Elle c’était fait une interdiction de sortir de son antre. Il faut bien comprendre que Père ne lui avait que rarement permis de se mêler au commun de mortel. Pourquoi ? Elle ne le sait pas. Père avait décidé qu’il en serait ainsi et Eden s’en était simplement et bêtement contentée. Malgré cela elle ne pouvait plus rester dans sa prison. Rien ne la retenait là.
Bizarrement elle avait choisit l’endroit le plus fréquenté pour une première sortie. Oui sa première décision qui lui était propre.
Avant elle était resté longuement assise dans l’immobilité la plus totale en sondant sa mémoire en quête d’information. Ce qu’elle devait faire maintenant, elle l’ignorait. Père n’avait pas envisagé cette option. Pourtant quelque chose lui laissait croire qu’il fallait qu’elle agisse. Ainsi, elle s’était retrouvée devant les portes du centre commercial.
Elle déglutit en voyant les portes s’ouvrir devant elle, lui offrant le ballet d’une foule qui se pressait de toute part sans même faire attention à elle. Immobile devant les portes elle s’était figée. Elle cligna des yeux à plusieurs reprises, une expression proche de la surprise se glissant sur son minois blanchâtre.
Tout en elle avait été pensé pour donner l’illusion parfaite d’une humaine. Elle en ressentait même une sensation étrange. Faire un pas en avant lui était impossible, en arrière aurait été contraire au principe que lui avait inculqué Père. Son regard électrique se balada sur les enseignes des magasins quittant pour quelques secondes les passants qui commençaient à s’interroger sur l’immobilité d’Eden.
La tension qui la crispait jusqu’à présent s’évaporait peu à peu. Elle avait ressenti le genre d’angoisse que subissent les personnes incapable de rester parmi la foule sans perdre leur sang froid. L’agoraphobie dit-on. Mais pour avoir ce genre de pathologie encore fallait-il que l’être soit issu de l’espèce humaine. Sa réaction restait dans une certaine mesure plutôt justifié. Premier bain de foule pour Eden. Et seule qui plus est. Ainsi la densité de la foule devint peu à peu plus qu’une donnée qu’elle archiva.
De loin le spectacle devait être assez étrange. Debout, figée dans un silence immuable, la silhouette de la jeune fille n’avait pas donné signe de vie pendant plusieurs minutes. Toute de noir vêtu, son teint blanchâtre n’apparaissait que plus troublant laissant croire à une de ses adolescente fuyant les rayons du soleil comme la peste. Mais ce look ne lui allait pas si mal. La chevelure ébène se retrouvait maintenue dans une coiffure complexe. Le manteau entrouvert laissait entrevoir la tenue de l’humanoïde. Bustier noir, enserrant sa poitrine sur chemisier de satin et pantalon près du corps. Dans cette bizarrerie elle avait au moins une silhouette assez agréable pour se permettre ce genre de fantaisie.
Ce n’est qu’au bout d’une dizaine de minutes. Lorsqu’elle jugea le moment opportun que l’humanoïde se glissa dans la foule. Cadence adéquate, elle ne tarda pas à se fondre à merveille dans la masse rassurant les passant curieux sur son égarement précédent.