Peluche de Troie [Alexis Midnight]

De l’extérieur de la pièce, on ne pouvait rien entendre. Les murs étaient solides, et la porte bien fermée. Impossible d’entendre quoi que ce soit, ce qui ne les empêchait toutefois pas de se blottir contre la porte, et de porter une oreille attentive. La curiosité était un comportement bien naturel, qui n’était nullement réprimé au manoir de Mélinda. Quand on vivait dans une grande maison composée essentiellement de filles, la curiosité était quelque chose de normale. Ainsi, les charmantes dames de Mélinda, quand elles se rapprochaient de la porte close, ne pouvaient s’empêcher de s’y attarder, afin d’essayer, sans succès, de percevoir ce qui se passait à l’intérieur. Leurs curieuses oreilles ne pouvaient dépasser cette lourde porte, et elles ne pouvaient entendre les délicieux craquements du grand lit de la chambre de Mélinda. Elles ne pouvaient pas voir le dos nu et légèrement creusé de leur Maîtresse au fur et à mesure qu’elle s’arquait, ni voir les mains fermes et solides de sa belle acquisition se poser sur ses hanches, et, surtout, elles ne pouvaient pas entendre les longs gémissements que la vampire poussait, entrecoupés par des petits cris de plaisir.

Indiscutablement, la vampire se faisait plaisir. On pouvait même dire, sans se tromper, qu’elle prenait son pied. Ce qu’elle ressentait était plutôt intense, en réalité. Elle ne couchait pas avec n’importe qui, et l’homme se trouvant sous elle n’était pas un humain. C’était un démon. Bien bâti, et assez endurant. Et il était son esclave. Et elle l’avait chèrement mérité. Il était le frère d’une baronne démoniaque, un démon de haute lignée devenu son esclave. Assurément, peu d’esclavagistes pouvaient se targuer d’avoir entre leurs mains une proie d’aussi belle valeur, et on pouvait le comprendre. Pour l’obtenir, elle s’était retrouvée impliquée dans une bataille démoniaque pour la succession d’une puissante baronnie infernale, Roc Noir. Elle avait rejoint, bon gré mal gré, les forces de Caprice, aboutissant à une espèce d’alliance qui ne reposait sur pas grand-chose, mais dont l’un des enjeux était qu’Alexis reste auprès de Mélinda, en tant qu’esclave. Le brave Alexis n’y avait pas vraiment eu son mot à dire, mais, entre la perspective d’être la risée des démons de Roc Noir, et celle d’être l’esclave sexuel d’une vampire nymphomane, il n’y avait pas à hésiter. Du point de vue de Mélinda, Alexis avait fait le bon choix.

« Haaannn !! HAAAANNNNN !!! »

Mélinda soupirait son bonheur de vive voix, continuant à onduler sur l’homme. Ils faisaient l’amour depuis un certain temps, maintenant, étant après tout plus résistants que des humains lambdas. Elle posa ses griffes sur le torse tendre et musclé de l’homme, avant de se pencher, le visage en sueur, quelques mèches de cheveux rebelles caressant ses yeux, pour l’embrasser sur les lèvres. Sa langue fila dans sa bouche, et elle caressa son torse avec ses doigts, jouant dessus, amoureusement, tout en continuant à danser sur son corps. Il était vraiment bien bâti. Mélinda savourait ce moment avec un plaisir vif.

« Hummm... Haaaa... C’est si bon, haaaaaannnn !! »


Naoko pestait contre elle-même, car elle était en retard. Et elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. La studieuse élève avait encore passé trop de temps à la bibliothèque, à se plonger dans les livres d’Histoire. Elle s’était plongée avec un plaisir non dissimulé dans l’Histoire tumultueuse du Moyen-Âge européen. Tout féru d’Histoire, selon elle, se devait de connaître la riche histoire du continent européen, afin de mieux comprendre comment, à l’apogée de sa puissance, l’Europe avait pu imposer une domination mondiale. Elle avait toutefois tellement lu qu’elle était restée jusqu’à l’heure de fermeture de la bibliothèque. Kishiwa-san, l’une des responsables de la bibliothèque, avait indiqué à Naoko qu’elle ne pouvait pas dormir ici. Rougissant bêtement, Naoko était partie rapidement, mais, avant de quitter le lycée, elle devait tout de même récupérer ses affaires dans son casier.

De manière générale, Naoko n’aimait pas traîner dans le lycée après les horaires d’ouverture. Il y avait tellement de légendes circulant sur ce lycée qu’il était tout simplement suicidaire d’y aller, surtout quand on était, comme elle, légèrement superstitieuse : des plantes-violeuses, des esclaves sexuels, sans compter les démons qui jaillissaient dans les couloirs de la nuit, tuant les jeunes femmes si elles ne leur offraient pas leur virginité. Il était curieux de voir comment toutes les histoires surnaturelles, dans un lycée, gravitaient autour du sexe.  Naoko s’avançait rapidement, nerveuse, jetant des œillades à droite comme à gauche, et finit par rejoindre son casier. Il ne faisait pas encore nuit, mais il était troublant de constater combien, quand on était seule, les couloirs du lycée Mishima pouvaient être oppressants.

Elle n’avait pas de vêtements différents dans son casier. Maîtresse Mélinda aimait la voir dans son uniforme scolaire, alors elle le conservait. Ainsi, elle gagnait du temps en s’habillant, et pouvait en profiter pour bouquiner un peu. Elle dévorait en ce moment un petit pavé de Tim Willocks, « Religion », décrivant la bataille légendaire survenue à Malte en l’an 1 561, opposant quelques centaines de chevaliers à des dizaines de milliers d’Ottomans, Malte étant défendue par un homme qui avait à ce point imprégné Malte que la capitale portait son nom, La Vallette. Il était hors-de-question qu’elle abandonne son livre dans son casier. Elle ouvrit donc ce dernier, prête à s’en emparer... Quand son regard fut happé par la vision troublante d’une peluche rouge ressemblant à un mignon petit lapin planté au beau milieu de ses affaires.

*Mais... Qu’est-ce que c’est que ce truc ?!*

Clignant des yeux sous la surprise, Naoko contempla cette curieuse peluche. Comment diable était-elle arrivée ici ? Naoko était plutôt intelligente, et une réponse logique se forma rapidement dans son esprit. L’une de ses camarades avait du le lui fournir. Maîtresse connaissait les numéros de tous les casiers, et les numérotait dans ses cahiers.

*C’est sûrement Clara, elle a du aller fureter dans le bureau de Maîtresse... Petite peste !*

Que faire de cette peluche ? Naoko la regarda. Elle était vraiment trop craquante ! C’était l’un des péchés mignons de Naoko : elle adorait les peluches, et avait une belle collection dans sa chambre, utilisant à bon escient l’argent de poche offert par sa Maîtresse pour dévaliser les boutiques. Clara allait lui payer ! Naoko rougit légèrement, puis attrapa la peluche par une oreille, avant de la tenir dans le creux d’un de ses bras, la tête de la peluche s’enfonçant entre ses seins. Elle allait faire demi-tour, quand elle sursauta.

*Mon livre !*

Elle le récupéra d’une traite, puis referma la porte.

Il était dorénavant temps de rentrer au manoir.

Oui, Mélinda pouvait être fière d’elle. Attirée malgré elle dans le jeu de succession d’une famille infernale, elle aurait pu tout perdre. Mais elle fut assez habile pour se tirer de se mauvais pas et, en prime, en tirer quelques avantages substantiels. Alexis était sa juste récompense à tant d’efforts. Quel bel esclave il faisait. Un démon docile, cela ne courrait pas les rues, encore moins un démon de noble lignée. Alexis, de surcroit, n’était pas un avorton, un handicapé, un mal formé, c’était au contraire un très beau spécimen. Il avait tout du prédateur et pourtant, c’était un dominé. En cet instant, sur le lit, il faisait son office avec un égal plaisir. Sous ses traits illusoires d’humain, un séduisant individu pâle mais sportif à la chevelure d’argent, il enlaçait vigoureusement sa vampirique maîtresse. Baisées et caresses, soupire et jouissance charnelle. Le couple y allait avec tant d’entrain que le commun des mortels n’aurait pu les égaler. Ha, quel spectacle... quel dommage que les coquines derrière la porte ne puisse rien en percevoir. Mais après tout, elles pouvaient imaginer et l’imagination n’avait point de limite.

« Haaaa.... j’ai beau vous voir et vous revoir.... vous êtes toujours aussi belle... ma maitresse... »

Le démon parlait avec sincérité. Il était satisfait de sa condition. Mélinda lui offrait ce qu’il désirait tant, la sécurité. Malgré les mois qui étaient passés, il cauchemardait toujours au sujet de son terrible frère, Jax War, un être d’exception qui savait associer force brute et finesse d’esprit. Quand il avait mis son plan à exécution, il avait fait une véritable démonstration de ses talents de stratège et de guerrier, mettant à mort son père le Baron ainsi que toute sa garde personnelle. Hélas, pour lui, Caprice, aidée de Mélinda, elle-même aidée de ses propres alliés, força le titan à la retraite. Jax s’était donc exilé sur Terre, où il avait toujours beaucoup de relations. Il demeurait une menace, certes lointaine, mais tout de même. Caprice, quand à elle, une fois monté sur le trôle de Roc Noir, était devenue encore plus mégalomane qu’elle ne l’était déjà. Non, vraiment, Alexis préférait rester ici, dans le manoir de Warren, à ne penser qu’au sexe et au plaisir, pas à sa survie.

Son esprit, un instant troublé par ces sombres pensées, il redoubla d’effort pour que la vampire soit heureuse, très heureuse. Il était un démon, mais il pouvait quand même la faire monter au 7ème ciel.

*****

Quelle jolie peluche que voilà ! Mais dans la pénombre des couloirs, Naoko fit une petite méprise. On ne lui avait pas offert un lapin, mais un écureuil. Ceci-dit, il avait tout de même des oreilles assez grandes, il fallait donc se garder de blâmer la lycéenne qui, de surcroit, était pressée. Un écureuil, donc, roux et blanc, au regard ‘émeraude, aux courbes naïves. Grosse tête, grosses joues, frimousse de coquin, queue en panache, pelage aussi épais que doux... ho, vraiment, on avait envie de lui faire tout un tas de câlins !

Etrange pourtant que ce jouet dégage de la chaleur corporelle, comme si... comme si ce n’était pas un jouet, mais un être vivant. Etrange aussi que la poitrine s’anime légèrement comme sous l’effet d’une très discrète respiration. Etrange encore que sous l’abondante toison dissimulant l’entre-jambe, il y avait les attributs d’un mâle. Oui, que de choses étranges, mais comment s’en douter, surtout si on avait l’esprit ailleurs ? Au premier coup d’œil, rien n’était visible et la peluche se comportait comme... une peluche, tout à fait inerte... tout à fait déterminé à accomplir sa mission...

MÉLINDA WARREN

La flatterie était quelque chose qui marchait chez Mélinda. Mais un esclave avait-il besoin de la flatter ? Alexis la complimentait, et entendre ça de la bouche d’un démon, c’était particulièrement grisant. Oui, Mélinda ne l’avait pas volé, ce précieux esclave. C’était un bel étalon, et, dans le manoir de Mélinda, il devait s’imaginer être au Paradis. Un regroupement de belles adolescentes en chaleur, dont la perversion était soigneusement entretenue par les griffes expertes de la vampire. Il n’avait qu’un geste à faire pour se retrouver dans le lit qu’il voulait, chaque fille étant trop heureuse de coucher avec un démon pour se refuser à lui. Il n’avait pas vraiment eu le choix, mais, du point de vue de Mélinda, en étant sous son autorité, il avait atteint l’épanouissement de sa vie. Que demander de plus ? Que pouvait-il espérer de plus ? Jax War était toujours en vie, et Caprice dirigeait d’une main de fer Roc Noir, et, si jamais Alexis tentait de s’y immiscer, elle le briserait. Ou Jax le ferait. Il n’y avait rien à lorgner de ce côté-là, et il ne cherchait pas à obtenir quoi que ce soit. Il n’avait donc aucun intérêt de se tourner ailleurs que dans les cuisses chaudes de sa Maîtresse.

Elle dansait joyeusement sur lui, et atteignit assez rapidement un orgasme... Encore un. Ses mains se posèrent tendrement sur le corps du démon, le griffant très légèrement, alors qu’elle se mit à sourire, des mèches de cheveux plaquées à son front. Sa respiration était lourde et haletante, mais le désir, lui, était toujours là. La vampire était une femme insatiable, et le prouvait encore en ce moment. Elle gigota un peu sur le membre tendu d’Alexis, puis pencha tout son corps en avant, léchant ses lèvres, avant de l’embrasser plus longuement, enfonçant très légèrement ses griffes dans son torse, faufilant sa langue dans sa bouche. Le baiser dura un certain temps, avant que la vampire ne se redresse, sourire ravi sur les lèvres.

« Mon bel esclave... Te faire l’amour est vraiment un régal... »

Mélinda pensait chaque mot de ce qu’elle disait, et elle se retira alors de son membre, se mettant debout sur le lit, son intimité dégoulinant de mouille et de sperme. Si petite, et pourtant si grande, Mélinda était un ensemble de paradoxes. N’était-ce pas ça qui, après tout, la rendait si fascinante ? La vampire s’écarta alors un peu, se mettant à quatre pattes, à côté d’Alexis, et tourna sa tête vers son cher esclave, dans un message des plus explicites. Comment ne pas savoir, quand on servait Mélinda, que cette dernière était une sodomite convaincue ?

« Viens, Alexis, viens, et prends-moi avec toute ta puissance... Fais-moi hurler de joie. »

Pour Mélinda, une bonne partie de sexe ne l’était pas s’il n’y avait pas cet échange anal intense et délicieux.

NAOKO

Tenant la peluche par le bout de ses oreilles, Naoko parvint à se faufiler dans une station de métro. Elle aurait directement pu prendre le bus pour rentrer au manoir, mais le métro serait plus rapide. Il était vraiment tard, et elle ne voulait pas arriver avant l’heure du souper. Au manoir, si les filles étaient relativement libres, l’heure du souper restait invariablement la même, et c’était aux filles de venir. Si on arrivait trop tard, on n’avait que les restes, et on mangeait tardivement... À moins d’accepter une flagellation en public, spectacle humiliant et dégradant, que la jeune femme ne tenait pas à subir. Elle se pressait donc, et posa à nouveau la peluche contre son torse, en rejoignant une rame, qui se mit à filer.

En réalité, Naoko s’était inquiétée pour rien, car elle arriva au manoir une bonne heure avant le début du souper. Soulagée, elle entreprit de retourner vers sa chambre, tout en essayant de savoir où était Clara, afin qu’elle lui dise où elle avait obtenu cette peluche.

« Elle se promène dehors, elle reviendra bientôt.
 -  Ta peluche est trop kawaï, Naoko ! »

Naoko sourit. Elle n’avait pas réalisé que c’était un écureuil, et savait à qui la donner. Une fille qu’elle aimait beaucoup, car elle était à l’université, et était douée. Et elle était fan de lapines, à tel point qu’elle portait fréquemment une tenue de bunny girl... Et, élément important pour Naoko, même si elle n’osait pas l’avouer, elle était hermaphrodite. Ce serait un bon moyen de se faire voir, et de goûter à sa grosse queue. Naoko avait beau être passionnée d’Histoire, quand on rejoignait les rangs de Mélinda, on devenait rapidement passionnée d’autre chose.

Elle se mit à courir dans les escaliers, et rejoignit la chambre indiquée. Elle tapa à la porte, puis entra.

Cassandra venait tout juste d’enfiler son costume, et Naoko rougit en la voyant. Elle était tellement belle !

« Et bien, Naoko, tu as tapé un sprint jusqu’ici ?
 -  Je... Euh... Je voulais t’offrir cette peluche ! »

La rougeur de ses joues n’était pas liée qu’à l’activité physique intense qu’elle avait du faire. Elle tendit la peluche à deux mains. Il y avait, sur un étagère, de nombreuses peluches en forme de lapins. Cassandra avait une chambre rose, mielleuse, mais elle restait une grande romantique. Son armoire était remplie de romans insipides sur des amours impossibles qui arrivaient à se concrétiser.

« C’est un lapin ! » précisa Naoko.

Cassandra le prit, si délicieuse dans sa tenue, et l’observa, caressant sa tête entre ses oreilles.

« Waaoow... Elle est vraiment très réussie... Mais tu as du te tromper, ma belle, ce n’est pas un lapon, c’eszt un écureuil...
 -  Ah... Oups... »

Naoko baissa la tête, en rougissant. Cassandra sourit alors, et déposa, du bout de ses doigts doux et magnifiques, la peluche sur un fauteuil, puis attrapa le menton de Naoko entre ses doigts, le relevant, avant de l’embrasser.

« Mais elle reste très belle... Puisque tu me la donnes, je vais devoir m’acquitter de ma dette avec toi, hum ? »

Naoko rougit confusément, bredouillant quelque chose, et mit alors ses bras autour du cou de Cassandra.

« Baise-moi fort, Cassandra, s’il-te-plaît... »

« Mais avec grand plaisir, ô Maîtresse ! »

Soumission totale mais, il était vrai également, pour une extase fort respectable, Alexis ne se fit pas prier. Tout en sueur, il se redressa, observant la vampire avec appétit. Il était beau avec ce corps sculpté pour le plaisir, et il servait une femme si belle, aux courbes exquises. Il était cruel, elle l’était aussi. Elle était paradoxale, lui-aussi. Le premier de ses paradoxes était justement cette docilité alors qu’il avait tout du prédateur. Fort de corps, faible d’esprit... Les deux êtres se ressemblaient quelque part, et s’opposaient aussi.

Quoi qu’il en soit, le soumis démon fit courir ses mains avides sur le dos de la vampire, caresses lubriques allant jusqu’au fessier. Progressivement, il la chevaucha. Sans encore être totalement en place, il se mit à lui déposer quelques baisés humides dans le cou. L’attente n’était-elle pas le début du plaisir ? Puis, enfin, il la pénétra de son membre en érection. Tant de vigueur en ce geste quasi bestial. Alexis ne faisait pas dans la demi-mesure et il se fit donc un devoir d’offrir à Mélinda, une fois de plus, une expérience difficile à oublier. Lui-même, poussé par une excitation croissante, passait les portes du nirvana. Tout en amorçant un vigoureux mouvement de va-et-vient, ses mains passèrent sur le ventre de la femme pour s’y balader, pour palper, pour titiller.

« Est-ce bien ainsi ? » dit le démon en un souffle exalté.

*****

Pathétique... les humains, sauf de très rares exceptions, étaient pathétiques... Ces filles l’étaient. La peluche n’avait pour elles que du mépris. Pas même une once d’envie sexuelle, elles n’en étaient pas digne. Car, oui, la peluche était très exigeante en la matière. Vampires, succubes, à la limite, mais ce genre d’idiotes, non merci. Non, s’il en avait eu l’occasion, il les aurait fait hurler, il leur aurait sorti les tripes pour les leur faire manger, mais ce n’était pas l’objet de sa visite. De plus, elles étaient sous la coupe de Warren. Cette dernière faisait quand même un bon travail, pouvant être considéré comme une corruptrice. Son manoir était visiblement un temple de luxure. L’Enfer approuvait ce genre d’entreprise.

En tout cas, la peluche était entrée. Sous cette forme, elle avait leurré les systèmes de sécurité. A présent, il lui fallait trouver sa cible. Une chance qu’aucune des filles n’aient rien remarqué de curieux. A force d’être tenu par les oreilles, ce qui était tout de même un peu douloureux, donc plaisant, il avait eu quelques difficultés à réprimer un début d’excitation. Mais rien de grave, c’était passé. Après un moment de réflexion, jugeant que les deux demoiselles étaient assez occupées, l’illusoire jouet se décida enfin à bouger.

Premier objectif : sortir de cette chambre. Ensuite : aller se planquer à un endroit où sa cible était susceptible de passer. Le mieux, c’était d’identifier sa chambre s’il en avait une. Mais, point capital, il ne devait pas être repéré. Il adopta donc une démarche un peu robotique. Si on le voyait, il espérait donner l’illusion d’être animé par une mécanique rudimentaire comme un vrai jouet. S’il était sûr de n’être vu de personne mais qu’il devait passer sous l’objectif d’une caméra, alors il devrait changer son apparence. Il pouvait, par exemple, se faire pousser des ailes d’ange afin de voler et donc d’atteindre bien plus facilement des angles morts. Il pouvait aussi changer la couleur de son pelage, tel un caméléon, afin de se fondre dans le décor le plus possible. Quoi qu’il fasse, il allait retourner dès que possible à la forme d’écureuil roux.

MÉLINDA WARREN

Indéniablement, le brave Alexis savait y faire avec les femmes. Il était doué, et il avait, après tout, une certaine expérience. Mélinda le formait bien, et veillait ainsi à ce qu’il soit au top de ses capacités. Alexis ne la décevrait pas, elle en était sûre. Aussi, avant de simplement la pénétrer, il décida de jouer un peu. Ses mains expertes et habiles caressèrent son corps, la faisant frissonner. Contrairement aux humains, dont la majorité n’étaient ni vraiment beaux, ni vraiment laids, chez les démons, il n’y avait pas de demies mesures : soit ils étaient d’une laideur repoussante, soit d’une redoutable beauté. Alexis appartenait à la seconde catégorie. Bellâtre, l’homme avait un certain succès au sein du harem, et surtout auprès de sa Maîtresse, qui aimait bien sentir sa vigueur en elle. Le lit était, fort heureusement solide, avec un matelas neuf très résistant, renforcé. Comme tous les lits du manoir, qui étaient mis à rude épreuve par les petites chéries de la vampire assoiffée de sexe.

Alexis tâta donc le terrain, avant de la pénétrer d’un bloc. La sodomie... Ah, plaisir exquis, magnifique sensation ! Que demander de plus ? Que savourer de plus ? C’était un mets fabuleux, exquis, une véritable jouissance, une délivrance totale, une libération ! La sodomie était quelque chose que la vampire adorait plus que tout, sans qu’il n’y ait vraiment d’explications logiques à donner. C’était une chose qu’elle aimait, tout simplement. C’était sans doute lié à son désir d’oublier les traumatismes de son enfance, où elle avait été longuement sodomisée, et de surpasser. La douleur explosa dans tout son corps, se mélangeant au plaisir pour des sensations merveilleuses, exquises, dépassant ce qu’elle était, la faisant miroiter les cieux. Les ongles de Mélinda se crispaient sur la couverture, alors qu’Alexis continuait à la prendre, fougueusement, généreusement Conformément à ce qu’elle avait demandé, il ne cherchait pas à la ménager

« HAAAA !! HAAAAAAAAA !!! Oooooooh puuuutaaain, haaaaaaaan !! Encore, ENCOOOOOOOOOOOREEEEUUUUUUHHHH !!! »

La sodomie l’électrisait, l’emportait, lui faisait perdre le contrôle Mélinda ne se retenait plus, ne cherchait plus à se retenir, se contentant tout simplement de savourer ces sensations. Rien d’autre ne comptait : Alexis la défonçait, et c’était magnifique. Son dos se creusait, et elle remuait d’avant en arrière, sentant les mains de l’homme sur sa peau, glissant sur elle, tandis qu’elle continuait à remuer. Inutile de dire que les cris de Mélinda répondaient entièrement aux interrogations d’Alexis.

NAOKO

« Là, là, hum... Oui, encore, ma belle, là... Hum, ne sois pas si pressée, voyons prends ton temps, voilà... Là, comme ça, ma choupette, c’est mieux... »

Si on devait donner au manoir les vertus cardinales qui le gouvernaient, le sexe en ferait certainement partie. Cassandra, assise sur le rebord du lit, soupirait et gémissait, tandis que Naoko, à ses pieds, s’appliquait à lui faire une onctueuse fellation. Cassandra était une hermaphrodite, un cadeau de sa bien-aimée Maîtresse, et, entre son costume, son sexe était englouti entre les lèvres de Naoko. Assise entre ses genoux, la jeune lycéenne se laissait aller, soupirant lentement, gémissant, engloutissant cette grosse queue dans sa bouche. Elle remuait d’avant en arrière, s’empalant dessus, veillant à suivre scrupuleusement les instructions de Cassandra.

Ce n’était pas qu’une simple séance de sexe, mais aussi un entraînement sexuel. Naoko avait vu sa sexualité être éveillée par les doigts de sa Maîtresse, et elle était après tout Japonaise, vivant dans un système élitiste, où la compétition était monnaie courante. Côtoyer plusieurs de ses camarades avait amené Naoko à vouloir se démarquer dans le domaine qui unissait toutes les filles de Warren : le sexe. Cassandra était plutôt douée dans ce domaine, et la formait donc, à sa manière, à l’art de la fellation. Y aller tranquillement, sans toutefois être trop lente. Il fallait faire plaisir à l’autre, tout en veillant à ne pas s’étouffer, et à instituer une sorte de rythme. Vu l’érection renforcée de Cassandra, c’était réussi. La fellation était un exercice particulier, car il fallait aussi manipuler le désir de l’autre, afin qu’il ne jouisse pas trop vite.

Naturellement, aucune des deux femmes ne songeait aux peluches de Cassandra. Les yeux de Cassandra étaient rivés sur Naoko, et elle avait fermé les siens, gémissant de plaisir, en mordillant et en tirant sur ce sein qu’elle aimait, essayant de faire cet exercice particulièrement difficile, mais si délicieux, qu’était la gorge profonde. Elle avait ses deux mains pour s’appuyer, ce qui al dérangeait un peu, mais Naoko manquait encore d’expérience pour pouvoir se caresser tout en faisant ça, contrairement à sa Maîtresse, qui, dans ce domaine, était vraiment une redoutable experte.

Aucune des filles ne faisait donc attention à la peluche.

La peluche sortit donc. A peine on entendit la porte pivoter sur son passage. Quand elle se referma, déjà la créature avait oublié ces deux insignifiantes demoiselles et leur trop banale fellation. Avec mille précautions, il visita le manoir. Personne ne devait déceler sa présence, chose peu aisée car il y avait du monde en ce lieu. Heureusement qu’il avait une certaine connaissance de ce dernier. Non, il n’était jamais venu au par avant. Il s’était juste renseigné. Bien mal avisé celui qui se lançait dans une telle entreprise sans une solide préparation en amont. Quand il lui fallait des ailes, il en avait. Quand il devait être sombre, il l’était. Ainsi, il se glissait, se faufilait. Il était bon à ce jeu. Souvent, en sa qualité de fouineur, il mettait les pieds là où il n’avait pas le droit. Quand on n’était pas super puissant, il fallait être super prudent.

Quoi qu’il en soit, il réalisa très vite qu’il n’était pas en mesure de localiser la chambre personnelle d’Alexis. Il ne savait même pas s’il en avait une. Par contre, il savait parfaitement où était celle de la maîtresse. Il envisagea donc d’y jeter un coup d’œil ou, tout du moins, de s’en approcher.

Quand ce fut fait, il découvrit, plaqué contre la porte, deux curieuses qui cherchaient vainement à entendre les bruits provenant de l’intérieur. Impossible donc d’aller personnellement plus avant. Mais ce fut inutile. Les demoiselles échangeaient des commentaires éloquents sur un certain démon. C’était forcément Alexis... et il était forcément dans cette chambre... Bien, très bien... Maintenant, il fallait faire son entrée. Et pour cela, il allait manipuler une autre niaise.

Revenant en arrière, au niveau des chambres des lycéennes, il s’introduisit dans l’une d’elles, une vide, pour y voler de quoi se confectionner un beau ruban rose ainsi qu’une jolie étiquette. Le ruban, il se le mit autour du cou. L’étiquette, il écrivit dessus « Pour Mélinda Warren, en souvenir du bon temps... », puis il l’accrocha au ruban. Le voilà devenu un cadeau piégé. Ne restait plus qu’à trouver celle qui allait le livrer. Quittant la chambre, la peluche alla se placer en évidence au niveau du hall, là où forcément on allait le voir. Dés lors, il redevint tout à fait inerte et attendit. Qui allait le prendre ? Qui allait saisir cette opportunité de pouvoir entrer dans la chambre ?

Si le plan marchait, il faudrait agir très vite. La peluche avait dupé la sécurité, il allait en être autrement avec la vampire. Elle allait sentir son cœur battre, son sang chaud, elle allait savoir qu’il n’avait de peluche que l’apparence. Mais il allait la prendre au dépourvu... si tout ce passait bien...

Il y avait, au sein du harem de Mélinda, des femmes issues de diverses origines. Outre les lycéennes, qui en constituaient une bonne majorité, et les étudiantes, qui appartenaient plus ou moins au même groupe, il y avait les femmes originaires d’Ashnard, les filles de Mélinda, nées esclaves, et éduquées pour être de parfaites esclaves sexuelles. Maia faisait partie de ce groupe. Superbe blonde platine, à la chevelure presque argentée, elle avait, dans le dos, un élégant tatouage noir, et avançait dans les couloirs. Une certaine agitation régnait dans le manoir, et était certainement liée au fait que Mélinda Warren, sa douce Maîtresse, à qui elle avait tété le sein, était en train de s’amuser avec ce démon. Maia n’aimait pas trop ça. Elle savait, même si elle n’avait jamais osé ouvertement le dire, que Mélinda aimait prendre des risques. Elle avait étudié l’Histoire ashnardienne, et savait que les Warren avaient jadis été une puissante famille ashnardienne, disposant de nombreuses terres, avant que la guerre civile ne leur arrache tout. Mélinda devait probablement avoir ça dans les gènes, car elle se mêlait à des histoires qui ne la regardaient pas, et qui mettaient en danger ses acquisitions. Maia n’avait nullement envie de finir ailleurs, auprès d’un esclavagiste qui la torturerait et la droguerait. Elle aimait beaucoup trop être l’esclave de Mélinda pour avoir envie d’une autre position, d’un autre endroit. Elle était d’une gracieuse beauté, avec des yeux qui lui donnaient un air légèrement suffisant et prétentieux.

Ses pas la rapprochaient de la chambre close de Mélinda, quand elle entendit du bruit. Portant sur son corps un parfum sensuel et attirant, elle s’avança, et vit que deux nekos étaient en train d’observer une peluche. Dans sa tenue de serveuse, avec sa longue et soyeuse chevelure blonde, Liana était aisément reconnaissable. Elle vint lécher la peluche, clignant des yeux en la reniflant, avant de lui mordiller l’oreille.

« Mais qu’est-ce que tu fabriques ? s’énerva l’autre neko. Si tu abîmes une peluche pour Maîtresse, elle va se fâcher !
 -  Il y a quelque chose d’étrange avec cette peluche... » se contenta de dire Liana, comme si cette simple phrase suffisait à tout justifier.

Maia se rapprocha, et racla sa gorge. Immédiatement, les deux nekos se redressèrent, bondissant d’un seul coup. Celle qui parlait avec Liana s’appelait Lizzie, et était une fan d’uniforme scolaire japonais, ainsi qu’une grande amoureuse des félins. Si Liana était du style irresponsable, Lizzie l’était un peu plus, et se redressa sur ses pattes arrières, aimant se tenir comme une humaine, ayant été éduquée ainsi, avant que Mélinda ne la rachète.

« Que se passe-t-il ? » demanda Maia d’une voix claire.

Liana parla la première, expliquant qu’elles avaient trouvé cette peluche devant la porte de la chambre de Mélinda. Maia fronça les sourcils, et se pencha pour la regarder. Elle portait des vêtements terriens, et attrapa la peluche, en fronçant les sourcils.

« Et vous ignorez qui a apporté ça ? »

Les deux nekos secouèrent la tête de gauche à droite, tandis que Maia fronçait les sourcils.

« Qui pourrait bien vouloir donner ça à Maîtresse ? C’est une peluche moche ! » s’exclama Lizzie, qui ne jurait que par les félins.

Maia ne releva pas. Le plus troublant, c’était surtout qu’il n’y ait pas de noms... Et que Mélinda n’aimait pas les peluches. Or, il y avait bien quelqu’un qui devait avoir amené ça ici, et ce ne pouvait être qu’un membre du manoir. Maia fronça les sourcils, regardant la peluche dans tous les sens, mais sans trouver l’étiquette indiquant d’où elle venait.

« Il s’agit sûrement d’une farce, lâcha-t-elle.
 -  Ah bon ? demanda Liana. Il y a quelque chose de bizarre avec cette peluche, mais je ne saurais pas dire quoi... »

Maia haussa les épaules.

« Elle ne sent pas bon..., essaya de préciser Liana.
 -  Bah, il n’y a qu’à la foutre aux ordures ! C’est sûrement Clara qui aura voulu faire une farce. Je crois que je vais devoir vraiment la fouetter, celle-là ! »

Maia attrapa la peluche par les oreilles, et sortit du manoir par les marches. Elle arriva dehors, à l’arrière du manoir, et descendit un petit sentier menant vers une dépendance externe. Il y avait le générateur électrique, dans une cabane fermée, et, surtout, les poubelles. Elle ouvrit en grand la poubelle, et balança la peluche à l’intérieur. Il n’y avait pas que Maîtresse qui n’aimait pas les peluches. Maia les avait aussi en sainte horreur.

Elle referma le couvercle, et retourna rapidement vers le manoir, pensant à la manière dont elle allait corriger les fesses de cette maudite Clara.