« Je hais cette planète.
- Nous sommes ici depuis bien trop longtemps, renchérit un autre garde. Le Colonel devrait savoir que le tyran a des espions partout.
- J’ignore ce qu’il cherche sur cette planète morte. Je déteste patrouiller dans les cavernes souterraines. On a l’impression d’y entendre des voix, des murmures, comme si des démons se tenaient à l’intérieur.
- Des démons, hein ? railla l’un des gardes. Tu as trop d’imaginations. Ceci dit, j’avoue que ces grottes sont flippantes. Mais cette planète est un caillou mort. La vie n’y a jamais fleuri, et c’est la terraformation qui nous permet d’y respirer. »
Ils étaient cinq ou six. Pas assez pour l’inquiéter, mais suffisamment nombreux pour sonner l’alarme. Il faisait nuit, et elle attendait derrière les rochers, attendant que la patrouille se disperse pour avancer. Elle était sur la fameuse planète morte, ce monde sans vie, à part une petite base perdue dans une faille. Il lui avait fallu quelques heures pour venir. Elle avait rapidement repéré le dispositif de traçage dans son vaisseau, mais l’avait laissé, en signe de bonne foi. Par la suite, elle avait médité, jusqu’à rejoindre la planète. Ses capteurs, reliés au dispositif astronomique d’Aurelia, lui avaient rapidement permis de balayer discrètement la zone. Grâce aux informations de Blik, le commandant de Freezer, Talon avait envoyé un message à Nim’Ro, la mystérieuse Twi’Lek. Cette dernière lui avait répondu en lui indiquant par où passer. Elle ignorait si c’était un piège. D’après Blik, Nim’Ro était fiable, mais, pour Talon, la seule personne véritablement fiable était elle-même. Néanmoins, à défaut d’une autre stratégie, elle avait opté pour le plan d’approche de la Twi’Lek.
Talon se trouvait donc dans le long canyon menant à la base, suivant le fleuve, pour entrer par les égouts. Le X-07 s’était posé à quelques centaines de kilomètres de là, et elle avait utilisé un petit véhicule de transport, surplombant le canyon, avant de sauter en contrebas. Ce faisant, elle avait marché, remontant le fleuve, et était tombée sur une patrouille. Les soldats s’étaient arrêtés pour discuter, le long du fleuve. Talon attendait une manière d’approcher, en évitant, si possible, de recourir à la Force. Il ne fallait pas oublier qu’il y avait des Jedi dans la base, et qu’ils étaient susceptibles de l’identifier dès qu’elle utiliserait la Force.
*Heureusement que je suis une femme polyvalente.*
Dark Talon attendait donc, tandis que les soldats conversaient entre eux.
« Tu crois ça ? Tu sais ce qu’on dit, non ? Là où il y a de l’eau, il y a de la vie... Toutes ces planètes « mortes » qu’on a ramené à la vie... Je sais qu’on les a terraformés, mais je ne peux pas m’empêcher de dire si, en bouleversant les projets de la Nature, nous avons, en quelque sorte, provoqué d’autres réactions. »
Les soldats rigolèrent devant cette idée stupide, selon eux.
« Arrête avec tes conneries d’unitologie. Tout ce que je sais, c’est que j’ai la dalle, que j’en ai marre des rations qu’on nous refile, et que j’ai envie de me casser d’ici ! Putain, y a des tas de planètes paradisiaques dans toute la galaxie, et il a fallu que Radix foute son camp dans ce trou de merde !
- Si t’es si mécontent que ça, t’as qu’à aller lui en parler.
- Pour me retrouver avec un tir de blaster en pleine tête ? Le colonel pète les plombs. Il sait très bien que Freezer va nous retrouver, et qu’il nous massacrera tous. Et, plutôt que de d’envisager la fuite, il se tourne les pouces. Je vous le dis, les gars, on devrait se tirer de là rapidement ! »
A l’abri derrière des rochers en hauteur, Talon avançait vers les soldats, silencieuse et discrète. Sans la Force, un Jedi ou un Sith était généralement aussi perdu qu’un nouveau-né. Mais Talon, elle, avait d’autres cordes dans son arc. Elle était une guerrière, dans tout ce que cette notion impliquait.
« Bon, on reprend la ronde, les gars. »
Une idée que Talon approuvait. L’un des gardes avait cependant une envie pressante, et décida de rester dans son coin. Les autres choisirent de commencer à marcher, et Talon vit l’homme s’enfoncer dans une petite crevasse sous elle. Il se cala dans un coin, et commença à uriner. Elle se laissa lentement descendre. Les soldats avaient le même type d’armure que ceux de Freezer, avec une espèce de détecteur. Elle regardait silencieusement l’homme en train d’uriner, résistant à l’envie de le tuer. Un cadavre, ça posait généralement plus de problèmes que ça n’en résolvait. Elle choisit donc de l’esquiver, et posa entre ses lèvres une sorte d’appareil respiratoire, avant de plonger dans le fleuve. L’appareil lui permettait de respirer sous l’eau, et elle se mit tout simplement à nager.
A l’entrée de la base, il y avait un épais mur en acier, avec plusieurs plateformes d’observations, des tourelles de défense, et de puissants projecteurs. Il y avait également de nombreux gardes, ainsi que des armures de combat. Néanmoins, Talon savait par où passer. Elle avançait sous l’eau, et atteignit les différentes grilles du système d’évacuation des eaux. Pour en ouvrir une, elle utilisa son sabre-laser, qui trancha efficacement le fer, puis elle passa. La Force était avec elle, car l’eau qui sortait dans le fleuve semblait être déjà passée par la zone de traitement, ce qui faisait qu’elle était purifiée. Autrement, l’odeur l’aurait repéré. Elle sortit de l’eau à l’aide d’une échelle, atteignant un petit couloir grisâtre longeant l’eau, et avança. Elle avait reçu un plan détaillé des égouts, et constata que els informations données étaient correctes. Il y avait des caméras de sécurité, des drones patrouilleurs, des détecteurs de mouvement, et des batteries de rayons-lasers, qu’elle voyait grâce à leurs embouts.
*La Force me permettrait de les éviter... Mais je ne peux pas prendre ce risque.*
Elle posa la main droite sur son poignet gauche, et appuya sur une espèce de bracelet, qui fit apparaître un plan holographique. Nim’Ro lui avait indiqué un chemin à emprunter, en lui indiquant différentes horaires où, pendant quelques instants, les lasers seraient, pour des questions de maintenance électrique, provisoirement désactivés. Du moins, c’était la raison officielle. En réalité, c’était Nim’Ro qui les désactivait, mais la désactivation ne pouvait pas être permanente, sans alerter les systèmes de sécurité. Elle avait avec elle un minuteur précis, qui lui permettait d’avancer. En revanche, il fallait aussi tenir compte des sondes, qui fonctionnaient de manière autonomes, mais selon un parcours bien précis, que Nim’Ro lui avait fourni. Talon avançait ainsi à travers les égouts, dans les profondeurs de ce complexe immense.
*Avant d’être la forteresse de Radix, il devait probablement s’agir de la centrale qui a terraformé cette planète... songeait-elle. Je ne pense pas que Freezer ait la technologie nécessaire pour terraformer des planètes. Qui l’a fait ? Et pourquoi Radix s’est-il implanté là ?*
Bien que ce genre de questions n’avait aucun intérêt avec sa mission, Talon avait un cerveau. Radix était-il tout simplement stupide ? C’était une hypothèse à envisager, car, visiblement, s’acoquiner avec un mégalomane comme Freezer était déjà, en soi, une preuve de bêtise patentée, mais, aller jusqu’à le trahir... Radix devait sûrement travailler pour des maîtres puissants. Continuant sur sa lancée, Talon se rapprochait du point de rendez-vous, à la jonction entre les égouts et d’autres parties du complexe. Elle ouvrit une porte, débarquant dans une sorte de vestiaire, et vit enfin son homologue twi’lek.
« Cette base est une véritable forteresse », entama rapidement Talon, en guise de présentations.
Nim’Ro était fidèle à la tradition et à la réputation des Twi’Leks : particulièrement belle. Pas étonnant qu’elle soit la maîtresse de Radix. Le pauvre devait en être fou amoureux.
« Vous devez être Nim’Ro. Je suis Talon. Navrée du léger retard, plusieurs sondes m’ont retardé sur le chemin. »
L’endroit était sinistre. La seule touche de gaieté venait de Nim’Ro.
« Vous avez un plan pour me faire accéder dans la base, et pour mettre la main sur Radix ? » s’enquit-elle.