.*
" Moi qui croyait que tu avais un peu plus de répondant « ma chère »… Le chat se transformerait-il en souris devant Gusoyn? "*Sa main relâcha le poignet du Démon pour venir délicatement caresser la joue de la comtesse, ses sens se ravivant en sentant la peau onctueuse de sa confidente. Puis, soudainement, elle se mit à glousser, approchant ses doigts des cheveux de celle qui hantait ses nuits pour finalement les attraper et les tirer brutalement en arrière.*
" Jolie petite souriiiis ♪ ! Tu ne te découvres pas d’un fil et pourtant je jubile ! Hi hi hiii ♫!"_____________________________________________
Gretchen
* Notre protagoniste avait observé le moindre des mouvements du Démon, à la fois captivée par un être ayant un tel charisme et dégoutée par la tâche à laquelle elle devait se soustraire. Dire qu’elle avait chez elle pleins de petites souillons prêtes à se faire prendre, des esclaves soumises à souhait comme les hommes les aimaient. Et lui, il fallait qu’il la veuille
ELLE… Surement qu’il essaierait de la « dresser » mais notre belle Dame ne comptait pas se laisser faire ! Il avait beau être battit comme un apollon, avoir un caractère dominant et de se comporter comme tel, il n’est pas encore venu l’homme qui la soumettrait ! Elle n’était pas n’importe qui merde ! C’était Gretchen Crawford, héritière d’une des plus anciennes familles de l’aristocratie, autrefois respecter non seulement partout dans le milieu de la noblesse mais également consulté par certains politiciens ! Les membres de cette longue lignée avaient été des êtres important sur Terra, regroupés dans des secteurs diplomatiques et parfois même à l’origine de certains changements dans ce bas monde! Et voilà à quoi elle devait s’abaisser… Donner son corps pour retrouver la tare de la famille, cette stupide gamine qui avait en elle toutes les choses qu’abhorrait l’odieuse comtesse…
Ils étaient entrés de ce petit « nid d’amour » assez plaisant et immédiatement, elle prit ses marques, observant attentivement chaque recoin de cette pièce. Il y avait un coffre ainsi qu’une garde-robe… Surement devait-il y avoir des trucs intéressants dedans.
Mais à peine eut-elle le temps de finir son inspection que son attention fut attirée par la voix du bellâtre qui, dans un claquement de doigts, fit disparaitre son manteau… La magie avait toujours fascinée notre demoiselle, même si elle ne le laissait pas transparaitre... Elle aurait tant aimé avoir des facultés magiques ! À la place, elle était née avec la fortune et le pouvoir. Un mal pour un bien car, après tout, l’argent pouvait avoir des atouts que même la magie ne pouvait avoir.
Soudain, alors qu’elle était plongée dans ses réflexions, elle sentit une aura se déplacer dans sa direction, pour finalement apercevoir qu’il s’agissait de cet impertinent personnage qui, de manière sensuelle, glissa ses mains sur son corps pour ensuite y déposer des baisers, comme le ferait aussi bien un amant. Notre prétentieuse donzelle aurait menti si elle avait prétendu ne pas avoir frissonné un instant à l’effleurement de sa peau contre la sienne. Il était aussi doué qu’il était vaniteux le salaud… Quelle poisse…
Gretchen eut presque l’envie de lâcher un soupire mais il fallait qu’elle garde la tête froide ! Elle ne se laisserait pas embobiner par ces gestes envoutants, ne cèderait pas aussi facilement. Ne céderait pas tout court en fait ! QUELLE IDÉE !? Et pourtant, elle se laissait littéralement faire, regardant jusqu’où il allait bien pouvoir aller. À un certain moment, elle sentit les mains intrépides du beau diable déferler vers ses reins pour s’abandonner sur le haut du galbe de son fessier. Il ne devrait pas être aussi confiant... Elle allait lui montrer ce que c’était qu’une partie de jambes en l’air avec une vraie femme !
Mais avant de pouvoir réagir, la noiraude entendit le timbre de la voix d’Olga retentir dans son dos. Merde ! Elle avait complètement zappée qu’elle n’était pas encore sortie ! Cette dernière ne semblait pas particulièrement heureuse d’assister à ce début de festivités. Sa voix était froide, cristalline même.
Sous l’effet de surprise, notre protagoniste se tourna vers son amie, la scrutant avec un certain mépris. Pour qui se prenait-elle de l’interrompre de la sorte ? Si elle ne voulait pas voir les deux jeunes gens, libre à elle de partir ! L’aristocrate n’appréciait guère ces manières et n’allait pas tarder à le lui faire savoir. Cependant, à son plus grand étonnement, la sorcière ne se suffit pas seulement à les déranger… Elle se mit à lui caresser la joue de manière aguicheuse tout en la défiant de ses sordides paroles. Elle ? Une souris ? Que recherchait Olga en disant de pareilles sornettes si ce n’est qu’une solide correction ? Les deux jeunes femmes s’étaient déjà souvent chamaillées, battues mêmes pour finalement se retrouver. Mais là…. Quelque chose clochait dans les réactions de l’invocatrice.
Celle-ci se mit à lui tirer les cheveux, lui arrachant un léger gémissement sur l’effarement, et se mit également à rigoler…. Un rire singulier, sinistre même, qui faisait froid dans le dos. Puis, elle se mit à chantonner, bêtement, niaisement.
L’ainée des Crawfords savait très bien les antécédents d’Olga. Cette dernière était parfois prise de folie passagère dont seul le temps pouvait la guérir. C’était le prix à payer d’être la fille d’un couple consanguin. Q..Qu’est-ce qui avait bien pu la mettre dans un tel état ?
Quoiqu’il en soit, notre belle et cruelle enfant n’allait pas se laisser faire ! Qu’elle soit folle ou pas ne changeait en rien le fait qu’elle venait de s’attaquer à elle !
Sans plus attendre, la lady se retourna complément face à elle et envoya sa main, avec une force phénoménale, claquer sur la joue de son amie. Profitant de l’effet de surprise de la gifle qu’elle venait de lui coller au visage, Gretchen se comporta comme une véritable sauvageonne et sauta sur Olga, la faisant chuter contre le sol en pierre de la pièce. Ses gestes étaient vifs et rapides et c’est avec une étrange souplesse qu’elle se plaça au-dessus de la mage, assise à califourchon sur elle, les bloquant les mains avec les siennes en y imposant tout son poids. Elle approcha son visage du sien, ses prunelles laissant transparaître toute la rage qu’elle avait pu ressentir.*
" VA TE FAIRE FOUTRE ! La prochaine fois que tu poses la main sur moi je te tue, tu m’entends SALOPE ?! Je fais CE QUE JE VEUX ! Vu que je connais le putain de secret de ta famille, tu ferais mieux de ne pas me provoquer ! "* Gretchen avait laissé au vestiaire toutes ses bonnes manières. A cet instant, c’était une véritable fauve, une personne prête à perdre la seule femme qui lui servait de confidente si celle-ci se permettait encore une fois d’agir de la sorte, folle ou non !
Son visage était proche du sien pour qu’elle ne puisse pas dévier son ses yeux, pour que la de Beauffort se sente obliger de soutenir le regard. Ce n’était pas des très bonnes conditions pour une altercation mais qu’importe, elle ne pouvait pas laisser passer une telle conduite, quittes à laisser un peu en plan son partenaire, pour l’instant. Rhaaa… Dire qu’il avait pu voir que cette pouffiasse venait de la traiter de souris… Ce n’était vraiment pas le moment.
Puis, soudainement, elle sentit des lèvres se poser sur les siennes… Attendez… DES LÈVRES ?! Ses sombres perles observèrent Olga qui avait profité de sa seconde d’inattention pour l’embrasser, tout simplement. Mais qu’est-ce qui n’allait pas ce soir ?!
Immédiatement, la jeune femme se retira, regardant son « amie » avec des yeux confus. Elle avait loupé un sale épisode mais… Quand ? Ses interrogations furent entendues par la sorcière qui, d’une voix nettement plus posée, comme si rien de tout cela ne s’était passé, lui donna certaines explications.*
" Tu fais ce que tu veux ma belle mais sache une chose… Moi, ce que je veux, c’est toi. Tu es la femme la plus aigrie que j’ai pu rencontrer, la plus égoïste et hautaine de ce bas et monde et pourtant, c’est avec toi que je veux partager mon lit. "" C’est cela et moi je suis Athéna tiens. Tu le fais exprès ou quoi ? Je te signale que je déteste les femmes. Je ne vois pas pourquoi avec toi ça changerait ! Je n’aime personne et si c’est la vue de ce Démon qui t’a rendu aussi cinglée, dis-toi que j’en ai rien a secoué de lui, tout comme toi. On couche ensemble et point barre. "" Alors je veux aussi pouvoir le faire avec toi. "" Il en est hors de question… "*Gretchen avait répondu de manière nette, extrêmement froide et surtout, indifférente aux sentiments que pouvait ressentir Olga. C’est vrai, elle n’aimait vraiment personne alors, ça n’allait pas commencer maintenant, surtout avec une femme bordel ! Se coltiner le démon était déjà suffisant à ses yeux.
Ah, en parlant de lui, il devait s’ennuyer. La belle comtesse se releva, ne daignant pas regarder un seul instant sa coéquipière et se tourna face à Gusoyn.*
" Désolée pour ce contretemps. Où en étions-nous ? Ne t’en fais pas, elle finira par partir, n’est-ce pas « ma chère »..? "*Si la jeune femme était ignoble ? Absolument et le pire, c’est qu’elle faisait absolument tout pour l’être. Qui sait, peut-être que par pitié, ce cher duc des enfers tiendrait plus compagnie à la de Beauffort qu’à elle-même !*