L'auberge était pleine, ce soir-là. L'alcool et les serveuses avaient réussi, une fois de plus, à attirer les clients de sexe masculin, de grands bourrus tous plus occupés les uns que les autres, après une dure journée de labeur, à venir prendre un verre et une bonne vue. Bef, une soirée comme une autre dans l'auberge, rien de plus normal.
Il y avait tout de même quelque chose d'anormal dans cette auberge. Vous savez, le genre de femme qui semblait faire la gueule dans toutes les circonstances, même les fiestas ? Et bien, il y en avait une ce soir-là. Accoudée à une table en bois, seule, isolée, elle s'appelait Chiemi et était chasseuse de primes. C'était visible avec l'énorme epée présente près d'elle, ainsi que son armure, même si celle-ci était aussi courte que les jupes des serveuses aux alentours. Cherchait-elle un nouveau client ? Non. Quelqu'un pour passer une bonne nuit alors ? Non plus.
Non, en vérité, Chiemi avait, au tout début, prévue de passer une nuit dans une des chambres. Une simple nuit, calme et adoucie par les draps blancs d'un lit, même rugueux. Rien de spécial là-dedans, jusqu'à ce que la fête commence,e t l'empêche de trouver le sommeil. Pour éviter de détruire le mobilier alentours, la chasseuse s'était levée lentement, s'était rhabillée, et avait entrepris de descendre pour bouder.
Et elle boudait bel et bien, accoudée à sa table. Mais attention. Lorsque Chiemi boudait, ce n'était pas en silence et avec calme. C'était en incitant le silence à ceux qui ne daignaient pas la laisser tranquille...
" Mademoiselle ? Ouh-ouh Mademoiselle ? "
... Comme cette serveuse aussi habillée qu'un timbre-poste, près d'elle, qui l'appelait depuis quelques minutes. Les poings de Chiemi avaient eu cent fois le temps de se serrer...
Et puis, finalement, au ciquième appel, une légère réaction se fit voir.
La serveuse commençait à ouvrir la bouche pour rappeler sa cliente "distraite" lorsqu'elle sentit un sifflement de lame passer près d'elle.
Et la seconde d'après, elle poussait un cri effroyable : celui de la vierge effarouchée.
Chiemi avait en effet pris l'initiative de lever son épée et de la lancer en direction de la serveuse... mais pas pour la tuer. Non, juste pour l'emmerder comme elle l'emmerdait depuis tout à l'heure : elle avait coupé net les deux bretelles qui permettait à la petite tenue de la demoiselle de rester en place.
Et encore, Chiemi avait épargné le soutien-gorge et la culotte, sans quoi elle aurait certainemment eu droit à des réclamations de la part du patron, et qui était-elle pour causer des ennuis...
Ceci fait, un grand silence s'installa dans l'auberge, seulement ponctué par les cris de la serveuse et sa course vers les étages pour aller se rhabiller. Chiemi en profita pour se rasseoir.
Elle ne remarqua qu'à peine la main qui se tendait vers elle pour lui donner un verre rempli d'un cocktail assez savoureux. Murmurant un "merci", elle s'apprêtait à porter le verre à ses lèvres, avant de se demander qui venait de lui donner ce verre, et de tourner la tête vers l'intéressé...