C'est une impression bizarre ; Misaki doit avoir un sixième sens, elle doit savoir certaines choses, et cela peut me nuire. Je n'aime pas les gens trop effacés, ils cachent des secrets et peut-être même cachent-ils ce qu'ils savent des secrets d'autrui. Elle observe avec des yeux de chat, elle semble jalouser les filles qui aiment me montrer leurs jupes, et surtout ce qu'elles ont dessous. Etrange atmosphère, entre celles dont j'en ai baisé plusieurs, et ce regard qui m'épie. Pourquoi ? Elle est trop secrète pour aller le raconter à la Direction ; alors, c'est qu'elle emmagasine de quoi me mettre en difficulté, sans que j'en sache la contrepartie. Mais on va voir qui est le plus fort à ce jeu. Ce n'est pas à un vieux missionnaire, qui a passé des dizaines d'années à être sur le qui-vive dans des pays dangereux, que tu vas apprendre ça !
Manque de chance, je l'ai, en cours, en matinée, ce qui ne me laisse pas le temps de la voir en aparté. Mais, fidèle à son habitude, elle scrute et elle note, elle répond avec brio à mes questions, elle ne se mélange pas aux autres. Et, sitôt la cloche retentie, elle s'éclipse. Même pas possible de la voir pendant la pause déjeuner, comme si elle s'est volatilisée. Je n'aime pas ça ; elle m'espionne, je ne sais pourquoi ni pour qui, et je dois avoir un œil sur elle. Si je n'y fais pas attention, elle va mettre à mal ce que j'ai bâti ici.
Même pas présente dans les élèves qui sortent, une raison de plus de m'inquiéter. A priori, elle a suivi les cours de l'après-midi ; donc, elle est peut-être encore en bibliothèque. Pas dals le gymnase, car il paraît qu'elle ne fait aucun effort en sport. Non, plutôt dans les zones où elle peut chercher, fouiller, recueillir je ne sais quelle information. Mais pas de trace d'elle au milieu des rayonnages de livres ! Elle est dans les murs, j'en suis sûr, et cette chasse prend une dimension imprévue.
Je dois même être prudent ; elle peut à tout moment me surprendre, et je ne dois pas oublier que le gardien fait parfois ds rondes. L'autre soir, il a failli nous surprendre, Ayaki et moi, tandis que je la culbutais dans la salle des profs. Tiens, justement, si j'y allais vérifier ; après tout, pour une élève, c'est le plus sûr antre de renseignements. Porte doucement ouverte, pas feutrés et souffle retenu, j'entre, mais rien de rien. Elle n'est pas là, non plus ; j'espère qu'il ne lui est rien arrivé de fâcheux. Distante comme elle est avec les autres élèves, nul ne s'inquiéterait de son absence.
Allez, Yves, réfléchis vite ! Pas chez le gardien, pas dans la salle des profs, mais une envie profonde d'en savoir davantage sur moi ; il n'y a que ton bureau qui est possible. Cette fois, j'avance doucement ; si elle est occupée à fouiller mon bureau, ça confirmera que c'est moi suis vraiment dans son collimateur. Pourquoi ? On verra ça plus tard... Il faut l'empêcher de mettre le nez où il ne faut pas !