S’il y a bien une chose que Bâal n’aime pas, c’est quand il ne maitrise pas une chose. Et c’est justement ce qui lui arrivait actuellement. Il errait ici et là dans les rues de Seikusu, sans doute à la recherche d’une personne à tromper. Pourquoi pas un pacte avec un clochard ? Les miséreux sont tellement facile à acheter… habillé de son habituel manteau de cuir noir, tombant jusque derrière ses mollets, le démon arborait non sans une certaine fierté des vêtements hautes coutures. Un pantalon Cerruti 1881 noir taillé sur mesure, une chemise Armani noire aussi ouverte sur tout son torse et dont la discrète signature du styliste apparait quelques pas dans le col en lettres dorées. Elle laisse entrevoir une chainette argenté simple mais sûrement hors de prix, ainsi qu’une paire de chaussure d’un cordonnier réputé des environs. Cacher le mal derrière le luxe… c’est assez cliché. Mais il est facile de corrompre quand on donne l’impression d’avoir les moyens.
L’Insidieux slalome ainsi ici et là dans les ruelles, prêt à débusquer une proie. Voler une âme lui manque semble-t-il.
Mais les choses ne se passent pas comme prévue. Un instant il marche entre deux bennes à ordures rouillées et sales. Et l’instant d’après il se retrouve face à face avec une vieille arbre mort, tordu et partiellement brulé. Surpris, Bâal cligne un peu bêtement des yeux, avant de regarder autour de lui. L’endroit est une sorte de désert, fait de poussière, de sable et de roches. La végétation, ou ce qu’il en reste, est brûlée, salie et morte. Un petit vent désagréablement sec souffle, faisant battre et claquer les son manteau, et agitant ses cheveux. Un petit soupir désabusé perce ses lèvres alors qu’il reprend sa route lentement, vers un relief montagneux un peu plus loin. Une montagne au-dessus de laquelle trône la ruine d’une vieille tour. Sans doute une guet abandonné depuis le temps. L’endroit n’est clairement pas agréable, et Dieu sait quels monstres ont pu massacrer les occupants de ce petit poste de garde.
L’endroit est peut être une ruine, ça reste un abris pour le vent, et la tempête qui s’annonce. Et avec la nuit qui ne va plus tarder à tomber, mieux vaut être entouré de quelques murs.
Il faut une bonne heure à l’Insidieux pour gravir les roches. Un vieux chemin inutilisé lui permet d’accélérer un peu la cadence sur la fin, et alors que le jour décline lentement, le démon passe enfin la porte. L’endroit est encore plus sinistre que ce désert dévasté. Les portes de bois ont été défoncées, et des marques de lacérations laissent penser qu’une créature est responsable de ça. Ici et là, des squelettes qui semblent humains sont dispersés à droite et à gauche, et les armures que portent les cadavres démontrent qu’il s’agissait de la garnison de l’endroit. Une chance pour Bâal, la créature qui a forcé la porte n’est plus ici. L’endroit est désespérément vide.
La ruine n’est pas bien grande en tout cas. Une petite garnison. Un hall, qui mène sur les différents lieux. Une porte mène vers l’escalier en colimaçon partiellement brisé, menant vers le sommet de la tour de guet. Une autre porte mène vers une pièce un peu plus petite. Bâal s’imagina qu’il s’agissait d’une cuisine pour préparer le repas. Le hall devait servir de salle de repas. Enfin une autre porte mène vers une piège un peu plus vaste, ou des vestiges de couches laissent supposer qu’il s’agit du dortoir.
Un nouveau soupir s’évade du gosier du démon, cette fois, c’est la lassitude qui domine. Et une petite pointe de frustration à l’idée d’être une fois de plus téléporté dans un monde qu’il ne connait pas. D’ailleurs… quelle année ?
Il fait donc un rapide tour des lieux, et prépare même un petit feu au milieu du hall. Avec un coup de chance… la lumière attirera ici, quelqu’un qu’il pourra interroger.