Ton attitude pouvait surprendre, tu en avais conscience. Ceux qui ne comprenaient pas ne te comprenaient pas, tout simplement. Tu étais l’Ange de la Pureté, et tu ne voulais pas être responsable de la déchéance de cette femme. La pureté était intransigeante, certes, mais elle ne devait pas fuir. Elle ne devait pas être un repoussoir, mais un exemple à suivre, ce qui impliquait de faire preuve d’une certaine forme de tolérance. De plus, contrairement aux êtres humains, le sexe n’était pas pour toi quelque chose d’aussi important. Les Anges ne naissaient pas de la procréation entre anges, et les Commandements déconseillaient (ou interdisaient, selon la manière dont on les lisait) d’avoir des relations sexuelles avec les êtres humains pouvant conduire à avoir des enfants. Les Nephilim, les croisements entre les anges et les hommes, étaient des créatures dangereuses, car, s’ils avaient la force des anges, ils avaient les faiblesses des hommes, et étaient plus faciles à corrompre, ou plus aptes à se laisser séduire par les basses promesses de l’humanité. Mais vous, Anges purs, vous, vous ne craigniez pas ce genre de choses. Les Déchus, les vrais Déchus, n’étaient pas tombés pour le plaisir de la luxure. Pas tous, en tout cas. Les plus importants étaient tombés pour d’autres raisons, pour des motifs que le Conseil évitait de trop expliquer, car ce sujet était encore vif, et vous concernait tous, autant que vous êtes.
Ton intention était claire : tu étais venue avertir Abigahëlle, mais tu avais vu trop des tiens tomber par un faux-mépris pour l’humanité. Ce mépris témoignait en réalité d’un intérêt profond pour ces humains, et constituait surtout un mépris l’égard des Archanges et de vos semblables. Abigahëlle était sur la même voie que Lucifer et Azazel, et tu abattais un argument qui pourrait la convaincre. Croire que, parce que tu représentais la Pureté, tu étais naïve et innocente, c’était une erreur à ne pas commettre. Tu savais que tes sermons l’assommaient, qu’elle se considérait comme supérieure à tout (ce que, dans le fond, elle était, même si tu as du mal à l’admettre), et que, comme beaucoup d’Anges venus sur Terre, elle appréciait les plaisirs simples et intenses qu’on pouvait y trouver. Le sexe n’avait jamais intéressé en tant que tel les Anges. Oh, vous n’y étiez pas opposés, c’est juste que, pour vous, les organes génitaux avaient toujours été de vulgaires organes, similaires à des bras, des jambes. Vous étiez des fruits qui ne s’étaient jamais confrontés à la tentation, vous estimant, par nature, incorruptibles. C’était l’épreuve qui vous endurcissait, mais quelle épreuve pouvait-il y avoir au Paradis ? Sur Terre, toute votre arrogance battait progressivement en brèche, car on vous avait appris à écouter, à faire preuve de respect, et, bien souvent les Anges les plus présomptueux envers les humains étaient ceux qui étaient le plus intéressés par eux, ceux qui, pour les comprendre, se transformaient en hommes, rangeant leurs ailes, afin de connaître les joies du sexe, de se sombrer dans la débauche, et de devenir des Déchus. Abigahëlle s’engageait sur cette voie, c’était pour toi évident. Et c’était quelque chose que tu voulais empêcher.
Ce n’est pas que tu l’appréciais, mais tu ne voulais plus que les tiens se déchirent à cause des traîtres. Tu lui faisais donc l’amour pour ça, pour lui montrer qu’il ne fallait pas juger hâtivement les siens, et que l’extase s’obtenait autrement que par la souffrance et la douleur. Il fallait bien comprendre que le sexe n’avait pas pour toi l’importance que les humains lui donnaient. C’était un plaisir intense et vif, qu’il fallait contrôler et tempérer, comme toutes les formes de plaisir qui existent. T espérais lui faire comprendre cette leçon, avant qu’il ne soit trop tard. Pour toi aussi, la plaie était encore récente, même si elle remontait à des dizaines de milliers d’années.
Vous flottiez tous les deux dans les airs. N’était-ce pas un endroit magique ? Plein de poésie, de beauté, de volupté, de sensualité ? Un lieu qui inspirait à chacun l’espoir, un lieu comme on pouvait en trouver fréquemment au Paradis. Tu sentais Abigahëlle sur ton corps, te procurant ces frissons de plaisir que tu appréciais. Tu mentirais en disant que tu n’aimais pas ça, toi aussi, même si ton intention n’était pas simplement de te faire plaisir. Elle jouait avec tes seins, se montrant bien plus douce, bien moins agressive. La confrontation n’était pas la bonne manière de la prendre, ni toi non plus. Là, elle se calmait, se détendait, et s’était même laissée aller à rougir, parvenant à te surprendre.
Elle jouait avec tes seins, qui se durcirent, alors que tu te mis à légèrement soupirer de plaisir, avançant tes mains pour caresser cheveux, tendrement, lentement, tes ailes remuant lentement, les rayons du soleil éclatant vos corps. Le ciel était en feu, comme s’il vous donnait sa bénédiction pour vous laisser aller.
« Hum... Ils sont... Harmonieux, oui... »
Il était ridicule de croire que le sexe n’était pas fait pour les anges. Ridicule, et dangereux. Car le sexe était puissant, et, si vous n’étiez pas préparés, n’importe quel ange pouvait y succomber. Votre éducation ignorait toutefois totalement cet élément. C’était un point faible pour la plupart des Anges. Tes doigts remuaient sur ses cheveux, et tes jambes se relevèrent, venant enserrer sa taille, doucement, chaudement.
« Là, Abigahëlle... Hummm... Tu vois comme c’est agréable, hein ? »