A force de tourner et virer chez elle, Eden se sentait vaguement inutile. L’humanoïde avait rangée le laboratoire, dans lequel elle passait le plus claire de son temps, aussi méthodiquement qu’un maniaque en pleine névrose. Les dossiers de Père retrouvèrent leur tiroir dans un ordre alphabétique, le bureau avait été débarrassé de sa paperasse et pour son plus grand étonnement elle découvrit un étrange objet dissimulé sous un drap blanc, contre un mur.
Son regard électrique s’y été perdu longuement. Elle n’avait jamais prêtée attention à la chose et pourtant, cette pièce hantait tous ses souvenirs. Sans même s’en rendre compte, elle remonta dans le cours de sa mémoire en quête d’une possible réponse. Aussi fragile que précaire, l’équilibre qui s’était formé en elle s’en trouva un peu troublé. La vue se brouilla comme si un peu nuage de brume s’était glissé dans la pièce. Elle ne tarda pas à se confondre aussitôt dans le noir le plus complet.
Batterie Faible…
Aussitôt que les mots vinrent taper à son « cerveau », elle ouvrit les yeux. L’organisme artificiel bascula sur un mode plus classique. Eden perdit tout ce qui la rapprochait d’une humaine. Ses traits prirent une teinte beaucoup plus dur, ses mouvements devenaient aussi minimes que précis pour prendre le moins de temps possible. En quelques secondes les vêtements jonchaient le sol et le corps de l’étrange créature se retrouva plongé dans son bassin, masque sur le visage. Les paupières se fermèrent.
Dernièrement ce genre de phénomène lui arrivait assez souvent. Comme si elle n’avait pas été capable de prendre en compte le temps d’activité qu’elle pouvait s’autoriser dans une autonomie complète. A croire que Père avait encore mieux réussit son entreprise qu’il ne l’espérait. Le comportement d’Eden se trouvait une logique propre assimilant celui des humains dans une suite de supposition et d’ignorance. L’inconvénient restait que Père et malgré tout le génie dont il avait pu faire preuve jusqu’à présent, n’avait pu s’empêcher de la faire passer sur un mode plus sécurisant pour lui en l’obligeant à retourner se recharger. Voilà la faille.
90%...
Etudier, penser, agir comme l’être humain ne pourrait que l’en rapprocher mais pas la rendre entièrement autonome. Et à leur manière, eux aussi rechargeaient leur batterie.
100% Batterie pleine…
Programme Eden réactivé.
L’humanoïde ouvrit brusquement les yeux, sa poitrine se soulevait et s’abaissait rapidement comme si son rythme cardiaque s’était accéléré. Elle réagissait à merveille. Toujours aussi minutieuse dans l’émotion choisit sur la situation, l’illusion deviendrait peut-être un jour parfaite. Sans plus attendre elle sortit de sa prison de verre, autant le masque qui retomba dans l’eau. Bientôt elle reviendrait à lui.
Sans même que le froid ne l’affectait pas, la créature avança vers la dernière image qui lui restait en mémoire, laissant l’eau ruisseler sur son corps.
Porte. Informations insuffisantes.
Oui, la forme laissait belle et bien penser qu’il s’agissait d’une porte mais la forme différé légèrement sur le haut. La curiosité de l’intelligence artificielle avait été soulevée. Une main frêle se posa sur la poignée et…
Situation inadéquate.
La main de la créature se retira aussitôt. Qu’est-ce qu’il pouvait bien clocher ?
Eclair de génie ou intervention inconsciente, son regard se détourna sur les vêtements non loin au sol. Ni une, ni deux, elle s’habilla aussitôt. Elle aurait du s’en souvenir. Père le lui avait dit maintes fois. Si l’homme a crée les vêtements ce n’est pas pour rien. Difficile d’en prendre conscience lorsque les sensations de froid et de chaud sont quasiment inexistantes.
Néanmoins elle n’en oublia pas le nouvel objet qui suscitait son intérêt.
La scène qui avait eu lieu un peu plus se répéta et le noir l’envahit à nouveau.
Lorsqu’Eden reprit « connaissance » le laboratoire n’était plus là. Ni même la porte d’ailleurs. Logiquement. La panique aurait du la prendre par surprise, l’affoler, lui faire perdre ses moyens. La faire réagir en tout cas. Mais non. Immobile, son regard s’évada sur le décor chaotique qui se présentait sous ses yeux. Le pourquoi du comment d’un tel changement ne sembla pas la perturber. L’information se nota juste quelque part dans un coin de sa mémoire qu’elle viendrait interroger plus tard.
L’endroit lui semblait lui aussi totalement inconnu. A chaque regard, le même mot murmuré revenait dans sa tête.