Les frères Abromovici... Deux frères siamois qui officiaient dans un cirque avant que le Joker n’apprenne leur existence, et ne parvienne, par le biais d’Harley Quinn, à « convaincre » le propriétaire du cirque de les lui céder. Il en avait fait de redoutables criminels. Les retrouver à son service ne surprenait pas Batman. Mais était-ce vraiment tout ce que le Joker avait à lui mettre sous le nez ? Il avait déjà vaincu ces deux lourdauds. Ils étaient impressionnants, mais le Chevalier Noir savait les combattre. Le Joker se faisait-il vieux ? Ou était-ce un autre de ses pièges tordus ?
Marteau et Faucille l’entouraient.
« J’me le fais ! » grinça Faucille.
Batman esquissa un léger sourire amusé, tandis que le Joker avait saisi un micro, et se mettait, tel un arbitre survolté, à décrire la scène.
« Mes chers spectateurs, le match promet d’être intéressant ! Admirons un peu nos candidats... D’un côté, nous avons quelqu’un qui est aussi imperméable à l’humour et aux bons goûts qu’un bloc de granite : le taré de Gotham, sauveur de ces dames, Bat-Maaaaan ! De l’autre, nous... »
Le Joker se tut quand Green Lantern vint en rescousse, s’attaquant à Marteau. Faucille ne s’y intéressa même pas, uniquement concentré par Batman. Ce dernier attarda un bref regard vers Catwoman. Il n’avait pas eu le temps de la sauver, mais il pouvait voir qu’elle avait l’air de bien en sortir. Il fléchit les genoux, évitant la faucille, puis se mit à taper avec rage, dans l’estomac de l’homme, enchaînant les coups, avant de sentir la faucille revenir. Batman utilisa alors de son agilité. Il bondit en arrière, et, s’appuyant sur ses jambes, s’élança dans les airs. L’une de ses mains s’agrippa à l’épaule gauche de l’homme, et il passa par-dessus ce dernier, pour le frapper dans le dos.
À côté d’eux, John était en train de jouer avec Marteau, donnant lieu à un combat violent.
« Cesse de bouger ! » grogna Faucille.
Son arme se logea à nouveau dans le sol, Batman l’évitant habilement à l’aide d’une roulade. Il n’avait pas l’éternité devant lui. Il entendit alors du bruit derrière lui, et se retourna à temps pour lever les mains, et parer l’un des hommes du Joker. Avec du maquillage de clown grotesque sur le visage, le malfrat avait tenté de le frapper avec un pied-de-biche. La tête de Batman heurta douloureusement la sienne, l’envoyant s’étaler sur le sol, et il balança un Batarang vers Faucille. L’arme le heurta à hauteur de l’abdomen, rebondissant.
*Sa peau est toujours aussi épaisse... J’en ai encore les articulations qui gémissent...*
Faucille se mit à sourire.
« Tes petits jouets ne peuvent rien contre moi, chauve-souris ! »
Ce dernier ne répondit pas, et sortit son Bat-grappin, puis le tendit en hauteur. On aurait pu croire qu’il cherchait à s’enfuir, mais son arme se logea en réalité dans une poutre en acier, qui maintenait une plate-forme juste au-dessus de Faucille. Il tira d’un coup sec, et la poutre, fragilisée à cause du combat entre Green Lantern et Marteau, se rompit. La plateforme tomba sur le sol, mais Faucille se révéla plus vif que prévu, évitant la charge. Batman jura en silence, et, alors qu’il s’apprêtait à continuer à le rouer de coups, Clark s’interposa entre lui et Marteau.
« Il faut toujours que tu me voles la vedette, hein ? » le nargua-t-il.
À lui le Joker, donc. Il se retourna, regardant autour de lui, et deux malfrats supplémentaires coururent vers lui, poussant des hurlements hystériques. Il en accueillit un à l’aide d’un coup de pied dans le ventre, le pliant en deux, et attrapa l’autre par sa main droite, qui se figea dans sa gorge, stoppant net sa course. Batman allait ensuite s’élancer vers le Joker, quand un fouet claqua dans son dos, et s’enroula autour de son bras.
*Qu’est-ce que... ?!*
Surpris dans son élan, il glissa sur le sol, et s’affala lourdement par terre. Il n’y avait pas cinquante personnes qui avaient un fouet ici, et, avant qu’il ne le réalise, Selina se retrouva sur lui, dans sa tenue de cuir, qui ne le laissait pas aussi insensible qu’il aimait le montrer. Elle se mit à le narguer, avant de le lécher. Ça l’agaça. Selina avait le don de l’irriter, en effet. Elle flirtait continuellement avec la mort, et il lui arrivait bien trop souvent d’aller la sauver.
« Selina... » grinça-t-il.
Il allait poursuivre, mais elle était déjà partie, avec cette démarche féline qui la caractérisait si bien. Batman secoua la tête, et entreprit de se relever... Mais se reçut un coup de pied en pleine tête. Des coups s’abattirent ensuite sur sa cape, émanant des sbires du Joker.
« Ha-ha, prends ça, la chauve-souris, tiens, tiens, tiens, et tiens ! ».
Il se protégeait avec sa cape, et attrapa dans sa ceinture une grenade fumigène, qu’il balança sur le sol. La fumée surprit les voyous, lui laissant le temps de se relever, tandis que sa vision thermique s’activait automatiquement. Son poing gauche fracassa la tête d’un malfrat, l’envoyant sur le sol, son pied rencontra la mâchoire d’un autre. Il prit entre ses mains la tête d’un énième larorn, et l’envoya heurter son genou, son nez émettant un son douloureux. Batman n’avait plus le temps de sortir son grappin, et passa donc par un escalier. Un malfrat armé d’un tazer le dévala également, hurlant comme un dément. Emporté dans son élan, il n’eut pas le temps de s’arrêter. Le Chevalier Noir le heurta avec son épaule, à hauteur des jambes, et le truand passa par-dessus lui en hurlant, avant de rouler sur le sol en gémissant.
Batman remonta rapidement les marches, arrivant à l’étage, alors que Catwoman venait de frapper le ventre du Joker d’un coup de pied.
« Ouf ! soupira-t-il en se tenant le ventre brièvement. Hey, pas si mal, fillette ! Je crois qu’on est partis du mauvais pied, toi et moi. Tu me plais, j’aime ton style. Et, si tu pouvais me donner l’adresse de ton tailleur, ce serait sympa, je me disais justement qu’Harley aurait besoin de... »
Le Joker s’interrompit, surpris. Une ombre l’englobait. Quand il se retourna, ce fut pour voir la présence massive et guère rassurante de Batman, qui le toisait de toute sa hauteur.
« Oh, Batou, on va finir par devenir inséparables, toi et moi... Serre-moi la pince, vieux frère ! »
Le sombre héros fronça les sourcils... Puis se mit à sourire, et tendit sa main. Le Joker l’attrapa. Aucun piège.
« Tu vois, c’est agréable de se conduire en personnes civi... »
La tête de Batman rencontra le front du Joker. Un bon vieux coup de tête. Le Joker soupira, et s’affala sur le sol. Batman l’attrapa par les pans de sa veste, le soulevant, rapprochant son visage du sien.
« C’est fini, Joker.
- Ah... Ha-ha, mon humour finirait-il par déteindre sur toi, Batman ? »
L’homme ne répondit pas, le maintenant de sa prise. Le Joker saignait du nez, mais ça n’avait pas l’air de le déranger.
« Hier Gordon, aujourd’hui ta bimbo en cuir... Et toi, tu restes là, inexpressif, froid comme un garde londonien ! Mais je le sens. Tu peux mentir aux autres, mais pas entre nous. Si seulement tu étais arrivé dix secondes plus tard... Peut-être que tu en aurais terminé pour de bon, Bat’ ? Toujours un peu plus près, Bat’, toujours un peu plus près... D’ailleurs, tu connais celle du type qui tombe d’un immeuble en se disant sans cesse, pour se rassurer, que tout va bien ? Tu peux te persuader de ne pas être comme moi, mais, en réalité, toi et moi... On est encore plus inséparables que ces bons vieux siamois en contrebas. Tu ne crois pas, vieux frère ? Qui te connaît mieux que moi ? De qui rêves-tu toutes les nuits dans ton Bat-lit, Batou’ ? De Miss-Fouet-Et-Cuir, ou de ton bon vieux copain le Joker, hein ? » lui balança-t-il dans un grand sourire.
Le Joker se mit alors à rire, et Bruce grinça des dents. Pouvait-il le nier ? À chaque fois, il hésitait... Et, à chaque fois, l’hésitation était plus lourde à porter. On avait tout essayé pour soigner ce malade. Toutes les méthodes, toutes les thérapies, mais sa folie n’avait fait qu’en contaminer d’autres. Bruce s’était toujours refusé à croire que des individus naissaient uniquement pour faire le mal, que tout était une question de circonstances, mais, face à cet être, il était toujours face au gouffre, à flirter avec le vide, en espérant ne pas tomber, car il savait qu’il ne s’en relèverait pas. Il ne voyait pas la petite boule qui remuait entre les dents du Joker, et qu’il avait discrètement mis dans sa bouche avant que Catwoman ne lui tombe dessus.
« Ding-dong ! Le temps est écoulé, Batounet, et tu es toujours aussi lâche ! Maintenant, tu m’excuseras, mais j’ai à faire, hihi ! »
Il cracha alors, et la petite boule métallique jaillit. Batman eut un sursaut d’horreur, et eut à peine le temps de tourner la tête que la boule explosa, répandant un jet d’acide. Le Joker le poussa du pied en se mettant à rire, alors que Batman se mit à hurler de douleur, la joue en feu, de la fumée s’en échappant. Le Joker se mit à courir rapidement, mais Batman était un guerrier aguerri. Alors qu’il sentait le feu brûler sa joue, il attrapa un nouveau gadget, envoya deux Batarangs reliés ensemble par un fil. Elles s’enroulèrent autour des chevilles du Joker, et le firent lourdement basculer sur le sol.
Batman entreprit ensuite de se relever, essuyant du revers de la main l’acide, répandant des jets sur le sol. La boule était petite, la charge n’était pas mortelle. Et son casque était une protection solide. Cependant, sa peau avait légèrement brûlée. Le Joker était neutralisé, et il faisait conscience à ses deux acolytes pour se débarrasser des jumeaux.
« La police arrive, Bruce, l’avertit l’Oracle. N’oublie pas que Selina est toujours...
- Je sais !
- Tout va bien ?
- Le Joker m’a craché à la figure... Mais il est neutralisé. Ne vous inquiétez pas, Barbara, je vous rappelle. »
Il la laissa, puis se rapprocha de Selina. Certes, la police venait, mais Batman avait des questions qui nécessitaient des réponses.
« Tu es plus douée que ça, Selina... Comment le Joker a-t-il fait pour te capturer ? » s’enquit-il.
Sa joue lui faisait toujours mal, mais il en avait vu d’autres.