Période de Noël. Bon, ça il l'avait compris. Les humains adoraient planter des arbres dans leur salon, le décorer, s'offrir des présents et s'empiffrer pendant des heures. Plus j'les connais, moins je les comprends. Des tailles fines ornaient chaque magazines, mais eux mangeaient, mangeaient, mangeaient ... 'fin, ils ont bien raison. Grâce à quelques sorts d'hypnoses assez simples – qui matérialisaient de l'argent -, Oneiros s'était offert des spécialités « d'en bas ». Le foie gras, le confit d'oignon, la confiture de figue, il avait plutôt aimé. Mais les grandes villes aux lumières gerbantes et vite agaçantes, il commençait à saturer. Refermant son kimono, il arpenta une dernière fois la grande rue commerciale, souriant à quelques filles. Décidément, les humaines … Elles avaient un charme délicieux. Leur innocence, cette pureté, il ne pouvait que l'apprécier grandement. Oneiros, comme beaucoup de dieux, ne ressentait pas le froid. Enfin, si, une légère bise lui donnait quelques frissons, mais cela ne le gênait aucunement. Mais pour descendre sur Terre, il avait abandonné son kimono habituel : pantalon noir, chemise blanche entrouverte, veste d'encre, chaussure de la même teinte. Il faisait très humain, si ce n'est qu'il n'avait aucun manteau. Sa mère avait conservé ce que son père appelait des « frusques » , qu'il lui avait piqué sans qu'elle s'en rende compte. Le jeune dieu des songes avait du mal à se dire que sa mère portait parfois ce genre de tenues. Toujours est-il qu'il quitta la ville. Après la Terre, Terra! C'était sa petite sortie de Noël. En Olympe, peu de gens considéraient cette fête comme une occasion de faire une méga fiesta. Sauf la petite prêtresse de Dionysos, le dieu lui même, Kyô et quelques prêtresses en mal d'ambroisie et d'amour. Parfait.
En un claquement de doigt, il se retrouva sur le plan de Terra. Mais pas où il l'aurait pensé. C'est quoi ce bordel? Autour de lui ne s'élevaient aucune maisons, aucun auberge, juste des … arbres. Oui, des arbres. Oneiros secoua la tête. Il aurait donné beaucoup pour savoir où il se trouvait. Cette téléportation toute neuve, il la contrôlait encore mal. La fois passée, il s'était retrouvé dans la chambre d'une Tekhane endormie … Mais il gardait un bon souvenir de cette erreur. Alors que là, franchement … Des arbres ? Il sortit un paquet de cigarette de sa poche, s'en allumant une avec précaution. Quitte à être là, autant en profiter pleinement. Il fit quelques pas à droite, à gauche, cherchant un chemin éventuel, et marcha pendant une petite trotte.
- … Mh.
Oneiros expira bruyamment, s'appuyant contre un arbre. Il sentait quelque chose. Il sentait qu'il y avait quelque chose, pas loin. L'air ambiant était différent. Le jeune homme écrasa sa cigarette sous sa semelle, prenant soin d'enfermer le mégot avec les autres cigarettes – pas question pour lui de la jeter dans la nature – et passa sa main dans ses cheveux.
- Charmant.
Il reprit sa route, les mains dans les poches, son regard s'hasardant ici et là. Il sentait bien qu'il allait tomber sur quelque chose.