Quelle peste, cette Megumi ! Elle était vraiment exceptionnelle dans le genre, car elle avait réussi à déstabiliser sa Princesse adorée ! Et il ne devait pas y avoir grand-monde sur Terra qui soit capable de décontenancer une Princesse. Hinata rougit comme une tomate à l’idée d’un baiser, regarda brièvement Chikaku, qui continuait à l’observer, elle et Nora, avec un doigt sur les lèvres, puis expliqua qu’elle était assez gênée à l’idée d’embrasser quelqu’un en public. Shunya était également toute confuse, mais ça, ce n’était encore rien en comparaison du reste ! Shunya avait toujours idéalisé Hinata, mais constata assez rapidement que, comme elle, elle était la Reine des gaffes. Hinata était venue pour se présenter, ainsi que pour faire sa demande de mariage, et elle balança tout ça dans la foulée. La surprise de ses parents, déjà grande, sembla croître encore, et, quand Hinata alla jusqu’à serrer la grosse main de Mamoru dans la sienne, Shunya en vint à se demander si son père n’allait pas faire une crise cardiaque. Ce dernier cligna lentement des yeux, s’empêchant même de respirer, et, quand Hinata, toute nerveuse, termina en disant qu’elle allait faire plein d’enfants avec Shunya, la guérisseuse rougit également furieusement.
Après cet ultime aveu, un silence de plomb s’abattit autour de la salle. Megumi n’arrivait pas à se dire que sa petite sœur, super-timide, avait réussi à attirer l’œil de la Princesse... Ou encore que la Princesse pouvait rougir face à eux. Mamoru, quant à lui, était trop estomaqué pour comprendre quoi que ce soit. Et, comme souvent, le déblocage vient de Chikaku, qui tira sur la manche de sa grande sœur, Shunya.
« J’ai faim, Shunya... »
Cette petite phrase, pleine d’innocence et de douceur, amena Shunya à hocher la tête.
« Je... Je vais vérifier la cuisson... »
Elle s’écarta rapidement, et, alors que son cœur lui semblait être sur le point de sortir de sa poitrine, elle commença à retrouver son calme. Ce fut finalement Aiko qui retrouva son calme, en se penchant en avant :
« Je dois admettre que... Je ne m’attendais pas à une demande en mariage ce soir, encore moins émanant de notre Souveraine... Tout cela est si soudain, et...
- C’est normal, rétorqua Megumi, Papa nous monte la tête depuis des années au sujet de la merveilleuse Princesse d’Edoras, il était évident que... »
La famille commença à parler entre elle, tandis que Shunya, en compagnie de Chikaku, vérifiait la sauce. Elle avait préparé du poisson avec des patates, et vérifia que tout était prêt.
« Mais je n’ai fait que dire la vérité ! » tempérait Mamoru.
Shunya n’écoutait pas tout, et ferma lentement les yeux, en se mordillant les lèvres. Une telle situation était à attendre, de toute manière, et elle se retourna, retournant vers le salon.
« Ça n’a rien de soudain » entama-elle alors, sur le palier de la porte.
Les regards se tournèrent naturellement vers elle, et elle se pinça encore ses belles lèvres, avant de prendre son courage à deux mains, car elle aimait sincèrement Hinata, mais elle voulait aussi que sa famille comprenne que sa décision n’avait pas été prise sur un coup de tête.
« J’aime Hinata depuis que je suis petite, à l’époque où je dormais régulièrement dans le Temple de la Lune. Chaque fois que je la voyais dans les jardins du palais, au milieu des sakuras et des cerisiers, avec les pétales tournoyant autour d’elle, je ne pouvais m’empêcher de ressentir de profondes bouffées d’affection pour elle. Je... Je n’en étais pas sûre à l’époque, mais, si j’ai choisi de devenir une guérisseuse, c’est pour elle. Quand l’Académie m’a envoyé la soigner, je ne m’attendais pas du tout à ce que ces sentiments lointains fassent surface, ou encore à ce qu’Hinata éprouve les mêmes... Mais nous nous aimons, elle et moi, et ça, c’est vrai. Je sais que c’est soudain, mais...
- Shizuka, sourit alors Aiko, en la coupant doucement. Nous... Nous sommes surpris, bien entendu, mais... Honnêtement, je ne connais aucun parent qui ne sauterait pas de joie en apprenant que leur enfant est amoureuse, qui plus est avec une Princesse. C’est le genre d’histoires dont on fait les contes de fées...
- Oui, oui... »
Mamoru revenait lentement à la réalité, et hocha délicatement sa grosse tête, posant sa main dans sa barbe.
« Honnêtement... Nous sommes ravis pour toi, Shunya. Et puis... C’est la fougue de la jeunesse, tout ça. Dès que j’ai rencontré ta mère, j’ai su que je voulais l’épouser. C’est une caractéristique génétique des Shizuka, ça !
- Mouais... »
Megumi avait parlé à voix basse, et se remettait, elle aussi, progressivement de son état de choc. Elle n’aurait jamais cru que Shunya viendrait se marier avant elle, mais elle était ravie pour sa sœur. Sincèrement.
« Et.. Et je suis ravi de partager mon pain avec la Princesse d’Edoras... Alors, si je tombe dans les pommes, ne vous inquiétez pas, ce sera parfaitement normal. »
Aiko sourit alors.
« Respire, mon chéri... Et, Princesse, c’est un grand honneur pour nous de savoir que vous aimez notre fille... Même si ça ne me surprend pas. Tu vois, Shunya, je t’avais toujours dit que tu étais pleine de qualités. »
Sa mère lui fit un clin d’œil, et Shunya se mit à sourire de plaisir, les joues rosies.
« Me... Merci, Maman... »