Enfaite Mikko était tout simplement fascinée la première fois qu’elle avait changé de dimension. La jeune femme, même si elle n’alla pas à l’école avait apprit à lire auprès d’un vieil homme qui fut enlevé avec tout les siens. Et elle adorait lire, elle avait toujours aimé ça. Aussi la première fois qu’elle était passé de la Terre à Terra elle avait d’abord cru à un rêve, puis elle fit le rapprochement entre ce qui lui arrivait et certains livres de science-fiction qu’elle avait lut. Cet univers l’avait toujours fascinée et elle n’avait jamais imaginé qu’un tel phénomène existe. Sourit de nouveau devant l’expression d’incompréhension qui naissait sur le visage de Watari, il était évident qu’il y avait de nombreux anachronismes entre les deux jeunes gens. Terra est une dimension médiévale, il était donc normal que les paroles de Mikko semblent un peu déplacées, mais elle n’y réfléchissait pas vraiment à vrai dire. Toujours est-il qu’elle abandonna pour l’instant, après tout il était là et l’avait sortie du pétrin, alors elle n’avait pas à rajouter quoi que ce soit. Le hasard avait bien fait les choses en effet. La jeune femme se contenta donc d’afficher un sourire silencieux, puis elle observa le regard perplexe du jeune homme sur ses cigarettes. Ha ! Il n’aurait pas pu se trouver plus loin de la réalité en pensant que Mikko était riche. Mais c’est vrai que l’industrialisation sur Terra n’était encore jamais arrivée, d’ailleurs Mikko avait déjà songé qu’elle pourrait devenir riche en instaurant une ère industrielle dans cette autre dimension, mais même si elle n’avait pas une conscience réellement humaine, elle n’était pas prête à forcer le cours des choses, c’était contre ses principes même si lorsqu’il s’agissait d’argent, Mikko n’avait jamais eu beaucoup de principes. Quoiqu’il en soit elle ne devait pas être si machiavélique que ça au fond… « Connaissez-vous un endroit où nous pourrions être en sécurité? ». Mikko regarda la main tendue vers elle. En sécurité ? Elle n’était plus en sécurité nulle part maintenant qu’au moins deux personnes savait ou elle se planquait, elle n’avait plus aucune chance d’être en sécurité, ou que ce soit. Pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître pour la première fois depuis un moment, elle ne s’était pas sentie autant en sécurité. Même dans ce quartier malfamé avec ces malfrats aux trousses, et ce sentiment de sécurité était peut être dû à ce mystérieux jeune homme aux allures chevaleresques. Elle sourit.
« J’ai une chambre pas loin d’ici, ce n’est pas optimal comme sécurité car c’est là qu’ils sont venus me chercher tout à l’heure mais je n’ai rien de mieux à porter de main. »
Elle gratifia le jeune homme d’un sourire accompagné d’un haussement d’épaules, puis glissa sa main dans celle de Watari, et descendit de la caisse, elle avait de nouveau croisé son regard et ne pu s’en détacher avant un moment. Elle finit par baisser les yeux et retirer sa main, maintenant que ses pieds étaient bien campés sur le sol, elle n’en avait plus besoins, et elle s’était laissée allé à des rêveries dans les yeux bleus de son sauveur à déjà deux reprises, ça ne devait pas devenir une habitude. Mikko commença à marcher, ses pieds lui faisaient nettement moins mal, bien sûr il y avait toujours une infime douleur mais elle avait déjà survécu à bien pire. Enfaite son appartement (si l’on pouvait appeler ça un appartement) était très près d’ici, mais pour semer ses assaillants, la jeune femme avait dût faire un immense détour, faisant pratiquement le tour du quartier. Bref au bout de quelques minutes de marche, après avoir écrasé sa cigarette en chemin, Mikko arriva devant un immeuble miteux, elle ne prit pas garde que même s’il n’avait marchés que quelque mètres, Watari avait du se sentir un peu déstabilisé face aux voitures garées sur le trottoir ou l’architecture pour le moins misérable du quartier, mais surtout étrange. Elle entraina Watari jusqu’au dernier étage, ils montèrent en tout trois escaliers. L’étage était très petit, il y avait une première porte sur le palier derrière laquelle se trouvait une douche un peu artisanale ou l’eau était toujours froide et une autre porte qui était grande ouverte après la fuite de la jeune femme. Il y avait un endroit sur la porte ou le bois était enfoncée, Mikko avait du se débattre pour passer la porte et elle ne se souvenait déjà plus de qui avait percuté ainsi la porte pour l’abimer, était-ce elle-même ou l’un des deux balourds ? Aucune idée. Elle invita d’un geste Watari à entrer, le plafond était très bas, ça ne dérangeait pas Mikko qui était petite mais Watari devait se baisser à l’intérieur du grenier miteux qui servait de chambre à Mikko. Il y avait un réchaud, pour les rares fois ou Mikko avait quelque chose à faire cuir, un carton ou la voleuse rangeait quelques affaires sommaires et un matelas sur le sol qui était recouverts de draps divers et de couvertures, que Mikko s’efforçait de laver aussi souvent que possible. Le reste de la pièce était jonchés de livres, enfin dans un coin de la pièce se trouvait le plus grand trésor de Mikko, enfermé dans une malle en cuir. Il ne faisait pas plus chaud dans ce taudis qu’à l’extérieur, c’était même glacé. Lorsque Watari fut rentré, la jeune femme referma la porte à clef avec soins. Elle ne pensait pas qu’ils reviendraient cette nuit, mais elle préférait être prudente, elle avait déjà était victime de son inconscience pour ce soir. Elle sourit à Watari.
« Voilà mon palace… Je sais c’est pas terrible, mais je me plaint pas. »
Enfaite c’était un peu invivable. Mais Mikko avait un toit sur la tête et après avoir vécu dans la rue pendant des années, elle en était bien soulagée. Hélas son petit grenier n’était maintenant plus un endroit sûr pour elle. Elle alluma une lampe à huile qui était posée sur un tabouret en bois, Mikko ne payait évidement pas l’électricité, l’eau (même froide) et le loyer étaient amplement suffisant ! Elle ouvrit le velux qui servait à laisser entrer la lumière en plein jour et passa sa main en tâtonnant sur le toit avant de la poser sur quelque chose de glacé, elle attrapa l’objet en question et descendit une bouteille de vin. C’était du bon vin qu’elle avait initialement volé pour le revendre mais elle avait finit par le garder. Elle le laissait sur le toit pour en conserver la fraicheur. Elle posa la bouteille sur le sol et commença à fouiller dans le carton tout en désignant le matelas à Watari.
« Assieds-toi je t’en pris…Elle se mordit la lèvre. Vous, pardon. »
Elle n’avait jamais eu l’habitude de vouvoyer qui que ce soit mais il était tellement poli avec elle qu’elle avait du mal à ne pas en faire autant. Elle finit par trouver deux verres dépareillés et un tire-bouchon qu’elle posa à côté de la bouteille avant de s’assoir sur le matelas, posant une couverture sur ses épaules.
« Vous buvez du vin ? » Demanda-t-elle, après avoir retiré le bouchon, la bouteille au dessus du verre : prête à servir.