-Oh, je comprend mieux, marmonna timidement Pipa en se mettant un doigt devant la bouche, telle une enfant intriguée par une découverte... ainsi-donc, ces femmes étaient en partie des hommes.
Le jeune esclave avait connue bien des choses durant les années de captivités qu'elle avait passée entre les mains des marchands d'esclaves, puis dans le harem où elle avait due subir les désirs des clients, et enfin auprès de son ancien maître avant que les Shadow ne la volent. Elle avait déjà due se soumettre à des dominatrices qui l'avaient poussés à faire bien des choses... les femmes pouvaient en réalité parfois se montrer bien plus cruelles que les hommes, qui eux préféraient la confrontation directe aux longues tortures languoureuses. Elle avait déjà due lécher, ou frotter son intimité contre celle de ses maîtresses, et se faire pénétrer par des verges artificielles, mais c'était la première fois de sa vie qu'elle rencontrait des femmes possédant réellement un membre masculin entre les jambes. Cela la surprenait, sans totalement l'effrayée... elle se disait qu'elle avait connu pire. Après-tout, qu'elle soit pénétrée par un homme ou par une femme, cela ne changeait rien pour elle, qui n'était là que pour satisfaire, rien de plus.
-Je... j'ai déjà reçu de grosses choses en moi, dit-elle, ce qui n'était que la pure vérité... bien des godes de toutes les tailles, de toutes les longueurs et de toutes les formes l'avaient pénétrés, et elle doutait que ces femmes aient des choses plus grosse que ce qu'elle avait déjà vécu. Je m'adapterais... et puis, de toute-façon, je ne vis que pour satisfaire mes maîtresses.
La seconde réponse la surprit encore plus que la première... ainsi donc, elle pouvait voler ? En effet, qu'une créature telle qu'elle ne sache pas qu'elle était capable de faire cela, qui était dans sa nature, était assez illogique... mais en même temps, qu'un chat adopte un petit chiot peu après sa naissance et l'élève toute sa vie, et le chiot se mettra à croire qu'il est un chat. Pipa avait, tout au long de ces trois dernières années, été élevés en étant persuadée que ses ailes n'étaient là que pour embellir son corps, elle ne savait pas que c'était réellement des ailes comme pour les oiseaux. Elle leva ses plumes devant ses yeux et les observa d'une façon nouvelle, comme si elle ne les avait jamais vu, auparavant. Voler... cette perspective la rendait curieuse... et elle lui faisait aussi un peu peur. Mais pour le moment, elle n'avait pas à s'inquiéter de cela... elle devait encore se préparer pour être offerte aux cinq grandes femmes.
Pipa fut la première à sortir du bain, à se sécher et à mettre sa robe. Elle était légère et douce contre sa peau. Les manches manquaient, afin que ses ailes aient la liberté de se déployer, qu'elle ne soit pas contrainte de les garder douloureusement collées contre ses bras. La femme qui l'avait emmenée ici mit presque la même robe, bien qu'elle soit d'une couleur un peu différente, puis, se montrant toujours aussi douce et entreprenante envers la petite esclave, elle lui demanda si elle était prête...
-Oui, maîtresse, je me sens prête, répondit-elle, tout en cherchant à cacher un peu sa crainte à l'idée d'aller rencontrer les futures femmes à-qui elle allait appartenir.
Elles traversèrent donc le village sombre, éclairé par les gros insectes luminescents, en direction du grand bâtiment où demeuraient les Cinq. Pipa marchait, silencieuse, derrière la guerrière, qui était bien différente que lorsqu'elle l'avait rencontrée, en robe plutôt qu'en armure. Les mains, croisées, l'air timide, elle marchait en gardant les cuisses serrés, le visage baissé, n'osant regarder personne, bien qu'on se retournait régulièrement sur son passage. Cet univers était... si différent de ce qu'elle avait connu. On la regardait, mais on la respectait, personne ne vint lui pincer les fesses comme ça lui était déjà arrivé en ville. Et puis, c'était tellement étrange de pouvoir marcher librement... elle suivait, soumise, sa maîtresse, mais elle était habillée, et d'une tenu légère et douce, en plus. Elle ne portait pas de collier, n'était pas tirée par une laisse, et elle n'était pas enchaînée. Elle était presque quelqu'un de normal... mais elle continuait à suivre comme un animal bien dressé.
Enfin, elles arrivèrent devant une grande porte qui s'ouvrit doucement devant elle. Pipa fut invité à entrer, et elle s'avança, timide, sur un carrelage blanc et froid sous ses serres nues. Devant-elle se dressait une très grande table derrière laquelle se tenaient assises cinq femmes à la stature digne et fière, qu'elle supposa être les chefs à-qui on allait l'offrir. Elle vit qu'il y avait d'autres personnes, autour d'elles, mais elle avait du mal à les détailler : elle gardait la tête baissée, ne levant que les yeux pour les regarder. Finalement, elle prit l'initiative de se montrer très soumise, espérant se faire bien voir. Alors elle s'agenouilla, se mit à quatre pattes et s'inclina bien-bas, son nez touchant presque le sol, en leur disant :
-Bonjour, mesdames...