Petit con. (Gabriel)

- Petit con.

Les mots sonnèrent comme une sentence. Sortez le couperet, Molly va trancher. Ses doigts continuèrent de pianoter la table. L'élève, face à elle, se triturait nerveusement les mains, risquant de les briser au passage. Quand elle lui avait murmuré d'aussi doux mots, il n'avait pas tiqué. D'habitude, il l'ouvrait, sa petite gueule, quand quelque chose ne lui plaisait pas. Mais là, face à elle, et face aux faits qui l'accablaient lourdement, il ne pouvait que se taire. Et elle, elle ne pouvait qu'en profiter. Un sourire narquois poussa à la commissure de ses lèvres, tandis qu'elle continuait à faire les cent pas dans la classe. Les flics allaient débarquer d'ici peu. Ce petit jeune aux cheveux blonds avait fait le con. Il cachait ses paras de MD un peu partout dans le lycée, histoire d'être à l'abri. Sauf qu'il s'était fait pincer. Et qu'on ne profite pas aussi facilement d'un lycée. On lui avait découvert un casier judiciaire pour les mêmes soucis, et patati, et patata. Bref, en parfait petit délateur, le directeur avait appelé les forces de l'ordre. Et Molly, réputée pour ne pas être une tendre, devait le surveiller jusqu'à ce que les policiers arrivent.

- Comme si je n'avais que ça à foutre.

- Madame, je ...

- Oh, ferme-la ! Ferme-la !

Il la fixait, les yeux globuleux. Ce qu'il faisait pitié.

- Faut être sacrément con pour cacher ça dans un bahut. Tu t'es mis dans la merde tout seul. Tu assumes.

Et comme elle respectait vachement la loi, elle s'alluma une cigarette dans la salle de classe, ouvrant la fenêtre au passage. Il voulut lui faire une remarque, mais elle agita son index. Qu'il ne joue pas au plus fin. Entre la trentenaire qui clope et l'adolescent qui deale, le choix serait vite fait. Molly appuya ses coudes sur le rebord de la fenêtre, se cambrant un peu au passage. Qu'il la mate, si ça l'amusait. Ce serait son dernier petit plaisir avant de se faire coffrer.

Gabriel enrageait. Moucher des morpions ! Il n’avait que ça à foutre il fallait croire ! Il devait aller dans un lieu où les gamins se torchaient le cul dans le sable à grand coup de couches culottes ! Il avait autre chose à foutre, sérieux !  Limite si on l’avait pas foutu à la porte à coup de pompe dans le rectum ! Mais il n’avait même pas fini son café ! Un peu de respect putain ! Non, madame, pas vous, la putain, ce serait une insulte, pour les catins….

Gabriel monta dans la bagnole et se lança, seul, sous le soleil de ce début de journée, il était à peine onze heures et demie. Le commissariat avait été contacté il y avait une heure, on avait retrouvé un gosse avec assez d’ecstasy pour défoncer toute sa classe ! Et encore, ce n’était que ce qu’il avait sur lui…. Il avait apparemment d’autres réserves.

Mais bordel, les stups et les mineurs, ce n’était pas son taff !  Il bossait du côté de la brigade criminel ! Il avait rien à foutre de tout ça et était le premier à avoir recours à un pétard de temps à autres, mais rien de plus ! Il sourit, pensant soudain que ce gosse avait au moins permis de s’engueuler avec le commissaire. Encore une fois.

Finalement il arriva au lycée, onze heures vingt. Il était suivi par une autre voiture de police qui était partie juste après lui. Eux, ils embarquaient le gosse avec l’arrivée des parents directement au poste de police. Il se dirigea vers le bureau de la direction pour prévenir qu’il était là et le directeur les invita à le suivre pour aller directement dans la bonne pièce, celle qui contenait le délinquant.

Le directeur les pria d’entrer. Les deux flics laissèrent gabriel entrer. Il y avait une bonne odeur dans cette pièce, il inspira à plein poumons pour reconnaitre l’odeur âcrement délicieuse de la nicotine. Il expira et sourit. Ça y est, il se sentait mieux, beaucoup mieux ! Il eut même la force et le plaisir de sourire.

« Bon, c’est là qu’on a notre petit crétin inconscient ? Bon, merci de vous être occupé de le surveiller… vous avez trouvé quoi comme quantité de drogue ? Car je suppose qu’ils ont exagéré en disant qu’il y avait de quoi défoncer toute l’école… »

Il saisit une chaise, la renversa et s’installa à califourchon dessus, regardant le gosse.

« Tes parents te rejoindront au commissariat avec le juge pour mineur, t’es dans la merde gamin. Mais fallait réfléchir avant d’agir… je te laisse suivre les deux balourds... »

Il regarda à nouveau la prof, se permettant même de lorgner outrageusement son corps de bas en haut puis de haut en bas. Jolie cette nana. Que les profs fassent dans le sexy l’étonnait ! Mais bon, une prof sexy, qui jouait avec les règles. Il la regardea droit dans les yeux et lui lança, amusé :

« Dis, tu ferais tourner ta clope ? J’ai pas eu le temps de finir la mienne avant de venir. Juste une ou deux lattes ! »

Oui, tutoiement, il n’avait jamais été doué pour le respect des convenances.

Dieu merci, les flics ne se firent pas désirer. Ils arrivèrent même plutôt rapidement. Molly n'eut même pas le temps de finir sa cigarette. L'adolescent s'agita, quand les agents de l'ordre - sur qui elle s'énervait assez fréquemment lors de free-party - entrèrent dans la pièce. C'était fini pour lui. Oh, bien sûr, elle aurait pu faire preuve de compassion, comprendre. Après tout, elle aussi se démontait joyeusement la gueule, parfois. Mais non. Pas envie. Ce môme, elle ne savait pas le blairer. Elle lui adressa un au-revoir moqueur de la main, tapant de l'index sur sa clope pour dégager les cendres. A elle, on ne fit aucune remarque. Que le Japon soit une terre très à cheval sur les principes, Molly n'en avait rien à caler. Elle était anglaise, issue des squatt et des rave violentes. Alors, fumer dans un lieu non-fumeur, ça ne la faisait pas vraiment culpabiliser. Elle n'en avait même rien à foutre.

- Dis, tu ferais tourner ta clope ? J’ai pas eu le temps de finir la mienne avant de venir. Juste une ou deux lattes !

La prof' haussa un sourcil. Et lui tendit la cigarette d'une main, s'éloignant de la fenêtre. Elle comprenait le manque de nicotine, et se révélait d'ailleurs très solidaire vis-à-vis des fumeurs, mais le tutoiement restait un mystère. Aussi lui adressa t'elle un charmant :

- 'Vous', s'il vous plaît.

Le ton était relativement cinglant, mais pas blessant. Molly se tritura un moment les mains, avant de répondre à la question qu'il venait de poser.

- Nous avons trouvés trente grammes, cachés ici et là dans l'école. Soit l'équivalent de 190000¥.

Elle hocha la tête en direction de l'élève, souriante, un brin moqueuse. C'était beaucoup. A bien y réfléchir, elle aurait du taper dedans, tiens. Mais elle ne souhaitait pas plus que ça s'attirer des ennuis, aussi s'était-elle privée de ce plaisir. Dommage. Une bonne soirée s'annonçait, bientôt, dans une usine reconvertie.

Passant une main dans ses cheveux, elle s'appuya sur le bureau qui siégeait dans la pièce.

- Que risque t'il ?

Avec obligeance, elle lui tendit de quoi s'envoyer sa dose. Il prit la clope, fuma un peu alors qu'il ignorait sa connerie, il tutoyait qui il voulait quand il voulait. Donc non, le vouvoiement, il ne lui plaisait pas de l'utiliser. Il n'offrait que rarement le vouvoiement sans raillerie, alors si elle voulait qu'on se foute d'elle, pas de soucis, il ne se gênerait pas. Mais elle en aurait vite marre, bien avant lui.

Mais d'abord, on respire un bon coup et on l'écoute finir de parler. Trente grammes, pas mal, même s'il s'attendait à plus... concernant les ridques et bine, disons que c'était variable, il pouvait risquer beaucoup ou peu en fonction de son age, du juge des mineurs, de la manière dont le gosse se comporterait...

Dans une caricature honteuse et grossière d'une révérence il prit son inspiration pour trouver une manière correcte de lui faire comprendre que sio elle espérait la moindre politesse, il fallait que ce soit mérité, c'est quand même normal, non ? Si, bien sur que si. Malheureusement ilm n'y avait pas que les gosses qui pensaient que tout leur été du. Sur son ton le plus railleur, il lança :

« Que son altesse me pardonne, dans sa grande puissance et sa grande magnificence elle a du oublier que je pensais ne m'adresser qu'à une prof... mais je vais corriger cela immédiatement. Souhaitez vous me donner le fouet pour un tel manquement ou pensez vous opouvoir vous montrer magnanime ?  Ah, et votre altesse préfère-t-elle une simple gé,uflexion ou que je touche le sol de mon front devant sa divine majesté ? »

Foutage de gueule en bonne et due forme, elle devait l'avoir senti et Gabriel serait ravi si c'était le cas, c'était le but. Que l'on soit cinglant ou blessant, c'était toujours une forme d'agression selon Gabriel, aussi, fallait pas s'étonner de sa réaction, d'abord de la raillerie, puis de la méchanceté et pire par la suite si besoin était... toujours cette manière de se protéger des plus douteuses.

« Je doute de pouvoir être formel sur l'avenir de ce jeune homme, mais je ne doute pas d'une chose... déjà je pense qu'il va être viré, puis, faute d'éducation, il se tourna vers la délinquance, premioer séjour en prison avant d'avoir atteint sa majorité et sans doute vie adulte passée àà commettre des actes illégaux parce que le corps enseignant n'a pas sur lui transmettre des valeurs respectables, votre altesse. »

Il gardait un genou en terre mais pas la tête baissée, non, il la regardait droit dans les yeuix avec une lueur de défi dans le regard...

« Juridiquement par contre, sans doute un casier, ptetre un peu de maison de correction, pas longtemps sans doute, mais déjà bien assez, ne faisant sans doute que renforcer ses actions basées sur le laxisme de la surveillance au lycée... puis il sera rendu à ses parents.... ou alors, il aura des travaux d'intéret général à faire et une cure de désintox... »

Finalement il se releva et ajouta toujours sur le même ton.

« Mais puis-je savoir en quoi le sort de cet élève vou préoccupe, princesse ? Amant ? Bouche-trou ? Chouchou ? »