Elle l'avait cherché ! [Jad Kyotsuke]

Assise tranquillement à sa place pendant le cours de métaphysique, Léna fulminait sec !
Déjà, ce cours était chiant au possible mais en plus, sa voisine commençait vraiment à l'énerver d'une force hallucinante. Cette petite peste avait voulu rentrer dans son groupe la semaine passée, mais après seulement un petit essai tout ensemble, la blonde avait été très claire avec Yuna : elle n'avait aucun talent et ne pouvait pas les rejoindre ! Dit avec aussi peu de pincettes que possible, ce qui faisait que depuis une semaine, c'était la guerre ouverte entre les deux filles, et tout était bon pour se pourrir la vie ! Tag sur le casier, rumeurs fausses et pas super sympas, objets lancés pendant les cours ... à tel point que maintenant, elles ne supportaient même plus de se voir. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, il avait fallu qu'elles soient voisines pendant ce cours ... .

"Shinji est amoureux de moi de toutes manières, alors si je lui demande, il quittera ton groupe de merde pour en monter un avec moi !
- Franchement tu rêves, il mettra pas sa carrière de bassiste en jeu pour une greluche comme toi, reviens sur terre.
- s'il te fréquente toi, c'est qu'il a pas beaucoup d'ambitions de toutes façons ... .
- Oh mais t'en veux une toi ?!!!"

Léna n'avait jamais été d'une grande patience, et après les petits gestes et les petites insultes échangées depuis le début du cours, ça c'était trop. Elle était d’ailleurs si énervé qu'elle avait bondi sur place tout en criant, giflant Yuna au passage.

Depuis ça rencontre avec Mania, Jad avait appris à maîtriser ses pouvoirs. Au départ, tous ses élèves semblaient tellement inspirés par son cours qu'ils ressemblaient à des zombies. Mais à force, il arrivait à limiter son pouvoir à un simple intérêt pour sa matière. Il s'amusait aussi à augmenter la curiosité de certains élèves pour qu'ils posent des questions. Cela se limitait à cela, ce qui était bien suffisant pour le coup. Seulement, durant les derniers cours, il remarqua une certaine catégorie d'élèves qui semblait résister, volontairement ou non, à son pouvoir. C'était intrigant, mais comme il était en cours, il n'y prêta pas attention plus que cela.

L'une de ses élèves était une dénommée Lena Sanders qui avait rejoint son cours il y a peu. Il n'était pas obligatoire, elle devait avoir ses raisons de venir. Mais le souci était qu'elle était non seulement assez turbulente, mais également distraite. Sa voisine, Yuna, n'était pas mieux, mais la jeune Léna parlait plus fort, ce qui attirait l'attention sur elle. A plusieurs reprises, j'avais rappelé à l'ordre les deux jeunes filles, mais rien n'y fit. Au bout d'un moment, agacé, je demandai aux élèves d'écrire leur opinion sur la réflexion de Freud sur les rêves et leurs interprétations, ainsi que leur propre analyse du monde onirique et de son intérêt réel. Seulement, malgré le devoir, les deux jeunes filles ne cessaient pas de discuter.

Soudain, Léna se leva et hurla, tout en frappant Yuna. Les autres élèves se retournèrent brusquement, alors que je me levai et passait de l'autre côté de mon bureau pour les atteins et les séparer. Les deux demoiselles se battaient comme des furies, mais j'arrivai à mettre Léna dans un coin de la pièce et sa camarade dans l'autre :

« Mademoiselle Sanders, vous restez là, je ne veux pas vous voir bouger d'un iota, c'est clair ? »

Je me tournai vers l'autre élève qui avait une belle trace de main sur sa joue gauche et un peu de sang sur le nez. Je soupirai en l'aidant à se relever tout en sortant un mouchoir de sa poche :

« Bon, vous n'avez pas grand-chose. Mais il va falloir s'occuper de ce saignement de nez, si vous ne voulez pas avoir des taches rouges sur votre uniforme. »

Il plaça le mouchoir sous le nez de la demoiselle qui le maintenu fermement. Juste à ce moment-là, la sonnerie retentit. Je soupirai d'avantage et dis aux élèves :

« Tout le monde, vous pouvez rentrer chez vous. Je veux votre devoir sur mon bureau demain, je charge votre responsable de classe de les ramasser à la première heure. Mademoiselle Riruka, accompagnez là à l'infirmerie, ils appelleront ses parents après l'avoir soigné. Mademoiselle Sanders, asseyez-vous à votre table et n'y bougez pas ! Je souhaite vous parler, davantage après ce qui vient de se passer. »

Les autres élèves sortirent du cours après avoir pris leurs affaires. S'assurant que Léna restait à sa place, Jad donna quelques directives à la fille qui accompagnerait la blessée qui, pour sa part, pestait contre la "connasse" lui ayant abîmé son visage. Lorsqu'il n'y eut plus personne, Jad se tourna vers Léna, le regard neutre. Il s'approcha et prit la chaise sur le bureau devant l'élève et s'y installa, croisant les jambes. Il l'observa un moment, avant de lui demander :

« Vous n'êtes pas une mauvaise élève. Mais après aujourd'hui, vous pourriez bien être vite mise au banc des délinquants de bas étage qui finissent hors de cet école. J'aimerai savoir ce qui était si important pour que vous risquiez de perdre votre place dans ce lycée, et surtout vous donner le statut de délinquante juvénile jusqu'à votre majorité où on vous donnera un autre titre moins enviable. Je vous écoute, mademoiselle Sanders. »

Léna était véritablement trop en colère pour réussir à se calmer, et elle avait donc frappé Yuna sans même s'en rendre compte, la gifle partant toute seule avant même qu'elle n'ait pu s'en rendre compte. Une claque qui n'allait pas ramener le calme entre les deux jeunes filles qui semblaient vraiment plus intéressées par leur engueulade que par le cours, d'autant plus qu'elles s'étaient déjà faites rappeler à l'ordre plusieurs fois par leur professeur. Et aussitôt, Yuna tenta de répliquer elle aussi par un coup qu'elle loupa, et ce fut une véritable guerre qui se déclencha sous les regards de tous, forçant le professeur Kyotsuke à intervenir lui-même pour éviter que l'une de ces deux furies se fassent vraiment mal. Un instant plus tard, les deux-là étaient donc séparées même si avec quelques difficultés, et Léna n'était toujours pas calmée malgré le sang coulant du nez de Yuna. Elle l'avait bien cherché et elle méritait même plus !

Sauf que pour le coup, c'était maintenant la blonde qui était dans la galère ... . Avec un soupir, elle s'essaya donc à sa place sans rien dire, sentant bien qu'elle allait avoir des soucis à cause de son fichu caractère. Et sitôt le professeur assis en face d'elle, Léna se dit qu'elle avait vraiment déconné cette fois-ci, ce qu'il lui confirma bientôt.

"Quoi ?! Délinquant pour une simple baffe ?! C'est abusé je trouve, elle l'avait bien cherché !"

Il aurait sans doute été plus intelligent de se taire et de ne pas en rajouter, mais Léna trouvait cela si injuste qu'elle n'avait pas pu se retenir. Elle se calma toutefois un peu après ça.

"Cette garce essaye de détruire mon groupe parce qu'elle est trop nulle pour y rentrer, elle préfère se venger sur moi à la place de vouloir s'améliorer."

Normalement, vouloir s'améliorer était quelque chose de naturel, alors peut-être que son professeur pourrait comprendre. Même s'il fallait l'aider un peu.

"Vous n'allez quand même pas me dénoncer alors que tout n'est pas de ma faute, non ? S'il-vous-plait professeur."

C'était le moment pour sortir ses yeux de biche et son air malheureux.

Jad, installé confortablement devant elle, eut très vite la réponse à ce qu'il s'était passé : c'était bien une histoire personnelle, comme il l'avait deviné. Quelque chose hors du lycée. Il écouta ce qu'avait à dire la demoiselle, attentivement, sans rien répondre. Il comprenait, bien entendu, mais il restait un peu dérangé par ce qu'il venait de se produire. Après tout, elle avait frappé une élève dans son cours, en face d'autres élèves. Perdre le contrôle, Jad savait ce que c'était, pourtant.

Lorsqu'il sortit de sa réflexion, il remarqua qu'elle lui faisait les yeux de biche, des yeux larmoyants, pleins d'espoirs. C'était le genre de regard qui ne trompait personne, encore moins le professeur de métaphysique. Il l'observa quelques secondes, dans changer d'expression, avant de soupirer doucement et se tenant son crâne.

« Enlevez ce regard de chien battu, ça ne marchera pas. J'utilisai cela avec mes parents avant que vous ne soyez nées, jeune fille. »

Il releva la tête vers elle et reprit, le ton neutre, de même que son regard :

« Et oui, délinquante. Je ne retire pas cela, car quand bien même vos actions auraient une justification, vous avez frappé une élève durant la classe. C'est quelque chose de grave, à notre époque. Si je vous laisse partir sans vous punir de cet acte, comment pourriez-vous comprendre que ce que vous avez fait est mal ? »

Jad attendit quelques secondes. Il n'était pas du genre à aimer punir les élèves, c'était loin d'être une expérience qui lui plaisait réellement. Et elle avait raison, ce n'était pas aussi grave qui le laissait entendre, mais il devait tout de même lui faire entendre raison sur le fait qu'elle n'aurait pas dû faire cela.[/bi
« Écoutez, je comprends la situation dans laquelle vous étiez. Mais plutôt que la frapper, il y avait d'autres solutions. Et si vous commencez à répondre par la violence, vous perdrez toute crédibilité auprès de votre groupe. »

Il tenait un argument : jouer sur la raison de cette dispute. Il avait largement de quoi la convaincre, surtout s'il se faisait l'avocat du diable, son jeu favori.

« Si demain, votre groupe vient vous demander des comptes parce que vous avez frappé quelqu'un, comment réagirez-vous ? Cette fille a été assez forte pour vous convaincre qu'elle briserait l'amitié qui vous unit aux autres musiciens avec qui vous êtes associés. Elle arriverait facilement à se poser en victime, surtout après ce que vous venez de faire. Ne lui donnez pas d'armes supplémentaires contre vous. Au contraire, vous devriez plutôt la décrédibiliser en jouant son propre jeu. Jouez sur son manque de talent, sur son incapacité à évoluer. Montrer que vous valez mieux que ce qu'elle dit de vous. Je peux vous garantir qu'elle ne saura pas quoi faire et que vous aurez une vengeance plus délectable qu'un poing dans la figure ! »

Jad lui fit un léger sourire. Il espérait que ses mots arriveraient à toucher la demoiselle. C'est alors qu'une idée lui vint à l'esprit : il n'avait pas encore utilisé son pouvoir de phantasme. Il pouvait peut-être réaliser celui de cette jeune fille ? C'était une chose à tenter.

« Dîtes moi, mademoiselle Sanders, y a-t-il quelque chose que vous avez toujours rêvé de faire, sans jamais avoir l'occasion ou les moyens de l'accomplir ? Cela peut-être tout et n'importe quoi, mais quelque chose que vous n'avez jamais fais encore. Répondez franchement, n'hésitez pas à aller loin. »

Léna tira la tronche lorsque son interlocuteur lui dit que son regard de chien battu ne fonctionnerait pas avec lui, et elle décida alors de choisir une toute nouvelle tactique pour le mettre dans sa poche. La jeune fille se pencha alors légèrement en avant tout en relevant les épaules, faisant ainsi ressortir ses seins sous son large décolleté.

"Allons professeur, ne soyez pas vieux jeu comme ça. Je ne suis pas bête et je sais très bien que je n'aurais pas dû la frapper, mais c'était quand même franchement tentant de la remettre à sa place. C'est une looseuse qui fait du chantage à la place de vouloir s'améliorer, vous ne trouvez pas ça pitoyable vous aussi ?"

Mais déjà, Jad enchainait sur de meilleurs façons de répliquer plus intelligemment, et la blonde se sentit alors vraiment fatiguée. Franchement, elle n'était pas stupide ! Elle allait donc devoir passer à la vitesse supérieur ! Et affichant un air cet fois-ci innocemment séducteur, elle passa une main dans ses longs cheveux tout en croisant ses longues jambes.

"Je rêverais que vous passiez l'éponge et que vous oubliez ce que vous avez vu aujourd'hui. Après tout, il n'y a pas mort d'homme, c'était qu'une gifle. Nous pourrions sans doute nous arranger, n'est-ce pas ?"

Et culottée jusqu'au bout, Léna se leva alors de sa place pour venir s'asseoir sur les genoux de son professeur, lui adressant un large sourire.

"Il y a plein de choses qui me ferait bien envie, pas vous ?"

La demoiselle n'était absolument pas réceptive à la critique et tentait de détourner le sujet autant que possible. La tactique des yeux tristes n'ayant pas marché, elle tenta la drague. Et malheureusement pour elle, loin d'être du genre à être attiré par cela, Jad était plus gêné par cette attitude qu'autre chose. Il avait toujours eu du mal avec les femmes entreprenantes, il était mal à l'aise, à moins d'avoir un coup dans le nez, durant les soirées arrosées ou alors quand il était clairement en état de manque de plaisir charnel. En l'occurrence, il n'était dans aucun des cas, et la demoiselle n'éveillait pas assez sa curiosité pour qu'il se sente d'humeur coquine.

Pour montrer cette réticence, Jad baissa les yeux en rougissant, plaça sa main en travers de son visage. Mais c'était une erreur : durant ce petit moment, elle se leva et s'installa sur ses genoux avec un sourire large sur les lèvres. Jad recula légèrement la tête, sentant la demoiselle bien installée sur ses jambes. La phrase qui suivit ne laissait aucune place au quiproquo. Jad se racla la gorge bruyamment, cette situation le dérangeait réellement.

« Mademoiselle Sanders, vous n'arrangez vraiment pas votre affaire, je dois dire... Mais passons, je vous demandai s'il y a quelque chose que vous n'avez encore jamais fait et que vous avez rêvé de faire. Peut-être... »

Il observa la demoiselle dans les yeux et passa ses mains devant ses yeux : en se concentrant assez, il pouvait lui faire voir des désirs profonds, des phantasmes inavoués. Le premier qu'il révéla était de jouer avec son groupe pour un concert mondial. Elle pouvait voir comme si elle était sur le stage, en face d'un public déchaîné, mais également ressentir l'extase d'être acclamée par une foule en délire. Les spots dans les yeux, le plaisir intense et la fatigue réconfortante que l'on ressent après un exploit.

« Oh oui, être la star du moment, reconnue par votre public. Ou alors, peut-être que ça serait... »

Il repassa sa main devant son visage et lui montra une nouvelle vision : elle était sur une autre estrade, différente, faisant face à des élèves et des parents. Elle était aux côtés du doyen de l'université où elle avait fait ses études, ce dernier lui tendant son diplôme d'infirmière. Elle avait réussi haut la main l'un des défis de sa vie et pouvait montrer fièrement son diplôme à tous.

« La sensation d'avoir réussi dans la vie, d'être devenu ce que vous souhaitiez ? Vos études d'infirmière ne sont que secondaires, mais arriver au bout serait tout de même une source de fierté, n'est-ce pas ? »

Il posa sa main sur ses yeux et les retira : elle était à nouveau sur les genoux du professeur qui l'observait avec attention. Il l'obligea à se lever et fit de même en souriant, un sourire mystérieux, ni sadique, ni malsain, plutôt celui d'un enfant qui trouvait un nouveau jouet.

« Voilà ce que je vous propose, mademoiselle Sanders : je parlai en votre faveur aux parents de la demoiselle lorsqu'ils demanderont des comptes. En échange, je veux que vous me révéliez votre phantasme le plus intime que vous dissimulez. Un phantasme si inavouable que vous ne pourriez le dire à personne. Un phantasme qui s'accomplira grâce à moi. »

Il observa la demoiselle, attendant qu'elle lui réponde. Jad avait vraiment envie de jouer avec son pouvoir et réaliser le phantasme de quelqu'un, avant de l'utiliser sur Dylan. C'était une des répétitions qu'il ferait avant le grand spectacle.