Sous la douche, certaines femmes chantonnaient. D’autres se masturbaient, excitées par cette eau chaude, dirigeant le pommeau de la douche vers leur intimité. Félicia ne pouvait pas prétendre ne jamais l’avoir fait, tout comme faire l’amour dans la douche. L’eau chaude provoquait de curieux effets sur les hormones. Félicia se contentait tout simplement d’apprécier l’eau glissant sur son corps. C’était quelque chose de merveilleux, et elle basculait sa tête en arrière, sentant l’eau exploser sur sa nuque, filant gracieusement le long de son corps. Elle ferma les yeux, continuant à se doucher. L’eau était superbe, la réveillant, enlevant toute sa crasse. Elle attrapa du shampooing, et s’en appliqua sur les cheveux, prenant tout son temps. C’était une eau chaude qui filait sur son corps, très chaude. Presque bouillante, comme elle les aimait. La Chatte Noire prenait son temps, laissant son esprit vagabonder. Étoile, ses chats, le trafic de drogue... Tout se bousculait en elle, mais son esprit revenait surtout à ses chatons. Ils étaient presque toute sa vie. C’était un spectacle curieux, qui surprenait beaucoup de personnes, car Félicia n’était pas une grand-mère malade et âgée qui luttait contre la solitude en multipliant les chats. Elle était une femme pleine de vie, avec un boulot, de nombreux amis, et même une petite amie, si tant est qu’Aoki Kou pouvait porter ce titre.
Les minutes s’écoulèrent, jusqu’à ce que Félicia interrompe le débit d’eau chaude. Elle avait le bout des pieds trempés d’eau, et ouvrit la porte en vitre, puis sortit, posant ses pieds sur un tapis de bain. Il faisait chaud ici, mais un frisson la parcourut en sortant. Elle vit alors, devant elle, sur le sol, Étoile, qui l’attendait silencieusement. Félicia lui sourit, et, tout en attrapant une serviette blanche, l’enroulant autour de son corps, elle fléchit les genoux, et lui caressa le dos.
« Brandy ! » s’exclama alors Félicia.
Le petit chat était à côté, près d’Étoile, et, quand Félicia tenta d’aller le caresser, il se redressa, et se mit à courir, bondissant sur la commode avec le lavabo, et, de là, sauta sur les serviettes qui pendaient en hauteur, y plantant ses griffes, les renversant. Brandy poussa un petit miaulement paniqué et tomba sur un tapis, son corps s’enroulant dans une serviette. Félicia soupira, et alla le rejoindre. Il fallait croire qu’Étoile calmait Brandy, mais que, quand il voyait Félicia, il n’avait qu’une envie : recommencer à jouer ! Elle se pencha vers la serviette, et eut à peine le temps de l’écarter que Brandy se mit à bondir, galopant rapidement, pour sortir de la salle de bains. Un soupir s’échappa des lèvres de la Chatte Noire, alors qu’elle regardait Étoile.
« Heureusement que tu es bien plus calme, toi, ma belle... »
Brandy est l’un des plus petits chats de la tripotée de Félicia, ainsi que le plus agité. Il était extrêmement jouer, et assez fatigant, en ce sens. La Chatte Noire se redressa, et nota alors qu’il y avait, sur le sol, un produit. Elle l’attrapa. C’était du parfum. Un produit qui valait cher, et qu’elle avait volé dans une parfumerie. Sûrement Brandy... Le flacon n’était pas du tout fêlé, ce qui la surprit un peu. Comme quoi, il y avait des miracles partout. Elle décida alors de se parfumer un peu. Certes, avant de se coucher, c’était un peu ridicule, mais Félicia était une femme très coquette. Elle s’aspergea brièvement la nuque, sentant la délicieuse odeur du parfum emplir ses narines.
Un sourire sur les lèvres, la Chatte Noire rejoignit ensuite Étoile, tournant autour d’elle, faisant comme si elle lui parlait, tout en s’essuyant le corps avec sa serviette.
« N’est-ce pas que je sens bon, hum ? Une femme belle se doit d’avoir une bonne odeur... J’ai eu droit à un échantillon gratuit de ce parfum... Il m’a tellement plu que j’ai décidé d’en emprunter quelques-uns... »
Elle avait souvent l’habitude de parler avec ses chats, ce qui pouvait surprendre. Mais Félicia était ainsi. Contrairement à ce que les gens pensaient, elle ne pensait pas que les chats ne comprenaient rien à ce que les humains faisaient. Ces petites boules de poils étaient extrêmement intelligentes et observatrices, et savaient dissocier les humains les uns des autres. Face à un inconnu, un chat serait toujours plus prudent qu’à l’égard de quelqu’un qu’il connaissait, qui lui donnait à manger, et lui faisait des câlins. Un chat avait des sentiments, et savait réfléchir, analyser le terrain.
Nettoyée, Félicia avait encore un peu d’eau sur le corps, et reposa sa serviette.
« Tu viens, Étoile ? Ta Maîtresse a sommeil... »
Elle éteignit la lumière derrière elle, et retourna dans sa chambre, où Brandy se cachait encore sous le lit. Comme Félicia ne se glissa pas dessous pour essayer de le récupérer, il finit par sortir. Elle s’était allongée dans son lit, frissonnant de plaisir en sentant ces belles couvertures chaudes et douces. Elle tendit sa main vers le bas, remuant ses doigts, et attendit que Brandy s’y frotte, glissant sa tête contre ses doigts, avant d’en mordiller un, sans mettre ses dents. Félicia sourit, puis lui tapota la tête, et attrapa un livre sur sa table de chevet. Brandy ne tarda pas à sauter sur le lit, et fit ce qu’il adorait faire : jouer avec les pieds de Félicia. Sous la couverture, il voyait deux bosses remuer, ses pieds, et bondissait dessus, les mordillant en s’affalant sur le lit. Elle sourit, et posa son livre. C’était un thriller américain d’Ellory, « Les Anges de New York ». Un excellent livre, au demeurant, un hommage à la NYPD.
« Brandy... Tu es inépuisable ! »
Félicia soupira, et s’amusa à jouer avec lui, remuant ses pieds, voyant Brandy bondir de droite à gauche en les poursuivant.
Ce chat était vraiment trop craquant !