- Je ne sais pas si on peut se tromper en amour car en fait, j’attends la révélation qui m’indiquera la bonne personne et cette révélation n’est jamais arrivée. Je me suis donc jamais trompé en amour. En fait, je suis persuadé que la bonne personne viendra comme lorsque tu es venue à nous. Je n’ai vraiment pas d’opinion là-dessus.
- Ce n’est pas grave. Tu apprendras cela…
Elle ferma les yeux et étira un sourire doux. C’est vrai que pour les jeunes, comme pour tout être d’ailleurs, il est dur de se rendre réellement compte que l’on aime. Cette révélation dont parle Fenrir est une étincelle si particulière. Elle est différente chez chaque être vivant. Il y a toujours une question d’attirance, que ce soit physique ou mental. Cela nous donne envie d’en savoir toujours plus sur la personne qui nous attire. Et lorsqu’on comprend que l’on n’arrive plus à se passer de cette personne, c’est qu’on aime. Du moins, c’est comme cela que le voyait notre déesse. C’est comme cela qu’elle avait compris qu’elle s’était éprise de quelqu’un…
- Tu es sûre que tu n’as besoin de rien ? Je suis un peu confus que notre déesse ne veuille pas commencer à établir les lois qui dicteraient notre religion envers elle. Car les lois sont claires, on risque de prier un autre dieu si on vous prie n’importe comment.
- Ah…Tu as raison.
Oui, le jeune terranide avait raison. Si son peuple et lui-même ne priaient correctement, ils pourraient tomber sur une divinité bien moins attentionnée, voire même mauvaise, que le Serpent à Plumes. Mais cela faisait bien longtemps que l’émeraude divine n’avait pas dicté les principes pour la prier. Et surtout qu’à l’époque, c’était rempli de machos en tout genre et qu’elle apparaissait sous sa forme masculine…
Elle n’aimait pas donner des ordres, alors elle n’allait tout de même pas lui dire qu’il leur fallait un autel, lui faire quelques offrandes. On va oublier l’offrande humaine comme elle avait pu le voir chez les Aztèques et Toltèques. D’ailleurs, elle ne savait pas elle-même d’où était venue cette coutume de faire des sacrifices d’hommes et de femmes en guise d’offrandes. Elle n’avait jamais prêché cela auprès de ses fidèles pourtant…Et elle ne demanderait jamais cela au peuple de Fenrir ! Mais le jeune loup savait parfaitement que l’on pouvait se tromper si on n’effectuait pas correctement une prière, un chant, une offrande. On pouvait appeler n’importe qui comme cela. Quetz’ avait d’ailleurs eu le coup du jeune elfe qui s’était trompée d’une note dans sa musique et l’avait invoquée accidentellement.
- Je ne voudrais pas qu’un dieu malfaisant, avec des desseins noirs et pas très nets, soit invoqué par ton peuple parce que je ne t’ai pas enseigné comment me prier…
Quetzalcóatl soupira longuement avant de finalement reprendre la parole.
- Pour faire appel à moi, il vous faudra construire au minimum un autel, où vous y installerez une statuette en forme de boa vert, avec pour ornement…
Elle s’arrache doucement quelques longues plumes de sa chevelure émeraude, qu’elle posa ensuite délicatement entre les mains de Fenrir.
- Ceci est une partie de moi. Cela donnera un peu plus de…Valeur divine à la statuette. Et il sera plus facile pour moi de venir à vous lorsque vous aurez besoin de moi. Comment me prier maintenant ? Et bien, une simple offrande, ne serait-ce qu’un fruit, un objet quelconque posé sur l’autel, suivi ensuite de votre prière, tout cela suffira. Et quand faire appel à moi ? Pour tout et pour rien. Je peux vous conseiller en tout, je reste une déesse sage. Je te l’ai dit : je représente la nature, aussi bien faune que flore, le vent, la fertilité, la mort et la résurrection. Je protège les prêtres, les artisans et les livres.
Elle se mit à sourire doucement, regardant les plumes qu’elle avait laissé dans les mains du jeune Fenrir.
- Je pense n’avoir rien oublié…Ah si ! Je vous interdis quelconque sacrifice d’êtres vivants comme offrandes à ma personne. Compris ?
Elle était claire là-dessus. Plus jamais ce genre de choses, même si elle ne pensait pas capable le peuple de Fenrir faire ceci. Valait mieux prévenir que guérir non ?
- Tu possèdes quand même des pouvoirs puissants, je ne m’y connais pas trop en déesse mais tu sembles forte. Et nous avons beaucoup de chance de t’avoir pour déesse. Tu devrais peut-être m’apprendre quelques petites choses, non ?
- Mh…Je ne sais pas trop quoi te dire d’autre en réalité. Peux-tu m’éclairer sur ces « petites choses » que tu voudrais apprendre ?
La divinité se remit à sourire, encore une fois. Elle avait le sourire facile, c’était assez drôle d’ailleurs. Il ne lui fallait pas grand-chose pour la voir éclatante. Oui, elle avait souri aux paroles du jeune loup. Elle, puissante ? Elle l’était, mais désormais, elle le redeviendrait. Et tout cela, grâce à lui, et peut-être qu’elle ne le savait pas.