Il faut être incroyablement audacieux pour vouloir traîner en ces terres hostiles et désertées... Ici, plus rien ne vous protège et vous êtes presque sûrs d'y creuser votre tombe si vous n'êtes pas un aventurier aguerri. Cependant, il paraîtrait que sous cette dense poussière de sable se dissimuleraient quelques artefacts anciens renfermant quelques secrets païens. Du moins, c'était ce que soupçonnait le vil Apophis, enfoui dans son Palais Sous-terrain. Autant, il y avait des choses plus ou moins basses qu'il acceptait de faire lui-même, autant il ne voulait pas prendre la peine de se coltiner certaines corvées. Ainsi il envoyait quelques uns de ses fidèles dans les déserts, en quête de ces bijoux anciens pouvant potentiellement lui donner diverses informations sur les ères s'étant écoulées depuis sa « chute ».
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Ayez au moins l'intelligence de revenir avant la prochaine tempête de sable, bon sang ! Rugit le Dieu Serpent à l'intention de ces trois hommes : Heti, Siptah et Kamosis. Trois hommes bien battis au teint halé et pourtant étrangement fade. Les deux premiers avaient le crâne rasé tandis que le troisième portait des cheveux courts en bataille. Ces trois hommes portait la même tenue : un sarouel en lin noir plongeant dans des bottes de cuir de la même couleur avec un haut lâche noir couvrant le cou et les épaules. Ainsi on pouvait voir leurs bras tatouées de formes ondulées, semblables à des serpents. À moins que ça ne soient réellement des serpents. Leurs visages étaient en parti dissimulés sous un voile noir ne laissant paraître que leurs yeux sombres maquillés de noir, « comme au bon vieux temps ».
La raison pour laquelle Apophis leur aboyait cette ordre était qu'il ne voulait pas perdre ses prêtres, tout bêtement. D'habitude égoïste et désintéressée, il savait très bien qu'il ne pouvait pas vivre sans foi. Mourir à nouveau serait si regrettable, alors qu'il venait tout juste de renaître...
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Les trois hommes de noir vêtus marchaient d'un pas lourd sur le sable s'étant déposé en ces lieux abandonnés depuis des millénaires. Siptah ouvrait la marche. Chacun d'eux portaient en bandoulière un sac en tissu dans lequel ils avaient récupéré quelques cailloux ou babioles. Alors que les trois prêtres escaladaient un petit monticule de poussière orangée sous ce ciel entièrement dégagé, ils aperçurent quelque chose. Une personne, humanoïde. Une... femme... ? Mais que diable pouvait faire une femme ici ?! Cela relevait du non-sens ! Il n'y a rien, ici, alors qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire là ? En tout cas, cette femme était dans un étant d'inconscience... son corps était trop... « frais », pour être véritablement décédé. Les trois hommes s'échangèrent un regard et ils se saisirent d'elle comme d'une poupée de chiffon. Une brise commençait à se lever et au loin le ciel s'obscurcissait. Une nouvelle tempête de sable allait commencer sous peu.
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La pièce principale du Palais Sous-terrain d'Apophis – la salle du trône – était une pièce circulaire d'une très grande dimension. Le Palais entier était construit à même une roche couleur charbon se trouvant sous terre et l'entrée était définitivement bien dissimulée. Il en va donc dire qu'il y fait très sombre. Pourtant, dans la salle du trône, une lumière venant de l'extérieur s'échappe de quelques lucarnes situées sur le plafond voûtée de la pièce, cette lumière venant éclairer le centre de la pièce dans un halo de lumière parfaitement rond. Il y a aussi quelques bougies et quelques torches, mais pas grand chose de bien fort pour éclairer les lieux. Au fond de la pièce se trouve le fameux trône, austère et imposant, composé de cette même pierre noire et froide. Il n'est pas exceptionnellement magnifique, ni vraiment beau, c'est juste un trône bâti dans de la pierre noire, s'élevant à quelques mètres de haut. Néanmoins, il n'en reste pas moins imposant.
Sur ce trône était assis lascivement Apophis, l'homme dont on parle depuis plusieurs instants. Accoudé sur l'accoudoir droit de son trône, son menton reposait dans la paume de son main droite. Ainsi, quelques mèches de ses cheveux bruns venaient se glisser sur ses traits durcis par le temps, la défaite et la colère accumulée depuis tant d'années. Il était habillé comme toujours : uniquement de cette toge, ce « kilt » noir, dévoilant ses tatouages, sans compter ses divers accessoires plus ou moins sombres. De son autre main, le Dieu jouait lascivement avec un petit objet doré retenu au bout d'une petite chaînette d'or. Cet objet, était une petite amulette trouvée quelques jours plus tôt après que la tempête ait retournée le sable, favorisant la découverte de nouveaux objets.
Au centre de la pièce se trouvait deux membres de l'élite d'Apophis. Deux grands hommes à la peau bronzée et habillé d'une jupette ( x) ) noire, ce qui permettait plus facilement de voir leurs multiples tatouages et piercings. Ils portaient tout deux un masque semblable à ceux que les pharaons portaient lors de leur embaumement ; mais celui-ci se voyait être entièrement noir. De leurs mains grandes et puissantes ils tenaient une magnifique lance donc le bout, courbé, semblait aussi tranchant qu'une lame de rasoir. Encore une fois, cet « accessoire » était de couleur noir. Aussi noir que les intentions d'Apophis...
Et enfin, à leur pied se trouvait le corps précédemment trouvé dans le désert. Pour éviter tout soucis, on lui avait mis des chaînes à ses mains et à ses pieds, l'empêchant de séparer ses poignets de plus d'une vingtaine de centimètre et l'empêchant de même de courir. Un troisième homme arriva derrière les deux gardes, avec un seau d'eau froide. Il s'insinua entre les deux grands hommes et renversa le contenu de cette eau glacée sur la jeune femme, en espérant que cela la fasse réagir un peu plus. Dès que le Dieu Serpent aperçu quelques traits de son visage grimacer sous le froid, la douleur et la fatigue, il ouvrit le dialogue.
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Je te souhaite la non-bienvenue chez moi, intruse... Pourrais-je avoir l'immeeeeeense honneur de connaître la raison de ta venue sur mes terres ? Cette dernière phrase ayant été prononcée avec une pointe d'ironie moqueuse. Cependant, Apophis savait que quelque chose n'était pas normal chez cette dame. Si tout allait bien dans sa tête, pourquoi serait-elle venue ici ? Cela n'a pas de sens. Sans parler de cette faible aura n’émanant d'elle... mais il n'arrivait pas à mettre le doigt sur ce que cela pouvait bien être. Attendant une réponse, il siffla tel un serpent, sa langue bifide venant caresser ses lèvres fines étirées en un sourire mauvais.