Depuis son balcon, Edea voyait une masse indistincte et compacte, un regroupement d’individus et de gens qui la regardaient. Les petits enfants étaient sur els épaules de leurs pères, et les plus fortunés utilisaient cette nouvelle technologie importée de Tekhos, les téléphones portables, pour la photographier, ou la filmer. Les caméras de la télévision braquaient leurs viseurs sur elle. Elle n’avait aucun papier devant elle, n’avait préparé aucun discours. Edea n’était pas une très bonne politicienne, et, en tant que sorcière pure souche, elle détestait l’humanité, ces êtres ignares qui avaient traqué et opprimé les sorcières au cours des siècles, les condamnant au bûcher, les torturant, les violant, sans aucune autre raison que la superstition et la peur que les êtres supérieurs impliquaient sur la masse. Elle s’éclaircit lentement la gorge, faisant la moue, attendant que l’ovation se calme, et commença à parler.
« Galbadiens, Galbadiennes... Je reviens d’un long voyage depuis l’Empire d’Ashnard, qui s’est achevée de la plus agréable des manières, par la signature d’une convention de paix entre Galbadia et l’Empire. »
Cette déclaration suscita une ovation. C’était bien dans un système dictatorial qu’on avait droit à une telle ovation. Edea n’était pas faite pour la politique, et, si elle préférait la dictature, c’était parce que ce système permettait de ne pas avoir d’opinion contestataire, et de permettre de manipuler les masses, afin qu’elles soient soumises.
« Cette convention amènera les Ashnardiens à envoyer vers notre archipel des matériaux et des ingénieurs, afin de nous aider à reconstruire Centra. »
On continuait à la photographier et à la filmer, et, indifférente, elle observait les gens. Jadis, le regard des enfants aurait sans doute pu l’attendrir, mais, plus elle voyait ces humains, et plus elle les imaginait en train de l’invectiver, sur un bûcher, alors que le feu lui léchait les pieds, et que ces mêmes enfants, quand on la traînait avec des chaînes le long des rues, lui balançait à la figure des pommes pourries et des gravats. Dans leur innocence, les enfants pouvaient faire preuve d’une terrible cruauté. Elle ne ressentait donc rien de sympathique pour eux.
« Cependant, les Ashnardiens ne fourniront que peu d’ouvriers. Il faudra donc vous attendre à devoir travailler encore plus durant les prochains mois, humains. En conséquence de quoi, l’âge légal à partir duquel les mineurs peuvent commencer à travailler sera révisé, et des camps de travail ouvriront sur Centra, le temps de la reconstruction de l’île. »
Là encore, il n’y eut aucune contestation. Le pire était qu’ils n’étaient même pas atteints par la magie, même pas hypnotisés. Ils étaient simplement endoctrinés. C’était aussi simple que ça. Comment pourraient-ils contester son avis ? Ceux qui le faisaient disparaissaient toujours, ne revenant plus jamais. Des soldats venaient les trouver, et les embarquaient, aussi bien en plein jour qu’en pleine nuit.
« Les navires ashnardiens arriveront à Dollet dans quelques jours, amenant avec eux les marchandises. Les travaux commenceront dans les plus brefs délais. Je compte sur vous pour aller vous inscrire auprès des bureaux d’inscription qui ouvriront dans les mairies de chaque commune. »
On l’applaudit encore, et Edea sentit alors une menace dans son dos. Elle se retourna subitement, et vit que les deux Galbadiens étaient au sol, la gorge tranchée. Elle fronça les sourcils, sentant un mouvement, et brandit sa main gantée, envoyant une onde d’énergie qui frappa un homme invisible qui allait bondir sur elle. Poussant un cri de douleur, un homme roula sur le sol, son brouillage optique étant détruit. Il portait des vêtements noirs, une cagoule sur la tête, et des armes blanches. Il se releva rapidement, se mettant en position de combat, ce qui arracha un sourire à Edea. Elle envoya des éclairs depuis ses doigts, qui rebondirent alors sur un bouclier que l’homme forma avec ses doigts.
*Un mage... Voilà qui est intéressant...*
En contrebas, la situation se mit à rapidement dé générer, et il y eut des cris de panique quand plusieurs explosions simultanées retentirent, près des fourgons des soldats galbadiens. Des tueurs s’avancèrent rapidement, se dirigeant vers le palais. Edea ne tarda pas à repousser l’assassin, envoyant un cône de glace qui perça son bouclier, et lui transperça la gorge. Elle se retourna alors, et employa à nouveau sa magie. Plusieurs des gargouilles se trouvant le long de l’arc se mirent à bouger, prenant vie. Des gargouilles bondirent alors, fondant vers le plais, renversant plusieurs des civils effrayés, les piétinant. Les monstres poussaient de sordides grognements, tandis qu’Edea resta juchée sur le balcon, observant la scène.