Et ça y est. Ca aura pas duré longtemps, cette petite escapade au Japon. Les flics m’ont choppé... Je soupire, avant de relever la tête avec un grand sourire. POUR QUE DALLE ! Ils m’ont choppé pour que dalle ! Hahahaha, quelle bande de guignols, j’y crois pas ! Je fais des sales affaires à longueur de temps, et ils m’arrêtent pour trouble sur la voie publique ! Haha, c’est tellement énorme ! Tout ça parce que je chantais à tue-tête au milieu de la rue après avoir bu un petit coup de trop. Bon, par contre, après, quand ils m’ont interrogé, j’aurai dû éviter de dire autant de conneries, parce qu’ils m’ont obligé à aller passer un examen psychiatrique pour m’assurer que je n’étais pas fou. Je suis pas sûr que ce soit bien légal, mais bon, j’ai pas envie de me faire emmerder plus que ça. Et moi voilà ici, devant le cabinet. Il fait beau, le ciel est clair, je suis bien. Et je vais aller m’enfermer dans une salle hermétiquement fermée avec sûrement un vieux dégueulasse à lunettes qui va essayer de me tirer des aveux, des épanchements et tout le tralala pour satisfaire sa curiosité professionnelle et lugubre. J’ai jamais pigé les gens qui faisaient ce métier. Je vois pas spécialement l’intérêt de faire s’allonger des patients pour les faire juste parler. Si le mec a un problème, tu lui fous une tarte, je te garantis que ses soucis, il les oublie vite fait.
Bon. Trêve de digressions. Il est temps d’y aller, plus vite j’entre, plus vite je sors. Je pousse la grande porte, et monte un petit escalier très design. Au moins, il a su choisir son bâtiment, le vieux. Les murs brillants, des tas de miroirs. La classe, quoi. J’arrive sur un pallier, et j’entre dans la première pièce, où il est noté « Dr.Ellison » sur la plaque. J’incline la tête, avant de hausser les épaules. J’arrive dans une salle d’attente, et une secrétaire vient finalement me chercher pour m’emmener jusqu’à la porte du psy. J’inspire longuement, et pousse le battant.
Et là... Surprise totale. En guise de vieillard libidineux, aigri et décrépi, j’ai Miss Tee-Shirt mouillée 2013. Lady Secrétairecochonne. Dame Sexy. J’en reviens tellement pas de ce que je regarde, que je reste un moment immobile à l’observer. Et je finis par m’avancer. Et m’asseoir alors qu’elle me désigne le siège en face de son bureau d’un mouvement de tête vachement subtil. Je m’étends, dépose les pieds sur ledit bureau, remonte mes lunettes du majeur, et balance, en guise de présentation :
«- Les lunettes, vous en avez réellement besoin ou c’est juste pour exciter le patient ?... »
Accompagné d’un de ses sourires charmeurs dont j’ai le secret. Bon, c’est un sourire normal, voire même un peu ironique, mais j’ai le droit de m’imaginer des trucs. Genre sourire bright. Avec l’étincelle qui clignote devant les dents et la main passée dans le cheveux. Je ne fais que sourire, hein, mais je pense à ça et ça me fait marrer.
«- Pardon, mais je vois pas du tout ce que je fais ici, alors... Si on pouvait se grouiller. Vous avez besoin de mon nom et de mon prénom, c’est tout ? »
Et sûrement que je m’étende sur ma vie et mes pensées. Mais ça, elle peut toujours se gratter. En tout cas, même si je parle, ça fera aucun effet. J’ai jamais eu honte de rien, et j’ai jamais hésité à répondre aux questions.
«- Cela dit, si vous voulez un plongeon dans le passé, accrochez-vous à vos jolies petites fesses - ou en tout cas, vu votre visage, j’imagine que ce qui se cache sur le bureau doit être de la même qualité -, parce que ça va swinguer. »
Et j’ai jamais dansé de ma vie, qu’on se le tienne pour dit.