« Haha ! Ce jeunot a ses petits tours, lui aussi ! »
Tywill s’amusait du spectacle, tandis qu’Alice clignait des yeux, surprise. À la place du capitaine Miller, un puissant loup, massif et énorme, venait d’apparaître. La vérité s’imposa dans son esprit : un loup-garou, un Lycan. Il se mit à grogner, à rugir, et les loups se fixèrent alors sur Balanthorn, qui contemplait la scène, surpris. Les loups se ramenaient à l’autorité de Miller, qui n’avait aucune difficulté à se faire passer pour le mâle-Alpha de cette meute. Balanthorn, debout, sentait le vent tourner. Affronter des loups à mains nues était suicidaire, mais son fléau n’était pas loin. Il se recula lentement, tandis que les loups grognaient, et que le peuple se mettait à scander, tapant dans leurs mains, ou donnant du pied sur leurs estrades, provoquant de belles vibrations. Alice se mettait tout d’un coup à compatir pour Balanthorn, même si cet individu n’était rien de plus qu’un cruel meurtrier.
Balanthorn reculait prudemment, et se mit soudain à courir. Deux loups coururent alors vers lui, avançant de leurs quatre massives pattes, rattrapant rapidement la distance les séparant du gladiateur. Ce dernier réussit à s’emparer de son fléau, et se retourna, faisant tournoyer son arme. Un loup bondait vers son dos, gueules ouvertes, ses yeux emplis d’une rage animale. Le fléau se fracassa sur sa joue, arrêtant le loup dans sa course. Il décrivit une légère courbe, le sang de l’animal venant caresser le fléau, tandis que le loup se mettait à tomber sur le sol, gémissant. Un coup de fléau se fracassa sur sa tête, l’achevant, mais l’autre bondissait déjà sr le flanc de Balanthorn, tandis que les autres loups se joignaient dans la bataille.
Prudent, Balanthorn évita la charge du second loup, qui atterrit sur le sol, et se retourna subitement, visant sa cheville. Balanthon fut le plus rapide, et leva le pied, frappant le loup à la gueule, du talon, le repoussant. Le loup se coucha sur le flanc, et Balanthorn abattit son pied sur sa gueule, sentant le loup siffler et grogner, se tordant sur le sol, essayant de le blesser avec ses patates. Le fléau tournoya à nouveau, une arme mortelle que Balanthorn manipulait bien. Il l’abattit sur le ventre d’un loup, l’envoyant rebondir sur le sol, le loup se relevant douloureusement, en souffrant.
Ecœurée par ce spectacle, Alice fermait les yeux. En soi, ces jeux étaient déjà bien cruels, n’ayant rien d’amusant pour elle, mais, en plus, on mettait de pauvres bêtes. Ces loups avaient été capturés par les patrouilles et les chasseurs dans les montagnes. Gibier des dragons, ils avaient été battus et mal nourris dans leurs cages, afin que leur agressivité soit décuplée. On les massacrait impitoyablement. Alice détestait ça, ce qui renforçait son désir, une fois qu’elle serait Reine, de fermer cette arène sanglante, relique de spectacles anciens, primaires, et barbares. Elle avait vu le pauvre loup blessé au ventre se tortiller, tenant faiblement sur ses pattes, couinant. Les autres chargèrent Balanthorn, qui poussa un hurlement, voyant deux loups bondir sur lui.
Même son fléau ne pourrait le sauver, et il bondit sur le côté, roulant sur le sol, et se releva, faisant tournoyer le fléau de haut en bas. Ce faisant, son arme raclait le sol, et balançait du sable, aveuglant les loups. Énervés, ils foncèrent, ce que Balanthorn, rusé, espérait. Ils ne voyaient plus très bien, et le fléau chercha à en abattre un. Malheureusement pour le gladiateur, le loup fut plus rapide, et des griffes jaillirent dans son dos, le faisant hurler de douleur. Le sang jaillit, et il se retourna, aveuglé par la rage et la souffrance, et chercha à abattre son arme... Qui heurta le sable.
« Maudites bêtes ! »
Les loups encerclaient Balanthorn, qui avait mal au dos, courbant légèrement ce dernier en soupirant.
« Allez, venez, sales bêtes, je vais vous massacrer jusqu’au dernier ! Il ne sera pas dit que Balanthorn mourra à cause de vulgaires bêtes ! »
Le gladiateur était furieux. Acculé, un combattant livrait ses ultimes forces dans la bataille, et c’était manifestement ce que l’homme entendait faire. Il ne se rendrait pas, il était trop fier pour ça.