À la fin de ma journée de sensei modèle, je reçus un texto : La forêt. 22h30. Ces deux mots et cette heure à eux seuls me firent sourire. Je ne pourrai pas faire d’expérience sur ma personne ce soir, mais je pourrai pardonner cet affront; j’avais envie de m’amuser un peu! De 17 heures à 22 heures, je déambulais dans le parc. Je m’étais même changé en Zero pour chasser un ou deux clochards, histoire de ne pas être trop affamé lorsque viendrait l’heure.
22h15 sonné, mon portable bien au chaud dans mes poches vibra une nouvelle fois; au Sud du lac, l’octogone est placé. Enfin, je vais pouvoir me battre! Histoire de cacher l’odeur du sang de ma bouche, je déballai une sucette à la cerise sauvage, en forme de boule, avant de l’enfourner dans mon trou à viande.
Je m’étais présenté quelques minutes après le début. Beaucoup de gens s’étaient rassemblés, je pouvais même voir certains de mes étudiants debout, étirant le cou ou encore sur la pointe des pieds, espérant en vain de voir quelques parcelles du combat entre deux hommes bâti comme des gorilles, enfermés dans une barrière humaine, les plus chanceux d’entre eux ayant réussi à se trouver une place assez près pour recevoir le coup de poing d’un de ces hommes en plein visage, si ce dernier ratait sa cible.
Qu’est-ce que je fichais là? Eh bien, le virus, bien qu’il n’ait changé aucune parcelle de ma personnalité, ait modifié une partie de mon humanité; il semblerait que, désormais, mon goût pour la puissance ait été considérablement augmenté, et aucun endroit ne regorge plus de force brute qu’une série de combat illégaux organisés. Tout ce que j’avais à faire, c’était de repérer les plus forts, attendre qu’ils soient seuls et les assimiler; leur pouvoir serait mien. Et cette technique marchait; loin était le temps où j’avais commencé à prospecter les Mr muscles à Seikusu!
Une jeune fille se trouvait seule, en marge de la petite foule, qui commençait à s’agrandir. Derrière elle, je souris en coin, ma sucette toujours entre les dents. Entre mes mains, se trouvait une chaîne, plutôt lourde, munie d’un aimant sur une extrémité, une solide plaque d’acier à l’autre bout, ainsi qu’un loquet pour les empêcher de s’attirer l’un l’autre.
-Plutôt inhabituel, hein? Ils n’ont pas l’habitude de faire ça dans le parc-forêt, mais ils se plaisent à changer d’endroit, comme ça les inspecteurs ont du mal à suivre leur trace… Moi, je suis un habitué, ça me relaxe de voir deux mecs, au quotient moins élevé qu’une baleine, se taper dessus!
Soudain, le combat prit fin, et l’animateur repris d’une main de maître la suite des choses, annonçant le combat entre Killer-shark et Zero. 22h30 venait tout juste de sonner. Les plus habitués scandèrent ce dernier nom à deux reprises.
-Oh, on m’appelle! Tiens ça pour moi! Reste proche, je vais bientôt en avoir besoin!
Sans lui demander son avis, je lâchai la chaîne dans ses bras avant de la pousser vers le cercle du milieu.
Une fois arrivé au centre, je retirai ma chemise pour la jeter aux pieds de la jeune dame.
-Garde-ça pour moi, s’teuplait! Et ne te défile pas, tu vas avoir droit à un sacré beau spectacle!
La sucette toujours dans la bouche, je me présentai au centre du cercle, juste en face de Killer-shark, un gorille deux fois ma hauteur et trois ma carrure. Ce dernier ce mit en position de départ; les poings bien refermés sur eux-mêmes, les genoux fléchis, il était prêt à bondir sur son adversaire, moi, qui semblait plutôt s’en foutre, les bras le long du corps, l’air désinvolte. Fou de rage, il s’exclama :
-Hé! Tu peux au moins être sérieux! Tu fais preuve d’un manque flagrant de respect envers les arts martiaux!
-Héhé, t’es un type bavard, toi! Garde ta salive, tu vas en avoir besoin bientôt, pour me supplier de te laisser perdre!
Le combat avait commencé, et il ne perdit pas de temps. ‘’Sharky’’ fonça sur moi; son premier coup de poing au visage me balança vers l’arrière, son pied droit se logea contre mon estomac, forçant le haut de mon corps à revenir vers l’avant tel un balancier, et son coude finit de m’envoyer au sol, m’étalant sur tout mon long sur le sol poussiéreux. L’arbitre allait commencer à compter avant que la main du gros requin ne lui saisit le poignet.
-Inutile. Soit il est mort, soit il est dans le coma. L’un ou l’autre il ne se relèvera pas ce soir.
Lentement, je me relevai, le visage avec quelques coupures et bleus, mais sans plus, j’avais même réussi à conserver ma sucette, elle-même était intacte. Je me tenais droit, comme si la douleur n’avait eut aucun effet sur moi. Cependant, on pouvait voir une certaine lueur, plutôt étrange qui plus est…
-Ouff! Tu m’as tué! HAHAHAHA!!! Je me demande comment un mec aussi baraqué que toi puisse être aussi faible!
Mon ennemi du moment, probablement de stupeur, avait figé, la bouche si béantement ouverte que la mâchoire semblait sur le point de se décrocher.
- Ah? J’ai déjà réussi à te couper ton envie de discuter?
Malgré la surprise, Sharky bondit une nouvelle fois sur moi. Il avait beau avoir de bons coups à donner, il utilisait les mêmes techniques de combat, je pus donc aisément me pencher pour éviter le coup au visage, bloquer le coup de pied latéral visant mes côtes ainsi que le dernier coup de coude. Dans un rire fou, je laissais paraître mes dents légèrement plus pointues que l’homme moyen
-À mon tour de jouer maintenant!
Un coup de poing au ventre, un genou en guise d’uppercut, et le voilà déjà K.O. son corps retombant lourdement sur le sol, à quelques centimètres des spectateurs à l’Ouest de ma personne.
Alors que j’allais rentrer dans le cercle, retrouver mes effets, l’arbitre m’arrêta, avant de m’offrir un quitte ou double, contre leur meilleur combattant.
- Je veux le triple de la somme si je gagne… Avec les mains attachées dans le dos!
Dans un grand éclat de rire, bientôt généralisé par l’ensemble des spectateurs, l’arbitre hocha la tête. Je me retournai vers la brune qui me regardait… Était-ce de la stupéfaction ou de la peur?
D’un petit sourire, je retirai la sucette de ma bouche, avant de légèrement appuyer en-dessous de sa lèvre inférieure pour lui glisser entre ses lèvres. Ensuite, je me retournai dos à elle, le poignet gauche par-dessus le poignet droit, formant un X
-Sois mignonne, et fait quelques tours avec la chaîne, retire le loquet et laisse l’aimant se coller sur l’acier… Garde ma sucette, je n’en ai pas pour longtemps… Au fait, on va prendre un verre après, je t’invite!