Cela faisait maintenant plusieurs jours que Seness arpentait les landes dévastées, et le moins que l'on pouvait dire est qu'il était complètement perdu. Il avait atteint assez rapidement un village abandonné, et avait découvert des gourdes vides et le matériel nécessaire pour allumer un feu en toute occasion : deux silex laissés là à l'abandon. Heureusement pour lui, il réussit à trouver du matériel médical vieux mais encore en état, dont il se servit pour soigner ses doigts malmenés par une utilisation incorrecte voire totalement stupide des silex. Les travaux manuels n’étaient vraiment pas sa tasse de thé, et il en payait le prix maintenant qu’il lui fallait survivre dans ces contrées hostiles. Il réussit néanmoins après de nombreuses tentatives infructueuses et douloureuses à utiliser ses outils improvisés, et eut la chance inespérée de trouver par le plus grand des hasards de l’eau encore potable dans le puits du village, pourtant laissé à l’abandon depuis de nombreuses années. L’eau potable ne fut donc très rapidement plus un problème.
Cependant, le vrai problème de Seness fut très rapidement la nourriture. Ayant fini assez vite les maigres provisions emportées après sa fuite de la caravane, il se trouva sans rien à manger, obligé de chasser des monstres dont la forme et l'odeur même dissuaderaient le plus courageux afin de se nourrir. Seness était doué avec une épée, c'est pourquoi il parvenait la plupart du temps à tuer sa proie sans encombre, mais la plupart des monstres rencontrés chassaient en groupe, ce qui rendait plus ardue sa tache. Un soir, un peu dégoûté par la proie qu’il venait de capturer, un monstre à la consistance gélatineuse, Seness avait, sans réfléchir aux conséquences, allumé un feu en dehors du village afin de cuire sa proie. Mal lui en a pris, puisque très rapidement, les monstres des environs furent attirés par cette source de lumière et de chaleur, indiquant la présence d’une proie pour eux. Seness s’en était sorti de justesse, devant abandonner son repas du soir, et s’était promis de ne plus jamais faire ce genre d’âneries. C’est pourquoi depuis, Seness mange ses prises crues lorsqu’il ne pouvait les emporter au village abandonné dans lequel il vivait, en faisant bien attention à ne pas s’empoisonner. Cela le dégoûtait de devoir faire ça, mais il ne pouvait pas risquer sa vie aussi stupidement qu’en allumant un feu le soir.
Car en effet, Seness vivait désormais dans le petit village qu’il avait trouvé le premier jour, n’osant pas se déplacer de peur de se perdre et de tomber à court d’eau, n’ayant pas prononcé un mot ni rencontré un seul être vivant autre que les monstres depuis sa fuite de la caravane. Il avait exploré chaque recoin, récupéré tout ce qui pouvait lui être utile pour sa survie et construit tant bien que mal un abri dans le bâtiment qui lui semblait le plus solide de la ville, la banque. Et maintenant il patientait, minute après minute, heure après heure, jour après jour, attendant de rencontrer une personne pouvant lui indiquer le chemin pour sortir de ces terres hostiles.
Ce jour là, Seness était allé chasser comme tous les jours, notant précisément la direction de son village comme toujours, Le ciel était pour une fois d’un bleu magnifique, à peine strié par quelques nuages blancs, mettent Seness d’excellente humeur. Cependant, les monstres ne réagirent pas comme à leur habitude, et étaient plutôt agressifs set agités. Il ne pouvaient m’avoir repérée car je faisais toujours attention à me mettre face au vent pour ne pas diffuser mon odeur vers mes proies. C’est alors que je l’entendis distinctement, le bruit des sabots d’un cheval frappant le sol, le bruit d’une activité humaine. Caravane, bandits, assassins, ça ne lui importait plus, il avait arrêté de réfléchir lorqu’il avait entendu ce bruit, lorsqu’il s’était élancé à toute vitesse vers cette personne.