Un territoire bien fascinant { PV Hiro }

C'est le soleil qui m'éveille, dardant sur moi un de ses rayons lumineux et chaleureux. Je m'étire, sur le sol que les feuilles d'arbres tapissent, et me rends compte que je suis nue. Nue et pleine de sang. C'est vrai, j'ai chassé sous forme de léopard hier. Le gibier était intéressant, et planter mes dents dans la chair fraîche, me repaître de son sang... Hmm... J'ai dû me retransformer avant de m'endormir, car ce n'est pas que du sang qui me recouvre. C'est aussi le liquide séché résultant des transformation. Lorsque je m'étire, la couche séchée se craquelle et se fendille de toute part. Je me relève et vais me baigner dans la rivière tout près avec plaisir.

Lorsque j'en ressors, il doit être plus de midi au soleil. Je soulève une trappe, parcours des yeux la cache d'arme que j'ai aménagé, et referme la trappe. Puis, dans la petite hutte que je me suis montée, qui tient plus d'une grotte en branchage que d'une hutte, je prends une jupe de cuir et un bandeau pour ma poitrine. Pour la maintenir et la couvrir, pas pour la masquer. Quant à la jupe, elle est très courte et n'importe qui peut remarquer que je n'ai aucun sous-vêtement. Je coiffe rapidement mes cheveux avec mes doigts et allume deux feus au-dehors. J'y fais chauffer des pierres également. Lorsque tout n'est que braise dans le premier feu, et que les pierres sont assez chaude, j'y dépose deux épaisse tranche de viande encore sanguinolente. Le reste de la bête chassée. Je saupoudre de quelques herbes de cuisson, avant de retourner la viande pour que l'autre côté saisisse. A côté, j'ai une espèce de récipient au-dessus de l'autre feu. L'eau bout, il est donc temps d'y ajouter quelques... Haricots d'après ce que m'a dit le marchand. Je les y laisse un instant, le temps qu'ils cuisent, puis vide l'eau et rajoute la sauce tomate qui allait avec, toujours d'après ce même marchand. Ensuite, je laisse reposer, tandis que je m'occupe de la viande qui continue de cuire. Etrangement, je préfère ma viande crue en léopard et en semi-léopard, et bien cuite en humaine. En fée, je suis végétarienne ou insectivore.

Lorsque mon repas est prêt, un repas qui contenterais bien trois personne, je me prend une assiette et commence à manger. Mais un bruit m'interromps. Posant brusquement mon assiette à peine entamée sur la souche d'arbre où j'étais assise, j'ouvre silencieusement la trappe et saisit un fusil. Un fusil pratiquement plus grand que moi, projetant du plomb, dans un cercle de grand diamètre pour être sûre de toucher quelque chose. Puis, contournant quelques arbes, je me met à ramper le long d'un monticule plus loin afin de prendre en défaut celui ou celle qui cherche à envahir mon territoire. Les fées sont censées être pacifique, mais j'ai une part humaine et métamorphe en moi en plus, et je n'étais déjà pas très pacifiste avant d'être griffée. Alors si c'est un intrus de type humanoïde, il va voir de quoi je suis capable, et ça lui apprendra peut-être à ne pas franchir les frontières de mon territoire.

J'étais seul, à traquer un traître de mon armée, qui avait vendu des informations à un village terranide, juste avant notre attaque. En silence, je me déplaçais, un M14 silencieux dans les mains. Ce n'était pas vraiment mon style d'utiliser une arme à feu sur Terra, encore moins un tel monstre, mais je me devais de l'avoir, et s'il passait au loin devant moi, je voulais être sûr de l'avoir, et non pas de devoir lui courir après avec une épée ou encore une hache… Non, je ne voulais pas perdre une seule seconde et pouvoir rentrer dans mon palais personnel à siroter un verre de whisky.

D'ailleurs, pourquoi diable j'avais décidé de faire ça? "CRAC". C'est lui, je me déplaçai alors en silence, puis je le vis. Il s'était arrêté pour que le bruit passe, afin qu'il ne continue pas à faire du bruit. Grosse erreur. Posant un genou au sol, j'alignai mon arme sur sa tête, il était à dix mètres de moi, ce devrait être facile. Je fermai l'œil gauche, puis serrai la détente. Je vis la tête, trouée d'une balle, balancer vers le côté gauche, puis le corps, sous l'effet d'un coup de tonnerre, ou l'équivalent, se souleva, projeté vers l'arrière.

Bordel!

Me dépêchant, je plaquai mon dos contre un arbre, puis dit d'une voix forte.

Qui est là? Montrez vous sans votre arme, et je ferai de même!

Je voulais que la personne se montre en premier et, surtout, sans son arme. Après ce que le colosse avait fait au traître, je ne voulais pas avoir à me retrouver dans le chemin d'un tel engin!

J'attendais tranquillement que le sniper décide de sortir de sa cachette, je savais très bien que, tant qu'il ou elle ne me réponde pas, je ne dois pas sortir de ma cachette.

Soupirant, je me demandais encore pourquoi je n'avais pas envoyé mes hommes buter cet imbécile, je serais encore chez moi, à me prélasser tranquillement près de mon point d'eau, au lieu d'être dans cet endroit, où je risquais ma peau…

L'intru était dans ma ligne de mire. J'attendis deux secondes, pour bien viser, et je tirais. Bang ! Plus d'intrus. Plus qu'un cadavre que, si j'avais été sous forme animale, j'aurais dévoré avec satisfaction. Mais étant de forme humaine, je me contenterais de le brûler. J'allais d'ailleurs y aller de ce pas lorsqu'une exclamation se fit entendre, suivit d'un ordre. Un ordre... Une suggestion dirait sûrement certain, mais ça s'apparentais à un ordre. Je sifflais, les dents serrées, et restait aplatie près du monticule.

• Jamais. Vous êtes sur mon territoire. Désarmez-vous sans causer de problème et je verrais ensuite...

Je me déplaçais silencieusement, pour qu'il ne puisse savoir où je suis grâce à ma voix, et me retrouvais bientôt en face de là où j'étais auparavant, ayant glissé sans un bruit sur le sol tapissé de feuille de l'endroit. J'y avais laissé le fusil, que je n'avais pas réarmé à cause du bruit qui pourrait me faire remarquer, et dégainait à présent l'unique arme qui me restais : Un long poignard ouvragé, en argent pour la lame, le manche étant entouré de cuir. L'argent blesse les métamorphes, aussi j'étais parée s'il s'agissait d'un confrère. Mais je n'avais senti que des odeurs humaines, ça ne pouvait donc pas être un autre métamorphe.

Je me préparais à bondir si jamais il sortait, afin de le plaquer au sol pour ne pas risquer d'être blessée. Ce deuxième intru paraissait toutefois moins maladroit que le premier...

J'étais dans une impasse, si je fuyais, elle allait me descendre comme un lapin, si je résistais... Elle allait quand même me descendre étant donné que je n'avais qu'une vague idée de l'endroit où elle pouvait être… Qu'est-ce que je devrais faire?

Prenant une respiration de plus en plus lente, j'essayais de me calmer, afin d'être le plus détendu possible. Si je voulais réussir ce que je m'apprêtais à faire, il était évident qu'il me fallait être rapide et précis, et la nervosité m'empêcherait de l'être. L'arme contre ma poitrine, je levai mon genou du sol, puis je me lançai dans la ligne de mire de ce qui semblait être une femme, et tirai à répétition.

J'avais fait mouche sur ma cible, car j'avais vu les impacts. Cependant, il n'y avait plus de tireur, seulement l'arme, qui semblait avoir été touché par l'un des nombreux projectiles.

Mais qu'est-ce que c'est que ce foutoir?

Comme je me relevais, un puissant coup dans mon dos me fit m'effondrer, la jeune femme m'avait sauté dessus, j'étais à sa merci… Enfin, presque. Réussissant avec difficulté à me défaire d'elle, je me remis sur mes pieds, regardant le poignard qu'elle avait entre les mains. Toujours en état d'alerte, histoire d'éviter les imminents coups qu'elle allait me porter, je lui dis, encore légèrement haletant.


Tu sais, tu ne devrais pas essayer de me tuer, car si on découvres que tu t'es débarrassée du prince des marchands nexusiens, tu ne pourras plus vivre ici en paix, ils enverront soldats après soldats, simplement pour venger ma mort. Une fois que tu ne seras plus de ce monde, ils brûleront "ton territoire", comme tu le dis si bien.

L'adrénaline tomba alors en pique, et je sentis alors une douleur me traverser la cuisse. Baissant la tête, je remarquai qu'elle m'avait eut avec son poignard, elle avait réussi à me taillader, enfin, le mot est faible. La douleur était intense, mais je n'allais certainement pas montrer à mon adversaire qu'elle avait le dessus sur moi.

Tout ce que j'espérais pour le moment, c'était qu'elle comprenne à qui elle avait à faire. Enfin, assez pour qu'elle me laisse tranquille.

Donc, avec ton accord, je vais partir d'où je viens, très respectueusement, tout en te laissant ton territoire.

J'étais plutôt satisfaite de ma ruse. Alors que j'étais à l'opposé de l'endroit où j'étais précedemment, l'intru tira sur mon arme restée à terre et s'avança ensuite. Avec un sourire, je poussais sur le sol avec mes pieds et bondit sur lui lorsqu'il fut à ma portée. Je ne le retint pas longtemps, mais, mon poignard en main, je le maintenait en joue. Ma langue humecta mes lèvres alors que je l'écoutais en souriant doucement. Pas amusée. Non. Juste... Un sourire assez féroce.

• Le Prince des Marchands Nexusiens... Voyez-vous ça... Rien que ça ?

Une goutte de sang maculait mon poignard. Mon regard dériva alors sur lui, l'auscultant rapidement, avant de se fixer sur sa cuisse. Hm. Je l'ai eu. Génial. Bons réflexe ma vieille...

• Et qui me dit que tu n'es pas en train de mentir ? Comme tout humain qui se respecte... Evidemment...

Je me fichais un peu de ce qu'il racontait en fait. Je ne voyais en lui qu'un intru un peu braillard pour le moment. Le bras tendu, qui ne tremble pas, je le dévisageais d'un air narquois. J'étais comme montée sur ressorts, mon corps vibrant comme la corde d'un arc. Peu importe qu'il fasse attention à ma tenue dénudée, peu importe qu'il soit un Prince ou je-ne-sais quoi... S'il ment en disant qu'il s'en ira "comme si de rien n'était", je le bute. S'il dit la vérité, je vais peut-être essayer d'en savoir plus sur lui...

• Pourquoi es-tu venu ici, mâle ? De quelle meute, humaine, métamorphe ou terranide, fais-tu partie ? Réponds !

Oui, autoritaire en plus. Un rictus dévoila mes dents, blanche, alors que mon regard étincelait. Autant d'intelligence, que de malice et de sauvagerie.

Franchement, cette jeune femme faisait tout pour me mettre en colère. Non seulement elle me croyait capable de mentir sur mon rang social, mais en plus, elle me traitait d'humain!

Je suis un ESPer, pas un humain. Si j'étais humain, j'aurais des problèmes de sommeil dû aux choses que je fais subir à ses espèces inférieures. D'ailleurs, je n'ai pas peur de mourir, alors pourquoi je mentirais, alors que je sais très bien que mentir ne me donnerait rien?

Comme pour lui faire comprendre que je ne faisais pas ça pour éviter l'affrontement,  je sortis un poignard, d'une trentaine de centimètres, la poignée en or, entourée de cuir véritable, noir, sertie de rubis et saphirs, une autre preuve de ma richesse bien évidente.

Je ne suis d’aucun clan, aucune tribu, quelle qu’elle soit. Je représente mon propre clan, celui des marchands. La raison pour laquelle je suis ici présentement, c’est que je pourchassais l’homme que ton fusil a transformé en passoire, car il était un traître.

Je ne ressentais plus la douleur de ma cuisse, blessure qui n’était pas vraiment importante, qui me permettait quand même de me déplacer sans trop de problèmes. Et de toute façon, j’espérais simplement qu’elle renonce au combat, mais je ne voulais pas avoir l’air de fuir le combat. En plus qu’un peu d’exercice ne me ferait pas de mal…

Écoutes, si tu tiens vraiment à te battre, je suis prêt à faire quelque chose d'aussi inutile, voire risqué… Mais, au final, ça changerait quoi?

Selon mon point de vue, se battre ne changerait rien, étant donné qu’il y ait autant de chances qu’on se retrouve dans une impasse, vu ma possibilité de ressusciter des morts. Mais bon, si elle voulait en arriver là, je n’avais d’autre choix que de me plier à sa volonté, et la tuer.

Plantant ma dague dans le sol, je retirai ma chemise ample, qui m’empêchait de bouger le haut du corps, puis la posai au sol, avant de reprendre mon arme. Plus le temps passait, plus j’avais envie de lui faire payer son arrogance face à moi, alors qu’elle m’ordonnait presque de me présenter à elle. Il fallait vraiment qu’elle comprenne qui j’étais, et ce, même si je devais la tuer.

Mon regard se chargea d'incrédulité. J'ai beau être ici depuis un bout d'temps, jamais je n'avais entendu parler des ESPer. J'haussais un sourcil, avant d'hocher brièvement la tête à ses paroles. Ses explications se tenaient. Mais comme toujours, lorsqu'on est sur mon territoire, je suis très méfiante. Mon regard frôla ensuite ce poignard qu'il sortit. Une très belle oeuvre d'orfèvrerie ma foi. C'est donc qu'il était bien aussi riche qu'il le prétendait. Ce qui m'incita à moins douter. Mais quand même, on ne pénètre pas sur mon territoire comme ça. Même pour une vengeance ou quoi que ce soit d'autre.

• Qui dit que je tiens à me battre ? Je désire juste éliminer toute menace contre mon territoire. Pacifiquement ou moins pacifiquement.

Je jouais avec ma dague, apparemment décontractée mais mes muscles étaient tendus, prêt à fonctionner.

• Depuis ce loup-garou la dernière fois, j'ai encore moins confiance en les mâles, hommes, terranides ou autres. Alors jusqu'à ce que j'ai une preuve indéniable que tu ne représentes aucune menace pour moi ou mon territoire, je resterais sur mes gardes...

Se battre, ça changerait quoi ? J'aurais une idée de son potentiel, j'aurais une idée de la menace qu'il pourrait représenter s'il n'était pas vraiment, comme il le disait, sans aucunes intentions de m'envahir. Et puis, éventuellement, je verrais à quel point il serait dominant par rapport aux autres mâles que je connais... Eventuellement.

Ma dague se pointa à nouveau sur le torse du jeune homme, l'observant retirer sa chemise pour être plus à l'aise. Je baissais légèrement le bras, et l'écartais sur le côté, comme pour me mettre en cible. Un sourire suffisant aux lèvres, confiante en ma capacité d'évitement et de représailles, je l'invitais à attaquer en premier.

• A toi l'honneur, étranger... Mais avant, qu'est-ce qu'un ESPer ?

Et oui, je ne tiens pas à mourir idiote.

Le combat allait s'avéré être finalement plus un duel, propre et civilisé, voilà qui me plaisait déjà plus. D'ailleurs, même si j'avais essayé d'éviter l'affrontement, je devais dire que l'idée de me battre me rendait assez impatient, il y avait un moment que je n'avais pas affronté quelqu'un en duel. Évidemment, je m'entraînais toujours au corps à corps avec certains de mes hommes, les meilleurs pour tout dire, mais nous nous affrontions sans nécessairement donner tout ce que nous avions, étant donné le risque de blessures… Il était donc hors de question que je laisse passer une chance de pouvoir me battre comme je le faisais avec mes frères, lorsque nous étions adolescents.

Bien sûr, nous sommes deux personnes civilisées, après tout. Un ESPer, c'est une créature aux formes humaines, un humanoïde, cependant certains ont plus l'air d'humains que d'autres, qui possède un unique pouvoir, aussi puissant soit-il.

Je souris légèrement en laissant ma dague pivoter, la lame pointant vers le haut avait fini par pointer le sol. Certains diront que je suis fou, que je ne devrais pas voir ce que nous faisions comme un jeu, que je risquais ma vie. Cependant, il y avait tellement longtemps que je n'avais pas confronté la mort en face; mon existence sur Terra consistait à faire des affaires avec des gens qui souhaitent avoir des esclaves, et à coordonner les attaques à partir de mon château, près du palais royal. Ma vie sur Terre, elle, consistait à défendre des hommes de mal, et à remplir des dossiers avant de jouer les tueurs à gage, où je ne laisse même pas à ma victime le temps de savoir que quelqu'un veut sa tête. J'ai donc rarement des combats à mener où je risque ma vie…

On m'a toujours enseigné de ne pas frapper le premier… Mais peu m'importe.

Je ne sais si le but de la femme devant moi était de me tuer, mais ce n'était le mien que de l'envoyer voir Charon. Après tout, elle n'avait rien fait de mal, elle défendait tout simplement son territoire, et je pouvais très bien la comprendre de chasser les intrus… Mais c'était dans ma nature que de défier l'autorité présente.

M'élançant vers la jeune femme, je feintai un coup d'estoc dans le ventre pour finalement donner un coup sur la cuisse. Cependant, étant beaucoup plus rapide que moi et ayant probablement plus d'expérience que moi, car elle avait facilement évité le coup avant de se retourner vers moi, et me frapper avec sa dague. Heureusement que j'ai de bons réflexes et que j'avais eut le temps de dévier la trajectoire de la lame avec la mienne, sinon le duel se serait terminé là.

Il fallait dire que, malgré l'adrénaline qui courrait dans mes veines, la blessure à ma cuisse était quand même réelle, et me faisait souffrir, je ne pouvais donc pas être au mieux de ma forme. Cela dit, je me comptais chanceux de pouvoir compter sur la drogue qui affluait dans mon cerveau, car ma jambe, en état normal, serait comme un boulet que je devrais subir et endurer…

J'étais parti avec un handicap, et ça pourrait me coûter la vie…

Ayant compris ce qu'était un ESPer, je souris doucement. Mon regard analysait chacune des actions, même minimes. Je savais donc que, même s'il s'efforçait de l'ignorer, les élancements de sa blessure à la cuisse le gênait. Bon, il faut dire que ma lame était recouverte d'une couche très fine de produit urticant. Donc ça n'allait pas tarder à le démanger. En même temps, je n'avais pas prévu de le combattre à la loyale, mais plutôt de tuer tout intrus sur mon territoire sans qu'il n'y ait de survivant et sans qu'ils ne sachent ce qui leur arrivent. Un imprévu regrettable, donc... Qui risque de fausser le jeu. Enfin tant pis.

• C'est une idiotie de ne pas frapper le premier. Ou alors il faut savoir très bien éviter et attaquer de suite après...

Joignant le geste à la parole, je me défile sous le coup, lestement, gracieusement, avant d'abattre ma lame qu'il ne pare que grâce à un réflexe sans doute mécanique. Ramenant mon bras vers moi, je n'attendis pas cinq cents mille ans avant de porter un nouveau coup, dessinant une sorte de croix invisible dans l'air. Si le coup portait, il se retrouverait avec une jolie marque en forme de X sur son torse. Sinon, et bien un coup pour rien. Je pris tout de même garde à protéger mon flanc le plus exposé, le gauche, tandis que le droit était offert aux coups, bien qu'à l'opposé de cet étranger.

• Pas mal pour un presque-humain...

Oui, j'aime narguer. Un coup de vent souleva mes cheveux, et ma jupe, et je fis un mouvement pour dégager ma vision. Durant quelques secondes, je suis vulnérable. A lui de jouer...

Il ne lui suffisait pas de me combattre et avoir un grand avantage sur moi, il fallait qu’elle me nargue en plus? Cette femme commençait vraiment à me taper sur le système, mais je ne pouvais pas attaquer maintenant, il fallait que quelque chose perturbe la jeune femme, quelque chose qui puisse me permettre de profiter d’une faiblesse quelconque de mon adversaire.

Ne m’insultes pas, je ne suis pas un « presque-humain », je suis bien au-dessus de ces cloportes ridicules.

On dit que la vitesse et la force dépend du gagnant d’un combat, mais on a tendance à oublier le facteur assez important qu’est la chance. Une roche peut faire trébucher notre opposant et le mettre à terre, une crevasse se trouvant au bon endroit au bon moment. Dans ce cas-ci, le vent se leva, voilant la vue de la femme avec ses propres cheveux et de sa jupe, dévoilant un pubis, elle ne portait aucune culotte, mais je ne fis pas attention à cela. Voilà, il était grand temps que j’agisse, j’étais en position de force, et je me devais d’agir dès maintenant. Qui sait, ça pourrait très bien me donner l’avantage du combat.

Ne comptant plus la douleur qui émanait de ma blessure, je fonçai et, au lieu de lui donner un coup de couteau, je lui fauchai les jambes avec un coup de pied, au niveau de la cheville. Posant un genou sur le ventre, et l’autre sur le poignet de la main qui tenait la dague, je lui retirai des mains avant de planter les deux armes dans un tronc, à environ deux mètres de là. Elle avait beau être forte et rapide, si je la tenais bien, je ne courrais aucun danger.

La  retournant pour plaquer son ventre au sol, je glissai mon bras sous son cou et exerçai une forte pression sur sa gorge, refermant les voix respiratoires.

Écoutes, je n’ai pas l’intention de te tuer, je veux seulement te prouver que je ne mérite pas de mourir ainsi… Que faut il que je fasse pour que tu acceptes de me laisser partir?

Il n'est pas un presque-humain. Tant mieux pour lui. Je sens que ce surnom va lui coller à la peau longtemps encore. S'il survit.

• Pour moi, si. Ce n'est pas une insulte. Juste une observation.

Laconique. Mais tellement véridique. Alors que le vent pousse mes cheveux, je passe ma main sur mon visage pour les repousser. Oui, je suis vulnérable. Et apparemment, ce n'est pas un novice car il profite de cet instant de faiblesse pour bondir vers moi. Je sentis mes chevilles se dérober sous moi à cause de son coup de pied, et je me retrouvais les quatre fers en l'air -ou pas loin- à sa merci. J'expirais violemment alors que ma lame m'échappa des mains pour aller se planter dans un tronc non loin avec celle de l'homme. Peinant à reprendre mon souffle, à cause de son genou sur mon abdomen, je ne pus lutter lorsqu'il se chargea de me retourner.

Aussi, je me retrouvais face contre terre, la trachée à demi-écrasée, luttant pour respirer ne serait-ce qu'une bouffée d'air. En voulant me débattre, je sentis les minuscule petit cailloux du chemin de terre frotter et irriter mon pubis dévoilé, où aucun poils ne protégeaient ma peau nue. Mais, malgré la gêne et la légère douleur occasionnée, le léopard en moi supportait mal d'être ainsi dominé. Même lorsque je ne suis pas transformée, je ressens les instincts de la bête; Je peux lutter contre, mais je les ressens tout de même.

• Je ne... Haa...

Ma voix se fendit sur la fin alors que la bête en moi avait ce qu'elle voulait savoir. Le léopard acceptait cette "domination" qu'il avait acquis sur moi. Mais, chez le félin, ça voulait dire être prêt à s'accoupler également. Et mon corps réagit étrangement. Jamais encore ça ne s'était produit. Cette boule de chaleur au creux de mon ventre... Je n'en tins pas compte et repris :

• Soit... Tu... M'as convaincue... De ne pas te tuer... Valeureux guerrier... Pour un presque-humain...

Mon corps souple se tendit alors que, sans me débattre, je cherchais une position qui m'irriterais moins sur le sol peu confortable. Mes reins se creusèrent pour que mon pubis échappe à l'irrégularité du sol irritant. Je soufflais, et inspirais à nouveau une grande goulée d'air.

L’envie n’aurait pas été le mot qui aurait mieux convenu à mes sentiments, alors que ce qui avait semblé être un test s’acheva avec la soumission de la femme vis-à-vis de moi. Il était étrange de voir une femme admettre avec la parole qu’elle est soumise à un mâle, et ça ne faisait que renforcer l’image que j’avais de moi-même comme étant le mâle alpha…

Retirant mon bras d’autour de sa gorge, je lui tapotai le dos en l’aidant à se relever, pour qu’elle retrouve une respiration plus lente et moins saccadée. La quittant pour aller reprendre les armes qui attendaient gentiment, l’adrénaline, ou du moins les effets, commençait à s’estomper alors que je sentais une douleur courir de mon pectoral gauche, jusqu’à mes abdominaux droits. L’attaque que la jeune femme avait porté m’avait atteint en partie, mais je n’avais rien senti durant le combat, l’adrénaline estompait la douleur et mon attention se portait sur autre chose que les blessures à recevoir ou encore déjà reçues.

Revenant vers la jeune femme, je lui tendis son arme avant de ranger la mienne dans son fourreau. Peut-être était-ce une erreur que de lui faire confiance alors qu’elle venait tout juste d’abattre froidement un inconnu, enfin, je l’avais tué avant elle, avant de  tenter de faire de même avec moi et le tranchant de sa lame… Mais quelque chose me disait qu’elle accordait beaucoup d’importance à la loyauté, la soumission face au dominant.

Voilà, ton arme. Maintenant, si tu veux bien, je vais utiliser ton point d’eau pour me débarbouiller un peu.

Ne prenant pas le temps d’écouter sa réponse, je me dirigeai vers un petit lac que j’avais cru remarquer en pourchassant le traître, laissant la jeune femme seule à notre arène de fortune, traînant mon ample chemise à mon bras.

Une fois au lac, je retirai mes pantalons de couleur ébène pour les apposer avec mon chandail et mes chaussures traditionnelle des gens aisés de Nexus. J’allai dans l’eau froide, nu comme un vers, je ne portais pas de sous vêtements moi non plus, avant de m’asperger le torse, le ventre, le visage de l’eau bienfaisante et régénératrice.

Je commençai alors à faire le bilan des blessures que j’avais subi : Quelques équimauses, une coupure légère au thorax et une plaie assez profonde au niveau de la cuisse… Les autres blessures n’avaient pas une gravité importante, mais celle au bas de mon corps… j’allais devoir marcher avec une canne pendant quelques semaines après ça. Comme je n’avais rien à portée de main qui pouvait servir à éponger le sang, et que je ne voulais pas mettre plein de sang sur ma chemise en soie, je faisais couler de l’eau sur mon torse et ma cuisse, chassant le sang avec mes mains.

Une fois terminé, je me laissai porter avec l’eau paisible, pensant être tout seul, dans l’eau comme dans les environs. Peut-être avais-je raison, peut-être avais-je tort. Les yeux dans le ciel, le corps dans l’eau, je me permettais de me prélasser sur le territoire d’une femme qui tuait tout intrus, car, dorénavant, je n’en étais plus un. Probablement que si je quittais cet endroit, je ne pourrais plus y retourner, alors aussi bien profiter aussi longtemps que possible de la soumission de mon hôte.

Serait-ce l’eau qui ondule que je sens? Un animal peut-être?

Je calmais mon souffle alors que l'homme se relevait et m'aidait à en faire de même. Il me rendit même mon arme, alors que j'étais loin de m'y attendre. Il l'avait gagnée loyalement après m'avoir vaincue, mais je ne dis rien et l'acceptais. Tout comme j'acceptais qu'il aille utiliser le point d'eau non loin. Pendant ce temps, j'allais déposer l'arme avec les autres, et chercher un panier de baies.

Curieuse, cependant, j'approchais à pas de loup du point d'eau sus-nommé, et j'épiais discrètement le prince des marchands. Beau corps, et bon style de combat. Je retournais discrètement chercher un baume à appliquer sur les blessures, et lorsque je l rejoignit, il flottait sur l'eau, paisiblement. Et la blessure à la cuisse, qu'elle lui avait faite, était la plus grave apparemment. Elle saignait toujours. Posant à terre le panier de baies et le baume, j'ôtais le peu de tissu qui me recouvre (un simple bandeau et une micro-jupe en cuir) avant d'entrer précautionneusement dans l'eau, la faisant légèrement onduler. Le baume à la main, je m'approche sans un bruit du guerrier presque-humain, et pose doucement ma main sur son bras, pour le prévenir de ma présence.

Puis je parle. D'une voix neutre, détachée.

• Ta blessure à la cuisse saigne beaucoup. J'ai ici un baume à partir d'essence végétales et de graisses animales. Il fera cicatriser cela plus vite, et dans quelques jours si tu en met régulièrement, ça aura disparu.

Joignant le geste à la parole, je pris une noisette du baume dans la demi noix de coco vide utilisée comme récipient, et j'en tartine généreusement sa blessure, prenant garde à ne pas trop appuyer. Je faisait en sorte que le baume pénètre la peau et recouvre tout à fait l'entaille.

• En séchant, et ça sèche rapidement, ça va former comme une espèce de bandage, de protection. Lorsqu'elle aura disparu, environ douze heures après application, il faudra en remettre. Ça remplace les tissus endommagés et répare les muscles, tendons, etc..

Sans plus rien ajouter, je finis l'application du baume et m'éloigne doucement.

Ça n’était pas un rêve; j’avais bien senti l’eau onduler. C’était un miracle que je puisse sentir quoique ce soit, car l’adrénaline du combat, ainsi que ses effets, s’était estompée, et maintenant la douleur sur mon torse, mais spécialement sur ma cuisse, était atroce, déchirante… Mais soudainement, une main caressait la blessure, main enduite d’un certain onguent qui apaisait la douleur… Ça n’était pas magique, ça ne l’arrêtait pas, mais au moins je pouvais souffler un peu.  La cuisse avait beau  être sous l’eau, ça n’empêchait pas la crème de faire effet, créant une espèce de membrane.  Je me redressai, seuls mes épaules et ma tête étaient immergées. Regardant la jeune femme s’éloigner de moi, j’hochai légèrement la tête.

Oui, bien sûr. Merci d’avoir apaisé ma blessure… Pourquoi m’aider, alors que j’étais un hostile sur votre territoire il y a à peine cinq minutes?

Elle avait beau s’éloigner de moi, je m’avançais  vers elle nageant jusqu’à elle. Il était rare de voir deux ennemis qui se battaient  il y a quelques minutes et qui partagent maintenant un bain. C’était une créature intéressante, différente des humains, qui se battaient sans raison et qui même après le combat gardaient leur rancœur et  leur haine, et après se poignarder constamment dans le dos. J’ai beau vivre avec les humains et même imiter leurs coutumes, j’aime le respect de la soumission des créatures et animaux, ils savent que poignarder dans le dos n’est pas une si bonne idée.

Quel genre de créature es-tu? Tu m’intrigues, beaucoup même!

Et ça, c’était sans parler niveau corporel, où elle était très belle, pour une sauvage! Disons que, depuis la douleur qui avait disparue, la menace de mon meurtre disparue aidant grandement,  je découvrais le corps de la jeune femme qui m’avait attaquée et ce que je pouvais voir me plaisait!