[Je sais, je contrôle Arès, mais je ferai mon possible pour qu’il soit le plus fidèle possible. Considérez cela comme un caméo]
Les Haut-Prêtres venaient de s’emparer d’elle en lui enfonçant de force une pierre antimagie dans la gorge pour s’assurer qu’elle ne puisse pas lancer le moindre sort pendant tout le temps du transfert qui venait d’être entendu entre les Dieux et un petit mortel auxquels, par désir de faire un peu remuer le monde, ils avaient promis la clé de la victoire, en échange d’épouser une prêtresse et d’accepter toutes les demandes du Dieu que celle-ci vénérait. Raven aurait voulu crier de frayeur, mais ses cordes vocales sectionnées ne lui permettaient pas d’alerter qui que ce soit. Les hommes l’avaient soulevée de terre pour l’empêcher de s’enfuir, mais elle se débattait avec énergie, tentant de les mordre et de les griffer, mais pour la calmer, ils lui enfoncèrent un poignard dans les tripes. Elle poussa un cri de souffrance et cessa de se débattre pour ne pas se blesser davantage. Elle fut alors trainée de force devant un triumvirat de trois Dieux; Oneiros, Chryséis et leur père, Arès. Cette seconde manqua de réagir à voir sa mère ainsi malmenée, mais elle n’en fit rien et fit son possible pour sembler détachée. Arès, pour sa part, ne sembla point interpellé par la chose, car même s’il l’était, il était beaucoup trop fier pour le montrer. Il se contenta d’adresser aux Haut-Prêtres des regards impitoyables et furieux. Il détestait que les autres Dieux se permettent de se servir de SES propriétés pour asseoir leur pouvoir sur les mortels. Raven fut mise à genoux, maintenue par les bras, devant son maître, avant que le Prêtre en chef ne lui agrippe les cheveux et la force à relever la tête. Ses lèvres et son souffle trahirent un gémissement de douleur.
-Grand Dieu Arès. Nous vous demandons l’autorisation d’emmener la Prêtresse Raven Miller, votre servante, pour son prochain mariage avec le Comte Phoebus d’Ashnard, et aussi, en mesure de prévention, de retirer à votre fidèle ses pouvoirs et, surtout, son lien particulier avec vous.
Si elle aurait pu pousser un cri de surprise, elle l’aurait fait, mais en entendant cela, elle mit davantage d’énergie à se libérer de la prise de ses tortionnaires, de grosses larmes brillantes malgré l’absence de lumière perlant de ses yeux. Elle accepterait tout, si Arès le lui demandait, mais elle refusait qu’on la prive de son lien avec son maître. C’était la seule chose à laquelle elle tenait réellement. Qu’on la dépouille de sa magie, s’il le fallait, mais cela était un prix beaucoup trop élevé pour elle. Elle éclata en sanglots et, comme une enfant, elle continua de se débattre. Chryséis sentit alors sa main se resserrer sur la poignée de son sabre, mais un regard d’Arès la dissuada d’agir. La fille regarda sa mère se faire frapper d’un grand coup de bâton sur le crâne. Assommée, la jeune femme s’évanouit tout simplement, n’ayant le temps, après le choc, que de croiser le regard d’Arès. Il n’a pas réagi. Il n’a même pas bougé d’un pouce pour l’aider. Blessée, malgré que ce ressentiment n’était pas légitime, Raven sentit un moment son cœur s’arrêter et elle s’effondra. Un des Prêtres, plus attentionné, s’empressa de soulever la jeune femme dans ses bras, sans effort. Il adressa un regard haineux à son chef, qui l’ignora superbement.
-Veuillez procéder, Grand Dieu Arès.
Le Maître de la Guerre foudroya de son terrible regard le Prêtre puis il passa simplement une main au-dessus du corps de Raven. Celui-ci s’illumina brièvement d’une couleur bleuté, avant que soudainement, le cocon tombe en poussière, signalant ainsi la disparition des pouvoirs de la jeune prêtresse ainsi que du lien entre les deux anciens amants. Dès qu’il sentit l’absence de la présence de Raven dans son esprit, le Dieu laissa libre cours à son mécontentement et envoya son poing vers le nez du Prêtre, le faisant éclater sous l’impact.
-Prenez mes paroles aux mots, Prêtres. Cette femme, comme tous mes fidèles, m’appartient. Et le fait que vous ayez osé m’enlever un de mes biens vient de vous gagner une place parmi mes ennemis. Considérez-vous chanceux que Zeus ait approuvé cette démarche, car autrement, vous seriez déjà morts. Dégagez de ma maison. Immédiatement!
Peu enclins à mettre le Dieu de la Guerre plus en colère qu’il ne l’était déjà, les prêtres prirent leurs jambes à leur cou en emmenant la Prêtresse désormais sans puissance, avant de se dématérialiser pour arriver à temps à la cérémonie qui officialiserait les liens entre les Dieux et leur élu. La guerre étant le meilleur catalyseur à l’énergie cosmique requise pour nourrir les divinités, les rendant encore plus puissantes et performantes, celles-ci ne tolèreraient pas qu’une chance pareille leur file entre les doigts.
Le mariage se déroula sans encombre. Après son réveil, Raven avait immédiatement ressenti l’absence de son maître dans son esprit et dans son cœur. Avec la résignation propre aux servantes, elle s’accorda un moment pour pleurer son amour perdu et sa déception de cœur, puis elle se redonna contenance, un art qu’elle avait, sans en avoir conscience, développé au cours de sa vie. Malgré sa soixantaine, la jeune femme restait toujours aussi belle et fraîche qu’à ses seize ans, l’âge légal de mariage dans le pays d’Ashnard. Après avoir enfilé avec la soumission requise son armure signalant son appartenance au culte direct d’Arès, la jeune femme avait quitté la petite chambre où on l’avait installée. Un serviteur lui demanda, dès sa sortie, si elle était prête à la cérémonie. Elle lui aurait bien répondu que non, mais si Arès avait consenti à ce mariage, c’est qu’elle devait s’y soumettre, donc, elle opina du chef, malgré son envie de s’enfuir quelque part loin de tout. Les mariages arrangés n’étaient pas rares chez les prêtresses de tout culte, mais ce n’était pas pour autant qu’elle se retrouverait rassurée. Le serviteur la guida donc vers la grande salle du palais où elle logerait à l’avenir, où l’attendaient les convives de son futur mari et ce dernier, qui se tenait fièrement devant un prêtre, le même qui l’avait trainée de force ici. Elle s’avanca alors en se composant un masque d’indifférence guerrière; elle partait au combat, un combat qui durerait toute sa vie.
Phoebus n’était pas repoussant. C’était même le contraire, il était identique à Arès, ou plutôt à Tenshi, son jumeau tout craché. Grand, fort, musclé avec des cheveux noir bleuté aussi doux et souples que la soie, son regard d’azur la perçait de part en part, comme s’il n’était pas plus réjoui que cela de se marier avec elle. En fait, elle avait l’impression qu’il la méprisait avant même de la connaître, ce qui lui fit penser que ce mariage n’avait rien d’une demande; c’était imposé par le parti avantagé. La Prêtresse s’arrêta aux côtés de son fiancé et inclina le chef en signe de salut, ce à quoi il répondit pareil. Alors se succéda la longue litanie du Mariage. Tout se passa bien. Raven accepta son mariage et le reconnut publiquement, jurant sa fidélité et sa loyauté à son mari, ce qu’il lui promit également, même si, comme Arès, elle se douta que cela n’était qu’un façade; il n’entendait nullement respecter cet engagement, les invités mangèrent à leur faim avant de partir du palais pour laisser les nouveaux mariés faire plus ample connaissance. Vous comprendrez donc que Raven suivit le jeune homme à la chambre des maîtres.
Dès qu’ils furent entré, l’Élu regarda sa compagne puis, sans la moindre douceur, lui arracha son plastron, lui arrachant un « cri » de surprise. Elle se cacha tant bien que mal les seins, mais l’homme ne l’entendait pas de cet oreille. Il la poussa brutalement dans le lit conjugal et s’affaira à lui retirer son armure, malgré les gigotements véhéments qui faisaient office de résistance à la Prêtresse; ayant perdu tous ses pouvoirs, elle ne pouvait rien faire contre un homme plus fort et rapide qu’elle.
-Arrête de te débattre, femme!
Et il la gifla d’un coup que personne n’aurait osé lui infliger, mais cela eut le don de la calmer. Dénuée de ses capacités, la jeune femme n’était devenue qu’une simple femme à la longévité anormalement grande. Cependant, elle pleura, et ce, tout le temps que son mari prit pour lui retirer tous ses vêtements. Alors, il l’agrippa à la gorge et la poussa contre les oreillers alors qu’il retirait ses vêtements, dévoilant son corps nu.
-Tu es ma femme, maintenant. Tu te soumettras à tous mes désirs, tu m’entends? Il m’est interdit de te tuer, mais si tu fais quoi que ce soit pour me déplaire, je m’assurerai que tu ne deviennes qu’une poupée impotente, c’est compris?
Trop effrayée pour écouter, la jeune femme tenta de se sauver, au moins pour sauvegarder sa dignité, mais l’homme la retourna brutalement sur le ventre et lui plaqua la tête contre l’oreiller en lui agrippant ses beaux cheveux noirs.
-Au moins, ils ont eu la décence de me donner une femme incapable de parler... ou de se plaindre.
Raven ne comprit pas immédiatement ce qu’il voulait dire par là, mais lorsqu’elle sentit quelque chose de chaud et dur se coller à son intimité, elle tenta encore de se sauver, mais il la tenait bien. C’est alors qu’elle sentit la chose entrer en elle, dans son intimité, à sec. Elle poussa un nouveau cri silencieux alors qu’il lui agrippait douloureusement les seins pour les pétrir. Elle avait mal, si mal, mais cela n’était rien comparé à ce que son âme subissait. Il la prenait comme si elle était la dernière des trainées, sans la moindre douceur, sans le moindre respect. Elle ne sut pas combien de temps cela dura, mais elle pouvait facilement énoncer tout ce qu’il lui avait fait; après le coit, il l’a forcée à lui faire une fellation, pour ensuite la repénétrer. Il grognait, soupirait d’aise alors qu’il la dominait de toute sa force, et qu’elle laissait tout son désespoir perler de ses yeux pour s’écraser sur l’oreiller où son visage était enfoncé. Elle n’a pas ressenti le moindre plaisir, la moindre joie dans cet acte, un acte qu’elle aurait pourtant cru si beau, si doux, lorsqu’elle l’imaginait dans les bras d’Arès. Elle se mit à murmurer le nom d’Arès.
-Il ne viendra pas pour toi. Il t’a vendue, alors, autant te faire tout de suite une raison; c’est moi, ton avenir, et tu feras ce que je te dis.
***
Après cette nuit, Raven n’a plus jamais osé commettre le moindre acte de rébellion. Le jour, elle se soumettait aux travaux d’une épouse de noble, et la nuit, son mari la violait. Incessamment. C’était ainsi que sa vie se déroulait. N’ayant nulle part où aller, nulle part où rentrer, elle était seule dans l’antre du loup. Son mari n’avait aucune considération pour elle, bien qu’il espérât secrètement que cette femme pourrait porter son fils. Bien sûr, cela était impossible, puisque la miraculeuse naissance de Chryséis n’avait jamais pardonné son utérus, désormais complètement infertile.
Ce soir-là, son mari n’était pas à la maison. Il était en pleine campagne militaire. Raven, pour sa part, était seule dans sa chambre personnelle, la seule chose que son mari lui avait réellement accordée. Sa couverture était enroulée autour de son corps couvert de bleus, dans un tentative désespérée de se consoler de sa nouvelle vie. Elle ferma alors les yeux et elle s’étonna à penser très fort à Oneiros, ce garçon qu’on disait qu’elle avait protégé pendant sa petite jeunesse.