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La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

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Yukio Onoki

Humain(e)

La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

mardi 02 avril 2013, 23:16:57

" OK, donc, on vous prend celle-là et celle-là, et aussi l'autre, là bas, pour 35 000 000 Yens.
- Marché conclu, alors. "


L'homme sortit du coffre de la voiture une malette, qu'il ouvrit sur la table, avant de la tourner dans ma direction. Il jeta un regard nerveux aux hommes postés de part et d'autre de mon siège, pendant que j'inspectais les billets. Comme je le comprenais. Sur un signe de main, je pouvais le comdamner, lui, et tous ceux qui étaient venus avec lui. C'est donc avec soulagement qu'il me vit donner mon accord à un autre homme. Celui-ci passa le long de femmes alignées et à genoux, pour en tirer trois par la chaine reliée à leurs colliers. Il tendit les chaines à mon vis-à-vis, qui s'empressa de rejoindre son véhicule. Une fois qu'ils furent partis, je tendis la malette à un subalterne, et m'étira un peu.

" Remettez les filles dans leurs cellules. Je vais me détendre, alors je ne veux être dérangée sous aucun prétexte. "

Pendant que mes hommes effectuaient leurs taches, je gagnais la pièce m'étant réservée. Il s'agissait d'un endroit spacieux, disposant d'une multitude de conforts, baignoire, lit, sofas, bar... Je me servis un verre, que je sirrotais à peine, pour finalement choisir de prendre un bain.
Allongée dans l'eau chaude, je repensais à tout ça...

Forte de ma mainmise sur Seikusu, je m'étais intéressée à l'économie parallèle. Je m'étais alors rendue compte qu'il y avait un nombre impressionnant de trafics en tout genre dans les ombres de la ville. Drogues, armes, esclaves, tout ce qui était illégal transitait pourtant à l'insu des forces de l'ordre, et les sommes pouvant être versées atteignaient des plafonds vertigineux. Voyant là une occasion d'accroitre mon pouvoir et mon influence, j'étais entrée à mon tour dans la dance.

La première étape avait été bien sur la suppression des rivaux. En usant de persuasion, corruption, menaces, voire éliminations, j'avais été en mesure de faire passer dans mon camp bon nombre de petits dealeurs et autres vendeurs indépendants, ainsi que quelques réseaux de petite amplitude. Ne voulant pas être à l'origine d'une guerre de gangs, j'avais restreint mon action, me créant juste une petite zone. L'élimination des grands groupes viendrait plus tard...

Toujours est-il que ce commerce parallèle était une vraie aubaine. Et si je laissais les détails de gestion aux sous-fifres, il y avait une marchandise qui avait retenu mon attention : les esclaves sexuels. C'était une des marchandises les plus rares, de par la difficulté à trouver une belle fille, et à l'éduquer proprement sans l'abimer. Mon sadisme me poussa dans cette voie.

Récupérer des filles, quand on avait une certaine influence, n'était pas aussi problématique que ça. On trouvait toujours un moyen de s'arranger... La méthode la plus simple restait la corruption des hopitaux. Les occasions étaient rares, mais quand une belle jeune fille était admise aux urgences dans un état critique, il suffisait de dire à la famille qu'elle était morte pendant l'intervention, ce qui était faux, puis de changer les corps, et le tour était joué. Quant à leur éducation... En fonction des personnalités, c'était plus ou moins évident, mais je finissais toujours par y parvenir.

Il ne me restait plus qu'un lieu où faire les transactions. Après quelques recherches, j'ai finis par demander la réhabilitation d'un vieux bâtiment en bordure de ville, dans les quartiers de la Toussaint. J'ai même pû en faire une véritable plaque tournante, en faisant ainsi la base de mon commerce parallèle.

****************

Occupée à me prélasser, je fus interrompue dans mes rêveries par la sonnerie de l'interphone. Pestant, je sortis du bain.


" J'ai dis que je ne devais être dérangée sous aucun prétexte ! Est-ce de la désobéissance ?
- Pardon, Mademoiselle... Mais nous avons capturé un intrus. Je pensais qu'il vallait mieux vous l'apprendre...
- Et vous n'êtes pas capable de régler ça tout seul ? Mais puisque vous m'avez dérangée pour si peu, mettez-moi ça dans une cellule, ça me changera les idées. "


Et je raccroche sèchement. Un intrus, hein ? En voila un qui va passer un sale moment... Et qui comprendra qu'il y a des personnes qu'il vaut mieux ne jamais contrarier...

Telka

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Re : La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

Réponse 1 mercredi 03 avril 2013, 01:43:49

La journée avait pourtant bien commencé. J'étais assise à la terrasse d'un café, avec un ecclésiastique, le père Emmanuel, qui me parlait de l’évangélisation du Japon. Emmanuel, contrairement à ce que son nom, qui n'est pas celui de sa naissance, peut suggérer, est asiatique. Il a étudié dans les ordres de la compagnie de Jésus : c'est un homme très sage, et je bois ses paroles. Il avance quelques thèses sur le comportement des premiers missionnaires chrétiens du XVIe siècle. Nous en étions à discuter de Charles Spinola, un érudit et jésuite italien brûlé vif avec 51 autres personnes, dont des enfants, sous les ordres d'un seigneur japonais. La scène n'est pas très réjouissante, mais son statut de martyr rend son sacrifice un peu plus supportable. On oublie souvent qu'a cette époque, les religieux étaient fréquemment de grands intellectuels, et surtout de grands humanistes. Spinola avait fondé une école, et travaillé dur dans de nombreux domaines scientifiques. Je m’imprègne de son histoire, de sa pensée que me récite le saint homme.

Soudain, je sens des picotements le long de mes jambes, ma tête tourne un peu. Je sais pertinemment ce que ces signes indiquent, et je sais qu'ils vont aller en empirant dans les prochaines secondes. Je prends très rapidement congé du père Emmanuel, à la limite de la politesse. J'espère qu'il ne le prendra pas trop mal, je sais que les japonais sont très portés sur le protocole. Je me dirige vers les toilettes. Avec un peu de chance, il croira à une envie pressante, et m'excusera. Il n'en est en réalité rien. Les signaux que m'envoient mon corps ne sont pas précurseurs d'une éventuelle maladie ; ils me préviennent assez brutalement je vais me téléporter de façon imminente. Malgré tous mes efforts, toute ma discipline, je n'ai jamais réussi à contrôler parfaitement ce phénomène, assez handicapant. Je peux tout juste tenter de me concentrer pour espérer ne pas changer de dimension, et réduire mon apparition à des lieux terrestres. Encore heureux, je n'aurais l'air de rien, en plein milieu de l'océan.

Enfin, ma vue se brouille complètement, et je sens que ma masse diminue. Toujours avec un peu d'appréhension, je perds pied. Comme à chaque fois, j'ai l'impression de tomber, et de m'envoler à la fois, me soustrayant aux dimensions conventionnelles, mon cerveau ne sait plus discerner le haut du bas. Il se rend simplement compte que je suis en mouvement, et ce dans plusieurs sens contraires. L'espace d'un instant, je ne pèse plus rien, je n'ai plus d'enveloppe matérielle : je ne suis plus qu'un pur esprit. Cela ressemble un peu à un état de grâce, à une élévation spirituelle furtive. Hélas, cette transe ne dure jamais longtemps, un éclair, à peine le temps de s'en rendre compte, et déjà, je reprends du poids, de la consistance. Un léger vertige me prend. Ce n'est rien, en comparaison des premières fois, où je m'effondrais pitoyablement sur le sol, en rendant à ce dernier le contenu de mon estomac. À présent, j'arrive même à ''atterrir'' debout, sans déséquilibre.

J'ouvre les yeux, que j'avais fermés, par réflexe (les garder ouvert n'apprend rien, et ne provoque que plus de nausées). Où suis-je ? Je l'ignore encore. Je pense que je n'ai bel et bien pas changé de dimension. Avec un peu de chance, je suis toujours à Seikusu. Cette ville est un véritable aimant, un point où je retourne toujours, que je le veuille ou non. J'en viens à me dire que c'est peut-être la volonté du Seigneur. Je reprends ma respiration, mes oreilles bourdonne. Un tel voyage est toujours éreintant pour mon corps et mon esprit. Les murs en tôle me confirment être arrivée dans un univers au moins contemporain. La pièce où je me trouve est à peine éclairée. Elle est minuscule, et close. En fait, je pense qu'il s'agit d'un placard. Je relève la tête, et me cogne contre une barre métallique. Je tourne mon regard : une étoffe y est suspendue. Plastique vert et blanc, odeur d'eau-de-javel. Tenue d'agent d’entretien. Ça n'est certainement pas la plus belle étoffe qui soit, ni la plus agréable à porter sans sous-vêtements, mais c'est quand même une sacrée chance. Car une fois n'est pas coutume, je suis nue. Une inscription en japonais, le nom de la société, que je peux lire dans la pénombre. Je n'ai pas du apparaître bien loin. J'enfile l'habit, composé d'un pantalon ample et d'une sorte de parka à poches, qui est un peu grand pour moi.

Pas bien grave. Je pousse la porte avec prudence. Je suis dans une sorte de salle de réunion, ou quelque-chose dans le genre. Les lieux ont l'air déserts, et un peu poussiéreux, paraissent ne pas avoir été utilisés depuis longtemps. Une demi-douzaine de vieilles chaises sont empilées dans un coin. Je suis optimiste. Quelques regards étranges dans le bus vis-à-vis de ma tenue, et je serai de retour dans deux heures maximum pour présenter mes excuses au père Emmanuel. Je m'extrais du placard, puis je marche tranquillement vers la seule sortie, l'endroit ne communicant étrangement par sur l'extérieur. Un peu de lumière en provient, même s'il fait jour dehors, la plupart des fenêtres sont condamnées et ne laissent passer que peu de clarté. Aussi que la pièce en émette autant suggère qu'elle est peut-être occupée. J'entre, et j'ouvre de grands yeux.

Je m'attendais à la présence éventuelle d'un vieux concierge, de quelques ouvriers égarés, voire même d'une planque de voyous. Mais ce que je distingue dépasse mon imagination. Des femmes, à peu près toutes jeunes, sont attachées par le cou, habillées assez légèrement. Certaines portent quelques marques de coups, discrètes. La plupart ont le regard baissé, comme résignées. Cependant, l'une d'entre-elle me repère et lève la tête vers moi. Je reste un instant stupéfaite, incapable de la moindre réaction sensée. Je m'approche d'elle. Elle me fixe, avant de chuchoter :

-Tire-toi d'ici, vite, avant qu'ils te voient.

Elle a l'air terrorisée. Au loin, j'entends une voiture démarrer. On ne peut être bien loin de la civilisation. Qu'est-ce que font ces filles là, dans cet état ? Je m'inquiète :

-Ça va ? Je vais essayer de t'enlever tes liens.

Mon japonais est très académique, et j'ai un fort accent, mais je pense être compréhensible. Je cherche autour de moi. Je n'ai rien sous la main pour leur retirer leurs chaînes, pas même un morceau de ferraille pour crocheter les serrures. Je lui adresse une moue dépitée. Elle me répond, résignée.

-Ça ne sert à rien, ils sont derrière la porte.
-Qui sont, ''ils'' ?

J'ai à peine posée la question que j'entends des pas, nombreux. Mon intuition me dit que ''ils'' arrivent. L'inconnu ne m'a jamais effrayé, mais il faut quand même avouer que ce n'est pas très rassurant. Je n'ai pas d'endroit où me cacher, à part en retournant dans l'autre pièce. J'y renonce. Qui qu'ils soient, ils vont devoir s'expliquer. Le verrou tourne, puis la porte s'ouvre. Des femmes, semblables à celles qui sont déjà attachées, entrent. Elles sont suivies de plusieurs hommes costauds. Je jette à ces derniers un regard dur et froid.

-Qu'est-ce que vous faites à ces femmes ?

L'individu massif a l'air surpris de me trouver là (et je ne peux pas le blâmer pour ça). Il interroge implicitement un de ses collègues, qui lui répond par un mouvement de tête. Puis, sans prévenir, il se jette sur moi. Son assaut est un peu grossier. Je me fends sur le côté, et accompagne son mouvement en percutant sa jambe avec la mienne. Il s'étale par terre. J'espère un moment qu'il ne s'est pas fait trop mal. Après tout, c'est un peu ma faute, je ne suis pas supposée être ici. Un deuxième gorille tente de m'attraper. Je n'ai pas d'autre choix que de lui envoyer mon poing dans la mâchoire. Cependant, il a plus de force que moi, et me retourne la frappe, que je reçois dans l'épaule. Je flippe un peu en voyant qu'ils sont trois, et que je suis seule. Puis je me concentre. Mes chances de victoire sont déjà faibles, mais elles le seront encore plus si je cède à la panique. Me souvenant de mes cours de combat désarmé, je le frappe au plexus, lui coupant la respiration. Malheureusement, le troisième homme sort un pistolet, et me met en joug. Je lève les mains. Je prend un coup dans le ventre, qui me plie en deux, puis un second. Je tombe à genoux. Game Over.

Je suis un peu désorientée, alors que le type que j'ai frappé me soulève sans délicatesse du sol. Il passe par un couloir, et semble hésiter. Après une demi-minute, un malfaiteur lui lance un simple :

-En cellule.

Au moins, je connais ma destination. Je prends une bouffée d'air, et en profite pour tenter de le questionner.

-Pouvez-vous me dire qui vous êtes ?

Il ne me répond pas, et me mène dans une pièce séparée qui ressemble bel et bien à une geôle, fenêtres grillagées, verrou à la porte. Il me laisse lourdement tomber à terre. Cet endroit est plein d'accessoires dont je ne saisis pas encore tout-à-fait l'usage. Il cherche un instant, puis trouve des menottes. Il tord mes bras derrière mon dos et me les passe sans que je bronche. Je ne vois pas trop à quoi servirait de lui résister, de toute façon, lui ou ses complices auront largement l'occasion de me tirer dessus à plusieurs reprises si je tente de m'échapper. Je peux survivre aux balles, mais c'est un risque trop grand. Je pense encore pouvoir m'en sortir en négociant. Sans m'adresser un regard de plus, il referme derrière moi.

Je me retrouve seule, dans le noir, dans le silence, sans avoir eu plus d'indication. Je tremble un peu. Je tente de me calmer. Du bout des lèvres, mais avec ferveur, je commence à faire la chose qui me rassure le plus : réciter une prière, en latin.

-Panis angelicus fit panis hominum dat panis caelicus figuris terminum, ô res mirabilis ! manducat dominum pauper, servus et humilis.
te trina Deitas unaque poscimus, sic nos tu visitas, sicut te colimur : per tuas semitas duc nos quo tendimus ad lucem quam inhabitas...

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
MP


Yukio Onoki

Humain(e)

Re : La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

Réponse 2 mercredi 03 avril 2013, 16:56:56

" Donc, vous êtes en train de me dire que vous avez trouvé cette fille dans la réserve, avec la marchandise, et que vous ne savez pas comment elle est arrivée là ? "

C'était le bouquet ! Mais à quoi jouaient ces abrutis ? Si je leur demande de supperviser le batiment pour moi, ce n'est pas pour avoir à gerer le moindre pépin ! Au lieu de ça, je me retrouve avec une intrusion, et qui aurait pu conduire à la disparition des filles. Sérieusement...

" Disparais avant que je ne m'énerve pour de bon ! "

L'homme ne se fit pas prier, et quitta la pièce en coup de vent. Pour ma part, je réfléchissais à cette situation. Il y avait des hommes à tout les niveaux, s'était impossible de s'inflitrer jusque dans les cellules sans se faire remarquer, à moins d'avoir des capacités surhumaines. D'un autre coté, on m'a rapporté que la fille semblait ne pas savoir ce qui se passait dans ces lieux, donc qu'elle était arrivée ici par erreur. J'ai beau réfléchir à tout ça, je ne vois pas comment ces deux éléments sont compatibles. Faute de mieux, autant interroger la coupable.

Une chance pour moi, elle a été mise dans la cellule spéciale, qui me sert autant de salle d'entrainement que de salle d'amusement et de torture. Je pousse la porte, pour entendre la fille terminer une prière. Tient donc... Serait-ce une religieuse ? Si tel est le cas, et qu'elle a fait voeu de chasteté, je pense avoir trouvé de quoi bien m'amuser... Mais pour le moment, j'ai d'autres affaires sur le feu.


Tient tient, voila donc la petite souris qui s'est glissée dans mes murs...
Toi et moi, on va avoir une petite discussion, d'accord ma jolie ? "


En premier lieu, je récupère un collier qui pendait du plafond, que le lui fixe autour du cou. Puis je retourne activer le treuil de la chaine, se qui a pour effet de tirer la fille vers le haut, la forçant à se mettre debout. Je constate qu'elle est plus grande que moi, mais ça ne me perturbe pas. Je sais que je suis petite de nature, et une fois qu'elle sera brisée, la taille n'aura plus d'importance.

" Bien, commeçons... Pourrais-tu me dire comment tu es arrivée dans les cellules des esclaves, et pourquoi ? "
« Modifié: mercredi 03 avril 2013, 19:13:28 par Yukio Onoki »

Telka

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Re : La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

Réponse 3 mercredi 03 avril 2013, 20:52:55

-Amen.

Le dernier mot de ma déclaration de foi a du mal à passer la barrière de ma gorge serrée. Ainsi se termine, comme tant d'autres prières, le Panis Angelicus, l'une des plus belles liturgies écrites par Saint Thomas d'Aquin, et ma préférée. Elle est normalement récitée pour le Saint-Sacrement, mais dans l'obscurité matérielle et spirituelle où je suis plongée, un tel appel à la clarté divine me réconforte. Son sens résonne dans mon esprit.

Le pain céleste devient le pain des hommes. Le pain miraculeux transcende les symboles : ô prodige souverain. Dieu assiste le pauvre, le faible, l'esclave. Dieu triple et unique, nous te supplions de répondre à nos chants, à nos hommages, et de nous investir. Conduis-nous à destination, où convergent nos volontés, dans la lumière où tu règnes. Ainsi soit-il.

Enfin, au moment où je termine mon hymne, une personne entre. La pénombre se dissipe en m'éblouissant un peu, et je dois attendre un instant que mes yeux s'adaptent avant de la distinguer. C'est une femme, pas plus vieille que moi. Elle n'est pas grande, pas musclée. Elle n'est visiblement pas armée. Elle n'est même pas effrayante. Je suis un peu rassurée. Elle, au moins, sera peut-être plus disposée à discuter que les hommes massifs et brutaux qui m'ont menée jusqu'ici. Il y a une chance qu'elle entende mes explications, même si ça présence en ce lieu ne me laisse pas beaucoup d'espoir quant à sa morale et sa mentalité. Il est même possible que ce soit elle qui orchestre tout cela. Je le sais d'expérience, bien souvent, les femmes sont plus cruelles face à une autre femme qu'un homme ne le serait. Le discours qu'elle me tient immédiatement n'augure pas grand-chose de bon. Il reflète un certain sens du théâtre... et pas dans un rôle de gentil.

-Bonjour... j’énonce quand même, histoire d'être polie. Je suis Telka de Szczecin. Je m'excuse d'être arrivée ici, ce n'était pas ma volonté.

Je ne suis même pas certaine qu'elle m'écoute. Elle semble plutôt chercher quelque-chose. Je lève les yeux, et vois qu'elle attrape un collier. Ce dernier n'est pas sans rappeler celui qu'avaient au cou les femmes que j'ai vu enchaînées, d'ailleurs, il est également relié à des mailles de métal. Être attachée ne m'enchante pas, mais je ne proteste pas. Je sais que ses hommes de main sont derrière la porte, et je n'aurais pas beaucoup plus de chance de m'échapper, carcan ou non. C'était de cette façon qu'on attachait les criminels, au moyen-âge, à la vue de tous. J'ai aussi constaté qu'ils étaient toujours d'usage sur Terra. Le contact sur ma peau est assez désagréable, mais ce n'est rien comparé au moment où elle tire sur le treuil.

Ma tête est soulevée vers le haut, et je suis obligée de me relever, sans l'aide de mes bras, menottés dans mon dos. L'exercice n'est pas facile, et assez douloureux, mettant à l'épreuve ma souplesse. Heureusement, l’entraînement régulier que je pratique comporte de nombreux travaux de contorsions, et je m'en tire seulement avec quelques tiraillement à l'épaule, et une légère éraflure à la gorge. Elle aurait simplement pu me demander de me lever, je me serai exécutée. Je retiens ma colère, et affiche un visage serein. Elle veut des explications, et je suis disposée à lui en fournir.

-Je vous l'ai dit, ce n'est pas ma faute : je m'excuse. On m'a envoyée ici sans que je sache vraiment pourquoi... Des esclaves, vous dites ? Alors cela existe encore, sur Terre ?

Il n'y a pas la moindre pointe d'insolence dans ma voix, mais c'est au prix d'un grand effort. Intérieurement, je fulmine. À bien y regarder, elle n'a pas le profil d'une marchande d'esclaves, et pourtant, elle semble considérer cela comme naturel. Je n'avais pas rencontré d'individus aussi rétrogrades depuis mon dernier voyage sur Terra. Cependant, je suis prête à lui pardonner, comme le Fils le ferait. L'Eglise elle-même a pris des siècles avant de se rendre compte de l'immoralité d'une telle pratique, même si elle était, dans ce cas, dirigée vers des individus dont la qualité d'homme n'était pas pour eux évident.

-Mais, vous êtes ?

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
MP


Yukio Onoki

Humain(e)

Re : La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

Réponse 4 samedi 06 avril 2013, 21:10:20

Jusqu'à maintenant, cette petite ne s'est pas trop débatue. Dommage. J'aurais aimé avoir un prétexte pour la faire souffrir un peu... Enfin, si elle veut m'expliquer bien gentillement son histoire, je ne vais pas non plus lui jeter la pierre. Ce sera toujours moins fatiguant que de la lui arracher de force.

-Je vous l'ai dit, ce n'est pas ma faute : je m'excuse. On m'a envoyée ici sans que je sache vraiment pourquoi... Des esclaves, vous dites ? Alors cela existe encore, sur Terre ?
Mais, vous êtes ?


Je m'approche, pour lui administrer une gifle. Pas la plus forte que je puisse faire, mais suffisamment pour que le claquement soit retentissant.

" C'est moi qui pose les questions, est-ce clair ? Mais si tu tiens vraiment à le savoir, sache que je suis à la tête de tout cela. Je me nomme Onoki Yukio, je suppose que ça doit te parler, non ?
Bien, revenons à nos moutons. Tu dis "on m'a envoyée". Qui, "on" ? Qui t'a envoyé ? "


La question est d'importance. Mon implantation récente n'a pas fait beaucoup d'heureux, et certains ont un désir de revanche. À ce titre, elle pourrait être un espion dépeché par une famille de yakuzas souhaitant me faire tomber. Elle pourrait aussi être un mouchard des prétendues forces de l'ordre. Je ne crains ni les uns ni les autres, mais j'ai besoin de connaitre l'identité de la personne derrière cette intrusion, pour en faire un exemple. Et si cette fille n'est pas coopérative, elle servira aussi d'exemple, je pense...

Telka

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Re : La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

Réponse 5 dimanche 07 avril 2013, 04:01:25

Elle me frappe. Sa main cingle ma joue, avec violence, laissant une légère marque rouge. Ça n'est pas très douloureux, en comparaison des coups de poing des gorilles dont j'ai écopé un peu plus tôt, mais le ton de la conversation est posé. Mon interlocutrice ne semble pas avoir très envie de me respecter, jusqu'à refuser les questions élémentaires et polies. Elle n'est pas si différente de ses hommes de main, niveau réponse. Je lui réponds en articulant distinctement, avec un peu plus de rancœur dans la voix que précédemment, sans pour autant devenir agressive.

-Entendu. J'ai compris que n'est pas le genre de la maison...

J’acquiesce d'un signe de tête, pas très ample à cause des chaînes qui enserrent mon cou. Son nom me dit bien quelque-chose. Je l'ai déjà entendu à plusieurs reprises, sans trop me souvenir dans quelles conditions. Je ne suis familière ni du milieu des affaires et ne fréquente pas Seikusu depuis longtemps, mais sa portée est visiblement encore un peu plus grande. Loin d'être une experte, je ne me représente pas très bien ce qu'il représente, mais je sais qu'avec quelques recherches, je ne devrais pas avoir trop de mal à trouver des choses en relation avec ce patronyme. Peut-être que j'y prêterai plus d'attention, quand je rentrerai chez-moi... si je rentre chez-moi.

-Qui ? C'est la grande question...

J'ai un demi-sourire qui ressemble juste à une grimace inquiète. Est-elle en train de chercher qui pourrait lui en vouloir ? Quel ennemi pourrait lui envoyer un espion ? Elle risque d'être déçue par la réponse, car il s'agit d'un adversaire qu'elle aura bien de la peine à combattre ou même écarter.

-Je l'appelle Dieu, mais vous l’appellerez de la façon qui vous ira le mieux. Comme disait Jean le Baptiste, je ne suis pas le Christ. Je n'ai pas non plus la puissance sainte du fils de Zacharie : je ne suis que Telka de Szczecin, et le Seigneur qui m'a touchée de sa grâce est mon berger. C'est lui qui, comme il m'a donné le don de guérir les blessés et les malades, m'a guidée ici.

Je n'hésite pas à la regarder dans les yeux. Je n'ai pas peur d'elle. J'ai peur de la situation, à la rigueur. Il n'est jamais rassurant d'être attachée dans un lieu comme celui-ci, mais je reste quand même plutôt confiante. J'ai été, je l'espère, suffisamment coopérative pour qu'elle me laisse partir. Hélas, plus j'y pense, et plus ce raisonnement me semble naïf. Elle a été jusqu'à me fournir son nom, et si on y ajoute le fait qu'elle croit peut-être que je connais l'emplacement de sa planque, elle pourrait vouloir me faire taire. Je ne sais pas trop comment m'en sortir, pour le coup. Un peu désespérée, je prends les devants.

-Si vous voulez faire de moi une martyr, alors ainsi soit-il. Je mourrai comme sainte Barbara.

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
MP


Yukio Onoki

Humain(e)

Re : Re : La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

Réponse 6 jeudi 11 avril 2013, 19:57:22

Cette fille est assez avisée pour ne pas tenter de se rebeller contre la gifle administée, mais suffisamment combatante pour marquer sa volonté. Bien. Au moins, je n'aurais pas à la faire battre pour la faire taire. La grande qestion qui me préoccupe, c'est que faire d'elle. La laisser repartir comme ça est bien sur inenvisageable : elle a vu ce bâtiment, et ce qu'il contient. La faire taire est bien moins fatiguant que d'acheter le silence des autorités. Reste à savoir comment la faire taire. La tuer purement et simplement ? Pas très raffiné... Je trouve que c'est la solution de facilité, celle de ceux qui ne savent pas se servir de leur cerveau.

Acheter son silence est une option, mais trop simple à mon gout. Et si c'est une nonne, pas sur que cela fonctionne. La menace est un choix que j'aime bien, encore faut-il trouver des éléments suffisamment importants à ses yeux... Au pire, je pourrais toujours en faire une esclave.


-Qui ? C'est la grande question...
Je l'appelle Dieu, mais vous l’appellerez de la façon qui vous ira le mieux. Comme disait Jean le Baptiste, je ne suis pas le Christ. Je n'ai pas non plus la puissance sainte du fils de Zacharie : je ne suis que Telka de Szczecin, et le Seigneur qui m'a touchée de sa grâce est mon berger. C'est lui qui, comme il m'a donné le don de guérir les blessés et les malades, m'a guidée ici.

Si vous voulez faire de moi une martyr, alors ainsi soit-il. Je mourrai comme sainte Barbara.


" Ne sois pas stupide, petite fille. Mourir en martyr n'a de valeur que si c'est pour une cause, ou pour défendre ses convictions. Or, dans ta situation, tu n'as ni l'un, ni l'autre.
Visiblement, personne ne sait que tu es ici, à part ton Dieu, et je ne pense pas qu'il ait un téléphone pour prévenir la police si tu manques à l'appel. Si tu meurs, il ne restera de toi qu'un cadavre anonyme oublié dans une quelconque fosse commune. Alors ne me sors pas tes saintes comme référence : une balle dans le coeur, quelques pelletés de terre, et personne pour honorer ta mémoire.
Bienvenue dans la réalité... "


Tout en parlant, je me suis rapprochée d'elle, passant dans son dos. La tenue qu'elle porte, et qu'elle a du trouver dans un coin, est ample au possible. Mes mains commencent donc à tracer les contours de son corps. Pour le moment, je reste très générale dans mes caresses, mais je constate qu'elle est plutôt bien faite de sa personne. Ce qui me donne envie de tester les limites de sa volonté...

" Cela étant dit, je trouverai un peu dommage de tuer un beau brin de fille comme toi... Tu n'as rien à gagner à mourir, pas vrai ? "

Telka

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Re : La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

Réponse 7 dimanche 14 avril 2013, 03:03:18

A-t-elle raison ? Suis-je une petite fille ? Par rapport à elle, je n'en suis pas sûre : elle n'est pas plus vieille que moi. Ou du moins elle ne le semble pas. Elle est maigre, fragile. Elle pourrait être une de ces frêles lycéennes qui se font agresser dans les rues sombre de Seikusu. Cela contraste, je suppose, assez, avec ma propre silhouette, athlétique et d'apparence un peu plus musculeuse, solide. Je ne pense pas souvent ainsi, mais dans une telle situation, je ne peux m'empêcher de songer que face à moi, elle ne ferait pas long feu. Enfin, si j'étais détachée, ou au moins si elle n'avait pas une demi-dizaine d'hommes de main attendant derrière la porte, sans doute prêts à intervenir.

Mais peut-être les choses ne sont pas ce qu'elles paraissent être. Il y a, dans les nombreux plans que j'ai visités, des créatures, des démons, des vampires, qui ne vieillissent plus depuis longtemps, conservant leur aspect juvénile pendant des siècles. J'ignore si j'ai affaire à l'une d'entre-elle. Comment le saurait-je ? Son arrogance pourrait tout-à-fait être celle de ces orgueilleuses et contre-nature abominations centenaires, mais je n'ai aucun moyen de le vérifier. Elle n'a de cesse de m'insulter... La question revient. Aurait-elle raison ? Vais-je mourir ici, anonyme, sans aucune reconnaissance ?

Un goût désagréable, qui n'est pas celui de mon sang, bien plus amer, envahi la bouche. Elle ne connaît pas ce que je connais. Elle ne peut réaliser dans quelle mesure je pourrais mourir en martyr. Car si je suis ici, c'est par la volonté de Dieu... qui d'autre ? En étant ici, je défends sa cause, même si elle me dépasse, et que je ne comprends pour l'instant pas le sens de mon sacrifice. Même abandonnée, jetée dans une fosse commune, ma mort n'en resterait pas moins dévouée. Vais-je vraiment mourir, ici ? Mes pensées deviennent un peu confuses, et mes considérations spirituelles ne parviennent pas à calmer totalement mon angoisse. Des images traversent mon esprit. Dieu demandant à Abraham de lui donner son fils, Isaac, intervenant au dernier moment. Une épreuve de foi. Est-ce cela qui m'attend ?

J'ai un rire rauque lorsqu'elle termine sa phrase. Ai-je quelque-chose à gagner à mourir ? J'ai vu le paradis où les anges se prélassent, assistent les mortels, combattent les forces du mal, je ne devrais pas craindre la mort. Pourtant, sa proximité me pèse. Je n'ai que dix-huit ans. Suis-je prête pour un dernier voyage dans les cieux éthérés ? Il y avait encore tant de choses pour moi à découvrir dans les dimensions terrestres. Ma tortionnaire commence à me tourner autour, à passer ses mains sur moi. Je sais ce qui m'attend probablement. L'état des filles enchaînées ne laissent pas vraiment place au doute. On pratique ici le trafic d'êtres humains. Reste à savoir si elle va juste me tuer, ou tenter de faire de moi un de ses produits, malgré ma dangerosité potentielle. Je ravale ma salive, et des répliques de plus en plus haineuses. J'essaie de croire qu'il est encore possible de trouver un arrangement. Si elle avait voulu m’abattre, elle aurait déjà pu le faire.

-Qu'est-ce que vous attendez de moi ? je lui lance, sèchement.

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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Yukio Onoki

Humain(e)

Re : La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

Réponse 8 mercredi 24 avril 2013, 20:14:33

Ce que j'attends d'elle ? Hum... Ça dépend à quel niveau. Si ma supposition est juste, et qu'elle est bel et bien vierge, je pourrais en tirer une fortune en la vendant, les jeunes filles vierges étant de plus en plus rares... D'un autre coté, cette rareté me donne envie de la garder pour moi. J'aimerai voir son visage alors qu'elle se fera pénétrer sauvagement. Je pourrais utiliser un des nombreux objets qui trainent dans la pièce, mais j'ai aussi quelques hommes bien membrés... À creuser.

À propos d'hommes, l'un d'eux frappe à la porte. Je laisse ma prisonnière et sors de la pièce. L'homme m'ayant dérangée me montre alors un léger dossier, en m'expliquant qu'il s'agit d'informations relatives à cette fille. Je le lis rapidement, puis félicite l'homme pour son initiative et son efficacité.
Ainsi donc, cette fille, Telka quelque-chose, est polonaise de naissance. Elle semble atteinte d'un don de guérison, ce qui fait qu'elle est rapidement passée au statut de sainte. À partir de là, son parcours devient étrange, puisqu'elle disparaît et réapparait à diverses reprises et en divers lieux, sans explications sur le moyen utilisé. Elle finit néanmoins par se fixer à Seikusu.


" Bien reprenons... Ce que je veux ? Déjà, ton silence.
On dit souvent que rien n'est plus silencieux qu'un cadavre, n'est-ce pas ? Et ta mort n'apportera aucune conséquence future... Mais tu es chanceuse, je trouve que cette solution manque cruellement de subtilité. Une solution typiquement masculine, pas besoin réfléchir, juste à tirer. Ah, les hommes... Des muscles, un revolver, un pénis, et rien derrière.

Donc, tu as compris, tu vivras. Je te laisserai même quitter cet endroit. Mais à condition que tu enfouisses tu ce que tu as vu, ce que tu verras, et ce qui ce passera, au plus profond de ta tête, et n'en parles jamais. Et comme je ne suis pas naïve, je vais prendre une assurance.
Dans ce dossier, j'ai une foule de noms, dont certains te sont surement chers. Comme ta famille, par exemple. Voici ce que te propose : si tu parles de quoi que ce soit, et crois bien que je le saurais si tel est le cas, alors toutes les personnes ayant leur nom inscrit ici mourront. Il y a moult organisations criminelles et tueurs de par le monde, et aucun ne crache sur de l'argent facile. Et pour te le prouver, je vais de ce pas en faire exécuter quelques-unes. "


Nul doute qu'elle ne veut pas ça. À vrai dire, ce n'est pas ce que j'ai envie d'organiser non plus. Mais je veux la forcer à négocier la vie de ses proches. À se vendre de sa propre volonté.

Telka

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Re : La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

Réponse 9 jeudi 25 avril 2013, 19:09:53

On frappe à la porte. Je me mets un instant à espérer que cette intervention sonne la fin de mon épreuve, et que quelqu'un va dire à cette gamine retorse de me laisser tranquille et de me relâcher. Je n'ai pas encore vraiment souffert physiquement, à l'exception de quelques coups desquels je me suis déjà remise, mais cela me semble déjà assez : les perspectives qui me sont passées par la tête m'ont déjà suffisamment abîmée comme ça. J'en aurais sans doute des cauchemars des jours. Malheureusement, cela ne semble être qu'un simple homme de main parmi toute sa horde qui requière son attention. Ma tortionnaire le suit, me laissant de nouveau seule.

La lumière étant allumée, cette fois, j'ai un peu plus conscience de mon environnement. J'essaie de repérer d'éventuels points de sortie. Il y a une fenêtre assez haute, que j'arriverais sans doute à atteindre, et dans laquelle je passerais peut-être... si elle n'était pas grillagée, et bien sûr, si je n'étais pas enchaînée. S'il a une occasion, je me retrouve de nouveau libre de mes mouvements, j'ai une petite chance de pouvoir m'enfuir par là, à condition que je trouve quelque-chose pour forcer les mailles de la grille. Je cherche des yeux, sur les promontoires, d'éventuels objets pouvant faire l'affaire. Je repère une sorte de pince s'écartant au moyen d'une manivelle : j'en ai déjà vu, en moins gros, dans les hôpitaux où j'aidais les malades, il me semble que le nom exact est spéculum. Il pourrait m'aider à me défaire du grillage, mais je n'ai pas envie de savoir pourquoi une telle chose est ici.

Très vite, je comprends que l’observation de ces instruments, qui semblent pour la plupart relever de l'outil de torture, ne m'apportera rien d'autre que des idées abjectes. Debout, je tremble étrangement un peu moins que lorsque j'étais assise. Mon cœur s'agite dans ma poitrine douloureuse de stress, l'angoisse ne diminue pas. J'essaie de souffler. Je ne trouve plus que le Pater Noster à réciter, je suis trop énervée pour me souvenir d'autre chose. Ma voix est basse, confuse. J'essaie de chasser les pensées macabres qui envahissent peu à peu mon esprit. Je fais quelques fautes, alors que je vais pourtant lentement.

-Pater Noster qui es in caelis : sanctisictur nomen tuum. Adveniat regnum tuum. Fiat voluntas tua, si cut in coelo, sic et in Terra...

Je n'ai pas le temps de terminer ma prière, qui est de toute façon laborieuse, malgré sa simplicité. Yukio vient de revenir, avec un dossier à la main. Je ne peux rien voir de son contenu, et elle ne m'en montre rien. Je ne baisse pas les yeux, je reste droite tant bien que mal, ce qui fait que nos regards sont presque au même niveau. Très vite, je comprends ce qu'elle est en train de m'expliquer : elle a tous les moyens à sa disposition pour me faire chanter. Peut-être est-ce du bluff, je n'en sais rien. Je ne lui ai donné que mon prénom, et un lieu... Combien y a t-il de Telka nées près de Szczecin aux alentours de 1994 ?

L’agglomération est assez grande, peut-être une cinquantaine. Mais il y a bien quelques articles sur moi, et les quelques guérisons miraculeuses de ma jeunesse, où j'étais beaucoup moins discrète qu'aujourd'hui, qui doivent encore traîner. Mentionnent-ils mon nom complet ? Quelques infos me concernant au Vatican, aussi, bien protégées, enfin... probablement. Sinon, je ne me suis inscrite sur aucun registre depuis plusieurs années, je n'ai pas de domicile fixe, ma seule activité déclarée est un travail irrégulier d'intervenante en latin. Je fais un rapide bilan que ce qu'elle aurait pu trouver. Mes parents, avec un peu de chance, des anciens camarades de classe. Si elle ne bluffe pas, il y a aussi des chances non-négligeables qu'elle se trompe de personne, tout simplement.

Au final, ça ne change rien du tout. Que je connaisse ces gens ou non, je ne peux me permettre de les laisser se faire assassiner à ma place. Je ne mérite pas un tel sacrifice de vies humaines. Je ne veux pas qu'ils meurent à cause de moi, qui qu'ils soient. La situation est risquée, si elle se sent trahie, et même si je garde le silence sur ses sordides affaires, pourquoi ne prendrait-elle pas l'initiative d'en faire abattre quelques uns. Mon regard s'assombrit sous le coup de la colère lorsqu'elle affirme s'apprêter à en exécuter une poignée pour l'exemple. Je secoue la tête nerveusement.

-Ça n'est pas correct. Ces gens n'ont rien fait. Je... Je préfère que vous me tiriez une balle dans la tête plutôt que des innocents souffrent à ma place. Tuez-moi...

Une boule dure bloque les mots dans ma gorge, et rend mon articulation du japonaise, déjà peu naturelle, encore plus difficile. Ma bouche est sèche, emplie d'un goût toujours plus désagréable. J'ajoute, plus bas, dans un souffle :

-S'il-vous-plaît.

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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Yukio Onoki

Humain(e)

Re : Re : La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

Réponse 10 vendredi 26 avril 2013, 11:37:12

-Ça n'est pas correct. Ces gens n'ont rien fait. Je... Je préfère que vous me tiriez une balle dans la tête plutôt que des innocents souffrent à ma place. Tuez-moi...
S'il-vous-plaît.


Ah, menacer des proches marche toujours aussi bien, on dirait... La fière jeune fille semblait sur le point de s'effondrer. J'avais réussi la moitié de mon pari, la faire flancher et lui faire négocier son corps. À la place, elle voulait que je la tue. Chose qui ne m'interessait pas le moins du monde.
Puisqu'elle semble abattue, j'en profite et fais descendre la chaine. Tout naturellement, la fille tombe à genoux. Je pose le dossier dans un coin, et reviens vers elle. Je passe une main sous son menton pour qu'elle me regarde, pendant que l'autre lui caresse la joue.


" S'il me plait ? Mais, je te l'ai déjà dit, non ? Te tuer ne me plaisait pas. Alors, oui, pourquoi tuer ces gens, et pas toi ? Tu as le droit de savoir...

Parce que je suis comme ça. Je veux te voir sombrer dans le désespoir le plus complet. Te voir réaliser que tu es prise au piège, et te voir te débattre en vain, avant d'être dévorée. Parce que j'adore ça. J'adore voir ce regard. J'adore voir tes yeux perdre toute lumière d'espoir. J'adore ça au point que ça devient orgasmisque, tu comprends ? "


Orgasmique, oui... D'ailleurs, je le sens, je commence déjà à mouiller d'anticipation. Trop longtemps sans avoir une volonté forte à briser. J'ai hate de voir sa réaction. Elle va surement me traiter de folle, ou tenter de se rebeller. À moins qu'elle n'abandonne complètement. Le mieux serait qu'elle me donne ce que je veux...

Telka

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Re : La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

Réponse 11 samedi 27 avril 2013, 02:22:12

Elle décroche les chaînes. Le poids du métal retombe sur mes épaules, me pèse douloureusement. Je n'ai d'autre choix que de revenir à genoux. Je n'aime pas cette posture, j'aurais préféré rester debout. Cela doit lui donner l'impression qu'elle me domine, qu'elle est supérieure. Elle doit s'en délecter, cette sadique, alors qu'elle passe sa main sur mon menton et caresse ma joue. Je détourne sèchement la tête, pour refuser le contact de sa main. Puis elle me tient un discours abject de méchanceté gratuite. Cette fille est un vrai démon.

-Vous êtes ignoble. Pourquoi tout ça ? Pour votre plaisir ? Vous n'avez pas trouvé de meilleur moyen d'utiliser vos richesses ? Il y a tant de belles causes à défendre... Quel drame a pu vous rendre aussi immorale ?

Cela fait pas mal de temps que j'ai compris qu'elle était perverse et machiavélique. Non pas machiavélique, Nicolas Machiavel était bien loin d'être aussi cruelle qu'elle. C'était un homme qui se souciait du bien-être du plus grand nombre, par le sacrifice éventuel de quelques individus, par le mensonge, la manipulation. Autant de techniques que je ne pourrais jamais approuver, mais qui n'ont rien à voir avec ce que cette gamine fait, sans doute par pur égoïsme.

-J'ai vu l'enfer. J'ai vu les ténèbres qui ne s'arrêtent jamais de brûler, les étangs de magma, la géhenne. J'ai vu les damnés être déchiquetés par des dizaines de crochets qui arrachaient leur peau nue, leurs chairs sanguinolentes. Je les ai vus soupirer et pleurer alors que leur corps était carbonisé par des tessons ardents.

Je serre les dents, alors que sa proximité devient plus forte, presque insupportable. Je ne sais pas exactement ce qui m'arrive. Sous le coup de la colère, mes menaces pleuvent. Je me retiens de haïr même les criminels les plus endurcis, mais rien que d'imaginer ce que cette fille doit faire à toutes ses esclaves, ce qu'elle va me faire bientôt, me met hors de moi. Ma voix, pourtant, est froide.

-Tu ne sais pas combien une âme peut souffrir, à quel point cette douleur est supérieure à celle du corps. Quoi que tu me fasses subir, ça ne sera jamais qu'une goutte d'eau, comparé à ce qui t'attend.

Mon regard, lui, la défit maintenant ouvertement, alors que je me mets soudain à la tutoyer. Je comprends qu'elle ne ressent pas de pitié, pas de compassion. Qu'il est impossible de négocier en termes corrects avec elle. Je n'ai plus que ma foi, et ma fierté. Je n'ai plus aucun intérêt à être servile plus longtemps.

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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Yukio Onoki

Humain(e)

Re : La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

Réponse 12 mardi 07 mai 2013, 18:57:33

Tiens tiens tiens, on dirait que j'ai fini par toucher un point sensible. La gentille petite fille sait mordre, finalement. Tant mieux, ça ne rend la séance que plus intéressante. Je la regarde pendant qu'elle me dit tout le mal qu'elle pense, toutes les menaces qu'elle imagine. À dire vrai, pour moi ça ressemble à des aboiements. Dur à supporter pour les oreilles, mais c'est tout. Je la  laisse finir, avant de lui sourire.

" Un drame ? Je dirais plutôt un éveil... Un éveil à certaines particularités de la psyché humaine...
Je te parais peut-être ignoble, mais ce que tu dois savoir, c'est qu'il y a des gens, beaucoup de gens, qui se moquent bien de savoir comment je suis, du moment qu'ils ont leur part du gâteau. Tout le monde n'est pas comme toi, ni ne pense comme toi. Et il y aura toujours quelqu'un pour prendre ma place.

Quant à ton baratin sur l'enfer, les pêcheurs, et tout ça... Es-tu vraiment sure de ce que tu annonces ? Qui décide qui doit y aller, et sur quels critères, hum ? Et pendant qu'on y est, es-tu sure que tous les pêcheurs y vont, sans exception ? As-tu vu au moins une personne que tu connaissais, et qui méritait d'y aller ?

Enfin, si ça peut te rassurer, je ne m'intéresse pas tant à ton corps qu'à ton esprit. Car vois-tu, c'est briser un esprit qui m'intéresse. Briser un corps, c'est facile, n'importe quel idiot armé d'une batte est capable de le faire. Briser un esprit, c'est tellement plus subtil...
Tu as vu mes hommes de main et mes esclaves, n'est-ce pas ? T'es-tu demandée comment ils en étaient arrivé là ? L'argent pour les uns, la menace pour les autres ? Ce n'est que la moitié de la réponse, très chère... Car le lien que j'ai avec eux est bien plus profond et intime...

Intrinsèquement, l'Homme a toujours eu une part sombre en lui. C'est le seul animal capable de faire ds choses pour des motivations telles que le plaisir, l'envie... Des motivations inconnues du reste des animaux. Et c'est en jouant dessus que corrompre un esprit est si facile... Prenons mes hommes de main : je leur offre ce qu'ils désirent, une personne pour les guider, et les autoriser à faire des choses qu'ils ne pouvaient pas faire auparavant. Contre un peu d'obéissance, ce n'est pas si cher payé, non ?Et mes esclaves... Les chaines du plaisir sont si insidieuses... Dès qu'elles commencent à s'accrocher, c'est impossible de s'en défaire. Ces filles sont devenues esclaves à moitié par consentement, si ça leur permet de recevoir leur dose de plaisir sexuel. "


Je recule un peu, gardant mon sourire. Je veux savoir quelle sera sa réaction. Que répondra-t-elle ? Comprendra-t-elle la futilité de sa lutte ? Je ne pense pas qu'elle abandonnera, mais si je parviens à planter une graine, alors cela la sapera pour le restant de sa vie.

Telka

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Re : La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

Réponse 13 dimanche 12 mai 2013, 05:57:00

Au moins n'a-t-elle pas remis cette histoire de dossier sur la table. Elle essaie de s'expliquer, d'une manière qui serait presque honnête, si la situation n'était pas telle qu'elle est. Je me calme un peu. Si elle se soucie des justifications, alors c'est qu'il y a encore une part de bien en elle. Le Diable fait le mal pour le mal, sans autre objectif, et donc sans raison à avancer autre que sa nature elle-même. Nous n'en sommes pas encore là.

-Quand je te dis que j'ai vu l'enfer, c'est pas qu'une... expression. Je ne fais pas qu’apparaître dans des hangars à esclaves. Comment est-ce que tu crois que je suis arrivée ici ? Les démons, les damnés, les supplices. Tu y aurais ta place, si c'est ce qui t'inquiète...

Je relève le menton. Parler, je sais le faire, tant qu'elle s'abstient de me toucher, tant qu'elle s'abstient de faire peser son chantage sur les membres de ma famille. Ce n'est pas une attitude de défi que je lui oppose. Ce serait stupide, c'est unilatéral, elle est la seule en mesure de me faire souffrir, en mesure d'exercer une pression physique sur moi.

-Mais si tu veux parler de cosmologie, j'aurais préférée être détachée.

Les questions qu'elle amène sont intéressantes. Je les ai toutes étudiées longuement, et avant moi, Saint Augustin, Saint Thomas d'Aquin ont écrit à ce sujet des textes qu'elle ferait bien de lire. Ce sont des sujets qu'il est agréable d'aborder avec un érudit à la terrasse d'un café. Pas enchaînée dans une cave lugubre. Je me contente du minimum.

-Le libre arbitre. Dieu a laissé l'Homme de faire le mal, pour qu'il puisse avoir du mérite dans le bien. C'est ce qui différencie l'homme de l'animal. C'est long à expliquer, mais là aussi, je le ferais si tu m'en laisses l'occasion. Transformer les gens en bêtes assoiffées de... je ne sais quoi, ne les fera pas t'aimer plus. Tu prends le mauvais chemin. Es-tu aveugle ? Pourquoi est-ce que tu ne vois pas l'évidence ? Le malheur que tu engendres ? Qu'est-ce que tu cherches ?

Je souffle. Si Dieu m'a amenée ici, m'a transportée ici, ça n'est peut-être pas tant pour m'imposer une épreuve de foi que pour que son enseignement parvienne à cette terrifiante jeune femme. Je songe à toutes les vies qui pourraient être sauvées de la corruption si elle avait le moindre doute, si le moindre germe de morale christique naissait dans son esprit torturé. Les choses me paraissent claires. Il y a peu de chance, évidemment, que mes paroles l'atteignent aussitôt, c'est un pouvoir que seuls possèdent les plus grands saints. Je dois me résigner, en espérant que ce que je lui dis fera, un jour, son chemin.

-Tu sais, au contraire de la mienne, la patience du Seigneur est infinie... Tu peux encore éviter l'enfer. Il n'est jamais trop tard pour tenter de réparer ses fautes. Quoique tu décides de me faire, j'espère que tu t'en souviendra. Ma foi, peut-être, faillira. Je ne suis pas le Christ, je ne suis pas un esprit céleste, je ne suis qu'une femme, comme toi. Mais rappelle toi que le purgatoire n'est jamais fermé à ceux qui sont sincères.

Les chaînes pèsent lourd sur mes épaules. J'ignore encore quelles sont ses intentions précises à mon égard. Je doute qu'elle-même sache très bien quoi faire de moi. Si elle ne se rend pas compte que ses discours abjectes ne font que renforcer ma détermination, alors peut-être tardera-t-elle à passe à autre chose. Cela me laissera un peu plus de répit, autant qu'il en soit ainsi.

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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Yukio Onoki

Humain(e)

Re : La justice ne gagne pas toujours [PV - Telka]

Réponse 14 jeudi 16 mai 2013, 00:14:03

Et bien, je ne m'étais pas attendue à recevoir un prêche. C'est tellement incongru que j'en éclate de rire.

" Hahahahaha !
Aah, décidément, j'ai l'impression que tu es bien naïve... Je me moque de ton enfer, la religion n'est qu'une invention humaine, tout comme les préceptes qu'elle contient. Alors ces histoires de Bien et Mal... Une vaste blague !


J'eclate à nouveau de rire, avant de prendre son visage dans mes mains, et de la forcer à me regarder.

" J'engendre le malheur ? Peut-être... Mais si tu crois que j'en ai cure, tu te trompes. Et je me moque bien de savoir si ceux qui m'obeissent m'aiment ou pas. Ils sont juste des outils pour moi, liés à ma volonté. Ils me sont utile, je les garde, ils ne me servent plus, je m'en débarrasse. Simple, non ?

Je vais te dire ce que je suis. Je suis un prédateur. Je chasse et prends ce que je veux. Et si on me résiste, je sors les crocs et pulvérise ceux qui croyaient me barrer la route. Et ainsi de suite, eternellement. "


Pendant que je la regarde de près, je me fait la réflexion que cette fille est pas mal. Un joli petit bout de nonne, vraiment. Le genre de visage qui, avec un air torturé, serait vraiment plaisant à regarder.
Parler est bien, mais ça prend trop de temps pour obtenir ce que je veux, et ma patience a des limites. Tant pis pour la finesse, puisqu'elle résiste, je lui ferai la démonstration de mes dires.


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